Guerre du chaco

Guerre du chaco

Guerre du Chaco

Le Chaco entre la Bolivie et le Paraguay.
L'enjeu du meurtrier conflit de 1932-1935 : un pays aride et désolé de savanes ... que l'on a cru être un nouvel Eldorado pétrolier.

La guerre du Chaco qui se déroula entre 1932 et 1935 opposa la Bolivie et le Paraguay. En causant la mort du quart des combattants engagés, elle reste une des guerres les plus meurtrières de tous les temps. Comme pour la guerre d'Espagne qui suivra, et qui servit de banc d'essai de nouvelles armes et de nouvelles tactiques tout autant que de conflit idéologique entre les puissances du moment, la guerre du Chaco déborda le cadre d'un conflit purement local en mettant en cause des enjeux dépassant les seuls belligérants, en l'occurance la géopolitique du pétrole. En effet, sur la base de rumeurs (qui se révélèrent totalement infondées) selon lesquelles on avait trouvé du pétrole dans cette région, les deux pays, extrêmement pauvres, s'en sont disputé le contrôle, la Bolivie étant soutenue par des compagnies pétrolières américaines (le cartel des sept soeurs) et le Paraguay par des compagnies pétrolières britanniques[1].

Sommaire

Les origines du conflit

La Guerre de la Triple Alliance opposa une première fois le Paraguay et ses voisins de 1865 à 1870

Ce conflit, comme pour la plupart des guerres latino-américaines des XIXe siècle et XXe siècle, trouve ses origines profondes dans l'incertitude des frontières et des compétences des institutions coloniales espagnoles et l'absence d'occupation effective sur de vastes portions de territoires (problème juridique de l'« uti possidetis » (litt. « comme vous possédez  ») qui peut-être « de jure » ou non (litt. «  en droit ou de fait »)).

Le premier conflit qui opposa les états frontaliers ou périphériques du désert du Gran Chaco (sans que celui-ci n'en fusse toutefois l'enjeu) fut la guerre de la Triple Alliance qui, de 1865 à 1870, opposa le Paraguay à une coalition formée par l'Uruguay, l'Argentine et le Brésil et qui tourna à la totale déconfiture du Paraguay, l'Argentine s'assurant de fait la main-mise sur le Chaco.

Les territoires perdus par la Bolivie au fil des conflits qui l'opposèrent à ses voisins.

Profitant de cette défaite, la Bolivie considéra dès cette époque le Gran Chaco Boreal comme faisant partie de sa sphère d'influence, en appelant, vainement, à l'appui des vainqueurs du Paraguay. Les discussions entre les deux états démarrèrent en 1879 mais, bien que plusieurs protocoles d'accord soient intervenus (1913, 1915, 1916, 1917 & 1918), aucune implantation permanente bolivienne ou paraguayenne ne s'établit, vu l'âpreté du pays, les conditions climatiques infernales et l'absence de toute infrastructure.

Parallèlement, un autre contentieux entre Bolivie et Paraguay, ne fait qu'empirer les choses.

En 1884, la Bolivie a en effet perdu tout accès à l'océan Pacifique au profit du Chili, comme suite à la Guerre du Nitrate. En 1885 survient l'incident de Puerto Pacheco, sur le Haut-Paraguay, comme suite à la concession par la Bolivie de la construction d'un port. La Bolivie, qui a perdu sa côte sur l'océan Pacifique, doit renoncer à tout espoir de récupérer un accès maritime en 1904. Ses vélléités en direction du fleuve Paraguay sont alors perçues à La Paz comme une nécessité pour s'ouvrir un accès à l'Atlantique et à Asuncion comme une nouvelle provocation.

