- Hippolyte et Aricie
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Hippolyte et Aricie est la première tragédie lyrique d'un Jean-Philippe Rameau alors âgé de cinquante ans, sur un livret de l'abbé Simon-Joseph Pellegrin, créée le 1er octobre 1733 à l'Académie royale de musique.
L'œuvre prend sa source dans la Phèdre de Jean Racine, avec les adaptations nécessitées par la tradition de la tragédie en musique telle qu'établie par Lully : abondance de personnages, personnification des dieux et surtout divertissements choraux et dansés à chaque acte.
L'œuvre comporte, selon la tradition, un prologue et cinq actes. Dès 1733 et plus encore lors des reprises de 1742 et 1757, le compositeur, selon son habitude, a procédé à diverses modifications.
A sa création en 1733, Hippolyte et Aricie donne lieu à une controverse (Querelle des Lullystes et des Ramistes) entre les défenseurs de la tradition lullyste, qui trouvent que l'œuvre a un caractère trop savant, est d'une écriture musicale trop complexe et fait trop de place à l'intensité dramatique, et ceux qui sont séduits par les nouveautés apportées par Rameau[1].
Le succès de l'œuvre a contribué à établir la réputation de Rameau. Selon le biographe Hugues Maret, André Campra se serait exclamé : « Il y a dans cet opéra assez de musique pour en faire dix ; cet homme nous éclipsera tous ».
L'opéra fut joué 123 fois entre 1733 et 1767. Il disparut ensuite de l'Opéra de Paris mais y revint en 1908, sous l'influence de la Schola Cantorum, à l'occasion d'un spectacle qui anticipa le retour de Rameau sur la scène musicale.
Parmi les productions marquantes, signalons celle du tricentenaire de Rameau au Festival d'Aix-en-Provence (juillet 1983) qui rassemblait Jessye Norman, Rachel Yakar, John Aler, José Van Dam, Jules Bastin, Jennifer Smith, le Monteverdi Choir et les English Baroque Soloists sous la direction de John Eliot Gardiner dans une mise en scène de Pier Luigi Pizzi, ainsi que la version à la fois historique et poétique présentée par le metteur en scène Ivan Alexandre et la chef Emmanuelle Haïm au Théâtre du Capitole de Toulouse en mars 2009, avec Allyson McHardy, Anne-Catherine Gillet, Frédéric Antoun / Philippe Talbot, Stéphane Degout, Jaël Azzaretti et Jennifer Holloway.
Sommaire
Rôles
Rôle Voix Première représentation, 1er octobre 1733
(Chef d'orchestre : François Francœur)Hippolyte haute-contre Denise-François Tribou Aricie soprano Marie Pélissier Phèdre mezzo-soprano Marie Antier Thésée basse Claude-Louis-Dominique Chassé de Chinais Pluton baryton Jean Dun "fils" Diane soprano Mlle Eremans Œnone, confidente de Phèdre soprano Mlle Monville Arcas, ami de Thésée ténor Louis-Antoine Cuvilliers Mercure ténor Dumast Tisiphone ténor Louis-Antoine Cuvilliers L'Amour haute-contre Pierre de Jélyotte La Grande-Prêtresse, soprano Mlle Petitpas Parques basse, ténor, haute-contre Cuignier, Cuvilliers et Jélyotte Un suivant de l'Amour ténor Une prêtresse de Diane soprano Une bergère soprano Mlle Petitpas Une matelote soprano Mlle Petitpas Une chasseresse soprano Mlle Petitpas Esprits des souterrains, peuple de Troezen, marins, chasseurs, nymphes de Diane,
bergers et bergères, peuple de la forêt (Choeur)Résumé
Prologue
Dans la forêt d'Erymanthe, Diane et l'Amour se disputent (duo : « non, je ne souffrirai pas ») pour savoir qui règnera sur le cœur des habitants des bois. Jupiter apparaît et apaise Diane. La déesse jure de protéger Hippolyte et Aricie.
Acte I
A Trézène, sur la côte du Péloponnèse. Dans un temple consacré à Diane, Aricie se prépare à prononcer ses vœux (« Temple sacré »). Hippolyte tente de l'en dissuader ; les deux jeunes gens se révèlent leur amour réciproque et prient Diane (« Tu règnes sur nos cœurs »). Phèdre, soupçonnant Aricie d'aimer Hippolyte, ordonne à ses gardes de détruire le temple. Diane apparaît pour protéger les jeunes amoureux. Restée seule avec sa confidente Œnone, Phèdre se laisse aller à sa rage impuissante (« Quoi ! la terre et le ciel »). Un messager annonce que Thésée est descendu aux Enfers. Désormais la reine peut offrir à Hippolyte son cœur et la couronne.
