Institution de la religion chrétienne

Institution de la religion chrétienne
Page de couverture du traité Institution de la religion chrétienne

L’Institution de la religion chrétienne est un traité de théologie écrit par Jean Calvin. Ce manuel est devenu la somme de la théologie réformée ; le maître-livre de la réforme. Elle présente notamment la doctrine du calvinisme. Au début du traité, une épître est adressée au roi François Ier qui ne l'a probablement jamais lue. Calvin le publia d’abord en latin (Christianae Religionis Institutio) en 1536, puis le traduisit lui-même en français en 1541. En 1559, Calvin en publia une dernière version, synthèse des précédentes versions ; cette ultime version comprenait aussi l’évolution de sa pensée entre 1541 et 1559. Calvin remanie à plusieurs reprises son ouvrage en l'augmentant à chaque fois : la dernière édition latine paraît en 1559, le texte étant passé de 6 chapitres en 1536 à 80 répartis en 4 livres ; sa traduction française paraît en 1560.

Sommaire

Un corps de doctrine

Cette œuvre développe de façon systématique la doctrine de la Réforme telle que prônée par Calvin. À travers son texte, il accentue le contraste entre la toute-puissance de Dieu et la misère de l’homme, égaré par le péché originel. Depuis ce péché qui a entraîné sa chute, l’homme est corrompu dans sa nature, étant assujetti au péché. La distance de Dieu à l'homme est infinie parce que la perfection divine est infinie alors que la créature est radicalement corrompue depuis le péché originel : l'image de Dieu est détruite en elle. L'homme vit sous le règne de la loi de Dieu, signe d'une déchéance dont il ne peut sortir par lui-même : il ne lui reste que la louange de Dieu et la repentance, c'est-à-dire la reconnaissance de son néant et sa totale dépendance de Dieu. Mais cette atittude même est éclairée par l'infinie miséricorde divine car Dieu donne la foi, signe de sa justification et de son salut. Son salut dépend uniquement de la grâce divine, dont les bénéficiaires sont établis de façon prédestinée.

Les réformateurs recherchent la vérité dans la Bible, qui est la source de l'Église. Calvin affirme que Dieu se révèle à l'homme par sa parole, l'Ecriture. Ce sont les principes du sola scriptura et du sola fide : bases de l'édifice. L’Institution de la religion chrétienne connaît immédiatement un grand succès dès sa sortie en 1536 à Bâle. Beaucoup de raisons peuvent expliquer ce succès. Non seulement, les réformateurs et les réformés la trouvent intéressante pour résumer leur conviction. De plus beaucoup de personnes pensent que ce livre est un moyen d'obtenir leur salut. Il y a une crise religieuse, une peur de la fin des temps. En effet la population connaît une période très difficile sur les plans économiques et sociales. On peut donc imaginer que n’importe quel changement aurait attiré leur attention. Dans la publication de 1536, l’Institution de la religion chrétienne est composée de 6 chapitres, et dans celle de 1559, de 4 volumes avec 80 sections. Cette évolution montre que cette œuvre a été retravaillée. Sous Henri II, fils de François, elle est censurée à Paris car elle est jugée hérétique[1].

Les quatre volumes du livre de 1559

Dans le premier livre (tome) : Calvin explique qu’il ne faut pas forcément éluder les mystères par des propositions logiques, qu’il n’y a pas besoin de prouver l’existence de Dieu. Pour lui, il n’y a pas besoin de preuves réelles, l’évidence de l’existence de Dieu est dans la nature, l’homme, ainsi que sa complexité et son intelligence (pour Calvin, il n’y a que Dieu qui a pu inventer cela). La nature, pour Calvin, est une image visible du Dieu invisible. Il n’y a donc pas besoin d’image représentant Dieu, puisque la nature prouve son existence… Il y a pour les catholiques un problème dans le raisonnement de Calvin. Pour Calvin, l'Écriture est au centre. Les gens lui répondent alors que les apôtres ayant existé avant l'Église, c'est l'Église qui a transmis les Écritures sur la base des transmissions orales des paroles des apôtres. Pour les catholiques, c'est l'Église qui prime sur l'Écriture. Calvin pense que malgré le fait que les Écritures sont venues après, elles sont restées importantes parce que les paroles écrites avaient de la valeur. Calvin croit que l'Écriture est inspirée de Dieu.

