Survie France

Survie France

Survie (association)

Devise Donner valeur de loi au devoir de sauver les vivants
Date de création : 1984
Président : Odile Biyidi Awala
Ancien Président : François-Xavier Verschave
Nombre d'adhérents : 1600 (2007)
Siège : Survie
210 rue Saint-Martin
75003 Paris
Site Internet : http://survie.org

Survie est une association française créée en 1984, et présidée par Odile Tobner depuis le 17 septembre 2005. À l'origine composée d'une association unique, on distingue aujourd'hui Survie France des différentes associations locales (régionales ou départementales) telles que Survie Rhône, Survie Isère, Survie Paris-Île de France, Survie Bas-Rhin, etc. L'association déclare 1600 cotisants, une centaine de militants et cinq salariés.

Survie est membre fondateur de plusieurs associations : Biens Publics à l’Échelle Mondiale et l'Observatoire de la coopération française (groupe de recherche qui n'a plus d'activité), d'ATTAC notamment. Elle est aussi membre d'autres associations comme le Centre de recherche et d’information pour le développement, de plusieurs collectifs ayant des objectifs politiques, comme la commission d'enquête citoyenne sur l'implication de la France au Rwanda ou la coalition des ONG pour la Cour pénale internationale [2].

Le thème privilégié de Survie est la « Françafrique », terme tiré du titre d'un des livres de François-Xavier Verschave, La Françafrique, le plus long scandale de la République, paru en 1998. Mais, s'il l'a popularisée sous forme d'un jeu de mot (la France à fric), François-Xavier Verschave a repris cette expression de Félix Houphouët-Boigny, qui désignait alors dans sa bouche les relations cordiales entre la France et ses anciennes colonies.[1]

Sommaire

Objectifs statutaires

Les objectifs officiels de l'association sont :

  • Promouvoir l'accès de tous aux biens publics mondiaux
  • Ramener à la raison la politique africaine de la France
  • Combattre la banalisation du génocide

Inspiration et actions

L'origine

Le déclencheur de la fondation de cette association fut l'appel de prix Nobel, qui en 1981 ont rappelé les souffrances des populations du tiers-monde. Voir historique sur le site de Survie.

Au cours de son évolution, Survie a trouvé dans la culture française des références philosophiques, comme cette phrase de Montesquieu mise en entête du livre La Françafrique : « Si je savais quelque chose qui fût utile à ma patrie et qui fût préjudiciable au genre humain, je la regarderais comme un crime ». Survie se définit elle-même comme une « campagne de citoyens » qui doit interpeller les pouvoirs publics sur les responsabilités présumées de la France, ou tout le moins de réseaux politico-affairistes, dans la conduite de sa politique en Afrique. À l'origine l'association avait pour objectif de promouvoir une action étatique ferme contre la faim et pour le développement.

La loi pour la survie et le développement

Ayant obtenu le soutien de 8500 maires de France, Survie obtint l'engagement écrit de plus des deux tiers des députés de deux législatures consécutives pour un projet de loi pour la Survie et le développement, préparé finalement par cinq groupes parlementaires. En mai 1988, 330 députés et 136 sénateurs ont signé cet engagement. Au cours de la législature suivante, Survie annonce en juillet-août 1989 annonce 353 députés signataires et le texte de 4 propositions de lois identiques pour la survie et le développement (PCF, RPR, UDC, et UDF). Les propositions de loi sont enregistrées ensemble à l'Assemblée nationale française le 26 mai 1989 par les députés Jean-Pierre Delalande (RPR), Denis Jacquat (UDF), Jean Paul Fuchs (UDC) et Théo Vial-Massat (PC).

En octobre 1991, le bulletin de Survie annonce que Jean-Marie Daillet (NI) a déposé une cinquième proposition de loi identique, et qu'une sixième est en cours de dépôt par MM Jean-Michel Belorgey, Jean-Pierre Luppi et Mme Marie-Noelle Lienemann. Le 14 octobre 1992, 26 députés sont présents à un rassemblement organisé par Survie à l'Assemblée nationale et animé par Bruno Masure.