Acte II
Neptune a promis à son fils Thésée de l'aider à trois reprises. C'est ainsi que Thésée a pu descendre aux enfers pour secourir son ami Pirithoüs. Cet acte infernal est le plus célèbre de la partition. Le héros s'oppose à la furie Tisiphone (duo : « contente-toi d'une victime ») puis Pluton apparaît avec toute sa cour infernale. Insensible, le dieu condamne le héros à partager les souffrances de son ami. Mais Mercure vient rappeler au maître des Enfers le serment de Neptune. Pluton accepte de laisser partir Thésée mais ordonne aux Parques de lui révéler son destin. Un extraordinaire trio de voix masculines rend la sentence (« Quelle soudaine horreur !»).
Acte III
Au palais de Thésée sur le rivage, Phèdre attend Hippolyte pour lui déclarer son amour (« Cruelle mère des amours »). Se croyant haï, le jeune homme lui jure fidélité mais la reine interprète mal ces paroles. Comprenant les sentiments de sa belle-mère, le jeune homme réclame un châtiment divin (« Terribles ennemis »). Retour des enfers, Thésée surgit et croit son fils coupable d'un lâche attentat contre la reine. Troublé, le roi écourte le divertissement offert par ses sujets et réclame à Neptune le sang d'Hippolyte - son troisième vœu : « Puissant maître des flots », air d'une extraordinaire puissance.
Acte IV
Dans un bois consacré à Diane, Hippolyte se lamente (« Ah ! faut-il en un jour »), bientôt rejoint par Aricie. Les deux jeunes gens supplient Diane de bénir leur union. Un divertissement de chasseurs et chasseresses est dispersé par une tempête et un monstre marin surgit. Hippolyte est englouti. Phèdre, en proie aux remords, se juge responsable du drame (« Quelle plainte en ces lieux m'appelle? »).
Acte V
Thésée ayant appris la vérité de la bouche de Phèdre qui s'est ensuite suicidée, veut se jeter à la mer (« Grands dieux ! ») mais Neptune l'en empêche et lui révèle qu'Hippolyte a été sauvé par Diane. Le roi est néanmoins condamné à ne jamais le revoir. S'éveillant dans la forêt sur laquelle elle est appelée à régner, Aricie reste inconsolable mais Diane lui annonce l'arrivée d'un héros qui se révèle être Hippolyte (duo : « Que mon sort est digne d'envie »). Les habitants de la forêt célèbrent l'heureux dénouement.
Discographie
Intégrale
- Janet Baker, Angela Hickey, Robert Tear, John Shirley-Quirk (et S. Rhys-Thomas, P. Blans, J. Gomez, R. Woodland, E. Fleet, N. Rogers, G. English, R. Stalman, Ch. Keyte), St Anthony Singers, English Chamber Orch., Anthony Lewis (L'Oiseau-Lyre, 1965)
- Carolyn Watkinson, Arleen Augér, Ian Caley, Ulrik Cold (et Edda Moser, Anne-Marie Rodde, Jean-Claude Orliac, M. Goldthorpe, Max Van Egmond), Ch. de l'English Bach Fest., La Grande Écurie et la Chambre du Roy, Jean-Claude Malgoire (CBS 1978)
- Bernarda Fink Véronique Gens, Jean-Paul Fouchécourt, Russell Smythe (et Laurent Naouri, Thérèse Feighan, Annick Massis, Florence Katz, Luc Coadou, M. Hall, Monique Simon, Jean-Louis Georgel, K. Okada, S. Van Dyck, Jean-Louis Meunier, Jean-François Loiseleur des Longchamps, Jérôme Varnier), Ensemble Sagittarius-Michel Laplénie, Les Musiciens du Louvre, Marc Minkowski (Archiv 1994)
- Lorraine Hunt, Anna-Maria Panzarella, Mark Padmore, Laurent Naouri (et Nathan Berg, E. James, G. Mechaly, Paul Agnew, Patricia Petibon, Mireille Delunsch, Yann Beuron, K. Karolyi, F. Piolino, D. Le Monnier, Ch. Josey, M. Lécroart, B. Bontoux), Les Arts Florissants, William Christie (Erato 1996).
Extraits et suites
- G. Moizan, C. Verneuil... dir. R. Désormière (L'Oiseau-Lyre 1950).
- La Petite Bande, dir. S. Kuijken (DHM 1978).
- L'Arpa Festante, dir. M. Gaigg (Amati 1993).
Notes et références
- Sylvette Milliot, « La musique de l'opéra de Rameau », in Rameau en Auvergne, Recueil d'études établi et présenté par Jean-Louis Jam, Clermont-Ferrand, 1986, pp. 77-87.
Catégories :- Opéra de Jean-Philippe Rameau
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