Mgr Fabre

Mgr Fabre

Édouard-Charles Fabre

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Édouard-Charles Fabre par William Notman

Édouard-Charles Fabre (1827-1896) a été le troisième évêque du diocèse catholique de Montréal. Successeur de Mgr Bourget, il est né à Montréal même le 28 février 1827.

Biographie

Édouard-Charles Fabre est issu d'une famille marchande distinguée, en relation d'affaires avec la maison Bossange de Paris. C'est ce qui explique comment, chose rare à l'époque, après ses études de lettres à Saint-Hyacinthe, il alla, en 1843, à 16 ans, suivre son cours de philosophie à Issy, chez les Sulpiciens, où il reçut la tonsure des mains de Mgr Affre. Revenu à Montréal en 1846, il résida et étudia à l'évêché, où se donnaient alors des cours de théologie, et y fut ordonné prêtre, par Mgr Bourget, à 23 ans, le 28 février 1850. Vicaire deux ans à Sorel, il fut ensuite curé de l'église de Pointe-Claire encore deux ans.

En 1854, Mgr Bourget le rappelait près de lui à l'évêché, et, l'année d'ensuite, il le créait chanoine titulaire de sa cathédrale. Dix-neuf ans plus tard, le 1er avril 1873, il était élu coadjuteur de Montréal, avec le titre d'évêque de Gratianapolis, et sacré dans l'Église du Gesù le 1er mai suivant. Évêque en titre de Montréal, à la démission de Mgr Bourget, en mai 1876, il administra le diocèse pendant vingt ans, fut promu archevêque en juin 1886 et mourut, à 69 ans, le 30 décembre 1896.

Homme de douceur et de paix par tempérament et par conviction réfléchie, ainsi que l'indiquait sa devise — in fide et lenitate. Mgr Fabre succédait à Mgr Bourget, qui était d'un caractère plutôt entier et autoritaire, bien que très surnaturel dans ses vues, très pieux et très saint, à un moment de difficultés de diverses sortes et de crise financière assez embarrassante, que d'ailleurs il connaissait bien, ayant été mêlé à l'administration diocésaine depuis des années. Il entendit gouverner par la méthode pacifique et il le montra en pratiquant d'abord la douceur et la patience. Il redoutait d'instinct les affaires compliquées et les discussions passionnantes, et il les évitait ou les éloignait le plus possible. Mais il se révélait ferme aussi dans ses décisions et savait s'y tenir. Par son jugement sain et son bon cœur, il arriva à tout régler et à tout pacifier, sans qu'il y parût beaucoup.

On lui en a rendu dans la suite plusieurs fois le témoignage. Modeste et sans prétention, il s'entoura de jeunes collaborateurs de talents remarquables, qui donnèrent à sa direction administrative de l'équilibre et de l'éclat et devinrent eux-mêmes plus tard des évêques justement honorés : Mgr Bruchési, Mgr Emard, Mgr Archambeault et Mgr Racicot. Son règne épiscopal, l'histoire se doit de le reconnaître, a été particulièrement bienfaisant. Avec lui, nombre de difficultés, celles occasionnées par la division des paroisses dans la ville et celles de la fameuse question universitaire par exemple, s'apaisèrent considérablement, si elles ne disparurent pas complètement.

Très fidèle au devoir des visites pastorales, soucieux de maintenir la discipline jusque dans les détails, s'y connaissant en hommes et plaçant toujours au bon endroit celui qu'il fallait, d'un rare bon sens et d'une prudence jamais en défaut, dévoué dans l'âme, il fut avant tout pasteur et père dans toute la force de ces termes. Il créa de nombreuses paroisses, encouragea ses communautés d'hommes et de femmes, en admit de nouvelles dans son diocèse, ordonna plus de mille prêtres (1025) et consacra sept évêques.

L'un des traits caractéristiques du bon archevêque, c'est qu'il aimait beaucoup la liturgie et les cérémonies sacrées. On en tenait compte jusqu'à Rome et on le consultait à la Congrégation des rites. Un évêque de Bretagne — Mgr Fallières, de Saint-Brieuc — en parla un jour en disant que l'archevêque de Montréal, qu'il avait vu pontifier à Amiens, "présidait les cérémonies de l'Eglise avec une remarquable exactitude et une rare dignité".

