Henri III du Saint-Empire

Henri III du Saint-Empire
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Henri III du Saint-Empire - miniature de 1040

Henri III (28 octobre 10175 octobre 1056), dit le Noir. Fils de Conrad II le Salique et de Gisèle de Souabe, il fut duc de Bavière de 1026 à 1042, roi des Romains de 1039 à 1046 puis Empereur des Romains de 1046 à 1056.

Henri III est le deuxième Empereur salique. Il succède à son père Conrad II en 1039. Comme ses prédécesseurs, son élection au titre d'empereur n'entraîne pas de grande contestation parmi les grands féodaux, et il n'a pas à affirmer militairement son autorité. Par contre, il doit intervenir dans les affaires hongroises.

Il doit attendre Noël 1046 pour être couronné empereur à Rome par le pape Clément II.

Henri III est un empereur particulièrement pieux et conscient des désordres qui frappent l'Église de son époque. Il soutient le mouvement réformateur de manière autoritaire, n'hésitant pas à déposer les évêques simoniaques. Se considérant comme le chef temporel et spirituel de la chrétienté, il se fait confier le pouvoir de nommer les papes. Les pontifes réformateurs qu'il met en place, lancent la réforme grégorienne et à sa mort, émancipent l'Église de la tutelle du Saint-Empire.

Sommaire

Biographie

Généalogie

Le 4 juin 1039, à l'âge de 22 ans, Henri III succède à son père Conrad II (dit le Salique) au titre de roi des Romains.

Il épouse en 1036 Gunhild de Danemark, fille de Knud Ier le Grand, roi du Danemark et de Emma de Normandie, régente d'Angleterre. Elle meurt le 18 juillet 1038.

Campagne en Hongrie

Henri III remet Pierre sur le trône de Hongrie

Henri III dut aussi soutenir une guerre de plusieurs années contre la Hongrie. Dans ce jeune royaume, après la mort d'Étienne Ier de Hongrie en 1038, une vive opposition se manifesta contre l'orientation chrétienne qui lui avait été donnée et contre l'influence allemande. L'arpade Samuel Aba de Hongrie se fit nommer roi à la place de Pierre de Hongrie, neveu d'Étienne.

Henri III, suite à l'invasion de la Marche d'Autriche et de la Carinthie, écrasa une importante armée Hongroise à Mensô, sur la Raab, en 1044. La façon dont il se comporta après la bataille est révélatrice de son caractère, comme de l'esprit du temps. Il fit célébrer sa victoire par une fête sur le champ de bataille et s'y présenta nu-pieds en robe de pénitent; il s'agenouilla devant un morceau de la Sainte Croix et entonna le Kyrie Eleison. Puis, il pardonna à tous ses ennemis et invita ses compagnons d'armes à en faire autant.

Henri rétablit sur son trône le roi Pierre qui fit rentrer la Hongrie dans la voie qu'Étienne avait ouverte. Quand, l'année suivante, l'Empereur se rendit une fois encore en Hongrie, Pierre lui offrit la lance d'or, symbole de la puissance hongroise. Par ce présent, il s'engageait à reconnaître la suzeraineté allemande. Mais Henri envoya cette lance au pape, en manière d'offrande consacrée. Plus tard, Grégoire VII et Innocent III, se fondant sur le présent du roi d'Allemagne, réclamèrent la Hongrie comme fief du Saint-Siège. Mais il est peu probable qu'Henri III ait prévu les conséquences de son geste respectueux. Quant à Pierre, son règne n'eut pas de consistance. En 1046 déjà, l'arpade André Ier de Hongrie le détrôna derechef, mais ne modifia rien aux dispositions chrétiennes du royaume et se montra loyal vassal de l'empereur.

Mariage avec Agnès d'Aquitaine

Henri III et Agnès de part et d'autre de la Vierge

Agnès, fille de Guillaume V d'Aquitaine, fut couronnée reine à Mayence en 1043 et, en novembre de la même année, elle épousa Henri III à Ingelheim. Tous deux furent couronnés empereur et impératrice le 25 décembre 1046 à Rome. Henri avait choisi Agnès comme épouse après que sa première femme, Gunhild, fut morte du paludisme. Ce mariage présentait surtout pour lui des avantages politiques en affermissant son pouvoir. Une alliance avec la dynastie française qui était peut-être la plus puissante renforçait la pression sur la royauté française et était de nature à améliorer la position d'Henri en Bourgogne, puisque là aussi la famille d’Agnès avait de riches possessions.