La Trinité : Calvin reste fidèle à la trinité. La Bible ne mentionne pas le mot mais la dévoile. Calvin dit que toute doctrine doit être tirée de l’Écriture. C’est le conflit qui l'opposera à Michel Servet. Dieu et le malheur : Pour Calvin, Dieu n’est pas responsable du mal, dans le sens qu’il n’est pas coupable. Mais les événements amenant la souffrance, la difficulté, ne sont pas forcément mauvais du point de vue de Dieu. Ceci n’est pas compréhensible pour Calvin, mais il l’accepte car il a une confiance absolue en Dieu et son action en faveur du bien.

Deuxième livre (tome) Le péché : Pour Calvin, le péché occupe toutes les parties de l’âme. Nous sommes pécheurs par principe : « Nous sommes de pauvres pécheurs, conçus et nés dans l’iniquité et la corruption, enclins au mal, incapables de tout bien, et dans notre dépravation, nous transgressons les saints commandements de Dieu, sans cesse et sans fin » (paroles de Calvin). Pour Calvin, cette pensée n’est pas culpabilisante, elle dit que nous sommes pécheurs malgré nous. L’autocélébration est le fait de considérer que l’être humain peut faire du bien et progresser. Calvin critique l‘Église catholique car elle s'enrichit grâce aux indulgences que payent les fidèles. Ce système révolte Calvin.

Troisième livre (tome) La foi: D’après Calvin, la foi est personnelle, elle ne peut pas nous être transférée par l'Église. La foi est un don du Saint Esprit, elle ne peut pas s’acquérir, elle est en nous. La foi nécessite une connaissance intérieure de nous. Calvin réfute que l’on puisse acquérir le droit d’aller au Paradis. Pour lui nous sommes tous pardonnés pour nos péchés, Dieu nous accepte en dépit de qui nous sommes. La Prédestination est la manière dont la grâce divine semble être inégalement répartie entre les différents êtres humains.

Selon L’Ecriture, Dieu décide de la destinée de chacun. Pour Calvin, ces inégalités ne doivent pas décourager les citoyens, car ils n’en sont pas responsables. La volonté de Dieu reste mystérieuse et l’on doit se contenter de l’accepter. Les humains n’ont aucun moyen de juger qu’un acte de Dieu est injuste ou faux.

Quatrième livre (tome) L’existence de l'Église: Calvin parle d’Eglise « invisible », qui est connue de Dieu seul. Cette Église « invisible » est composée de l’ensemble de tous les croyants sincères. En opposition, il y a l'Église « visible » , qui intègre le bon grain et l’ivraie (les croyants sincères et ceux qui ne le sont pas). Cette Église « visible » est donc imparfaite. D’après Calvin, il ne faut pas créer une Église d’êtres purs (sélection), mais de pécheurs qui cherchent à progresser grâce à l’Evangile. Pour les protestants, deux sacrements seulement sont reconnus : le baptême et l’eucharistie. Pour Calvin, l’eucharistie est un signe, une aide visuelle du message de Dieu mais ce n’est pas la transformation réelle du pain en corps du Christ. C’est seulement une évocation symbolique. Tandis que chez les catholiques, la transformation est réelle (transsubstantiation).

Rapport du pouvoir politique et de l'Église : Pour Calvin, le pouvoir politique doit être respecté par les chrétiens parce qu’il est plus ou moins établit par Dieu. Il y a cependant des limites : si un pouvoir politique va trop à l’encontre de l’enseignement de L'Ecriture, il peut être remis en question. Cela démontre que L'Ecriture se situe au-dessus du pouvoir politique[2].

C’est la seconde fois que le français est utilisé dans un traité de théologie. La première étant le Commentaire du Pentateuque par Rachi de Troyes, la première fois aussi que la prose française exprime des idées avec autant de précision, de rigueur et de clarté. C’est à ce titre que l’Institution de la religion chrétienne a contribué significativement au développement du français Ce traité fut rejeté par l'Église catholique car il concevait l'Eucharistie comme une simple commémoration au lieu d'une célébration du corps vivant du Christ.

Notes et références

  1. En 1541, le roi de France Henri III est assez hésitant quant à la politique à adopter face aux différents qui opposent les clans religieux. Cependant, il vit dans une France profondément catholique et choisit de rester attaché à l'Eglise de Rome.
  2. Giorgio TOURN, Jean Calvin le réformateur de Genève, édition Olivetan

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