- Hybrides producteurs directs
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Hybride producteur direct
Le nom d'hybrides producteurs directs correspond à une famille de cépages créés par croisement entre vigne européenne (Vitis vinifera) et vignes américaines (Vitis labrusca, Vitis riparia, Vitis rupestris...)
Sommaire
Historique
Vers 1865-1885, lors de l'arrivée du phylloxera en Europe, le dépérissement des vignes a conduit la viticulture à rechercher des solutions. Or, les cépages américains résistaient bien à la maladie. On fut tenté de les vinifier, mais les vins obtenus étaient trop différents des vins habituels, avec des goûts foxés (très herbacés, arôme très puissant et peu agréable).
Le croisement des vignes européennes et américaines étant fertile, des hybridations multiples ont eu lieu.
- Certaines ont donné des porte-greffes destinés à porter des greffons de Vitis vinifera.
- Les hybrides producteurs directs sont des croisements destinés à travailler la vigne comme avant le phylloxera: pas de greffe et multiplication par simple bouturage.
Les hybrideurs
La création des hybrides producteurs directs était destinée à combiner la résistance au phylloxera avec la qualité des cépages européens. Des dizaines de passionnés ont dirigé des croisements, semé des pépins de raisin, cultivé les vignes pour produire du raisin et enfin, vinifié le raisin. Ils ont comparé les types de vins et gardé les meilleurs pour la vente de bois à repiquer.
Puis ils ont tenté de croiser des hybrides avec des cépages européens pour augmenter leur proportion. Ils ont dû renoncer à trop diluer la part génétique des cépages américains, car les produits obtenus retrouvaient la sensibilité à la maladie.
Des dizaines de milliers d'essais ont été réalisés, conduisant à l'homologation de centaines de variétés. Quelques noms d'hybrideurs ont laissé leur nom dans l'histoire : Albert Seibel, François Baco, Georges Couderc, Louis Bouschet...
La règlementation
Dans les années 30, face à des scandales de vins frelatés avec de l'alcool toxique, des analyses ont permis de constater la présence d'une quantité significative de méthanol dans les vins issus de cépages américains. Ils ont été rapidement interdits : noah, clinton, isabelle, herbemont, jacquez...
Dans les années 50, face à la crise (excédent de production), les cépages hybrides producteurs directs ont été classés "autorisés" en France. Leur plantation est possible, mais avec amputation de 30 % des droits de plantation. Les plantations ont cessé et le vignoble s'est réduit au fur et à mesure du vieillissement des parcelles et de leur replantation en cépages européens greffés.
Perspectives d'avenir
Face à ce constat d'échec, la recherche sur l'hybridation n'a été maintenue que sur la création de variétés porte-greffe.
Au début du troisième millénaire, l'interdiction de certains produits phytosanitaires et les recommandations et directives toujours plus draconiennes inquiètent les viticulteurs. Ils sont confrontés à des maladies de la vigne dont la virulence tend plutôt à s'accroître. Deux écoles sont en train de s'opposer :
- Bio et biodynamistes réduisent leurs rendements, accentuent la concurrence de l'herbe et arrivent à un équilibre entre la plante et son milieu qui lui permet de mieux résister aux maladies cryptogamiques, avec l'aide de produits homologués par le cahier des charges bio. C'est une forme de viticulture qui correspond aux modes de production qui ont fait la gloire des appellations françaises.
- Recherche de nouveaux hybrides : les instituts de recherche, dans des pays où la règlementation est plus laxiste qu'en France, travaillent à la mise au point d'hybrides aux qualités organoleptiques dignes des cépages européens, avec la capacité de résistance aux maladies des cépages américains. Ce travail peut être obtenu par croisements et rétro-croisements, méthode longue, fastidieuse et sans garantie de résultats. Il peut aussi être plus rapide par l'utilisation du génie génétique et en particulier la mise au point de cépages OGM.
Cette voie correspond à la viticulture qui a bénéficié de quarante ans de progrès, permettant de produire tous les ans le maximum de rendement autorisé, tout en donnant un vin de qualité. (AOC génériques, vins de pays, vins de marque)
En France, l'ITV (institut technique de la vigne) voudrait pouvoir travailler dans cette direction, mais les produits susceptibles d'être mis au point n'auraient aucune chance d'être homologués avec la règlementation actuelle en vigueur. Ils souhaitent donc un assouplissement de la gestion des homologations variétales.
Catégorie : Cépage
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