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Guru (maître spirituel)
Pour l'article homonyme du terme entré dans le langage courant, voir Gourou
Littéralement, guru (du sanskrit गुरु) signifie « enseignant », « professeur » ou « celui qui dissipe les ténèbres ». Le guru est celui qui aide un individu à passer de l'obscurité gu ( par ext, l'ignorance) vers la lumière ru ( par ext, le savoir ).
Le terme désigne celui qui est en position de maître par rapport à un élève pour enseigner la spiritualité, la danse, la musique ou tout autre domaine de connaissance.
Dans le domaine spirituel, guru est le mot utilisé pour désigner l'initiateur ou le chef d'une école de pensée enseignée dans le cadre d'un âshram (आश्रम) ou d'un gurukula (गुरुकुल) au sein duquel tous les membres sont considérés comme faisant partie d'une même famille. Les rapports entre le guru et le chela sont ceux qui existent entre un patriarche et un jeune enfant, ce dernier devant libérer son maître des tâches du quotidien (lessive, cuisine, ménage) en échange de l'enseignement qu'il reçoit, cette pratique étant considérée comme faisant partie de l'apprentissage.
Sommaire
Origines
Probablement originaire d'Inde, ce rapport maître-élève s'est répandu en Asie, par l'extension de l'hindouisme, puis du bouddhisme, et ce jusqu'au Japon.
Le terme est aussi utilisé par les Sikhs qui nomment ainsi leurs chefs spirituels et politiques, le dernier d'entre eux n'étant pas un homme mais un livre, l’Âdi Granth, comme l'avait décidé le dernier des gurûs du sikhisme.
Dans l'hindouisme
L'une des « institutions » de base de la religion hindoue est la direction spirituelle qui relève de personnages tenus pour des maîtres (en sanskrit : guru)[1].
Dans la tradition, les indiens considèrent que le premier guru est la mère. D'un point de vue purement physique, la mère est bien la personne qui pour la première fois donne à un individu la possibilité de passer d'un monde à l'autre; de l'obscurité du ventre maternelle à la lumière du monde extérieure. C'est ensuite elle qui donnera à l'enfant les bases du langage avant qu'il ne soit confié à un maître qui continuera son enseignement[réf. nécessaire].
Le terme guru peut revêtir des sens différents suivant les contextes. Ce terme, peut désigner celui qui initiera un jeune brâhmane, kshatriya, ou vaishya au moment de son initiation (upanayana). Ce terme peut aussi désigner celui qui donnera l'enseignement religieux et procèdera à l'étude des textes sacrées aux enfants appartenant aux trois premières varna durant le premier des [[Âges de la vie en Inde|quatre âges de la vie, ashrama]], le brahmacharya (ब्रह्मचर्य). Le terme guru peut enfin, désigner un « maître à penser », un mentor, un guide spirituel hautement respectable pour celui qui deviendra ce que l'on nomme un chela (चेल) ou śiṣya (शिष्य), élève ou disciple. Il arrive parfois aussi que ces differentes tâches soient assurées par une seule et même personne.
Il n'existe aucune autorité qui soit habilitée à décerner ce titre, puisque l'hindouisme, sans autorité centralisatrice ordonné, n'a ni Eglise, ni clergé, ni école de formation pour les futurs gourous[1]. Cependant, il serait inconcevable que quelqu'un s'autoproclame gourou[1]. C'est donc en fin de compte la rumeur publique qui laisse entendre que tel ou tel a la stature d'un maître. La reconnaissance du statut de guru ne s'effectue généralement que par le biais d'un autre guru qui s'inscrit lui-même dans une longue lignée de transmission (guru shishya parampara)et sera jugé à même de reconnaître la "maîtrise" et les capacités de tel ou tel individu à enseigner à son tour.
Les cas de guru non initiés véritablement par un autre guru existent mais sont très rares (cf: avadhuta). Dans ce cas précis, il est vrai que la rumeur publique joue son rôle: on vient alors l'écouter et si quelques personnes s'en disent disciples, la cause est entendue[1].
Cette pratique est basée sur la confiance mutuelle et sur la rigueur morale, ce qui n'a évidemment pas échappé aux Indiens, et depuis longtemps, qui savent qu'il y a nombre de faux gurûs et de faux sâdhus.Cette vérité est plaisamment figurée sur la descente du Gange à Mahaballipuram, un bas-relief du VIIIe siècle où un chat, en bas à droite de la fissure centrale, est en position de méditation tandis que les souris, trompées, s'approchent en confiance, ce qui leur coûtera la vie (Voir l'illustration ici ).
Dans certains cas, de véritables lignées à caractère initiatique s'instaurent, notamment dans le domaine du vêdânta, ou dans le tantra-mârga et le yoga[1]. Il faut préciser cependant que la très grande majorité des disciples retournent à leurs occupations mondaines après avoir fait retraite auprès d'un maître pour un temps plus ou moins long[1]. Seuls persévèrent ceux qui se sentent appelés[1].
L'enseignement du guru implique la présence de disciples[1]. Ceux-ci se groupent volontiers autour du maître afin de profiter pleinement de sa parole et forment ainsi une communauté, l'âshram, où s'organise une vie réduite au strict nécessaire [1]; (en principe l'âshram n'est jamais bâti, puisque le constitution d'une telle communauté se fait au hasard des circonstances [1]; le plus souvent un ascète errant - sâdhou - se fait connaître par la sagesse des avis qu'il donne au cours de ses pérégrinations[1]. Quelques personnes s'attachent à ses pas et, éventuellement, le persuadent de s'arrêter dans une clairière, une grotte, etc[1], en tout cas à l'écart des villages, comme le veut une règle tacite de l'hindouisme vécu[1]).
En principe, le gourou ne se préoccupe pas du fonctionnement de l'âshram qui reste toujours un groupement informel et précaire[1] : volontairement, on proscrit toute forme d'organisation régulière, car il est entendu que l'âshram n'existe que dans la mesure où le maître a quelque chose à enseigner (et qu'il accepte de le faire) et où il y a des gens qui ont envie de recevoir cet enseignement[1].
A la mort du gourou (ou lorsque celui-ci décide de se retirer, déclarant à son élève : « je t'ai enseigné tout ce que je savais, maintenant tu dois t'en aller »[1]), la communauté est dissoute d'elle-même[1].
La norme est également que le nombre des disciples soit très réduit, ne serait-ce que parce que la relation directe maître-élève est privilégiée[1]. Nombreux d'ailleurs les gourous qui n'ont que deux ou trois disciples et parcourent avec eux l'Inde, rendant ainsi impossible l'installation d'une communauté stable[1]. Il y a des exceptions : c'est ainsi que le jaïnisme, le bouddhisme et le sikhisme sont devenus des religions à part entière ; - leur gourou a fondé un groupement qui leur a survécu et s'est détaché de l'hindouisme. Mais il s'agit là d'exceptions rarissimes, qui confirment la règle : des milliers de maîtres continuent de nos jours de dispenser un enseignement spirituel à de petites communautés informelles qui portent nom d'âshram[1].
Mais en aucun cas il ne doit être rémunéré (on lui donne des dons : une nourriture végétarienne et frugale essentiellement), sous peine de perdre aux yeux de l'opinion (seul juge en la matière) son statut de maître spirituel hindou[1].
Notes et références
Articles connexes
Bibliographie
- Arnaud Desjardins, L'Ami spirituel, éd. de la Table Ronde, 1996.
- Les maîtres spirituels de l'hindouisme, Alexandre Astier, éditions Eyrolles.
- Guru Gita ( Skanda Purana) Vyasa .
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