Mgr Fabre, en effet, savait ses rubriques sur le bout de ses doigts, comme on dit souvent. Avant de devenir évêque, et même après, c'est lui qui rédigeait l'ordo, c'est-à-dire l'indicateur des offices de chaque jour, à la messe et au bréviaire, pour les prêtres et les communautés du diocèse. Il connaissait mieux que personne le catalogue des saints inscrits au martyrologe romain. Quand il officiait à la sainte messe ou à quelque autre cérémonie, il n'omettait pas un salut, ni un demi-salut, et il tenait à ce que ses assistants en fissent autant. Sa fidélité aux moindres prescriptions du cérémonial était impeccable.

On a raconté qu'à la bénédiction d'une église — celle de Longueuil — alors qu'il consacrait l'autel principal et que d'autres évêques accomplissaient le même rite aux autels latéraux, il envoya son cérémoniaire dire à l'un de ces évêques qu'il se trompait sur un point de détail ! Il n'était jamais si heureux et content, semblait-il, que lorsqu'il célébrait une "pontificale". C'était pour lui l'un de ces moments où il rayonnait, à la lettre. Un seul ennui, il semble, le taquinait. Il n'était pas très solide sur le plain-chant. Au cours des grands offices de la semaine sainte, qu'il présidait toujours en personne, c'était presque amusant, en dépit du sérieux et de la solennité du temps et du lieu, de l'entendre nous dire, à ses diacre et sous-diacre, au moment d'entonner Ecce lignum crucis ou l'Alléluia : "Allons, aidez-moi !" On essayait bien, mais ce n'était pas toujours un succès.

Une autre caractéristique de Mgr Fabre, c'est qu'il était doué d'une mémoire prodigieuse, spécialement en ce qui concernait les personnes. Il se souvenait de toutes les physionomies une fois qu'il avait connu les gens. Combien souvent il aimait à rappeler, dans ses conversations, le souvenir de ses condisciples français du séminaire d'Issy, de ceux en particulier qui avaient eu l'honneur d'être promus à l'épiscopat, comme Mgr le cardinal Lavigerie, l'archevêque d'Alger, et Mgr le cardinal Thomas, l'archevêque de Rouen. Il se plaisait d'habitude à nommer ses curés par le nom de leur paroisse respective. "Tiens, Boucherville n'est pas arrivé, c'est étonnant !" disait-il, à une séance chez les Jésuites de la rue Bleury, en constatant que M. Primeau, curé de Boucherville, qui avait coutume d'être présent partout, n'était pas encore là.

Mgr Fabre avait ordonné un grand nombre de prêtres. Il se rappelait chacun et savait ce qu'il était devenu. "C'est mon millième", disait-il joyeusement de l'un d'entre eux, qui est devenu le curé d'une importante paroisse de Montréal. Cette heureuse et fidèle mémoire lui permettait souvent de faire plaisir à nombre des ouailles de son vaste diocèse. "Ah ! c'est vous à présent, Monsieur Un Tel, qui êtes marguillier. J'en suis bien content et je vous en félicite." Et le brave marguillier, qui n'avait vu Monseigneur qu'une couple de fois dans sa vie, était tout fier de se voir reconnu par son archevêque. Un jour, à l'église Saint-Jean-Baptiste de Montréal sur la rue Rachel, il reconnut une fillette rien qu'à son air de famille. "Ce doit être la nièce de l'abbé Laforce, confia-t-il à mi-voix, elle lui ressemble trop." Et, en effet, c'était la fille de la sœur de l'abbé Laforce, plus tard curé de Chambly.

Surtout et par-dessus tout, Mgr Fabre était très ecclésiastique. Aux exercices pieux de sa maison épiscopale, comme aux offices de la pro-cathédrale, il était toujours le premier rendu. Prêchant d'exemple, il était à l'aise pour demander à ses familiers la même fidélité et la même exactitude. "Je ne vous ai pas vu à vêpres hier soir, disait-il un jour à l'un de ses chanoines ? J'ai supposé que vous étiez fatigué. Est-ce que cela va mieux ce matin ?" Le regretté Mgr Martin, qui racontait ce menu fait, ajoutait en souriant : "Il n'y avait presque pas moyen d'y échapper. Le cher Monseigneur voyait tout et n'oubliait rien."

"Esprit éminemment pratique, a-t-on justement écrit, plein de tact et de prévoyance, d'une persévérance dans ses vues et d'une ténacité dans ses actes vraiment rares, Mgr Fabre était d'abord et avant tout doux et bon. Le Saint-Père Léon XIII disait de lui : "Il ne faut pas lui faire de peine, c'est la bonté même !"

Références

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