- Fort Donelson
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Bataille de Fort Donelson
Bataille de Fort Donelson
Bataille de Fort Donelson par Kurz and Allison (1887). Informations générales Date 12 février - 16 février 1862 Lieu Comté de Stewart, Tennessee Issue Victoire de l'Union Belligérants États-Unis (Union) États confédérés Commandants Ulysses Simpson Grant
Andrew Hull FooteJohn Buchanan Floyd
Gideon Pillow
Simon Bolivar Buckner, Sr.Forces en présence 24531 hommes
(Armée du Tennessee et l'Escadron du fleuve Mississippi)16171 hommes Pertes 2691
dont:
507 morts,
1976 blessés,
208 capturés ou disparus13846
dont:
327 morts,
1127 blessés,
12392 capturés ou disparusGuerre de Sécession Batailles Fort Sumter — Bull Run (1e) — Shiloh — Sept Jours — Bull Run (2e) — Antietam — Fredericksburg — Stones River — Chancellorsville — Gettysburg — Vicksburg — Chickamauga — Chattanooga — Wilderness — Spotsylvania — Petersburg — Five Forks — Appomatox La Bataille de Fort Donelson est une des plus importantes batailles de la Guerre de Sécession[1]. Elle se déroule entre le 12 et le 16 février 1862, dans le comté de Stewart, Tennessee (États-Unis) et s'achève sur une victoire de l'Armée de l'Union.
C'est la première victoire majeure nordiste du conflit. Après la vallée de la Tennessee, ouverte par la chute du Fort Henry, le 6 février, elle ouvre une seconde voie d'invasion vers le coeur de la Confédération, à commencer par la région de Nashville et ses industries.
Sommaire
Le contexte
Contexte géographique
Situé dans l'état du Tennessee, à proximité de la frontière avec le Kentucky, le Fort Donelson est un ouvrage édifié sur les rives de la rivière Cumberland.
Contexte militaire
- La situation en février 1862
Au début du conflit, le Tennesse a embrassé la cause sudiste. Au nord, son voisin le Kentucky a proclamé sa neutralité, vite violée par les deux belligérants. La ligne de défense sudiste s'étend de l'ouest, le fleuve Mississipi, à l'est, en suivant à peu près la frontière de l'état.
Les forces sudistes du Département de l'Ouest ("Western Department"), sous le commandement du major général Albert S Johnston, sont réparties en plusieurs groupements pour observer les différentes armées nordistes susceptibles de tenter une invasion du Tennessee.
- A l'ouest, sur le Mississipi, une armée nordiste sous les ordres de Pope, pouvait attaquer Colombus, région défendue par P.G.T. Beauregard.
- A l'est, les troupes sudistes de William J Hardee faisaient face à l'armée du major général Buell.
- Entre les deux, les rivières Tennessee et Cumberland, orientées sud-nord, offraient deux belles voies d'invasion vers le coeur de la Confédération. Fort Henry, qui défendait le passage de la Tennessee, était tombé le 6 février 1862.
Le 7 février, Beauregard décide de renforcer Fort Donelson mais de faire reculer ses deux ailes pour mieux protéger Nashville.
- Les objectifs nordistes
Pour les fédéraux, après la prise du Fort Henry, la cible est le Fort Donelson pour ouvrir la voie de la Cumberland vers cette même ville de Nashville. C'est l'idée du général Grant. Mais son supérieur, le major général Henry W Halleck juge l'entreprise risquée. Il préférerait la réunion des forces de Buell et de Grant pour mener l'assaut. Cependant, le premier tarde à agir quand le second annonce à son chef, le 6 février, qu'il va prendre Donelson le 8 puis revenir à Fort Henry.
Annonce optimiste puisque ce n'est que le 12 février que Grant se met en route[2].
