- Gouffre de Jardel
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Le Gouffre de Jardel (ou Gouffre de Jardelles ou "Trou de Jardelles" ) est une cavité naturelle profonde de 128 mètres connue pour avoir servi de décharge d’obus datant de la Première Guerre mondiale alors même qu'un cours d'eau souterrain y passe, ce dernier resurgit non loin pour donner les sources de la Loue qui alimente en eau potable une partie du Département du Doubs. L'approche en est interdite pour des raisons de sécurité.
Sommaire
Géographie
Le gouffre de Jardel est situé en France, près de Chaffois et à quelques kilomètres de Pontarlier dans le département du Doubs en région Franche-Comté.
Il fait partie d'un complexes géologique karstique.Environnement
Comme d'autres grandes cavités de la région, le gouffre abrite des chiroptères[1] (espèces protégées) et est concerné par un plan de restauration national (Cf. Grenelle de l'Environnement).
Histoire
Le gouffre était probablement connu des populations locales depuis longtemps, car on sait qu'il a servi de « bêtoire », c'est-à-dire de charnier pour les animaux morts. Cette pratique était autrefois courante dans la région et a été pratiquée jusqu'à la fin du XIXe siècle (Par exemple, environ 1500 animaux morts du typhus y ont été jetés lors de la guerre de 1870), parfois même avec les encouragement de l'administration puisque le Dr Larmet (chef du Service Sanitaire Départemental) a dans un rapport au Conseil général du Doubs vivement reproché aux paysans du Doubs d'abattre en secret le bétail touché par le bacille du charbon pour en vendre la viande... alors qu'on aurait pu les jeter dans le gouffre de Jardel qui avait déjà reçu des milliers de cadavres d'autres animaux[2], dont ceux morts du typhus.
Une dizaine de villages périphériques ont utilisé le « Trou de Jardelles » comme charnier. En 1901, les premiers explorateurs dont Mansion et Maréchal[3], la même année que celle où Mansion a effectué (en juin 1901) de premières reconnaissances dans le Gouffre du Gros-Gadeau, avec le Docteur Meynier[4]. Ils y ont trouvé de quoi remplir plusieurs wagons de restes de cadavres animaux[5]. Ils montreront en colorant l'eau qui circule au fond du gouffre que ce sont les sources de la Loue qu'alimentent l'eau de ce gouffre (en 24 h environ). Pire.. une partie de l'eau était au passage prélevée et arrivait directement aux robinets des maisons du village d'Ouhans. Il faudra attendre 1904 pour que l'administration conseillée par le Dr Larmet change d'avis et interdise ces pratiques[6], mais cela n'empêchera pas l'armée, une vingtaine d'années plus tard, de l'utiliser comme décharge pour des munitions.
Usage militaire
Le gouffre a été utilisé comme décharge pour plus de 3 000 tonnes de munitions, en 1923 pour éliminer un stock d'obus non utilisés ou non explosés durant la Première Guerre mondiale. Il renferme des obus de calibres variés (75 à 240 mm)
L'administration ne l'aurait redécouvert qu’en 1972. Des obus ont également été trouvés dans les gouffres de la Gribouillette à la châtelaine (39) et du Gros-Bois à l'Hôpital du Gros Bois (25), remis à la gendarmerie[7]. Il a été dit que certains obus pouvaient être chargé d'ypérite (produit qui reste quasiment intact et actif tant que l'obus ne fuit pas ou n'explose pas) mais sans preuve ni confirmation des autorités[8], néanmoins l'explosif contenu dans la tête des obus est au moins en grande partie de l'acide picrique qui peut dans certaines conditions (production de picrates) devenir instable avec le temps et qui est toxique, ce qui inquiète une partie des riverains ou acteurs locaux.
Le dépôt a été inspecté par la protection civile et le spéléo-club du CAF de Pontarlier le 29 septembre 1973.
Une nouvelle expertise a eu lieu les 15/16 et 17 Octobre 2010 par le service de déminage de Colmar et le Comité Départemental de Spéléologie du Doubs. Cette investigation a été associée à une reconnaissance en plongée de la rivière souterraine sur une distance d'environ 150 mètres avec franchissement de cinq siphons peu profonds. Ces conduits immergés présentent des étroitures ponctuelles, freins à l'écoulement actif à l'origine d'une importante mise en charge de la base du puits en hautes eaux ... exploration en cours. Les obus ne sont rencontrés que dans le premier siphon mais des objets hétéroclites entraînés par le flux sont découverts dans le reste de la galerie aval (bidons métalliques, pneus, nombreux ossements, ...).
Histoire géologique
La formation du gouffre est due à un effondrement de la voûte, à une période indéterminée.
Risques
Le gouffre est fermé au public et aux spécialistes en raison du risque lié à la présence de restes de munitions anciennes.
Un film relatif au gouffre a été fait, intitulé « Il était autrefois des sources d’eau pure » et projeté à l'occasion du premier colloque sur les eaux souterraines des régions calcaires en 1981.Un gouffre voisin dans lequel des déchets avaient été jetés a brûlé. Selon le CPEPESC, la nappe du karst peut en période de forte pluie (même en été) remonter (au moins jusqu'à 40 m) dans le gouffre et donc inonder le dépôt de munitions, comme elle a autrefois immergé des milliers de charognes animales jetées là.
Voir aussi
Articles connexes
- Gouffre, Géologie
- Séquelles de guerre
- Munitions non-explosées,
- Toxicité des munitions
- Déminage
- Cyndinique (sciences du risque)
Liens externes
Bibliographie
- Article intitulé "Trou de mémoire", publié par l’Est-Républicain du 11 novembre 2007, en page de Pontarlier, à l'occasion du 89 ème anniversaire de l'armistice :
Notes et références
- Document SFEPM
- J Pinard, "Le Conseil Général du Doubs et le Monde Agricole 1870-1914 p 168 à 179
- Document allemand sur le site de Franz Lindenmayr consacré à la spéléologie et aux grottes
- Document relatif à la spéléologie
- E Fournier, spel, mem n° 29, 1901-1902, p 22 et 23
- Note sur les gouffre charniers
- Document de 23 pages Rétrospective ordurières et campagnes de dépollution des gouffres charnies dépotois franc-comtois François Devaux, CPEPESC
- CPEPESC
Catégories :- Grotte du Doubs
- Site naturel de France
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