- Gustave Biéler
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Gustave Biéler (1904 - 1944), plus généralement connu sous le nom de « Guy » Biéler, fut un agent canadien du service secret britannique Special Operations Executive pendant la Seconde Guerre mondiale. Chef du réseau Tell-MUSICIAN de la section F, basé dans la région de Saint-Quentin (Aisne), il organisa dans le nord-est de la France de très nombreux sabotages au détriment des Allemands. Finalement arrêté, torturé, déporté au camp de concentration de Flossenbürg, il fut exécuté le 5 septembre 1944.
Sommaire
Identités
- État civil : Gustave Daniel Alfred Biéler
- Comme agent du SOE, section F :
- Nom de guerre (field name) : « Guy »
- Code opérationnel SOE : MUSICIAN
- Identités : Guy Morin, Maurice Alfred Léger, Blanc
- Autre pseudo : Tell (origine et emploi à préciser)
- Surnoms familiers : Guy (enfance) ; Grand-dad (camarades de la session d'entraînement SOE)
Parcours militaire :
- Régiment de Maisonneuve.
- SOE, section F ; grade : captain.
Pour accéder à des photographies de Gustave Biéler, se reporter au paragraphe Sources et liens externes en fin d'article.
Famille
- Son grand-père : Daniel Biéler
- Son père : Jean-Louis Biéler, pasteur protestant, suisse
- Sa mère : Hélène Wursten
- Ses frères et sœurs : René-Maurice (Môme) (1906-?), Madeleine (Souris) (1907-?), Danielle (Dano) (1908-?), Anne_Marie (Mamie) (1914-?).
- Sa femme : Marguerite née Geymonat, Montréal, Québec.
- Ses enfants (2) : Jean-Louis (1935-), Jacqueline (1936-).
Biographie
1904. Le 26 mars, naissance de Gustave Biéler à Beurlay, Charente-Maritime en France, où son père, pasteur protestant d'origine suisse, occupe sa première charge de paroisse.
1907. La famille retourne en Suisse, où son père vient occuper une nouvelle charge, à Lutry.
Scolarité : collège classique cantonal de Lausanne ; puis Institut Jean-Jacques-Rousseau, où il suit une formation en Éducation morale, didactique, orientation professionnelle. Il aurait été l'élève de Jean Piaget.
1918. Son père meurt de la grippe espagnole. La famille est prise en charge par le grand-père Daniel.
vers 1920. Il perd l'usage d'un œil, atteint par la fusée d'un feu d'artifice.
1924. Le 5 juillet, il obtient son certificat. Pour échapper à la tutelle de son grand-père Daniel, qui souhaitait qu'il se prépare au sacerdoce, il émigre au Canada, où il est invité par son oncle et parrain Charles. Il débarque à Québec le 18 septembre, et s’établit dans la ville de Montréal, travaillant d’abord comme enseignant à Pointe-aux-Trembles, près de Montréal.
1928. Le 18 juillet, il commence à travailler comme traducteur à la Sun Life Assurance Company. Il avait posé sa candidature le 15 décembre 1927 et passé un examen médical satisfaisant le 20 février. Plus tard, il y deviendra chef du bureau de traduction (pour toutes les langues).
1929. Le 4 janvier, il épouse Marguerite Geymonat, une ancienne élève. Ils s'installent à Cartierville, au nord de Montréal.
1934. Il obtient la citoyenneté canadienne.
1935. Naissance de Jean-Louis.
1936. Naissance de Jacqueline.
1940.
- Juin. Il rejoint le contingent universitaire de Montréal du corps de formation des officiers canadiens. Il est nommé au régiment de Maisonneuve.
- Septembre. Il dit adieu à sa femme et à ses deux enfants et est envoyé dans une base en Grande Bretagne, comme officier du service de renseignements du régiment de Maisonneuve. Sa femme travaille à Radio-Canada International qui diffuse des émissions aux troupes en Europe.
1942
- 4 juin. Recruté par le colonel Maurice Buckmaster, chef de la section F du SOE, Biéler quitte son régiment et rejoint la section F, où on le connaîtra sous le surnom de « Guy ».
