- Héraclide du Pont
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Héraclide du Pont ou Héraclide le Pontique (en grec ancien Ἡρακλείδης ὁ Ποντικός, en latin Ponticus Heraclides) est un philosophe et astronome grec platonicien du IVe siècle av. J.‑C. (v. 388 - v. 310 av. J.-C.). Actif vers -340.
Il ne faut pas le confondre avec un autre Héraclide du Pont, un grammairien du Ier siècle ap. J.-C., qui fut l'élève de Didyme : Héraclide du Pont le Grammairien.
Sommaire
Biographie
Il est né à Héraclée (Ereğli), dans le royaume du Pont, vers -388. Il se rendit à Athènes vers -365 et y fréquenta l'Académie, où il rencontrait Speusippe et Aristote. Speusippe mort, Xénocrate fut élu scolarque de l'Académie, et non lui, en -339. Il quitta alors l'Académie. Il fonda sa propre école dans sa patrie natale.
Philosophie
Héraclide du Pont est un disciple de Platon, mais son œuvre relève tout autant de l'aristotélisme. F. Wehrli, le range parmi les aristotéliciens. « Héraclide du Pont fut successivement disciple de Platon, de Speusippe et d'Aristote » (J-P. Dumont). Comme Cléarque de Soles, il fait partie des aristotéliciens qui ne penchent pas vers le matérialisme (Dicéarque, Aristoxène, Straton de Lampsaque) mais vers un platonisme qui sépare l'âme du corps[1].
Science
D'après Chalcidius[2], il exposa la thèse d'un système géocentrique où Vénus tourne autour du Soleil.
Ce système, étendu à Mercure, est connu d'Asdrate d'Aphrodisias (cité par Théon de Smyrne[3]), Vitruve[4], Cicéron (cité par Macrobe[5]) et Martianus Capella[6]. Il semble anticiper le modèle que développera Tycho Brahé.
Par ailleurs, il aurait émis l'hypothèse de la rotation de la Terre autour d'elle-même, afin d'expliquer le mouvement apparent des étoiles au cours de la nuit[7]. Copernic le revendique comme prédécesseur quant à cette hypothèse.
Références
- Joseph Moreau, Aristote et son école, PUF, 1962, p. 269-271
- Th. H. Martin, op. cité.
- Théon de Smyrne, Exposition des connaissances mathématiques utiles à la lecture de Platon, Astronomie, 33. « Il se peut aussi qu’il n’y ait qu’une seule sphère creuse commune aux trois astres et que les trois sphères solides, dans l’épaisseur de celle-là, n’aient qu’un seul et même centre, la plus petite serait la sphère vraiment solide du soleil, autour de laquelle serait celle de Mercure; viendrait après, entourant les deux autres, celle de Vénus qui remplirait toute l’épaisseur de la sphère creuse commune. »
- De Architectura L.IX, chap. 1.6 « L'étoile de Vénus et celle de Mercure, faisant leur révolution autour du soleil qui leur sert de centre, reviennent sur leurs pas et retardent dans certains cas; dans d'autres même elles restent stationnaires au milieu des signes, par l'effet de leur marche circulaire. »
- Macrobe,Commentaire du Songe de Scipion, L. 1, chap. 19 « L'orbite du soleil est placée au-dessous de celle de Mercure, et celle-ci a au-dessus d'elle l'orbite de Vénus ; d'où il suit que ces deux planètes paraissent tantôt au-dessus, tantôt au-dessous du soleil, selon qu'elles occupent la partie supérieure ou inférieure de la ligne qu'elles doivent décrire. »
- « Vénus et Mercure, bien qu'ils aient des levers et des couchers chaque jour, n'entourent cependant pas la Terre de leurs cercles, mais ils tournent autour du Soleil en faisant un circuit plus étendu, et placent enfin le centre de leurs cercles dans le Soleil ». Les Noces de Philologie et de Mercure.
- Fragments 104-108 édi. Wehrli
Bibliographie
Fragments
- Graziella Fanan, Heraclides Ponticus.
- O. Voss, De Heraclidis Pontici vita et scriptis, 1896.
- Fritz Wehrli, Die Schule des Aristoteles. Texte und Kommentare, Bâle, éd. Schwabe, 1944-1960, t. VII : Herakleides Pontikos, 1953, rééd. Bâle et Stuttgart 1969.
Études sur Héraclide du Pont
- Pierre Boyancé, « Sur l'Abaris d'Héraclide le Pontique », Revue des Etudes Anciennes (REA), 36 (1934), p. 321-352 (enligne).
- Pierre Duhem, Le système du Monde, Hermann, 1958 ss, T. I, pp. 404-418, T. III, pp 47-50.
- H. B. Gottschalk, Heraclides of Pontus, Oxford, 1990.
- Th. H. Martin, Mémoires sur l'histoire des hypothèses astronomiques chez les grecs et les Romains, partie 1, ch. v, § 3 (Mémoires de l'Académie des Inscriptions et belles lettres, t. XXX, 2è partie, 1881).
- Paul Tannery, "Sur Héraclide du Pont" (1899), Mémoires scientifiques, Gauthiers-Villars, 1912 ss, t. IX, p. 253-259.
- Fritz Wehrli, Die Schule des Aristoteles. Texte und Kommentare, Bâle, éd. Schwabe, 1944-1960, t. VII : Herakleides Pontikos, 1953, rééd. 1969.
Articles connexes
Catégories :- Philosophe de la Grèce antique
- Astronome de la Grèce antique
- Date de naissance inconnue (IVe siècle av. J.-C.)
- Date de décès inconnue (IVe siècle av. J.-C.)
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