- Hospitaliers de l'ordre du Saint-Esprit
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Hospitaliers du Saint-Esprit
Pour l’article homonyme, voir Ordre du Saint-Esprit.Ordre des Chevaliers Hospitaliers du Saint-Esprit de Jérusalem, dit de Montpellier et de Sainte-Marthe.
Sommaire
Origines
L'ordre serait né au VIIIe siècle à Jérusalem[1].
Au XIe siècle[2] ses membres quittèrent cette ville à cause des persécutions exercées par les « infidèles » contre les chrétiens et s'établirent en France à Montpellier.
Installation à Montpellier
Ils furent favorablement reçus en la province de Languedoc, dans le diocèse de Maguelone, par le comte Guy de Montpellier, qui leur fit bâtir un hôpital, auquel le Généralat de l'Ordre appelé du Saint-Esprit fut uni.
Le premier Chapitre général fut ainsi tenu à Montpellier en 1032, où se trouvèrent des commandeurs de toutes les parties de la France, d'Allemagne, de Pologne, d'Espagne, d'Angleterre, et d'autres lieux.
Guy de Montpellier
Guy (ou Gui) est le frère cadet de Guilhem VIII de Montpellier (1157-1202) et appartient à la dynastie des Guilhem, seigneurs de cette ville.
Quatrième fils de Guilhem VII de Montpellier, il fonde de l'ordre du Saint-Esprit de Montpellier en 1195, d'après le testament de son père. Il semble avoir fait son éducation chez les Templiers, mais en sortit encore jeune et après la mort de son père en 1172, il voulut fonder une autre milice destinée à d'autres combats. Il fonde le premier véritable hôpital qui accueille et soigne toutes les misères. Cet hôpital était situé au faubourg du Pyla-Saint-Gély et fut détruit en 1562 par les calvinistes.
Le but de Guy était de reproduire le divin idéal de la charité par un caractère d'universalité du soulagement de toutes les misères : corps, âme, esprit. Il recueillait les enfants, s'occupait de l’éducation de la jeunesse recueillie par l'ordre, de l'assistance de toutes les misères et de l'hospitalité aux personnes de toutes conditions. Sa foi en acte était d'exercer la charité en faveur du prochain, préconisée comme acte de justice.
C'est lui qui créa le concept de « famille d'accueil » en expérimentant la création des placements familiaux.
Son arrière-petit-fils, Jacques Ier, roi d'Aragon, seigneur de Montpellier (1208-1276) s'étant servi de ces chevaliers pour reconquérir la Murcie leur fit bâtir plusieurs Maisons dans ses états en 1265[3].
Eudes III, duc de Bourgogne, qui avait beaucoup de zèle pour ces Hospitaliers fit aussi en leur faveur plusieurs fondations et créa un hôpital à Dijon en 1203.
Il est fait mention dans les archives de l'ordre de quatre hôpitaux fondés dans les villes de Dijon, Besançon, Tonnerre et Constances.
Activités
L'emploi de ces chevaliers était d'entretenir les enfants exposés et orphelins de l'un et de l'autre sexe, les estropiés et invalides, les insensés et troublés d'esprit ; d'assister les pauvres vieillards, les familles tombées en nécessité par quelque accident de la vie, qu'on appelait les pauvres honteux, mais aussi les malades de peste et c'est pourquoi ils faisaient aussi un vœu de martyre.
Ils logeaient les pèlerins, leur tenaient les passages libres sur mer et sur terre lorsqu'ils allaient aux lieux saints, rachetaient les esclaves détenus chez les « infidèles », dotaient les pauvres filles, enseignaient les arts libéraux et mécaniques aux orphelins afin qu'ils ne fussent point à charge à personne et qu'ils pussent servir le public ; enfin ils exerçaient, disent leurs statuts, tous les actes de miséricorde et de charité, méprisant leur propre vie pour le salut de leur prochain.
Reconnaissance par les papes et les rois de France
Les papes ont eu cet ordre en si particulière recommandation qu'ils lui ont donné une infinité de grâces et de privilèges: spécialement ils ont permis à tous les religieux et religieuses d'autres instituts qui se retiraient chez eux de commuer leurs vœux.