Ce projet n'a jamais abouti. D'après l'association, qui affirme que 80% des députés étaient favorables au projet de loi, la Cellule africaine de l'Élysée serait à l'origine du blocage de ce projet. Elle en a conclu que le pouvoir législatif se laissait déborder par le pouvoir exécutif (alors représenté par François Mitterrand), ce qui pose selon elle problème pour la démocratie en France. Depuis, selon les propres termes de l'association, sa perspective s'est renouvelée, et elle "estime que le concept d'aide est disqualifié, qu'il faut désormais parler de l'universalité des droits de l'homme, montrer l'immense avantage d'une dilatation des biens publics à l'échelle mondiale."[2]

Le tournant de 1993-1994 à propos du Rwanda

Début 1993, un an avant le génocide au Rwanda, Jean Carbonare, alors Président de Survie, avait été enquêteur de la commission parrainée par la Fédération internationale des droits de l'homme, Africa Watch, l'UIDH (Ouagadougou) et le CIDPDD/ICHRDD (Montréal). Cette commission avait enquêté au Rwanda, puis publié un rapport dénonçant les prémisses d'un génocide. Jean Carbonare intervint au journal de 20 heures avec Bruno Masure pour alerter les Français sur ce risque [3](voir la 4e partie de l'article sur les critiques formulées contre cette commission), sur la base d'une enquête sur le terrain en janvier 1993. [4].

Le génocide au Rwanda marque un tournant pour l'association qui veut dorénavant démontrer jusqu’à quels désastres la politique de la « Françafrique » peut conduire « selon elle ». Les membres de l'association publieront plusieurs livres afin d'exposer leurs thèses. Début 1998, à la suite d'articles de Patrick de Saint-Exupéry parus dans Le Figaro, la mission d'information parlementaire sur le Rwanda est crée. Survie demande une commission d'enquête (aux pouvoirs plus étendus) plutôt qu'une mission d'information.

En 2004, Survie invite plusieurs associations et personnalités à créer une commission d'enquête citoyenne sur l'implication de la France au Rwanda. Après avoir fait une enquête documentaire et sur le terrain pendant plusieurs mois, cette commission entend pendant une semaine des témoins, des experts, des journalistes et l'un des rapporteurs de la mission parlementaire. Tous les responsables français, civils et militaires, que l'association pense liés à la politique de la France au Rwanda ont reçu une invitation à témoigner devant cette commission par lettre recommandée.

La dénonciation des fraudes électorales dans le « pré-carré français »

Le Togo

Le Tchad

Soutien à la RFI des Comores

Survie, comme l'Union africaine, dénonce également la départementalisation de Mayotte, qui selon le droit international, fait partie de l'Union des Comores[5].

L'assemblée générale de l'ONU a de nombreuses fois condamné la présence française à Mayotte. S'en faisant l'écho, l'association juge en effet que les référendums par lesquels les Mahorais ont choisi de rester français ne sont pas légaux.

L'association dénonce aussi, faute de d'obtenir la cession de Mayotte aux Comores, la suppression du visa entre les Comores et Mayotte, qu'elle prétend illégal puisque selon Survie, les Comoriens ne franchissent aucune frontière en se rendant à Mayotte.

L'association a également affirmé que l’expulsion des clandestins comoriens devrait être qualifié de « crimes contre l'humanité » devant la Cour pénale internationale.

Elle regrette également l'implication française dans les coups d'états répétés en République des Comores (qui ont été notamment le fait de Bob Denard).

"Les dossiers noirs de la politique de la France en Afrique"

Les dossiers noirs sont des publications de l'association Survie en collaboration avec Oxfam France-Agir ici. Le premier volume a pour thème le génocide au Rwanda. Plus d'une vingtaine de dossiers suivront, tous sur des problèmes africains où l'association estime que la France est impliquée d'une manière ou d'une autre. Ils seront repris et développés dans divers ouvrages de François-Xavier Verschave. L'association étudie ce qu'elle estime être des relations mafieuses entre la France et ses anciennes colonies africaines et mène diverses campagnes d'information sur ce thème.

L'Affaire Elf, le comportement d'autres multinationales d'origine française et leurs interactions avec la politique française en Afrique, sont suivis par l'association. Les dictateurs qui d'après l'association sont soutenus par la France, sont montrés du doigt ainsi que l'utilisation de mercenaires. Les paradis fiscaux apparaissent d'après Survie comme un pivot de cette dimension mafieuse des relations entre la France et ses anciennes colonies.

Billets d'Afrique et d'ailleurs

Créé en 1993, Billets d'Afrique et d'ailleurs est le bulletin mensuel d'information de l'association sur la politique africaine de la France et l'actualité des relations franco-africaines

Autres positions de l'association

  • Solidarité envers les luttes contre les expulsions des «sans papiers», phénomène que l'association considère comme le reflet d'un désordre politique et économique ;
  • Établissement de liens avec les organisations non-gouvernementales qui militent pour l'établissement d'une organisation politique, sociale et économique de l'humanité, renforçant les droit des pays pauvres face à la mondialisation, ce qui implique une participation au mouvement altermondialiste ;
  • Collecte de témoignages concernant la politique de la France en Afrique, et les dictatures françafricaines.
  • Information des citoyens français sur l'action menée par leur État en Afrique.

