- Straton de Lampsaque
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Straton est un philosophe aristotélicien de la Grèce antique. Il fut le deuxième scolarque du Lycée, de 288 à 268 av. J.-C., après Théophraste.
Sommaire
Biographie
Originaire de Lampsaque, fils d’un certain Arcésilas, il fut disciple de Théophraste au Lycée. Il fut le précepteur à la cour d'Alexandrie du futur roi Ptolémée II de la dynastie des Ptolémées en Égypte[1] , fonction qu'il occupa de -300 à - 294 av. J.-C. Pour le remercier de ses services, celui-ci offrit au philosophe 80 talents. Vers 288 av. J.-C., il regagna Athènes pour assumer la direction de l'école péripatéticienne fondée par Aristote, et située au Lycée près d'Athènes, charge qu'il assuma pendant 18 ans. En Égypte, Straton fit la connaissance vers 287 av. J.-C. d'Aristarque de Samos, qui deviendra son élève[2] ; sa mort survint autour de 269 av. J.-C.
Ses théories physiques et philosophiques
Dès son époque il fut appelé Le Physicien en raison de ses nombreuses recherches sur la nature[3].
Plutarque, Strabon et surtout Simplicios nous ont laissé quelques témoignages de ses découvertes en la matière.
Sa conception de l'Âme
L'âme n'est que l'ensemble des pensées découlant des sensations. Pour lui, sans pensée, aucune sensation ne peut se percevoir. L'inverse est aussi vrai. Straton reliait étroitement l'âme, réceptacle de la vie psychique avec la capacité à ressentir. Il plaçait le siège de la pensée dans l'espace entre les sourcils. Sa théorie n'admettait aucune possibilité d'immortalité, ou de survivance de l'âme ; il s'évertua ainsi à mettre en pièces les arguments avancés par Platon dans son Phédon pour accréditer la thèse de l'immortalité de l'âme. Olympiodore, dans une scholie sur l'ouvrage de Platon nous a conservé les objections qu'il avait soulevées sur ce thème :
- Si la réminiscence existe, l'âme aurait eu connaissance des choses de tout temps, et pourtant les faits ne le montrent pas. Il faut un commencement premier au savoir.
- Si l'âme est immortelle, alors tout animal est immortel, car son âme étant son principe vital ne disparaît pas. Pourtant la mort est un fait, et rend l'animal inanimé jusqu'à la dissolution.
- Si l'âme est immortelle, alors par exemple l'âme d'une plante - qui est conforme à sa nature propre - ne peut disparaître. Ainsi tout être naturel généré par la Nature serait indestructible. Les faits ne le montrent pas.
- Il existe un mouvement de transformation linéaire des êtres : un homme est d'abord jeune puis vieilli inexorablement jusqu'à sa fin. L'inverse par contre ne se produit pas. Il y a un mouvement vers la dégradation des choses. De même un organe chair peut devenir nourriture, mais non l'inverse...
Sa conception du monde
La création du Monde, n'était pas a ses yeux l'ouvrage des Dieux, mais bien plutôt l'œuvre de la Nature par l'entremise des forces du hasard, et du mouvement. L'évolution du monde et sa complexité provenaient du jeu permanent des éléments naturels. Si Straton rejetait la théorie atomiste de Démocrite, en la qualifiant de fantasmagorie, il admettait cependant l'existence de corpuscules microscopiques interagissant entre le vide discontinu. Le mouvement de ces éléments naturels à travers le vide expliquerait à ses yeux des phénomènes comme la diffraction de la lumière dans l'eau
Ses recherches des forces agissant sur le monde
Il chercha à mieux définir les concepts du temps, de la pesanteur et du vide par diverses expériences techniques. Certaines furent assez célèbres pour avoir été citées par Héron d'Alexandrie dans ses Pneumatiques livre I.
Strabon fait aussi référence à ses recherches géologiques concernant l'érosion, la dynamique du mouvement de l'eau et des terres.
Son influence sur les débats de son temps
Straton avait publié un ouvrage Sur les examen des découvertes, dirigé contre Éphore de Cymé, qui relatait les inventions importantes de ses prédécesseurs, ainsi que les propos des sages anciens (tels les 7 sages).
Selon Marcel Dubois dans son ouvrage sur Strabon, il influença les recherches géographiques d'Ératosthène, ainsi que Posidonios. Aristarque, son ami et élève, semble avoir suivi les idées de son Maître sur la théorie des couleurs. Néanmoins, certains savants pensent qu'Épicure entama une polémique avec lui. Il sut aussi prendre ses distances avec le modèle scientifique d'Aristote.
Ses écrits
Il est l'auteur de nombreux ouvrages désormais perdus. Des citations d'auteurs anciens se rapportent à certains de ses traités :
- Du vide ;
- De l'antérieur et du postérieur (qui discutait des problèmes soulevés par Aristote dans ses Catégories selon Simplicios) ;
- Examen de découverte (ouvrage dirigé contre l'historien Éphore de Cumes selon Pline l'Ancien, Histoire naturelle [détail des éditions] [lire en ligne], VII) ;
- Du ciel (un ouvrage sur la création du monde).
Le catalogue de ses ouvrages conservé par Diogène Laërce mentionne aussi des écrits médicaux, sur la biologie animale, et d'autres sur l'éthique.
Bibliographie
Sources
- Diogène Laërce, Vies, doctrines et sentences des philosophes illustres [détail des éditions] [lire en ligne], V, 58-64
- Polybe, Histoire, XII, 25C
- Héron d'Alexandrie, Pneumatica, introduction
- Simplicios, In Aristotelis 'De Caelo' commentaria, VII, 267-268
- Simplicios, In Aristotelis Physicorum libros commentaria, X, 916.
Études
- G. Rodier, La Physique de Straton de Lampsaque , éd. Alcan, 1891
- A.E Chaignet, Psychologie des grecs , tome 1, éd. Hachette 1887 (site de la BNF)
Références
- Diogène Laërce D'après
- Euclide et le médecin Hérophile il rencontra peut-être le géomètre
- Polybe, Histoires [détail des éditions] [lire en ligne], XII, 25C, 3) (voir
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