François-Xavier Verschave

François-Xavier Verschave
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François-Xavier Verschave (28 octobre 1945 à Lille, France - 29 juin 2005 à Villeurbanne, France) était un économiste de formation, connu principalement par ses prises de position concernant les relations franco-africaines. Celles-ci ont fait l'objet de controverses.

Sommaire

Parcours

Son père était un journaliste gaulliste et sa mère infirmière de formation.

Il était depuis 1983 le responsable des questions d’économie, d’emploi et d’innovation sociale à la Mairie de Saint-Fons, une commune de la banlieue lyonnaise. Il était marié et père de trois enfants.

François-Xavier Verschave était membre fondateur de l’association Survie, qu’il présidait depuis 1995. Il était également directeur de publication de la lettre mensuelle de l’association : Billets d'Afrique et d'ailleurs.

Passionné des relations franco-africaines, François-Xavier Verschave a notamment forgé et décrit le concept de « Françafrique », terme parodiant l'expression la "France-Afrique" de Félix Houphouët-Boigny[1]. La « Françafrique » est ce volet occulte de la politique de la France en Afrique. Ses deux principaux ouvrages sur la question, La Françafrique (Stock, 1999) et Noir silence (Les Arènes, 2000), sont devenus des références pour l'association Survie. Ce dernier lui a valu un procès pour offense à chefs d’État étrangers qui l'a déclaré non coupable, compte tenu de l'absence d'« intention délictueuse » et du contexte juridique de l'affaire.

Il a également fourni un important travail de recherche sur le concept de Biens Publics à l’Échelle Mondiale et les théories économiques de Fernand Braudel.

Il est décédé brutalement d’un cancer du pancréas fulgurant découvert quatre mois plus tôt.

Coopérant en Algérie

François-Xavier Verschave travailla comme coopérant français en Algérie à la « Direction des transports terrestres ». Il travailla avec « un duo peu banal » : Djelloul Benlhadj, énarque algérien du FLN, et un pied noir, Jacques Lengrand, qui avait combattu le FLN et fut dépossédé de son héritage constitué d'une des principales entreprises de transport algériens (Les Autocars Blidéens). Ces deux personnalités « ennemies » avaient décidé d'unir leurs efforts pour « reconstruire » les transports algériens.

Président de l'association Survie (1995-2005)

Survie est une association de citoyens qui milite publiquement depuis 20 ans pour:

  • la réorientation de l'argent de l'aide publique au développement,
  • que soit mis un terme aux dérives qualifiée de souterraines et déshonorantes par l'association de la politique franco-africaine,
  • que soient mis en place des mécanismes de prévention et de répression des crimes contre l’humanité et de génocide.

En 2005, elle compte 1 650 adhérents et une vingtaine de groupes locaux en France.

Sous l'impulsion de François-Xavier Verschave, et de Sharon Courtoux, Survie augmentera son nombre d'adhérents. Ses livres La Françafrique, le plus long scandale de la République et Noir silence furent vendus à plusieurs dizaine de milliers d'exemplaires selon ses éditeurs.

Ses admirateurs de Survie voient en lui une capacité de synthèse qui s'imposait naturellement, même s’ils lui reprochent parfois des discussions très tendues et longues au sein de l'association.

L'intégralité de ses droits d'auteurs ont été reversés à l'association Survie. Il considérait sa production d'écrivain comme une action consubstantielle à sa responsabilité dans le combat de Survie.

Il succède à la tête de Survie à Jean Carbonare

Cofondateur d'une entreprise d'insertion

Avant d'écrire « La Françafrique », François-Xavier Verschave avait fondé, avec un ami prêtre, à Villeurbanne dans les années 1970, une menuiserie composée pour moitié de travailleurs valides et pour l'autre moitié de travailleurs handicapés psychiques pour les aider à retrouver une dignité par le travail. L'entreprise de menuiserie Artibois fonctionne toujours. François-Xavier Verschave avait deux motivations personnelles dans cette entreprise : combattre l'injustice sociale qui frappe les malades mentaux et revenir à la racine d'une activité économique concrète à travers une petite entreprise.

À la suite d'un accident du travail, il réorienta sa vie professionnelle et revint vers une activité plus centrée sur ses compétences économiques à la Mairie de Saint-Fons (Cf. son ouvrage la Françafrique).

Théories

Il a dénoncé la mainmise de la franc-maçonnerie sur la Françafrique en particulier l'action de la Grande Loge Nationale Française[2].