Les principaux événements de l'histoire de Survie

  • 1984 : Création de Survie-France
  • 1987-1992 Travail avec les parlementaires français sur un projet de loi pour la survie et le développement qui redéfinissait la coopération française. Publication du Point sur la loi pour la Survie et le développement.
  • 1994 : Création de l'Observatoire permanent de la Coopération française (OPCF) par Survie. Dénonciation de la « complicité » supposée de la France dans le génocide au Rwanda. Organisation à Biarritz d'un contre-sommet à l'occasion du XVIIIe sommet franco-africain.
  • 1995 : Survie et Agir ici publient 6 « Dossiers noirs » (à voir sur le site). Rédaction d'une nouvelle charte de Survie.
  • 1998 : Survie organise une manifestation au Trocadéro (peu d'échos dans la presse - il en reste des images vidéo) .
  • 2000 : Création de l'association « Biens publics à l'échelle mondiale ».
  • 2002 : La Cour d'Appel de Paris déclare FX. Verschave et L. Beccaria non coupables du délit d'offense à chefs d'État.
  • 2003 : Survie organise avec Agir Ici « Un autre Sommet pour l'Afrique ».
  • 2005 : Survie envoie des observateurs lors de l'élection présidentielle du Togo. Publication de Négrophobie par trois militants. Décès de son président François-Xavier Verschave. Contre-sommet de Bamako organisé avec la société civile du Mali et des participations de celles de plusieurs pays de l'Afrique de l'Ouest.
  • 2006 : Restructuration interne de l'association et redéfinition de sa stratégie dans le cadre de ses objectifs statutaires.
  • 2007 : Survie organise avec une dizaine d'associations le « sommet citoyen France Afrique » et publie avec la Plate forme citoyenne France Afrique "Le Livre Blanc pour une politique de la France en Afrique responsable et transparente
  • 2007 : Biens mal acquis des dictateurs africains : Survie, l'association Sherpa et la Fédération des Congolais de la Diaspora portent plainte pour « recel de détournement de biens publics et complicité » auprès du Tribunal de Grande Instance de Paris contre plusieurs Chefs d'États africains et leurs familles, propriétaires en France de nombreux biens immobiliers de luxe et détenteurs d'avoirs bancaires auprès de banques françaises et/ou de banques étrangères ayant des activités en France.

Fonctionnement et organisation de l'association

Adhésion

L'adhésion est libre, le conseil d'administration a néanmoins la possibilité d'exclure des adhérents à la majorité pendant les six premiers mois d'adhésion puis par une majorité des deux tiers.

Conseil d'administration

Les membres conseils d'administration sont élus par les adhérents lors de l'assemblée générale. Les groupes locaux désignent leurs responsables indépendamment.

Ressources

L'association vit des cotisations de ses adhérents, des droits d'auteur des ouvrages, de ventes de petites publications pédagogiques réalisées notamment par ses salariés et de produits dérivés (CD Africa wants to be free et Décolonisons ! compilés par une quinzaine de groupes de musiques français et africains, tee shirts), et de dons de particuliers.

Les procès

Plusieurs procès ont été conduits contre son président ou des militants.

  • Un procès a été gagné par Charles Pasqua en 1999. François-Xavier Verschave fut condamné à payer un franc symbolique. La cour ayant argumenté que l'accusation portée contre Charles Pasqua dans son livre La Françafrique, concernant l'affaire Carlos, était de la responsabilité de l'ensemble du gouvernement dont il faisait partie et non de Pasqua seulement. Le tribunal nota simplement que Verschave « a manqué à son obligation de prudence » en personnalisant « la responsabilité politique de la France et présentant monsieur Pasqua, ministre de l'Intérieur, comme complice des crimes les plus abominables ».[6]
  • Le procès le plus connu, lié au livre Noir silence et relaté dans Noir procès, a été intenté en 2001 par trois chefs d'États africains « amis de la France », Omar Bongo (Gabon), Idriss Déby (Tchad), Denis Sassou-Nguesso (Congo), pour offense à chef d'État étranger contre François-Xavier Verschave et Laurent Beccaria, directeur de la maison d'édition les Arènes[7]. Défendus par maître Jacques Vergès, les trois chefs d'État se sont inclinés devant la justice française en première instance et ont été déboutés en appel sur le fond et sur la forme. En effet, la cour a disposé que pour se conformer à la Convention européenne de sauvegarde des droits de l'homme, le délit d'offense à chef d'État étranger doit être constitué d'une intention délictueuse, qui n'a pas été démontrée. Néanmoins, si la cour est restée prudente sur la véracité des faits rapportées par la défense, elle a reconnu le « sérieux des investigations effectuées », rappelant qu'il s'agissait d'« un ouvrage militant » dont « les allégations [...] doivent être accueillies avec prudence ». Les avocats William Bourdon, Antoine Comte, Francis N’Thepe ont défendu François-Xavier Verschave, qui a rappelé la proximité du délit d'offense à chef d'État étranger avec le crime de lèse-majesté en vigueur sous l'Ancien Régime. Laurent Beccaria était défendu par Vincent Toledano. Les chefs d'État déboutés ont préféré ne pas porter l'affaire en cassation[8].
  • Jean Paul Gouteux, militant de Survie depuis 1994 et auteur du livre Un génocide secret d'État, fut poursuivi en justice par Jean-Marie Colombani directeur du journal Le Monde et Jacques Isnard journaliste spécialisé dans les questions militaires au même journal. Il les avait qualifiés dans son œuvre d'« honorables correspondants des services français » à propos de la façon dont ils avaient traité le génocide au Rwanda dans les colonnes du journal. L'accusation sera déboutée en première instance et en appel par le tribunal de Paris en 2000. La cour de cassation a cassé le jugement d'appel en janvier 2004 et renvoyé à nouveau l'affaire devant la cour d'appel qui a statué le 29 mars 2006 en déboutant à nouveau les plaignants.[9]