Les escarmouches sont fréquentes mais les premiers affrontements notables ont lieu à partir de 1920. La Bolivie décide non seulement de tenter de s'implanter sur le haut Paraguay, mais de descendre le cours du rio Pilcomayo jusqu'au confluent avec ce fleuve. Le Paraguay, qui s'était essentiellement intéressé aux abords du fleuve, avait obtenu de l'Argentine le renoncement à son profit, par arbitrage international du président américain Hayes, du triangle sud du Chaco dit Boréal, entre Paraguay et Pilcomayo (1878). Les gouvernements paraguayens concèdèrent des superficies de millions d'hectares du Chaco boréal à des sociétés argentines (la plus grande étant concédée à Carlos Casado Hermanos), pour l'exploitation du "quebracho" ou bois de fer, un bois très dur et riche en tanin. l'Argentine en avait besoin pour son industrie du cuir et pour la réexportation. Le maté n'est pas cultivé dans cette région mais plutôt de l'autre côté du fleuve, la plus grande concession allant à la Industrial Paraguaya, consortium d'intérêts alors anglo-argentins).

Compte tenu de cet état de tension entre les deux pays, le Paraguay commença finalement à établir des colonies militaires dans le Chaco à partir de 1921 mais la guerre civile sanglante qui frappa le pays en 1922 mit un terme à cette tentative de colonisation. Profitant des difficultés internes de son voisin, la Bolivie prit le relais en installant à son tour une ligne de fortins dans la région. Ces infrastructures se résumaient de fait en une série de misérables huttes en adobe surmontées d'un toit de paille, entourées d'un fossé (inondé en période de pluie) et occupée par l'équivalent d'une compagnie.

Une patrouille bolivienne progresse dans le buschland du Chaco

Le pétrole, que les politiques des deux pays élèvent en argument pour mobiliser leur population, fait partie des mythes quant aux objectifs réels de la guerre. Il semble en effet que quelques aventuriers escrocs ayant obtenu des concessions de prospection, restées infructueuses, aient tenté de récupérer « au prix fort » leur mise de fonds en propageant ces rumeurs mensongères... une pratique trop fréquente à l'époque dans le domaine des prospections (métaux rares, pierres précieuses, etc.) qui a fourni la trame de nombreux romans d'aventures ou policiers (cf. infra).

L'incident considéré comme le casus belli décisif a lieu le 15 juin 1932 : c'est l'accrochage dit de la Lagune Pitiantuta (ou Chuquisaca), point d'eau où un fortin bolivien est détruit par les Paraguayens. Ce n'était pas cependant le premier du genre.

En effet, le 25 février 1927, une patrouille paraguayenne égarée, commandée par le lieutenant Ojas Silva est capturée en territoire bolivien et internée. Le Lt. Rojas Silva est abattu par une sentinelle bolivienne en tentant de s'évader et la fièvre belliciste monte d'un cran dans les deux pays.

Le 05 décembre 1928, 400 soldats paraguayens sous le commandement du Major - et futur Président - Rafael Franco capturent le fortin Vanguardia. L'incident porte la tension à un niveau très élevé, La Paz dépêchant sa toute nouvellement créée 5ème division d'infantrie (D.I.) pour reprendre la position. Les relations diplomatiques sont rompues le 12 tandis que le 14, les Boliviens chassaient les maigres forces adverses du fort de Boqueron et de la position Mariscal Lopez. Il fallut la médiation d'une commission internationale composée de la Colombie, de Cuba, du Mexique, de l'Uruguay et des U.S.A pour obtenir le rétablissement du statu-quo tandis que le Paraguay, comme agresseur, était admonesté par la Société des Nations.

Historique du conflit : campagnes et batailles

Le Potez 25, avion de fabrication française qui servit dans la Fuerza Aerea Paraguaya
Position d'artillerie paraguayenne. Les pièces sont probablement d'origine allemande ou française (Schneider), la mauvaise qualité du document ne permettant pas une identification formelle.

