- Institut universitaire de France
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L'Institut universitaire de France (en abrégé IUF) désigne un ensemble d'enseignants-chercheurs, appelés membres, bénéficiant d'une décharge à hauteur de deux tiers de leurs charges d'enseignement, d'une prime et d'une dotation budgétaire. Il existe deux catégories de membres, les juniors et les seniors, auxquels s'ajoutent des membres invités qui sont des postes spécifiques destinés à l'invitation d'universitaires étrangers. Les membres seniors sont nommés pour cinq ans, renouvelable une fois, les membres juniors pour cinq ans non renouvelable. L'Institut universitaire de France est constitué administrativement comme un service du ministère chargé de l'Enseignement supérieur auprès duquel les enseignant-chercheurs qui en sont membres sont placés en délégation.
Sommaire
Présentation
L'Institut universitaire de France a été créé par décret le 26 août 1991[1] sous le ministère de Lionel Jospin. Claude Allègre était alors conseiller spécial de Lionel Jospin et fut nommé membre senior à son départ du ministère en 1992.
L'Institut universitaire de France est un ensemble de membres qui restent en poste dans leur propre université, deux tiers au moins des membres devant appartenir à des universités en dehors de Paris.
Selon la circulaire n°91-301 du 15 novembre 1991, la création du statut de membre de l'Institut universitaire de France s'inscrit dans le "double défi de l'université française [...] d'être à la fois une université de masse mais aussi une université de grande qualité, [rendant indispensable] d'encourager les recherches et l'enseignement de très haut niveau tout en répondant à des besoins plus généraux." La création de ce statut poursuit trois objectifs, "encourager les universités et les universitaires à l'excellence, montrer que l'excellence peut s'épanouir en harmonie avec la politique d'aménagement du territoire, montrer qu'il est possible de créer pour cela une structure légère."
Le statut de membre senior est destiné à des "enseignants-chercheurs dont la qualité des recherches est reconnue internationalement [et à qui] il est important de permettre de créer le savoir dans de bonnes conditions et aussi de le diffuser au sein même de l'université qui les a aidés, là où ils ont développé leur laboratoire et leur équipe de recherche".
Le statut de membre junior est destiné à de "jeunes enseignants-chercheurs, [d'au plus 40 ans au moment de leur désignation], professeurs des universités ou maîtres de conférences, dont la qualité est exceptionnelle et qui sont dans une phase de création pendant laquelle ils ont besoin d'être déchargés partiellement de leurs cours et de certaines obligations administratives"
De plus, environ dix professeurs étrangers peuvent être invités chaque année.
Les membres sont élus pour une durée de cinq ans (non renouvelable pour les juniors, renouvelable une fois pour les seniors).
- Ils sont placés en position de délégation auprès de l'Institut universitaire de France, mais demeurent dans leur université d'appartenance.
- Ils bénéficient d'un allégement des 2/3 de leur service statutaire d'enseignement, soit un service de 43 heures de cours annuelles.
- Des crédits de recherche spécifiques sont versés chaque année à leur équipe ou leur laboratoire. La somme est, depuis la promotion 2009, de 20 000 euros par an.
- Ils bénéficient automatiquement de la prime d'excellence scientifique.
- Des moyens matériels (bureau et salles de réunion) sont mis à leur disposition au siège de l'Institut universitaire de France.
- Un rapport d'activité leur est demandé à mi-parcours et à l'issue des 5 ans de leur délégation.
- Les membres de l'Institut universitaire de France doivent contribuer au rayonnement scientifique local, national et international dans un souci délibéré d'interdisciplinarité.
Le nombre de postes ouvert chaque année, fixé à l’origine à 40 (15 seniors et 25 juniors), a été régulièrement augmenté depuis 2006. Pour l’année 2010, il a été fixé à 150, 85 membres juniors et 65 membres seniors, ce qui aboutira à terme, en 2015, à un effectif total de 750 membres.
Au 1er septembre 2010, 935 enseignants chercheurs, soit environ 2% du total des enseignants-chercheurs en poste dans les universités françaises, ont bénéficié ou bénéficient du statut de membres de l'Institut universitaire de France.
Chaque année, un colloque réunit l'ensemble des membres de l'Institut universitaire de France.
Jurys de sélection
Les jurys de sélection sont partiellement renouvelés chaque année. Ils comportent de nombreux membres étrangers et ce caractère international est une des spécificités de l’IUF [2]. Le recours aux meilleurs experts mondiaux évite tout risque de cooptation et garantit la haute qualité des nominations à l'IUF.
