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Honoré Beaugrand
Honoré Beaugrand (né le 24 mars 1848 dans le village de St-Joseph-de-Lanoraie, aujourd'hui Lanoraie, au Québec - mort le 7 octobre 1906 à Montréal) était un journaliste et politicien québécois et canadien. Il fut Maire de Montréal de 1885 à 1887.
Sommaire
Biographie
Honoré Beaugrand, fils de Louis Beaugrand, dit Champagne, navigateur, et de Marie-Josephte (Joséphine) Marion, débuta ses études au Collège de Joliette.
Comme jeune diplômé de l'école militaire, il joignit les forces militaires françaises sous le général Bazaine au Mexique appuyant l'infortuné empereur Maximilien du Mexique et retournant avec ces troupes en France après la chute de Chapultepec et l'exécution de Maximilien. Après quelques mois il déménagea à La Nouvelle-Orléans en 1868 et devint journaliste. Subséquemment il écrivit pour des journaux américains à Saint Louis, Boston et Fall River, Massachusetts. Le 5 octobre 1873, il épousa à l’église méthodiste St Paul de Fall River, Massachusetts, Eliza Walker (1854–1934), et ils eurent une fille, Estelle (1881–1918) ; décédé le 7 octobre 1906 à Montréal.
Il est devenu franc-maçon en 1873.
En 1875, il lance à Boston le journal La République dont la publication se poursuit à Fall River. Il y précise ses opinions politiques et religieuses: il se dit «franc-maçon très avancé, libéral admirateur enthousiaste des principes de la Révolution française et partisan de la déclaration des droits de l'homme». Ce déiste anticlérical affirme pratiquer «ce que bon lui semble, la constitution américaine ne reconnaissant pas de religion d'État».
En 1878, il s’établit à Ottawa et fonde le Fédéral, qui durera jusqu’en septembre 1878. Un mois plus tard, Honoré Beaugrand est à Montréal, où il lance encore des journaux : d’abord un hebdomadaire satirique, le Farceur, puis, en février 1879, à la demande du Parti libéral, un quotidien promis cette fois au plus brillant avenir, La Patrie, dont il demeurera propriétaire jusqu’en 1897. Ce journal cessa sa publication en 1975, après 78 ans. Ce journal qui exprime les thèmes du libéralisme sera une grande réussite commerciale et fera sa fortune.
Il s'est fait un nom comme reporter et écrivain politique, et en 1885 reçut la croix de la Légion d'honneur française. Il écrivit de nombreux contes, dont La Chasse-Galerie (1891).
Il fut maire de Montréal de 1885 à 1887. Il se distingue par ses interventions en faveur de la vaccination obligatoire lors de l’épidémie de petite vérole. Épidémie qui aurait fait 3164 victimes.
Il participe en 1897 à la fondation de la loge maçonnique montréalaise L’Émancipation, de tendance radicale, et reste proche par la suite des milieux anticléricaux.
L'affaire Riel et l'épidémie de variole
Lorsque les troupes du 65e bataillon rentrent à Montréal après avoir vaincu les Cris qui sont les alliés des métis, lors de la rébellion du Nord-Ouest, le maire Honoré Beaugrand multiplie les hommages et préside un grand banquet en l'honneur des militaires. Les magasins anglais de la métropole exposent le portrait du général Middleton qui vient d'assiéger pendant 30 jours Batoche, le quartier-général de Louis Riel et Gabriel Dumont où une centaine de Métis insurgés ont été vaincus. La Ville de Montréal décrète le 25 juillet fête civique afin de rappeler cette «grande» victoire...
Plus les jours passent, plus la campagne pour empêcher la pendaison de Riel s'amplifie. Entre-temps l'épidémie de variole devient une question fort préoccupante. Dans un climat survolté par l'affaire Riel, la plupart des journaux anglophones réclament des mesures coercitives comme l'isolement des malades et la vaccination obligatoire et ils ne se gênent pas pour traiter les Canadiens français d'arriérés et de malpropres.
Une partie de la presse francophone dénonce ces mesures autoritaires perçues comme une agression à l'endroit des Canadiens français. Le journal The Gazette, le Montreal Star et le Montreal Herald multiplient les provocations à l'endroit des francophones. Des manifestants vont briser les vitres du Montreal Herald lorsque ce dernier attribue l'épidémie à la malpropreté de la population francophone.
En septembre, 30 personnes par jour succombent à la maladie; le conseil municipal décrète la vaccination obligatoire. Des médecins vont de porte en porte pour vacciner mais le public refuse de les recevoir. Le conseil municipal hésite à prendre d'autres mesures. C'est alors que le propriétaire-éditeur de The Gazette, Richard White, et l'éditeur du Montreal Star, Hugh Graham, multiplient les provocations et attaquent les autorités municipales. Appuyés par les hommes d'affaires, White et Graham conduisent des délégations à l'Hôtel de ville. Finalement Graham est nommé à la tête d'un comité d'isolement des malades et White devient le responsable d'un comité de vaccination.