- Période d’entraînement, successivement : à Warnborough Manor (Surrey) quatre semaines d’instruction de base et d’examens psychologiques et techniques ; en Écosse, un mois d’entraînement à la mise à mort silencieuse, au maniement du couteau, de la corde, du pistolet et du pistolet mitrailleur, à la manœuvre d’un bateau, à la lecture de carte, au morse ; stage de parachutisme près de Manchester ; stage final, près de Beaulieu, pour apprendre à repérer des filatures, à changer d’adresse au bon moment, à dissimuler sa personnalité, à supporter des interrogatoires brutaux. Maurice Buckmaster écrit dans son dossier que « Biéler était le meilleur stagiaire que le SOE ait jamais eu ». Biéler choisit son surnom « Guy » comme nom de guerre.
- Novembre. Dans la nuit du 17 au 18, en compagnie de Michael Trotobas « Sylvestre » et d'Arthur Staggs, respectivement chef du réseau FARMER et opérateur radio du même réseau, Gustave Biéler est parachuté d’un bombardier près de Beaune-la-Rolande (entre Pithiviers et Montargis, dans le Loiret). Il vient constituer le réseau MUSICIAN dans la région de Saint-Quentin (Aisne). Malheureusement, du fait de l’obscurité, Biéler atterrit sur des rochers et se blesse grièvement à la colonne vertébrale. Ses compagnons, Trotobas et Staggs, lui conseillent de demander un retour en Angleterre. Comme il refuse, ils l’amènent à Paris. Le matin du 18, ils prennent le train pour Paris à la gare d'Auxy-Juranville. Arrivés à Paris, ils confient Gustave Biéler à Marie-Louise Monnet et sa fille, 38 avenue de Suffren, à l'étage en dessous de celui des sœurs Germaine et Madeleine Tambour du réseau Prosper-PHYSICIAN. À partir de cette planque, il prend les premiers contacts avec la Résistance pour constituer son réseau Tell-MUSICIAN.
1943
- 7 avril. Biéler se sent assez rétabli pour se rendre dans la zone de Saint-Quentin. Il s’installe dans la maison d’Eugène Cordelette, géomètre dans le village de Fonsomme. Connu sous le nom de « Commandant Guy », il développe son réseau, qu'il appelle aussi réseau Tell. Très doué pour la communication et l’organisation, en tant que chef du réseau Tell -MUSICIAN, il travaille avec des agents du SOE amis et des membres de la résistance, pour organiser des missions de sabotage très productives. Il reçoit seize parachutages d’armes et d’explosifs. Vingt-cinq équipes de Biéler, réparties dans différentes zones du nord de la France, réussissent à endommager ou détruire des équipements allemands, tels que des réservoirs de stockage de pétrole, des moyens ferroviaires (destruction d’un convoi de troupes, déraillement de 20 trains, endommagement de 20 locomotives avec de la graisse abrasive, sabotage d'usines de réparation et de locomotives, treize coupures de la ligne Paris-Cologne), des ponts, des écluses et des tracteurs électriques utilisés pour remorquer les barges sur les chemins fluviaux. Leurs efforts répétés entravent les mouvements ennemis d’armes et de troupes, mais finalement l’action la plus importante de Biéler porte sur la préparation du débarquement. Ses opérations sont si réussies que les Allemands mettent en place une chasse à l’homme pour le capturer, lui et son équipe.
- Septembre. Le SOE envoie Yolande Beekman comme opérateur radio attitré de MUSICIAN. Jusque là, Biéler utilisait les moyens radio du réseau Prosper-PHYSICIAN.
- Décembre. Sur le point d'être arrêté, Michael Trotobas « Sylvestre », qui avait constitué le réseau de sabotage FARMER dans la région de Lille, est tué par les Allemands lors d’une fusillade. Biéler contribue à maintenir FARMER en activité.
1944.