La perception de Survie dans la société française

Les associations et personnalités qui soutiennent ou coopèrent avec Survie

  • Le chanteur Tiken Jah Fakoly, ayant nommé son album Françafrique en hommage au livre de François-Xavier Verschave.
  • Le parti des Verts est généralement favorable aux idées de Survie. Plusieurs élus Verts sont membres de l'association, et le parti a régulièrement réclamé un éclaircissement sur la politique africaine de la France.

Le thème traité par Survie concernant la fin de la « Françafrique » est repris par des partis politiques, de droite comme de gauche. À Cotonou, en 2006 le candidat puis président de la République Nicolas Sarkozy déclare souhaiter en finir avec « les réseaux d'un autre temps ».[10] Le 15 janvier 2008, Jean-Marie Bockel alors ministre de la Coopération déclare vouloir « signer l'acte de décès de la Françafrique ». Il quittera ce poste lors du remaniement ministériel du 18 mars 2008 sous pression des présidents Omar Bongo et Denis Sassou-Nguesso mécontents de ses positions au sujet de la Françafrique selon plusieurs journalistes [11],[12],[13].

Les critiques contre Survie

Les critiques contre Survie portent aussi bien sur des points précis tels qu'une éventuelle imagination de complots, ou une éventuelle défense du FPR, mais aussi sur des critiques plus évasives (« Tintin au Congo[14] »).

En demandant un débat et un contrôle parlementaire sur la politique étrangère française et a fortiori sur l'action de la France en Afrique, Survie ne suscite pas l'unanimité. Si des hommes politiques lui font des procès, des journalistes et des spécialistes de l'Afrique critiquent sa vision des faits, et une partie d'entre eux parlent de désinformation[réf. nécessaire]. Son engagement, ses dénonciations de ce qu'elle perçoit comme des dérives de l'exécutif français, de la discrète "cellule africaine de l'Élysée" et des dictateurs de la « Françafrique » suscitent des critiques parfois vives dans la presse en marge des procès. Une autre critique consiste à affirmer que la façon dont Survie stigmatise la politique française reviendrait à exonérer les Africains de leurs propres responsabilités.

Stephen Smith, Filip Reyntjens, Pierre Péan, Charles Onana, Claudine Vidal, André Guichaoua et le colonel Jacques Hogard figurent parmi les détracteurs de Survie.

Selon ses détracteurs, chez Survie, le travail de vérité se ferait plutôt dans la sélectivité et la connivence, le parti pris et la publicité mensongère[15]. « Cette étrange association » qui ne jurerait que par « la défense de l'Afrique », serait devenu le cabinet noir de Kagame à Paris. Leur prétendu «  noir silence [16] » sur des massacre de génocidaires rwandais et de leurs familles réfugiés au Congo/Zaïre [17] par l'armée de Kagame serait stupéfiant. Le « noir silence » de Survie serait encore plus cruel lorsque le même Kagame jette arbitrairement en prison son ancien collaborateur et « meilleur ami de l'association » [18], Pasteur Bizimungu, ancien président de la République rwandaise.

Pierre Péan et Survie

Pierre Péan reproche à Survie de raisonner avec des concepts hérités des années 1960 : le concept de néocolonialisme, « s'il est séduisant de premier abord, ne décrit pas les réalités par essence mouvantes ; surtout, il ne tient aucun compte de l'évolution des rapports entre la France et ses anciennes colonies. Car Jacques Foccart est mort, Pasqua n'est plus aux manettes, et l'affaire Elf appartient au passé. Qui connaît aujourd'hui le nom du Monsieur Afrique de l'Élysée ?[réf. nécessaire] ».