Bataille du Lac Pitiantuta ( juin - juillet 1932 )

La découverte du Lac Pitiantuta ( un des rares points d'eau de cette région de savanes arborescentes ) et la dispute qui s'en suivit allait irrévocablement mettre le feu aux poudres. En juillet 1931, les soldats d'Asuncion établirent le fortin Carlos Antonio Lopez sur les bords du lac. Profitant de la guerre civile au Paraguay, une unité bolivienne sous le commandement du Major Moscos marche sur la position le 14 juin 1932 et l'occupe le lendemain. Asuncion fait donner son 2ème Régiment d'Infanterie, équipé de mortiers de 81mm, qui reprend le fort. L'engrenage fatal est engagé.

Le président bolivien Daniel Salamanca ordonne les représailles et fait marcher ses troupes contre les positions adverses: le fort de Corrales tombe le 27, celui de Toledo le 28 et celui de Boqueron le 31 après deux jours de combats.

Une commission internatioanle tente encore une fois de calmer le jeu mais devant l'intransigeance de La Paz, la guerre est devenue inévitable.

Le siège de Boqueron ( septembre 1932 )

La position fortifiée de Boqueron avait été occupée par d'importantes forces andines sous les ordres du Colonel Marzala. Elle était constituée d'un dense réseau de tranchées et de bunkers en bois quebracho très résistants, des nids de mitrailleuses ayant été embusqués dans les taillis. Les 711 officiers et hommes de troupe de Marzala étaient lourdement équipés : 13 mitrailleuses lourdes, 27 légères (FM), 2 canons Schneider de 75mm, un canon de montagne Krupp du même calibre et une paire de canon antiaériens de 20mm Oerlikon/Semag.

Le 09 septembre, le 1er Corps d'Armée paraguayen ( C.A. - constitué des 1ère et 2ème D.I. ) quitte Isla Poi pour attaquer la position. Les jeunes recrues paraguayennes sont arrêtées net par le feu des mitrailleuses, les 2ème, 3ème et 4ème Régiments d'Infanterie (R.I.) subissant de lourdes pertes. Les Paraguayens décident alors d'assiéger la place.

Un retranchement typique de la guerre du Chaco et notamment du siège de 'Boqueron

Les colonnes boliviennes qui tentent de dégager et renforcer celle-ci sont à leur tour défaites, quelques unes parvenant cependant à amener renforts, vivre, eau et munitions en faibles quantités. Les tentatives paraguayennes pour réduire les nids de mitrailleuses adverses par un barrage d'artillerie échouent, non faute de moyens - 24 pièces d'artillerie dont deux Schneider de 105mm et 11 mortiers - mais du fait des lacunes en matière d'observation et de communications téléphoniques. On en revient donc à un siège d'usure « moyenâgeux » ...


Affamés, privés d'eau et de munitions, les Boliviens finissent par capituler le 29 septembre. Les Paraguyens font 820 prisonniers ( 240 seulement étant encore valides ) et s'emparent d'un important butin ( dont cinq pièces d'artillerie ) qu'ils s'employent immédiatement à remettre à leur service. Toutes proportions gardées, Boqueron fut le Stalingrad des Boliviens dans ce conflit.

L'offensive paraguayenne ( Octobre - Décembre 1932 )

Dès le 08 octobre, le 1er C.A. paraguayen, reconstitué et renforcé par la toute fraîche 4ème D.I., reprend l'offensive dans le secteur Arce-Yucra. Bien que l'État-major bolivien ait donné l'ordre de disputer âprement chaque pouce de terrain, le moral de ses troupes s'effondre rapidement. En effet, si dans un premier temps, la Bolivie, possédant une armée plus importante et mieux entraînée, arrive à s'imposer,ses soldats ne sont pas habitués à un climat chaud et humide en saison des pluies et à une sécheresse extrême le reste de l'année. Les Paraguayens ont également une meilleure connaissance du terrain et se montrent très déterminés malgré la vétusté de l'armement et les faiblesses de l'entraînement. C'est ainsi que le Fortin Yucra tombe le 12 octobre et celui de Arce quelques jours plus tard, les Paraguayens s'emparant d'un beau butin malgré les tentatives de destructions des dépôts par leurs adversaires. Remontant du Sud au Nord-Ouest, ils reprennent le contrôle de la région.

