Guru (maître spirituel)

Guru (maître spirituel)
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Un guru (devanāgarī : गुरु) est un terme sanskrit qui signifie « précepteur », « guide spirituel », « maître »[1]. On parle parfois de « celui qui dissipe les ténèbres (de gu (l'obscurité, par extension : l'ignorance) vers la lumière ru (par extension : le savoir). Le sanscrit guru, apparenté au latin gravis[2] qui nous donne « grave » signifiait littéralement « pesant, qui a du poids » ou « important, vénérable ».

Le guru enseigne la spiritualité, la danse, la musique ou tout autre domaine de connaissance. Dans le domaine spirituel, le guru est l'initiateur ou le leader d'une école de pensée autoproclamée ou traditionnelle dans le cadre d'un âshram ou gurukula. Les rapports entre le guru et le disciple (chela) sont ceux qui existent entre un patriarche et un jeune enfant, ce dernier devant libérer son maître des tâches du quotidien (lessive, cuisine, ménage) en échange de l'enseignement qu'il reçoit, ce contrat étant considérée, en Inde, comme faisant partie de l'apprentissage[3],[4],[5],[6],[7]. Le terme est aussi utilisé par les Sikhs qui nomment ainsi leurs chefs spirituels et politiques, le dernier d'entre eux n'étant pas un homme mais un livre, l’Âdi Granth, comme l'avait décidé le dernier des gurus du sikhisme.

Sommaire

Dans l'hindouisme

Le guru est à la base de la tradition de transmission spirituelle en Inde[8]. Selon le Vedanta Sara : « Un vrai guru est un homme à qui la pratique de toutes les vertus est familière, qui avec le glaive de la sagesse a élagué toutes les branches et arraché toutes les racines du mal (...) qui se conduit avec dignité et indépendance. Qui voit l'or et les pierres précieuses avec autant d'indifférence que la ferraille et les tessons, qui met tous ses soins à écarter les ténèbres de l'ignorance dans lesquels le reste des hommes est plongé »[9]

Le guru peut être celui qui initiera un jeune brâhmane, un kshatriya, ou un vaishya au moment de son initiation (upanayana). Il peut aussi être celui qui donnera l'enseignement religieux et procèdera à l'étude des textes sacrées aux enfants appartenant aux trois premières varna durant le premier des quatre âges de la vie (âshram), le brahmacharya. Il peut enfin être un « maître à penser », un mentor, un guide spirituel hautement respectable pour celui qui deviendra ce que l'on nomme un chela ou śiṣya, élève ou disciple.

Il n'existe aucune autorité habilitée à décerner ce titre, l'hindouisme, sans autorité centralisatrice ordonné, n'ayant ni Eglise, ni clergé, ni école de formation pour les futurs gurus[8]. Cependant, il serait inconcevable que quelqu'un s'autoproclame guru[8]. C'est la reconnaissance publique du niveau d'accomplissement intérieur qui laisse entendre que tel ou tel a la stature d'un maître. La reconnaissance du statut de guru ne s'effectue généralement que par le biais d'un autre guru qui s'inscrit lui-même dans une longue lignée de transmission (guru shishya parampara) et sera jugé à même de reconnaître la maîtrise et les capacités de tel ou tel individu à enseigner à son tour.

Les gurus non initiés par un autre guru existent, mais sont très rares. Dans ce cas, la rumeur publique joue son rôle : on vient l'écouter et si quelques personnes s'en disent disciples, la cause est entendue[8]. Cette pratique est basée sur la confiance mutuelle et sur la rigueur morale. Les Indiens, depuis longtemps, savent qu'il y a nombre de faux gurus et de faux sâdhus. Cette vérité est plaisamment figurée sur la descente du Gange à Mahaballipuram, un bas-relief du VIIIe siècle où un chat, en bas à droite de la fissure centrale, est en position de méditation tandis que les souris, trompées, s'approchent en confiance, ce qui leur coûtera la vie (Voir l'illustration ici).

Dans certains cas, de véritables lignées à caractère initiatique s'instaurent, notamment dans le domaine du Vedânta, ou dans le tantra-mârga et le yoga[8]. Il faut préciser cependant que la très grande majorité des disciples retournent à leurs occupations mondaines après avoir fait retraite auprès d'un maître pour un temps plus ou moins long[8]. Seuls persévèrent ceux qui se sentent appelés[8].