Cette personnification de la « Françafrique » n'émane que de Pierre Péan : Survie de son côté a cessé depuis plusieurs années de voir la marque d'un seul et unique homme dans les relations franco-africaines.

L'engagement de Survie vis-à-vis du génocide rwandais

Survie estime que toutes ces critiques concernent particulièrement son engagement sur le Rwanda. Ainsi Stephen Smith qui avait des relations cordiales avec François-Xavier Verschave jusqu'en juillet 1994, l'a violemment combattu à partir de la publication son livre Complicité de génocide en particulier dans un article de Libération du 7 novembre 1994[19].

Stephen Smith écrit en 1994 un article dénonçant l'association Survie, après le génocide du Rwanda[20].

En 1995, Jean Carbonare, en désaccord avec un article du journaliste sur les événements de Kibeho[21] au Rwanda, l'interpella : « Monsieur Smith, vous n'êtes pas un journaliste honnête. [...] Pour qui travaillez-vous, monsieur Smith, et où voulez-vous en venir ? Grave question[22]. »

Après la publication par Stephen Smith de Négrologie : pourquoi l'Afrique meurt[23], dans lequel il affirme que le rôle des pays occidentaux dans le dénuement de l'Afrique est exagéré, et que les caractéristiques sociologiques africaines seraient les principales responsables de ce sous-développement, Boubacar Boris Diop, Odile Tobner et François-Xavier Verschave présentent en juin 2005 un livre-réponse à Négrologie : Négrophobie - Réponse aux « négrologues », journalistes françafricains et autres falsificateurs de l'information [24]. Dans ce livre les auteurs dénoncent « les mensonges de la françafrique » et ses acteurs médiatiques français qui étoufferaient la conscience politique française. Stephen Smith, qui entre temps a écrit Comment la France a perdu l'Afrique, serait l'un des « ingénieurs de l'âme » qui réveille les vieux clichés coloniaux et est accusé de mépris raciste à l'égard des Africains.[réf. nécessaire]

Jean Carbonare fut président de Survie jusqu'en 1995. Ayant trente ans d'expérience comme responsable de projets de développement en Afrique, il quittera la présidence de l'association après le génocide au Rwanda pour partir au Rwanda, se mettre au service de Pasteur Bizimungu, premier président de la République du régime FPR[25], pour construire des logements selon Survie[26], ou comme « conseiller spécial » en remerciements de « services » de propagande en France pour le compte du FPR selon Pierre Péan.[réf. nécessaire]

D'après M. Péan, Jean Barahinyuta, commissaire du FPR à l’Information et à la Documentation pour l’Europe en 1990 et 1991 lui a déclaré que « Carbonare était la personne clé du FPR en France, qui travaillait en liaison avec Immaculée Mukakimanuka »[réf. nécessaire] et Jean-Marie Vianney Ndagijimana, ministre des Affaires étrangères du Rwanda entre juillet et octobre 1994, a confirmé et précisé : « Carbonare a été l’œil de Kagame auprès de Bizimungu et des membres du gouvernement qui ne faisaient pas partie du premier cercle de Kagame.[27] »

Durant sa présidence chez Survie et après le génocide, Jean Carbonare n'aura de cesse d'affirmer la responsabilité de la France dans le génocide.

Les africanistes Claudine Vidal (directrice de recherches au CNRS) et André Guichaoua (professeur à Paris-I-Sorbonne, témoin-expert près le TPIR) dénoncent la défense systématique du régime FPR par Survie et certains de ses sympathisants[28].

M. Guichaoua a également signé une tribune dans Libération avec Stephen Smith pour défendre le livre de Pierre Péan[29], approuvant notamment la dénonciation de la partialité dont ferait preuve Jean Carbonare.

autre critique

En octobre 2005 le colonel Jacques Hogard, ancien commandant de la zone Sud de l'opération Turquoise, affirme dans Les Larmes de l'honneur, 60 jours dans la tourmente du Rwanda que le livre de François-Xavier Verschave Complicité de génocide ? la politique de la France au Rwanda est « malhonnête ».

Un soutien trop engagé derrière le FPR

D'après Pierre Péan, l'association Survie serait le « cabinet noir du FPR en France ». Il a vivement dénoncé les méthodes de la commission de 1993, en se fondant, notamment, sur le témoignage d'anciens membres, qui pointent les méthodes extrêmement contestables qui ont alors été employées[30] : à partir de quelques os, le rapport affirme qu'il existe certainement plusieurs charniers. Peu après le passage de cette commission, les troupes du Front patriotique rwandais ont massacré des Hutus[Où ?], notamment le bourgmestre, accusé sans aucune preuve d'avoir dirigé des massacres de Tutsis.