Les Boliviens montent une contre-attaque limitée le 05 novembre et arrivent à stabiliser le front, en reprenant notamment le Fortin Platanillos, les 700 Paraguayens parvenant cependant à se retirer.

L'espoir renaît chez les Boliviens dont le Gouvernement décide de rappeler le général allemand Hans Kundt, un vétéran de l' Ostfront lors de la Première Guerre mondiale et créateur de l'armée bolivienne « moderne ». Cet optimisme est cependant un peu illusoire car, s'il est un excellent organisateur et « administratif », les services de renseignements paraguayens savent aussi qu'il est par contre un piètre tacticien, adepte à tout crin de l'attaque frontale .

De plus, le Paraguay s'est donné un nouveau commandant en chef, le futur maréchal-président Estigarribia, qui se révèle excellent organisateur et meneur de troupes lui aussi dont les options tactiques et stratégiques, efficaces, seront cependant plus controversées.

Contre-offensive bolivienne : batailles du Fortin Fernandez et de Corrales ( décembre 1932 )

Tankette italienne L3 utilisée par la Bolivie pendant le conflit du Chaco

La première mesure militaire prise par le général Kundt, le nouveau généralissime bolivien, sera l'attaque du Fortin Fernandez bien que le 26 décembre, des reconnaissance aériennes aient signalé que les Paraguayens s'étaient fortement retranchés dans la place. La 4ème D.I. (1er C.A.) bolivienne se porte à l'assaut sous la pluie battante ... et se fait étriller. Kundt porte alors son attention vers la place forte de Nanawa - un fortin occupé par la 5ème D.I. paraguayenne dont la prise pourrait lui ouvrir la route du fleuve Paraguay. La position est mieux défendue encore que celle du Fortin Fernandez et nécessitera un vaste mouvement stratégique dont la bataille de Corrales sera la clef.

Les 1er et 2ème C.A. boliviens se portent donc en avant dans un mouvement de tenailles. Malgré la supériorité numérique bolivienne ( 3.618 soldats à la 3ème D.I. contre 600 défenseurs adverses ) et la mauvaise qualité de l'armement paraguayen ( de vieux Mausers espagnols et des mitrailleuses Maxim de la première guerre mondiale qui s'enrayent après quelques tirs ), les soldats d'Asuncion résistent valliament avant de rompre l'encerclement par une charge à la baïonnette en sauvant tout leur équipement.

D'antiques mitrailleuses allemandes MAXIM MG08 de la 1ère GM furent utilisées par les Paraguayens

Les deux batailles de Nanawa ( janvier & juillet 1933 )

Le premier assaut bolivien contre la position de Nanawa - que quelques journalistes contemporains en quête de sensationnalisme appelleront le «Verdun» latino-américain - survient le 20 janvier 1933, les 6000 assaillants étant repoussés une fois encore par une violente contre-attaque à la baïonnette. L'assaut est renouvellé le 24, le 41ème R.I. arrivant à pratiquer une brèche avant d'être repoussé par la cavalerie paraguayenne chargeant à la machette.

Dans le même temps, la 3ème D.I. bolivienne s'en prend vainement à la position de Toledo, malgré un appui aérien du Cuerpo de Aviación.

La situation militaire générale bolivienne s'embourbe - parfois littéralement en raison de la saison des pluies - au point que deux R.I. se mutinent et désertent leurs lignes. Dans les mois qui suivent, les succès boliviens restent totalement marginaux et bien en-deça des ambitieux objectifs du général Kundt.

La bataille de Nanawa est relancée le 04 juillet. Une sape/mine destinée à détruire les nids de mitrailleuses paraguayens est activée à 09:05 ... laissant la position intacte ! L'assaut qui s'en suit, appuyé par l'artillerie, les chars et l'aviation, est décimé. L'artillerie bolivienne finit par tomber à court de munitions et à 12:00 les Paraguayens contre-attaquent, laissant 2000 Boliviens tués derrière eux. C'est donc un total échec pour la stratégie offensive de Kundt.