L'affrontement
Dans ce contexte de guerre ethnique et précisément au moment où l'agitation en faveur de Louis Riel s'amplifie, ces nominations ne sont pas très heureuses. Quand Mgr Taché obtient un sursis d'un mois pour permettre aux avocats de Louis Riel de porter sa cause en appel au Conseil privé, des émeutes contre la vaccination et la quarantaine éclatent. Les 28 et 29 septembre, la foule assiège le Bureau de santé du faubourg de l'Est et y met le feu. La foule va chahuter le Montreal Herald. On y brise les vitres et on va menacer les maisons des médecins vaccinateurs dont celle de l'ex-maire Hingston. Le chef de police est blessé; c'est le propriétaire du journal The Gazette, Richard White, qui demande l'intervention des troupes. Le Maire Honoré Beaugrand, alité, souffrant d'asthme, court à son bureau et consigne 600 militaires. Dans une déclaration, il invite les citoyens à ne pas sortir le soir et à ne pas gêner l'action de la police.
Des manifestations reprennent malgré la proclamation du maire. Les cavaliers sont accueillis par des jets de pierre dans l'Est. Dans la semaine du 26 septembre au 2 octobre, la variole cause 400 décès. C'est la panique. Honoré Beaugrand, approuvé par la presse anglophone, accepte d'imposer l'isolement des malades et la vaccination. La police doit accompagner chaque médecin vaccinateur. Le maire franc-maçon et anticlérical est contraint de solliciter l'appui de l'Évêché. Mgr Fabre accepte de faire lire au prône une note engageant les fidèles à se laisser vacciner et un circulaire du Bureau de santé expliquant le caractère inoffensif de la piqûre. Pour donner l'exemple, il se fait vacciner deux fois. Montréal est mis en quarantaine: les commerces ferment, les théâtres sont déserts, les rues vides.
Le 22 octobre 1885, mauvaise nouvelle: le pourvoi de Louis Riel est rejeté. Le comité de défense de Louis Riel réclame maintenant un examen mental par une commission de médecins. Il obtient un autre sursis jusqu'au 10 novembre. Les journaux anglais sont furibonds alors que L'Étendard et La Presse accentuent la campagne pour sauver Riel.
Après une ultime démarche de Joseph-Adolphe Chapleau, Louis Riel est pendu le 16 novembre sur décision du conseil des ministres conservateurs d'Ottawa. L'indignation est générale au Québec. Le 22 novembre, se tient au Champ-de-Mars la plus importante assemblée publique réunissant 50 000 personnes venues entendre Honoré Mercier et Wilfrid Laurier. Des portraits de Louis Riel apparaissent aux vitrines des magasins de l'Est. Les ex-maires Jean-Louis Beaudry et Charles-Joseph Coursol répudient le gouvernement conservateur et appuient Honoré Mercier. Par contre, le maire Honoré Beaugrand s'oppose à Honoré Mercier dont il dénonce la coalition avec les conservateurs-ultramontains.
Même si Honoré Beaugrand a perdu des partisans dans l'affaire de la vaccination, elle lui a valu le soutien des milieux d'affaires anglophones. Ces derniers, alliés aux libéraux, l'appuient pour sa réélection. Il l'emporte par 5 055 voix contre 3 100 en février 1886. L'année sera plutôt tranquille. L'heure est à la reprise économique. Une nouvelle génération d'hommes d'affaires canadiens-français s'affirme et songe à créer une Chambre de commerce francophone, distincte du Board of Trade, ce qui se réalisera l'année suivante[1].
Après avoir abandonné la mairie en 1887, il partagera son temps jusqu'à sa mort en 1906 entre les voyages, l'écriture et l'animation de diverses sociétés culturelles.
En conformité avec ses volontés, il a été incinéré et ces cendres ont été enterrées près de celles de sa femme protestante, au cimetière Mont-Royal à Montréal dans la section F3 [2].
Honneurs
- Une rue de Montréal et une station du métro de Montréal (Station de Métro Honoré-Beaugrand) ont été nommées en son honneur.
Œuvres
- La Chasse-galerie et autres récits (Nouvelles publiées en volume pour la première fois en 1900.)
- Anita : souvenirs d'un contre-guérillas
- Jeanne la fileuse
- Contes canadiens
- Les feux-follets
- Lettres de voyage : France, Italie, Sicile, Malte, Tunisie, Algérie, Espagne
- De Montréal à Victoria par le transcontinental canadien
- Six mois dans les Montagnes-Rocheuses : Colorado, Utah, Nouveau-Mexique
- Macloune
- Le fantôme de l'avare
Voir aussi
Notes
- ↑ Effectivement, la Chambre de commerce de Montréal sera formée en 1887.
- ↑ Brian Young, Une mort très digne:l'histoire du cimetière Mont-Royal, Montréal, McGill-Queen's University Press, 2003, p. 140, 191 et 234)
Liens externes
- Dossier sur Honoré Beaugrand dans L'Encyclopédie de l'Agora
- Biographie dans le Dictionnaire biographique du Canada en ligne
- La chasse-galerie
- La chasse-galerie : légendes canadiennes aux éditions de La Bibliothèque électronique du Québec (PDF)
- Jeanne la fileuse aux éditions de La Bibliothèque électronique du Québec (PDF)
- Anita : souvenirs d'un contre-guerillas aux éditions de La Bibliothèque électronique du Québec (PDF)
- Société Radio Canada ( 9 novembre 1948), Une causerie de Léon Trépanier sur la carrière du maire montréalais Honoré Beaugrand. (Média Radio)
- (fr) Livre audio mp3 gratuit La chasse-galerie d'Honoré Beaugrand.
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