Dans un chapitre du livre de Pierre Péan, Stephen Smith répondra indirectement que ces attaques viennent de ses articles sur le génocide rwandais, selon lesquels la France, si elle peut être critiquée, ne mérite pas les reproches de Survie, cependant que le FPR a commis de nombreux crimes (massacres, purification ethnique assassinats politiques).

Il continue d'appuyer ces accusations, soutenu par Charles Onana, André Guichaoua et Claudine Vidal, sur le fait que Jean Carbonare — président de Survie entre 1984 et 1995, et président d'honneur depuis — serait devenu en 1995 le plus influent conseiller de Paul Kagame[réf. nécessaire] et sur le témoignage de Joseph Ngarambe, ancien collaborateur de Jean Carbonare [31].

Pierre Péan est actuellement poursuivi en appel par SOS racisme, débouté en première instance, pour incitation à la haine raciale, pour son livre « Noires fureurs, blancs menteurs ».

Filip Reyntjens, qui a pourtant formulé plusieurs critiques contre le livre de Pierre Péan, lui reconnaît le mérite d'avoir vu juste dans son analyse des réseaux du FPR en France et en Belgique. Dans son livre, M. Péan cite des propos de M. Reyntjens, ainsi que d'autres spécialistes de l'Afrique, comme Pierre Erny et René Lemarchand, critiquant les méthodes de Jean-Pierre Chrétien, directeur émérite du CNRS, historien spécialiste de l'Afrique des grands lacs et proche de Survie, accusé de confondre le militantisme pro-FPR et l'étude scientifique, voire, selon M. Reyntjens, de porter une responsabilité dans le génocide des Tutsis, par une action de désinformation systématique, servant les desseins du FPR et attisant les haines mutuelles[32].

L'association est accusée, par Pierre Péan et certaines personnes qu'il a interrogées, d'avoir:

  • été manipulée par le président rwandais Paul Kagame ;
  • occulté l'aspect criminel du régime du FPR, qui aurait délibérément pris le risque d'un génocide pour pouvoir prendre le pouvoir, et commis des massacres de hutu avant 1994 ;
  • propagé de fausses informations : tueries mis sur le compte des Hutus avant le génocide mais en réalité commises par le FPR ; assassinat du président Habyarimana soi-disant commis par les extrémistes hutus avec la complicité des services français, mais en réalité commis par le FPR ;
  • accusé injustement la France, qui aurait été le seul pays à avoir tenté d'intervenir ;
  • utilisé un réseau protestant anti-catholique (qui serait en partie à l'origine de certaines accusations envers le clergé local), ayant réussi à convaincre une partie de la gauche, dont Bernard Kouchner et Michel Rocard, et une large partie de l'extrême gauche.

Le journaliste Charles Onana a porté des accusations similaires[33]. Il indique, notamment, que M. Carbonare avait pris la défense du régime rwandais, dans une lettre au quotidien Le Monde, en donnant une liste de dirigeants Hutus qui, selon le président d'honneur de Survie, n'avaient pas l'intention des « jouer les figurants ». Or, tous ces dirigeants ont démissionné (comme Faustin Twagiramungu), ont été emprisonnés (comme Pasteur Bizimungu) ou auraient été assassinés par le FPR (comme Seth Sendashonga). M. Onana souligne également que Survie, et notamment sa vice-présidente Sharon Courtoux, affiche son amitié avec Jacques Bihozagara, ambasseur du Rwanda en France, et qui est accusé de responsabilités dans le massacre de Kibeho (5 000 à 8 000 réfugiés Hutus massacrés en quelques jours, selon l'ONU)[34].

M. Onana pointe la contradiction qu'il y aurait entre la position de principe de Survie (dénoncer tous les crimes commis en Afrique, notamment le pillage de ressources), et son silence sur les massacres du FPR, le pillage du Congo par son voisin rwandais[35] ou les pratiques arbitraires du pouvoir Rwandais. De façon plus générale, Charles Onana dénonce le parti pris, la subjectivité et les manipulations de l'association : "Survie a joué sur l'émotion et sur la souffrance objective des Africains. Survie l'a bien exploitée en utilisant l'image des héros des indépendances africaines et de la lutte anticolonialiste. Survie a ainsi obtenu un blanc-seing des Africains. Voilà la clef de la manipulation. C'est en s'appuyant sur les grands noms de l'Afrique et sur le colonialisme français que Survie recrute les Africains à tours de bras. C'est sur cette « fraternité coloniale » que Survie fait cuire ses épinards en y mettant beaucoup de beurre"[36].