L'ordre fut confirmé par deux bulles du pape Innocent III en 1198 et 1204, par une d'Honoré III de 1217 et par une autre de Grégoire XI de 1372 qui reconnut la maison de cet ordre fondée à Montpellier pour Générale et pour Chef, en faisant profession de la règle de saint Augustin.
En 1625 le pape Urbain VIII favorisa par bulle les chanoines réguliers, les clercs, les laïcs, les officiers et tous ceux de l'un et de l'autre sexe qui faisaient profession de cette Règle dans l'Ordre du Saint-Esprit.
Il y a des lettres patentes des rois Henri II de 1553, Charles IX de 1562, Henri IV de 1608 et 1609, Louis XIII de 1610, 1612 et 1618, de Louis XIV données à Paris le 9 septembre 1647 et à Dunkerque en 1671 enregistrées au Grand Conseil à Paris, le 18 juin de la même année, pour la direction des hôpitaux, maladreries et lieux pieux de cet Ordre et Milice du Saint-Esprit.
Au XVe siècle, l'ordre compte plus d’un millier d’hôpitaux, dont 400 en France. Pour certains ce n’était plus devenu qu’un patronage.
L'ordre hospitalier était composé de frères, de sœurs, de clercs, d'oblats (enfants), de serviteurs, et la confrérie de chevaliers et de personnalités.
L’Ordre est décimé par la Réforme.
La branche masculine de l'ordre s'éteint à la fin du XVIIIe siècle. Aujourd'hui ne subsiste que la branche féminine qui comptes environ 6000 soeurs.
Symboles
La marque de cette institution est une double croix blanche échancrée et patriarcale.
Les ordres militaires et hospitaliers avaient tous pris comme signe distinctif, à l'exemple des croisés, une croix de forme et de couleur variée. Guy adopta pour son ordre une croix blanche, à double traverse, à branches évasées, qui, dit-on, fut montrée en révélation par un ange au pape Innocent III.
Cette croix d'argent à double traverse, espèce de croix de Lorraine, était portée par ces religieux sur leur manteau (noir). Leur robe était blème, soit : très pâle.
Au début de l'ordre les armes sont : « d'azur à une croix d'argent à douze pointes. » Au XVe siècle, le champ d'azur fait place à un champ de sable (noir) surmonté d'un Saint-Esprit d'argent. Sa couleur est symbole de pureté et d’amour, ses sept branches rappellent les vertus chevaleresques : foi, espérance, charité, prudence, justice, force et tempérance. Ses douze pointes représentent les douze forces de l’âme. Cette croix est double, parce que les membres de l’ordre s’imposent un double fardeau : travailler à leur propre salut et s’employer au soulagement de leurs semblables.
Vœux
Outre le voeu de résister aux "infidèles" et de servir les malades dans les hôpitaux, ils devaient faire preuve de noblesse de quatre lignes.
"L'ordre du Saint Esprit se composait de religieux obligés par un voeu, et de laïcs qu'on regardait comme chevaliers. Les chefs des hôpitaux s'appelaient précepteurs ou commandeurs, et, comme dans les ordres militaires, on nommait "responsio" la contribution annuelle que payait les commandeurs au grand-maître ou général, c'est-à-dire au commandeur de Montpellier" [4]
Sainte patronne
Sainte-Marthe exerça l'hospitalité envers Jésus Christ; les chevaliers prirent cette sainte pour patronne et protectrice.
Compléments
Autres ordres hospitaliers
- Les Antonins (chanoines hospitaliers de Saint-Antoine) furent fondés en France aux environs de 1095, mais sont devenus ‘ordre de chanoines réguliers’ seulement en 1298. C’est le plus ancien des ordres hospitaliers. Dissous en 1777, ses biens passèrent à l’ordre de Malte.
- Les Lazarites (chanoines hospitaliers de Saint-Lazare) furent fondés avant 1140, en Terre Sainte. Service privilégié des lépreux. L’ordre se militarise et quitte la Terre sainte après la chute de Saint Jean d’Acre. Se transforme (en France) en Ordre de Saint-Lazare.
- Les Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem furent fondés à Jérusalem par un groupe d’amis dirigé par Gérard d’Amalfi. Leur hôpital (Saint-Jean Baptiste), au service des pèlerins malades, est ouvert en 1048. Ils demandent et obtiennent (du pape Pascal II) reconnaissance comme ordre hospitalier en 1113. Bientôt des membres de l’ordre deviennent chevaliers. Leur participation aux batailles de Ascalon (1154) et Saint-Jean-d'Acre (1151) contre les Turcs est décisive. L’ordre comprend alors trois catégories : les chevaliers, les prêtres et les hospitaliers.