Soutien à la réforme de l'Église

Henri III devant Tivoli, manuscrit du XVe siècle

Éduqué par des ecclésiastiques et remarié 1043 avec Agnès d'Aquitaine, que les liens de famille rapprochent du cercle clunisien (elle est la fille du duc Guillaume V d'Aquitaine), Henri III est sensible à la dégénérescence morale de l'Église et est favorable à la réforme monastique préconisée par Cluny, Brogne ou Gorze. La vie de cour joyeuse et les festins ne plaisent guère au couple royal qui a une notion très claire de ses devoirs religieux. C’est ainsi que ménestrels et jongleurs, qui normalement ne manquaient à aucune fête du Moyen Âge, n’eurent pas l’autorisation de venir au mariage pour montrer leurs talents. Tout ce qui entourait les souverains devait être empreint de sérieux et de dignité. Henri s’enthousiasma pour l’idée de la Trêve de Dieu (Treuga Dei) qui était apparue en France et il s’efforça de mettre fin au droit du plus fort et aux vengeances privées. Il se heurta à des résistances mais il était trop puissant pour que ses adversaires pussent agir efficacement contre lui. Cependant sa veuve devait rencontrer plus tard les mêmes problèmes. Il est très probable qu’Agnès influence Henri III dans sa conception religieuse de l’autorité, qu’elle soutient et même inspire son action dans sa politique de réforme religieuse.

Il entend reprendre les choses en main[1]. La grandeur de l'Empire rend difficile le contrôle des affaires italiennes en plein essor de la féodalité en Europe. Depuis Henri II, les empereurs sont contraints de descendre périodiquement avec leur Armée pour y restaurer leur autorité[2]. Les grandes familles romaines (et en particulier les comtes de Tusculum) habituées à faire élire le pape, tentent de reprendre leurs prérogatives. Les Tusculani font élire Benoit IX à la papauté. Critiquant sa faible moralité les romains élisent un antipape: Sylvestre III. Mis en difficulté Benoit IX revend sa charge à un réformateur qui pour remettre de l'ordre accepte cet acte de simonie et prend le nom de Grégoire VI. On se retrouve dès lors avec pas moins de trois papes concurrents.

Henri III intervient militairement et restaure l'ordre en déposant les trois pontifes au synode de Sutri, le 20 décembre 1046[3]. L'Empereur impose le pape réformateur Clément II. Ce dernier couronne l'empereur et l'impératrice et promulgue une première constitution frappant d'anathème « quiconque recevrait de l'argent pour consacrer une église, ordonner un clerc, conférer un bénéfice »[4]. Mais cela ne suffit pas, le nouveau pape est rapidement assassiné ainsi que son successeur désigné par l'Empereur Damase II. Henri III doit impérativement désigner un pape dont la moralité ne puisse être mise en doute et suffisamment habile pour gagner la confiance des romains. Brunon d'Eguisheim-Dagsbourg après son brillant ministère à Toul est le candidat idéal. Pour se faire accepter il ne doit cependant pas être le candidat désigné par l'Empereur, il se rend en pèlerinage dans la ville sainte et demande humblement aux romains de ne l'élire que s'il leur convient[3]. Il est alors intronisé sous le nom de Léon IX (en mémoire de Léon le Grand qui avait affirmé la primauté de l'évêque de Rome en tant que successeur de Pierre[5]) le 1er février 1049[3].

Son fils Henri IV, âgé de six ans, lui succède sous la régence de sa mère Agnès d'Aquitaine.

Notes et références

  1. Pierre Milza, Histoire de l'Italie, Fayard, 2005, p. 199
  2. Pierre Milza, Histoire de l'Italie, Fayard, 2005, p. 198-199
  3. a, b et c Prosper Alfaric, Un pape alsacien: Léon IX d'Eguisheim, Annuaire de la Société Historique, Littéraire et Scientifique du Club Vosgien, volume I (1-2), Strasbourg Imprimerie Alsacienne 1933, Encyclopédie universelle
  4. Jean Chélini, Histoire religieuse de l'Occident médiéval, Hachette 1991, p. 252.
  5. Francis Rapp, Léon IX, un grand pape, Heimetsproch.org
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