- 13 janvier. La Gestapo arrête Biéler et Yolande Beekman au Café Moulin Brûlé à Omissy. Au quartier général de la Gestapo, ils sont torturés à de nombreuses reprises, mais ne cèdent pas.
- Quelques mois plus tard, Biéler est transféré au camp de concentration Flossenbürg, dans la région de l’Oberpfalz en Bavière, où les tortures brutales se poursuivent. Les Allemands n’obtiennent rien de lui.
- 5 septembre. Les Allemands, qui avaient acquis un certain respect pour lui, font fusiller le major « Guy » Biéler mutilé et décharné par une escouade d’exécution avec une garde d’honneur.
Reconnaissance
Distinctions
- Distinguished Service Order (DSO)
- Membre de l'Order of the British Empire (MBE).
- Croix de guerre 1939-1945 (CG).
Monuments
- En France :
- Étant l'un des 104 agents de la section F du SOE morts pour la France, « Guy » Biéler est honoré au mémorial de Valençay (Indre).
- Des mémoriaux honorent « Guy » Biéler à Morcourt et à Fonsomme (Aisne).
- Le Centre Juno Beach à Courseulles-sur-Mer contient une plaque : « Canadiens derrière les lignes ennemies. Agents canadiens des Services spéciaux britanniques ».
- Au Canada, un mémorial mentionne son nom dans un parc à Westmount (Québec).
- Aux Pays-Bas, le Major « Guy » Biéler est enregistré sur le Mémorial de Groesbeek au cimetière de guerre canadien, panneau 11.
- En Allemagne, au mémorial du camp de Flossenbürg, une vitrine commémorative sur « Guy » Biéler a été dévoilée le 22 juillet 2007 lors de l'inauguration du musée du camp. Une plaque dédiée au SOE mentionne Guy Biéler, avec une biographie et des photographies.
Lieux qui portent son nom
Au Canada
- Le lac Biéler, sur l'île de Baffin,
- La résidence des anciens combattants à Montréal (Québec). Depuis 1980, la société Maison Biéler Inc. loue 168 logements bon marché à des vétérans et des veuves de vétérans, dans un immeuble situé 1450 rue Plessis. Gabriel Chartrand fut son premier directeur jusqu'en 1986.
En France
- À Courseulles-sur-Mer, au centre Juno Beach, une plaque dédiée aux Canadiens derrière les lignes ennemies mentionne Guy Biéler.
- Dans trois communes françaises du département de l'Aisne, une rue porte le nom de "rue du Commandant Guy Biéler"[1] : Saint-Quentin, Fonsomme, Morcourt.
Annexes
Notes
- Biéler est adopté par les citoyens comme héros populaire, non seulement pour ses exploits et sa bravoure, mais aussi parce qu'il fit toujours tout ce qui lui était possible pour éviter les pertes civiles.
Sources et liens externes
- Photographies de Gustave Biéler sur le site Special Forces Roll of Honour
- Site consacré à Maison Biéler Inc.
- Missions dangereuses et services secrets. Agents, espions et soldats durant la Seconde guerre mondiale, Sélection du Reader’s Digest, 1973, vol. 1, chapitre En mission spéciale auprès du War Office, pp. 325-340
- Michael Richard Daniell Foot, Des Anglais dans la Résistance. Le Service Secret Britannique d'Action (SOE) en France 1940-1944, annot. Jean-Louis Crémieux-Brilhac, Tallandier, 2008, ISBN : 978-2-84734-329-8 / EAN 13 : 9782847343298. Traduction en français par Rachel Bouyssou de (en) SOE in France. An account of the Work of the British Special Operations Executive in France, 1940-1944, Londres, Her Majesty's Stationery Office, 1966, 1968 ; Whitehall History Publishing, in association with Frank Cass, 2004. Ce livre présente la version officielle britannique de l’histoire du SOE en France.
- Jacqueline Biéler, Sorti de la Nuit et du Brouillard - L'Histoire du Commandant Guy Biéler - Special Operations Executive, tr. Michel Tanguay, CEF Books, 2008, ISBN 978-1-896979-57-1
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