Les procès

Procès de trois chefs d'État

Ce procès lié au livre Noir silence et relaté dans Noir procès, fut intenté par trois chefs d'États africains « amis de la France », Omar Bongo, Idriss Déby, Denis Sassou-Nguesso, pour offense à chef d'État étranger contre François-Xavier Verschave et Laurent Beccaria, directeur de la maison d'édition qui publiait l'ouvrage.

Défendus par l'avocat Jacques Vergès, les trois chefs d'État durent s'incliner devant la justice française en première instance et furent déboutés en appel sur le fond et sur la forme. En effet, la cour a disposé que pour se conformer à la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’Homme, le délit d'offense à chef d'État étranger doit être constitué d'une intention délictueuse, qui n'a pas été démontrée. Néanmoins, la cour est restée prudente sur la véracité des faits rapportées par la défense, et notera dans ses attendus : « il apparaît que les documents versés et les témoignages recueillis au cours de la procédure, qui n’ont pas vocation à établir la preuve complète et parfaite des allégations contenues dans l’ouvrage, et qui doivent être accueillis avec la prudence qui convient aux analyses de personnes dont certaines sont ouvertement hostiles aux chefs d’État mis en cause, établissent non seulement l’importance et l’actualité des sujets évoqués mais aussi le sérieux des investigations effectuées. »

Les chefs d'États déboutés ne portèrent pas l'affaire en cassation.

Procès de Charles Pasqua

Lors du procès Pasqua, il a reçu l'aide de l'ancien directeur de la DST, Porant, qui a témoigné que les discussions n'ont jamais abordé la question du nettoyage ethnique. Edmond Alphandéry, un ancien ministre de l'économie a témoigné en sa faveur tandis que Michel Roussin, ancien ministre de la coopération a assuré que M. Pasqua « n'était en aucune manière partie prenante à la politique étrangère de la France ».

Au terme du procès François-Xavier Verschave a été condamné à verser 1 franc de dommages et intérêts à Charles Pasqua. « Le tribunal nous a donné raison sur toute la ligne, sauf un point : il m'a reproché un défaut de prudence dans l'expression, lorsque j'ai attribué au seul Charles Pasqua la responsabilité du soutien français au régime soudanais responsable de 2 millions de morts, alors que cette responsabilité était en fait celle de l'ensemble de l'exécutif français. » Le fait que toutes les autres personnes incriminées dans l'ouvrage se soient abstenues de contester en justice ce qui leur était reproché est pour François-Xavier Verschave la preuve de la validité de ses propos.

Reproches

François-Xavier Verschave écrivait ses livres notamment à partir de la presse. Il est assez peu allé en Afrique, ce qui, d'après le journaliste du Monde, ne l'intéressait pas. Le journal Le Monde du 2-3 juillet 2005, notera également qu'il « découpait les articles glanés à droite et à gauche, écoutait ceux qui rendaient visite à l’association et, sans trop s’embarrasser de vérification, faisait de cette matière première la pâte de ses ouvrages ». Ses amis font remarquer en réponse qu'il lui aurait été difficile d'être aussi dilettante et d'éditer des livres ayant un tel retentissement.

François-Xavier Verschave reconnaît en effet dans le livre Noir Procès qu'il écrivait ses livres à partir de la presse, de la documentation et de témoignages d'Africains victimes des dictatures et généralement réfugiés en Europe. Son terrain d'investigation n'était pas d'abord l'Afrique, mais la classe dirigeante française. L'objet de son investigation étant la politique française en Afrique il considérait que son combat devait se dérouler en France. Ses détracteurs lui reprochaient de ne pas faire d'enquête de terrain en Afrique.

D'après Survie en Alsace, Verschave aurait « voyagé en Afrique à plusieurs reprises », soit au Cameroun, au Rwanda et au Sénégal. Il s'agissait de voyages de courte durée. Il a également été coopérant en Algérie dans les années 1960 pendant deux ans.

François-Xavier Verschave reconnaîtra son peu de voyage en déclarant même : « Je n'ai pas besoin d'y aller (en Afrique noire) pour savoir ce qui s'y passe. Pas plus que Fernand Braudel n'a eu besoin de vivre dans la Méditerranée du XVIe siècle pour en reconstituer l'histoire ». Me Vergès, parlant de son manque d'expérience de terrain dira : « Monsieur Verschave est un Tintin qui ne va pas au Congo de peur de rencontrer le lion ».