- À un siècle de distance les Hospitaliers de sainte Marie des Teutons à Jérusalem (ordre teutonique) suivirent la même évolution, et même très rapidement. En 1190, les villes de Lübeck et Brême (en Allemagne) construisirent à Saint-Jean-d'Acre un hôpital pour leurs pèlerins. Dès 1191 les religieux sont reconnus comme hospitaliers par Clément III (suivant la règle de Saint Jean de Jérusalem). Déjà en 1198 ils se battent contre les Turcs. Grande expansion en Allemagne. Après la chute de Saint-Jean-d'Acre, établissement à Mariembourg (1309). Aujourd'hui, ordre religieux.
- L' Ordre hospitalier de Saint Jean de Dieu [OHSJD] a été fondé à Grenade (Espagne) en 1537 pour le soin des pauvres et des malades par saint Jean de Dieu (1495-1550). Érigé officiellement en congrégation religieuse le 1er janvier 1572, par le Pape Pie V. Ses membres, aujourd'hui au nombre de 1.500, sont appelés fréquemment Frères de Saint-Jean-de-Dieu, ou Frères hospitaliers.
- Au XIIe et XIIIe siècles, quatre ordres religieux ayant quelques activités hospitalières empruntent leur nom aux croisades sans y avoir été associés, ni même avoir été fondés en Terre sainte. Ce sont les Croisiers.
- Les Croisiers italiens fondés en 1169 et supprimés en 1656.
- Les Croisiers polonais (dits 'au cœur rouge’) fondés à Cracovie en 1250, œuvrent en Pologne jusqu’à la fin du XVIIIe siècle.
- Les Croisiers de Bohème (dits ‘à l’étoile rouge’) fondés en 1237 en Bohème, actifs en Europe centrale.
- Les Croisiers belges [OSC] (Chanoines réguliers de la Sainte-Croix)
Articles connexes
Bibliographie
- Histoire de l'Ordre Hospitalier du Saint-Esprit, Paul Brune, publié par C. Martin, 1892
- Recueil de lettres patentes, édits, déclarations, arrests et autres pièces concernant l'ordre régulier et hospitalier du Saint-Esprit de Montpellier. Jean-Antoine Tousart. . Paris, Veuve Lefebvre, 1723. 2 tomes. Ne figure pas dans le Saffroy (Un exemplaire aux armes de l'Ordre fut vendu aux enchères le 13/03/2002)[5]
- Bref discours sur la différence des croix d'or des chevaliers des deux ordres du Roy et des chevaliers hospitaliers de l'ordre du Saint-Esprit sous la règle de S. Augustin. Par O. de La Trau, sieur de La Terrade. Olivier de La Trau (1629)
- Idée générale de l'ordre régulier des commandeurs et chanoines hospitaliers du Saint-Esprit de Montpellier en deçà les monts. Frédéric de Lallemant de Vaitte (1718)
Notes et références
- ↑ Iconographie chrétienne: Histoire de Dieu, de Adolphe Napoléon Didron, Publié par l'Imprimerie royale, 1843, page 424
- ↑ http://nonnobisdominenonnobissednominituodagloriam.unblog.fr/2007/05/27/chevaliers-a-vos-ordres/
- ↑ rapporté par Jean Mariana dans son Histoire d'Espagne
- ↑ extrait de Cours d'histoire des états européens: depuis le bouleversement de l'empire romain d'occident jusqu'en 1789 De Frédéric Schoell, Franz Xaver Zach. Publié par de l'imprimerie royale et chez Duncker et Humblot, 1830.
- ↑ Paris-Drouot. (L.C.Expert Revel). Les 2 tomes en un volume in-folio, veau, armoiries au centre des plats, dos à nerfs orné (reliure de l'époque). Premier titre en latin. En-tête et vignette aux armes de l'Ordre et du cardinal de Polignac à qui l'ouvrage est dédié. Dos accidenté; galeries de vers. Estimé 300 à 400 euros; Résultat: 3100 euros.
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Catégorie : Ordre religieux
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