L'enseignement du guru implique la présence de disciples[8]. Ceux-ci se groupent volontiers autour du maître afin de profiter pleinement de sa parole et forment ainsi une communauté, l'âshram, où s'organise une vie réduite au strict nécessaire[8]; (en principe l'âshram n'est jamais bâti, puisque le constitution d'une telle communauté se fait au hasard des circonstances[8]; le plus souvent un ascète errant - sâdhou - se fait connaître par la sagesse des avis qu'il donne au cours de ses pérégrinations[8]. Quelques personnes s'attachent à ses pas et, éventuellement, le persuadent de s'arrêter dans une clairière, une grotte, etc[8], en tout cas à l'écart des villages, comme le veut une règle tacite de l'hindouisme vécu[8]).

En principe, le guru ne se préoccupe pas du fonctionnement de l'âshram qui reste toujours un groupement informel et précaire[8] : volontairement, on proscrit toute forme d'organisation régulière, car il est entendu que l'âshram n'existe que dans la mesure où le maître a quelque chose à enseigner (et qu'il accepte de le faire) et où il y a des gens qui ont envie de recevoir cet enseignement[8].

A la mort du guru (ou lorsque celui-ci décide de se retirer, déclarant à son élève : « je t'ai enseigné tout ce que je savais, maintenant tu dois t'en aller »[8]), la communauté est dissoute d'elle-même[8].

La norme est également que le nombre des disciples soit très réduit, ne serait-ce que parce que la relation directe maître-élève est privilégiée[8]. Nombreux d'ailleurs les gurus qui n'ont que deux ou trois disciples et parcourent avec eux l'Inde, rendant ainsi impossible l'installation d'une communauté stable[8]. Il y a des exceptions : c'est ainsi que le jaïnisme, le bouddhisme et le sikhisme sont devenus des religions à part entière ; - leur guru a fondé un groupement qui leur a survécu et s'est détaché de l'hindouisme. Mais il s'agit là d'exceptions qui confirment la règle : des milliers de maîtres continuent de nos jours de dispenser un enseignement spirituel à de petites communautés informelles qui portent nom d'âshram[8].

Mais en aucun cas il ne doit être rémunéré (on lui fait des dons : une nourriture végétarienne et frugale essentiellement), sous peine de perdre aux yeux de l'opinion (seul juge en la matière) son statut de maître spirituel hindou[8].

Gurus indiens de renom

Adi Shankaracharya, Ramana Maharshi, Nisargadatta Maharaj, Ramanuja, Chaitanya, Guru Nanak, , Ma Ananda Moyi, Shivananda, Swami Ramdas, Vivekananda, Nanak, Nirmala Srivastava, Sri Sri Ravi Shankar, Maharishi Mahesh Yogi, Paramahansa Yogananda, Sai Baba, Sri Chinmoy, Muktananda, A. C. Bhaktivedanta Swami Prabhupada, Mata Amritanandamayi, H.W.L. Poonja, Mahatma Gandhi, Sri Aurobindo, Osho

Notes et références

  1. The Sanskrit Heritage Dictionary de Gérard Huet
  2. Julius Pokorny, Indogermanisches Etymologisches Woerterbuch
  3. Guru - disciple, le contrat divin Swami Atmananda Saraswati
  4. La pédagogie en Inde, 1990 la pédagogie en Inde, Andréine et Bernard Bel « Le contrat maître-disciple est basé sur le respect mutuel et l'entr'aide dans tous les aspects de la vie matérielle et artistique, et ce pour la vie entière »
  5. Jim Kippen (1980) : « Dans [la relation maître-disciple] existe un sens du don de soi et un engagement que l'on trouve rarement dans [la relation professeur-élève], la raison d'être de cette dernière étant le sentiment du devoir accompli. De plus, le fait qu'un étudiant peut être enseigné par plusieurs professeurs implique que la relation professeur-élève est souvent soumise à la contingence de loyautés partagées. »
  6. « La première initiation est un contrat entre le maître et le disciple » Swami Nischchalananda Sarasvati
  7. Georges Boyd, 2001 (en) Les conditions de la relation maître à disciple
  8. a, b, c, d, e, f, g, h, i, j, k, l, m, n, o, p, q, r, s, t et u Dictionnaire de L'HINDOUISME, Jean VARENNE, éditions du Rocher, ISBN 2-268-04151-4
  9. Cité Jean Antoine Dubois dans Mœurs: institutions et cérémonies des peuples de l'Inde, Volume 1

Annexes

Bibliographie

  • Arnaud Desjardins, L'Ami spirituel, éd. de la Table Ronde, 1996.
  • Alexandre Astier, Les Maîtres spirituels de l'hindouisme, éditions Eyrolles
  • Guru Gita (Skanda Purana) Vyasa

Articles connexes


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