Campo Via : la seconde offensive paraguayenne ( fin 1933 - mai 1934 )

A la fin de 1933, après une accalmie ayant suivi la meurtrière seconde bataille de Nanawa, les troupes boliviennes sont dispersées sur différents sites fortifiés, passablement abattues et à court d'équipement. Estigarribia, promu entretemps Brigadier général, reprend l'initiative début septembre et les Paraguayens progressent très rapidement, les positions boliviennes tombant l'une après l'autre. Du 24 octobre au 11 novembre, les communiqués paraguayens ne font état que de succès. Le général Kundt, obnubilé par une pure stratégie d'offensive à tout prix, ignore les résultats des reconnaissance aériennes et fait le « gros dos » en ordonnant stupidement à ses troupes de tenir à tout prix en attendant de reprendre l'initiative offensive. Les 4ème et 9ème D.I. sont encerclées et contraintes à la capitulation à Campo Via le 11 décembre. D'autre unités boliviennes se débandent et se réfugient en Argentine où elles sont internées. L'offensive paraguayenne tourne à la démonstration, à défaut de promenade militaire à cause des pertes dues entr'autre à la malnutrition.

Un cessez-le-feu survient entre le 19 et le 30 décembre, permettant à chacun de panser ses plaies. L'armée bolivienne en profite pour se regrouper et se rafraîchir. A la fin de l'armistice, les Paraguayens repartent à l'assaut. Mais l'enthousiasme ne suffit plus. Les Boliviens parviennent à arrêter et encercler la 2 ème D.I. trop avancée et une partie de la 7ème. Elles finissent par se rendre le 25 mai 1934, faute de ravitaillement.

Les troupes boliviennes se sont repliées et regroupées mais les pertes sont énormes : des 77.000 hommes engagés depuis Boqueron, 14.000 sont morts, 6.000 se sont réfugiés en Argentine et 32.000 ont été blessés ou sont malades au point de ne plus pouvoir combattre.

Yrendague et El Carmen sur le chemin de la victoire paraguayenne

Le 14 août 1934, les Paraguayens, rééquipés en partie grâce au butin de guerre pris à leurs adversaires, repartent à l'assaut. La 6ème D.I. se porte sur Yrendague mais ne peut empêcher la garnison bolivienne de se replier en bon ordre en emportant son équipement. Le général Estigarribia et la Président Ayala élaborent alors un plan destiné à prendre les restes de l'armée bolivienne en tenaille ... ce qui est chose faite le 15 novembre. L'allali se poursuit jusqu'au mois de décembre, les troupes boliviennes capitulant les unes après les autres.

La déconfiture bolivienne

Symbole d'une défaite : ces carcasses de chars Vickers, fleurons de l'arsenal bolivien, gisent dans les hautes herbes sous le regard des Paraguayens

Le Paraguay a déjà conquis la majeure partie de la région lorsque le 27 novembre 1934, les généraux boliviens, exaspérés par les défaites successives, arrêtent leur président alors qu'il est à Villamontes. Salamanca, de même humeur, avait en effet pris la décision de purger l'armée de ses chefs incompétents et avait dès lors entrepris la « tournée des popotes » pour saquer les commandants locaux quand il se fait piéger par les putchistes à Villamontes. Ceux-ci le remplacent par le vice-président José Luis Tejada Sorzano.

Mais le pronunciamento n'empêche pas le désastre. Sur les berges du Pilcomayo, 2000 hommes se font coincer, 1200 tombant finalement aux mains des Paraguayens pour le prix .. de 46 pertes, morts et blessés confondus.