Après sa mort, les journalistes Pierre Péan (Noires fureurs, blancs menteurs, éd. Fayard/Mille et une nuits, 2005) et Charles Onana (Les Secrets de la justice internationale, éd. Duboiris, 2005, deuxième partie, chapitre 6) ont vivement dénoncé les méthodes F.-X. Verschave, accusé de malhonnêteté intellectuelle, de manipulation, d'erreurs factuelles, de complaisance pour le Front patriotique rwandais, et d'une certaine forme de néocolonialisme (« le grand sorcier blanc » apportant la bonne parole aux Noirs)[3].

Œuvres

François-Xavier Verschave était l’auteur ou le co-auteur d’une vingtaine d’ouvrages dont :

  • Les télécommunications entre bien public et marchandise, collectif, 2005, Éditions Charles Léopold Mayer, 392 p., ISBN 2-84377-111-0;
  • La maison monde, 2005, Éditions Charles Léopold Mayer, 246 p., ISBN 2-84377-089-0;
  • Nord-Sud : de l’aide au contrat. Pour un développement équitable, 1991, Syros, 1991, 243 p.
  • L’aide publique au développement, avec Anne-Sophie BOISGALLAIS, 1994, Syros, 150 p.
  • Libres leçons de Braudel. Passerelles pour une société non excluante, 1994, Syros, 221 p.
  • Complicité de génocide ? La politique de la France au Rwanda, 1994, La Découverte, 178 p.
  • La Françafrique : Le plus long scandale de la République, 1998, Stock, 380 p.
  • Noir silence, 2000, Les Arènes, 595 p.
  • Noir procès : offense à chefs d'État, 2001, Les Arènes, 382 p.
  • Noir Chirac, 2002, Les Arènes, 310 p.
  • De la Françafrique à la Mafiafrique, 2004, Tribord, 72 p.
  • Au mépris des peuples : Le néocolonialisme franco-africain, entretien avec Philippe Hauser, 2004, La Fabrique, 120 p.
  • L’envers de la dette. Criminalité politique et économique au Congo-Brazza et en Angola, Dossier noir de la politique africaine de la France n° 16, 2001, Agone, 225 p.
  • Les Pillards de la forêt. Exploitations criminelles en Afrique, Dossier noir de la politique africaine de la France n° 17, avec Arnaud Labrousse, 2002, Agone, 192 p.
  • La santé mondiale entre racket et bien public, collectif, 2004, éditions Charles Léopold Meyer, 346 p., ISBN 2-84377-099-8;
  • L'horreur qui nous prend au visage : L'État français et le génocide, Rapport de la Commission d’enquête citoyenne sur le rôle de la France dans le génocide des Tutsi au Rwanda, avec Laure Coret, 2005, Karthala, 586 p.
  • Négrophobie, réponse aux "Négrologues", journalistes françafricains et autres falsificateurs de l'information, avec Odile Tobner et Boubacar Boris Diop, 2005, Les Arènes, 200 p.
  • "François-Xavier Verschave, l'homme qui voulait soulever les montagnes

Sous la direction de Mehdi Ba" éditions Les Arènes et Pierre Laniray

François-Xavier Verschave coordonnait également la rédaction des Dossiers Noirs de la politique africaine de la France, publiés par Survie et Agir ici, aux Éditions L'Harmattan puis Agone.

Notes et références

  1. « J'ai exhumé ce terme en 1994 des antiques discours de l'ex-président ivoirien, Houphouët-Boigny pour tenter d'expliquer comment la France était capable de faire en Afrique l'inverse exact de sa devise républicaine, jusqu'à se faire complice du génocide rwandais. Le concept désigne la face immergée de l'iceberg des relations franco-africaines. En 1960, l'histoire accule de Gaulle à accorder l'indépendance aux colonies d'Afrique noire. Tout en proclamant cette nouvelle légalité internationale, immaculée, il charge son conseiller pour les affaires africaines, Jacques Foccart, de maintenir la dépendance, par des moyens forcément illégaux, occultes, inavouables. Il sélectionne des chefs d'État « amis de la France », par la guerre (plus de 100 000 civils massacrés au Cameroun), l'assassinat ou la fraude électorale. À ces gardiens de l'ordre néocolonial, il propose un partage de la rente des matières premières et de l'aide au développement. Les bases militaires, le franc CFA convertible en Suisse, les services secrets et leurs faux nez (Elf et de multiples sociétés) complètent le dispositif. » Libération du 19 janvier 2001
  2. François-Xavier Verschave, Noir Chirac, 2002, Les Arènes, p. 17
  3. réponses de Survie à Pierre Péan
Sources

Annexes

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