Critiques visant des membres de Survie

À propos de F.-X. Verschave, ancien président de Survie, M. Onana écrit : « Verschave ne connaît pas l'Afrique. Il a joué sur l'émotion et la souffrance objective des Africains. [...] C'est sur cette “fraternité coloniale” que Survie fait cuire ses épinards avec beaucoup de beurre[37]. » M. Onana précise aussitôt ce qu'il entend par « beurre » en citant le témoignage d'Annick Nedelec, militante associative qui a œuvré pour les enfants rwandais vivant dans des camps de réfugiés, et connaît le pays depuis 1976. Elle évoque des fonds qui auraient été récoltés par Survie, au printemps 1994, et qui auraient disparu. Elle dit avoir vu dans les locaux de Survie un équipement impressionnant. Elle s'indigne enfin que, de son propre aveu, F.-X. Verschave ne soit jamais allé au Rwanda, et se permette pourtant de qualifier Juvénal Habyarimana de « nazi tropical de la pire espèce » et de « dictateur sanguinaire ».

Le positionnement politique

Les détracteurs de l'association accusent Survie d'avoir des liens avec l'extrême gauche[réf. nécessaire].

L'association affirme n'avoir d'exclusive à l'égard d'aucun groupe politique, sauf avec l'extrême droite.

Les responsables de l'association affirment que c'est avec le mouvement alter-mondialiste, les Verts, le parti communiste et le Mouvement des jeunes socialistes, que les relations sont les plus actives actuellement dans les faits. Lors de son combat pour promouvoir une autre politique de coopération, entre 1984 et 1993, des maires et des députés centristes et de droite ont aussi participé à ses travaux. Survie a organisé plusieurs colloques à l'Assemblée nationale française et au Sénat français. L'association affirme n'avoir pour ambition que de faire évoluer la classe politique sur les questions relatives à la politique de la France en Afrique.