Le dernier carré bolivien est constitué pendant la première moitié de 1935 dans la place forte de Villa Montes où l'armée bolivienne se retranche en vue d'un suprême effort. C'est donc le choc des titans qui se prépare, toute l'armée paraguayenne se portant elle aussi en avant. Des canons de 120mm de canonnières sont même démontés des arsenaux paraguayens, engagés sur place et installés sur des embases en béton. La bataille s'engage en février et dure jusqu'en avril, sans aucun résultat marquant pour l'un ou l'autre camp. Les adversaires s'essoufflent et frisent la banqueroute économique intérieure ...

Un cessez-le-feu est négocié le 12 juin 1935. Peu après, en 1938, un traité est signé en Argentine. Le Paraguay obtient un peu moins que le territoire qu'il espérait mais il a clairement gagné la guerre, s'emparant également pour près de 10.000.000 dollars US (chiffre de l'époque) d'équipement militaire ennemi.

Mais la guerre est un désastre humain pour les deux pays. En plus des 100 000 victimes de guerre ( chiffre le plus « optimiste » ), on estime qu'il y a eu tout autant de morts, voire plus, pendant et après la guerre à cause des maladies comme la malaria, sans oublier la disparition de groupes de soldats, essentiellement Boliviens, perdus dans un terrain plat, sans repères, couvert de broussailles épineuses. Cette guerre a amené les deux pays dans un gouffre économique. Elle aurait pu être évitée sans trop de difficulté par les puissances voisines, Argentine et Brésil, ou éloignées, Grande-Bretagne et États-Unis.


Les forces en présence : ordre de bataille et équipements

Le fusil Mauser (ici le Mod. 1898 ) constituait l'armement standard des fantassins boliviens et paraguayens.
Le Junkers Ju 52 fut utilisé par les Boliviens dans des missions de ravitaillement ...
de même que le Trimotor-Ford.


Les forces armées des deux belligérants partageaient un important armement, les forces boliviennes étant dans l'ensemble cependant mieux équipées puisque l' Ejercito boliviana alignait des chars légers et des tankettes. Parmi l'équipement commun figurait le fusil Mauser dans différents modèles et de diverses origines ( allemande, belge, espagnole et fabrications locales.), armement standard du fantassin des deux camps. Figurent aussi la mitrailleuse lourde Vickers, le fusil mitrailleur danois Madsen et le mortier de 81mm Brandt-Stockes.

L'armée Bolivienne[note 1]

L'armée Paraguayenne

Propagande philatélique

Timbre de propagande du Paraguay des années 1930.

Les deux États ont utilisé leurs timbres-poste pour marquer leur prétention sur le Chaco boréal.

De 1924 à 1929, le Paraguay émet deux séries représentant une carte du pays comprenant le Chaco. Les timbres de 1924 ne comprennent même pas de frontière avec la Bolivie. De 1932 à 1936, un timbre d'un peso et demi est repris en plusieurs couleurs et représente le « Chaco Paraguayo ».

De son côté, une carte de la Bolivie mettant en valeur le « Chaco Boliviano » apparaît sur timbres en trois séries émises en 1928, 1931 et 1935.

Inspiration

Hergé publie en 1935 l'album l'Oreille cassée des aventures de Tintin, qui fait référence à une guerre entre deux petites nations sud-américaines pour un territoire supposé pétrolifère, chacune soutenue par une compagnie pétrolière différente et faisant appel au même marchand d'armes, Basil Bazaroff, avatar littéraire de Sir Basil Zaharoff, le directeur puis président de la société d'armement britannique Vickers qui fût l'un des fournisseurs des belligérants.

Mémorabilia

Monument à la gloire du maréchal J.F. Estigarrabia , l'artisan de la victoire paraguayenne
Sous les amicales auspices de Mme Fernandez-Kirchner, Présidente argentine, MM. Evo Morales et Fernando Lugo, présidents boliviens et paraguayens, signent définitivement le Traité de paix du Chaco le 27 avril 2009 à Buenos Aires, 74 ans après la fin du conflit.

Le lundi 27 avril 2009, septante-quatre ans après le fin des combats, les présidents de la Bolivie, Evo Morales, et du Paraguay, Fernando Lugo, ont signé un accord historique qui fixe définitivement la frontière entre les deux pays.