Depuis 2009, le jury est officiellement composé pour plus de la moitié de personnalités scientifiques étrangères connues pour leur rayonnement international. Ce sont le Collège de France, l’Académie des sciences, Académie des sciences morales et politiques, l’Académie nationale de médecine, la Conférence des présidents d'université, la CP-CNU qui proposent les noms des personnalités pressenties pour composer le jury. Sa composition est ensuite rendue publique ainsi que le CV de ses membres. Le jury fait appel, pour l’évaluation des dossiers de candidatures, à des rapporteurs de haut niveau scientifique, au moins deux par candidat, pour disposer d’un avis disciplinaire éclairé. Si les CV déposés par les rapporteurs garantissent leur excellence scientifique, des déclarations d’intérêt garantissent leur indépendance vis-à-vis des dossiers dont ils ont la charge[3]. Les nouveaux membres de l’Institut, outre la décharge de service et la dotation dédiée à l’environnement scientifique de 15 000 euros (20 000 euros depuis 2009), bénéficient d’une prime de 10 000 euros ce qui représente le double de l’ancienne PEDR.
Ces évolutions sont en partie liées aux nominations à l'Institut Universitaire de France de septembre 2008 qui ont provoqué une vive controverse. La polémique porte sur la nomination de membres supplémentaires, parmi lesquels Michel Maffesoli, dont l'économiste et président du jury Élie Cohen avait déclaré qu'il « n'aurait jamais été retenu par le jury même s'il y avait eu plus de places »[4],[5]. Certains membres des jurys senior et junior de l'Institut avaient protesté contre ces nominations en faisant circuler, le 24 septembre 2008, une déclaration où ils s'indignaient « du manque de transparence et des nominations de 2008 »[6]. Cette contestation avait reçu le soutien de la Société de mathématiques appliquées et industrielles (SMAI)[7] et de l'Association française pour l'information scientifique (AFIS)[8].
Quelques membres actuels
- Jean-Louis Jeannelle, universitaire (littérature)
- Dominique Rousseau, juriste
- Pierre Brunet, juriste
- Jérôme Bibette, physico-chimiste
- Thomas Ebbesen, physicien et chimiste
- Yves Bréchet, chimiste (chaire de physicochimie des matériaux de structure)
- Jocelyn Benoist, philosophe
- Yves Krumenacker, historien, membre senior 2008
- Jacqueline Lalouette, historienne
- Jackie Pigeaud, philologue
- Carlo Rovelli, physicien
- Claude Gauvard, historienne
- Dominique Garcia, archéologue
- Élisabeth Charlaix, physicienne
- Christophe Charle, historien
- Nicole Bériou, historienne
- Sylvie Vauclair, Astrophysicienne
- Chrystel Besche-Richard, psychologue [1] (psychopathologie cognitive)
- Patrick Bonin, cognitiviste, membre senior 2010 [2]
- Grégoire Bigot, juriste
- Olivier Gagliardini, glaciologue [3]
Quelques membres honoraires
- Claude Allègre, membre senior 1992
- Édouard Bard, membre senior 1994
- Alain Blanchard, membre junior 1995
- Christian Bréchot, membre junior 1991
- Edouard Brezin, membre senior 1991
- Pierre Chambon, membre senior 1991
- Bernard Cottret, membre senior 1998
- Bruno Étienne, membre senior 1996
- Mathias Fink, membre senior 1994
- Marc Fontecave, membre junior 1991
- Serge Haroche, membre senior 1991
- Sandra Laugier, membre junior 1999
- Michel Lazdunski, membre senior 1991
- Jean-Marc di Meglio, membre senior 1998
- Eric Millard, membre junior 1998
- Olivier Petré-Grenouilleau, membre junior 1999
- Michel Troper, membre sénior 1993
- Jean-Christophe Yoccoz, membre senior 1991
Notes et références
- Décret no 91-819 du 26 août 1991 relatif à l'Institut universitaire de France, JORF no 201 du 29 août 1991, p. 11335, NOR MENN9101644D, sur Légifrance.
- Modalités de sélection et composition des jurys
- Discours de Valérie Pécresse sur l’IUF
- Mauvais thème astral à l'université », dans Libération, 6 octobre 2008. Sylvestre Huet, «
- Affaire Maffesoli et Institut universitaire de France, l'astrologie à l'origine », sur {sciences²}, 6 octobre 2008. Sylvestre Huet, «
- À propos des nominations 2008 à l'Institut universitaire de France... : Déclaration des membres des jurys IUF senior et junior 2008 », 24 septembre 2008. «
- SMAI, « À propos des nominations 2008 à l'IUF... », octobre 2008.
- AFIS, « « Affaire Maffesoli », l'histoire se répète… », 14 octobre 2008.
Liens externes
Catégories :- Administration des universités françaises
- Institut universitaire de France
- Organisme fondé en 1991
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