Voir aussi

Collectifs et associations auxquels Survie participe

Liens internes qui concernent les objectifs de Survie

Membres connus de l'association

Liens externes

Notes et références

  1. François-Xavier Verschave utilisait déjà le concept de Françafrique dans un livre publié en 1994 : Complicité de génocide.
  2. Billets d’Afrique et d’ailleurs N° 86 Novembre 2000.
  3. http://www.dailymotion.com/video/x1ed31_rwanda-quand-survie-alertait-le-mon_events Jean Carbonare au journal de 20 heures avec Bruno Masure 24 janvier 1993
  4. Selon ses détracteurs, sur la base de témoignages qui lui auraient été fournis directement par des proches de Kagame[réf. nécessaire], comme Janvier Africa (Cf. rapport de la Commission internationale d'enquête p 37), qui aurait avoué des années plus tard avoir menti sur ordre du FPR[réf. nécessaire]
  5. Dossier noir n°19 : Comores-Mayotte : une histoire néocoloniale, Pierre Caminade, Agir ici et Survie, éditions Agone
  6. Compte rendu du procès de Charles Pasqua contre F-X. Veschave
  7. Extraits des lettres d'accusation des chefs d'État offensés
  8. Les arrêtés complets de la décision de la Cour d'Appel de Paris dans le procès pour offenses à chef d'Etat
  9. Le procès du journal Le Monde contre Jean-Paul Gouteux
  10. « Sarkozy défend la «rupture» en Afrique » , Le Figaro, 20 mai 2006
  11. « Bockel victime de ses positions sur la Françafrique ? », Le Figaro, 20 mars 2008
  12. « Le piteux lâchage de Jean-Marie Bockel », Vincent Hugeux, L'Express', le 19 mars 2008
  13. François Bonnet, « La politique étrangère de la France : c’est n’importe quoi ! », in [[Marianne (revue)|]], no 577, du 10 au 16 mai 2008, p 19-20
  14. L'association est notamment soumise aux quolibets suivants : "sorte de Tintin au Congo" (A Paris, le procès d'« une sorte de Tintin au Congo », article de Stephen Smith, Le Monde, 2 mars 2001 ; le « jusqu'au boutisme », le « disque dur » à propos de son ancien président François-Xavier Verschave.
  15. L'association a pourtant tenu plusieurs colloques à l' Assemblée nationale, dont le dernier le 8 avril 2009
  16. Noir silence est le titre d'un livre de François-Xavier Verschave ancien président de Survie
  17. En 2003 Survie Bas-Rhin publia pourtant un tableau des noeuds de violence au Rwanda et ce sujet a pourtant été plusieurs fois traité dans Billets d'Afrique
  18. Jean Carbonare a seulement été chargé d'un projet de développement au Rwanda après le génocide par Pasteur Bizimungu, qui après avoir été emprisonné en 2002 fut gracié tardivement en avril 2007- Cf; aussi la page de Survie en Alsace sur Pasteur Bizimungu
  19. Voir le chapitre Le tournant de l'été 1994 dans Négrophobie (page 105 édition Les Arènes), FXV cite Laurent Bijard journaliste au Nouvel Observateur : « J'étais avec Smith au Rwanda, nous avions les mêmes opinions, et il ne se gênait pas pour les exprimer. Aujourd'hui il a complètement changé de discours, je ne me l'explique toujours pas... ». Depuis, à la suite de la Commission d'enquête citoyenne sur l'implication de la France au Rwanda en 2004 et des procès pour complicité de génocide engagés par des rwandais en France, quelques spécialistes du Rwanda se sont mobilisés après la publication du livre de Pierre Péan en 2005 pour porter la critique contre Survie. Ces auteurs critiques font remarquer, onze ans après les faits, que Jean Carbonare avait travaillé à la reconstruction du Rwanda après avoir annoncé le génocide au Rwanda en 1993 sur France 2. Ils y voient la preuve de la corruption de Jean Carbonare par Paul Kagame et le FPR, dans un vaste complot qu'ils auraient orchestré contre la France et contre lequel, à cause de la vénalité de Survie et de ses présidents successifs, les responsables politiques et militaires français seraient menacés de complicité de génocide...
  20. Premiers reproches de Stephen Smith commentés dans Billets d'Afrique N°17 de décembre 1994« On aura alors beaucoup de mal à comprendre comment, dans la même page de Libération, Stephen Smith qualifie notre démarche d'« autoflagellation » et reproche à notre « mise en examen » de « faire passer tout responsable de la politique africaine de la France de ces dix dernières années pour soit un affairiste, soit un criminel de guerre...» ».
  21. Photos et commentaires sur Kibeho
  22. cité dans Pierre Péan, Noires fureurs, blancs menteurs, éd. Fayard/Mille et une nuits, 2005, p. 399.
  23. éditions Calmann-Levy
  24. aux éditions les Arènes
  25. Pasteur Bizimungu est un ancien membre de l'Akazu ayant rejoint le FPR après s'être enfui du Rwanda en été 1990
  26. Fonctions de Carbonare au Rwanda selon Survie
  27. Pierre Péan, Noires fureurs, blancs menteurs, p. 145
  28. Mme Vidal écrit dans sa préface à Abdul Joshua Ruzibiza, Rwanda, l'histoire secrète, éd. Panama, 2005, p. 53 : « D'autre part (je n'évoque ici que la situation française), certains milieux observent, vis-à-vis de Kigali, une attitude qui va d'une forme de bien-pensance à des comportements publics étonnamment sectaires. La bien-pensance consiste à arrêter l'histoire du Rwanda en 1994, et à accepter que le régime actuel, institué en représentant des victimes du génocide, ne puisse faire l'objet que de critiques mineures et de toute façon compréhensives. Le sectarisme consiste en des attaques violentes contre ceux qui mettent en cause la politique passée et présente du FPR. »
  29. INFO-BURUNDI.NET::ACTUALITES-FORA-DIVERS - Rwanda, une difficile vérité
  30. Noires fureurs, blancs menteurs, éd. Fayard/Mille et une nuits, 2005, chapitre 7
  31. Depuis, Claudine Vidal et André Guichaoua qui avaient préfacé et postfacé le livre d'Abdul Ruzibiza, principal témoin du juge Bruguière, ont été très contrariés par l'aveu de ce dernier que tout cela ne serait selon lui qu'« un montage des services français » auxquel il aurait contribué. Il a tout démenti (Cf. Presse française de novembre 2008)
  32. « Mais, surtout, Reyntjens relève la tendance de Chrétien à fournir des interprétations biaisées tendant à prouver qu'à chaque fois, "c'est la faute des Hutus". […] Quinze ans après cette critique féroce, Reyntjens, évoquant l'attitude de Chrétien dans la tragédie rwandaise, prononce des mots encore plus durs à l'endroit de son collègue français. Il parle de “responsabilité” dans le drame rwandais. Chrétien a reproduit toute la grille d’analyse qu’il avait forgée en faveur de l’élite tutsie au Burundi pour la plaquer sur la réalité du Rwanda. » (Pierre Péan, Noires fureurs, blancs menteurs, chapitre 20)
  33. Les Secrets de la justice internationale, éd. Duboiris, 2005, deuxième partie, chapitre 6
  34. M. Bihozagara a porté plainte en diffamation contre son principal accusateur, et a perdu son procès [1].
  35. Voir Première guerre du Congo, Deuxième guerre du Congo et massacres au Congo
  36. Charles Onana : "Les secrets de la justice internationale" - La Conscience - 14/02/2006.
  37. Les Secrets de la justice internationale, éd. Duboiris, 2005, p. 357
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