"Ce sont des présidents issus de la lutte sociale, une lutte permanente pour l'égalité de nos peuples, qui mettent fin à un conflit historique", a déclaré M. Morales au début de la cérémonie de signature.

De son côté, M. Lugo, issu de la gauche comme M. Morales, a exprimé le voeu que la richesse énérgétique de la Bolivie et du Paraguay puisse à l'avenir être développée et utilisée par les deux pays sans aucune intervention étrangère, allusion claire à l'intervention des multinationales pétrolières lors du conflit de 1932-1934.

Ce traité s'est signé sous les auspices de la présidente argentine, Cristina Kirchner - qui a estimé que la guerre du Chaco avait senti le pétrole comme tant d'autres guerres de ces temps-là et d'aujourd'hui et que ..d'autres, qui ne se trouvaient pas précisément en Amérique du sud, en ont tiré parti. L'Argentine avait déjà à l'époque été choisie comme arbitre du conflit.

MM. Morales et Lugo ont paraphé le rapport final rédigé par la Commission de démarcation des frontières boliviano-paraguayennes, document qui leur a été remis par Madame Cristina Kirchner lors d'une cérémonie à la Maison rose, siège du pouvoir exécutif argentin.

M. Saavedra Lamas, Ministre argentin des Affaires étrangères dont l'arbitrage permit la signature de la paix entre les belligérants. Son intervention lui vaudra le Prix Nobel de la Paix en 1936
  • Monuments, sites et Musées.
    • Un char Vickers bolivien, capturé intact, a été dressé un moment à Asunción avant sa restitution ( date?)
    • Une statue équestre à la gloire du Maréchal J.F. Estigarrabia a été dressée à Villa Hayes (Paraguay). Son nom fut également donné à une base aérienne paraguayenne construite par les États-Unis (dans le cadre du MAP) au temps du dictateur Alfredo Stroessner.
  • Timbres.
  • Augusto Céspedes, avocat puis diplomate bolivien raconte dans "Sangre de Mestizos" le quotidien des soldats boliviens lors de cette guerre. Ce livre est un précieux témoignage sur l'aspect humain du conflit, mettant en avant les morts dues à la soif, la chaleur et les maladies (causes principales de mortalité durant cette guerre) plutôt que les combats.

Sources et bibliographie

  • Pour la partie historique :
  • François Chartrain, "Causes de la Guerre du Chaco - Eléments de jugement". Cahiers du monde hispanique et luso-brésilien Caravelle no 14 - 1970 (extract du mémoire de diplôme de l'Institut des Hautes Études Internationales de Paris I - Panthéon, 1967 consultable aussi à l'Institut des Hautes Études de l'Amérique Latine).
  • François Thual, Géopolitique de l'Amérique latine;
  • Dan Hagedorn & Antonio L. Sapienza Aircraft of the Chaco War A Schiffer Military History Book;
  • Terry Hooker The Gran Chaco War Military Modelling June 1991 issue ( organigramme détaillé des deux armées, illustrations uniformologiques en couleur );
  • Georg Von Rauch The Chaco War in Armies & Waepons;


  • Pour la partie « Propagande philatélique » :
  • Catalogue de timbres-poste, tome 3, Outre-mer, éd. Yvert et Tellier, 1961 ; pages 140-142 et 146 pour la Bolivie ; pages 1094-1096 pour le Paraguay.
  • Guy Coutant, « La guerre du Chaco : 150 000 morts à cause de timbres », article paru dans Opus no 5, éditée par l’Académie européenne de philatélie, 2005. L'article étudie l'utilisation de timbres-poste de propagande en Bolivie et au Paraguay de 1927 à 1935.


Galerie Philatélique

Liens externes

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Notes et références

references :

  1. Voir la bibliographie et les liens externes pour les références

notes:

  1. Arsenal complet en page de discussion


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