Forces en présence
Article détaillé : Ordre de bataille lors de la bataille de Fort Donelson.- Les forces Nordistes, sous le commandement du général Ulysses Grant sont composées de 3 divisions d’infanterie et de l’escadre navale du Mississipi composé de 4 cuirassés fluviaux et 3 canonnières à carapace en bois.
- Les forces Sudistes sont composées 10 brigades, forte d’environ[3] 17 000 hommes dont 2 brigades issues du Fort Henry et 1 de cavalerie.
La cavalerie est aux ordres de Nathan B Forrest, un des commandants de cavalerie sudiste les plus réputés[4].
- Le fort Donelson
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Le fort porte le nom du brigadier-général Daniel Smith Donelson qui, en 1861, choisit l'emplacement et initia la construction.
Il est construit sur la rive gauche de la rivière Cumberland, sur un promontoire haut d'une trentaine de mètres. Ce qui lui offre les avantages, par rapport au Fort Henry, de ne pas être inondable et de pouvoir effectuer des tirs plongeants sur les cibles passant sur la rivière.
Deux batteries superposées commandent le passage. La première comprend 3 obusiers[5] de 32 livres et un "columbiad" de 10 pouces; l'autre, 9 canons de 32 livres et un canon rayé de 6,5 pouces. Le canon rayé et le "columbiad" ont une portée de tir plus importante que les 32 livres[6].
La protection du fort contre les attaques terrestres est assurée par des lignes de tranchées, des abattis et des batteries de canons de campagne.La bataille
Préliminaires, 12-13 février
Grant et 15000 hommes, 8 batteries et les éléments d'un régiment de cavalerie, quittent Fort Henry pour gagner Fort Donelson. Les cuirassés fluviaux redescendent la Tennessee pour gagner la Cumberland et participer à l'attaque[2]. Ils doivent refouler les cavaliers de N B Forrest qui cherchent à les ralentir.
Dans l'après-midi du 12, les forces nordistes investissent le fort. La division C F Smith se place à l'ouest et la division Mac Clernand au sud. Le côté nord du fort n'est pas occupé, le torrent Hickman Creek étant un barrage jugé suffisant.
La division Wallace n'est pas encore sur place. Ce qui fait que la division Mac Clernand doit étirer son front mais n'arrive pas, par manque d'effectifs, atteindre le ruisseau Lick Creek[7].
Si les ordres de Grant sont de ne pas déclencher immédiatement un affrontement général, deux attaques sont tout de même menées ce jour. La première par Smith qui lance deux de ses brigades contre la droite sudiste pour tester leurs défenses. Elle n'occasionne que peu de pertes.
Sur l'autre aile, MacClernand lance 3 régiments contre une batterie sudiste, au Bastion n° 2[8]. Ils sont repoussés.
La météo qui avait été, en ce mois de février, relativement clémente, s'aggrave[9]. Elle tourne à la tempête de neige avec des températures de -12°C. Pendant la nuit du 13 au 14, une couche de 8 cm de neige vient recouvrir la région[10].
C'est pendant cette nuit qu'arrivent les cuirassés. Avec eux, 12 transports amènent la brigade Thayer.
14 février
Les renforts nordistes prennent position au centre, entre les divisions Mac Clernand et Smith. Il s'agit de la division Wallace, avec les brigades Thayer et Cruft
- Attaque des cuirassés fluviaux.
Dans l'après-midi, les cuirassés fluviaux attaquent le fort. Ils sont organisés en deux lignes, les timberclads laissant devant les ironclads.
Les sudistes attendent que les assaillants soient à moins de 400 mètres de leurs canons pour riposter. Ils vont tirer environ 500 coups et endommager 3 des cuirassés. USS St Louis est touché 59 fois. Son gouvernail endommagé, il dérive vers l'aval. USS Louisville, touché par 36 projectiles, est à son tour désemparé; USS Pittsburg est à son tour mis hors de combat. Dans son cas, victime de la technique sudiste de tir à ricochet : les projectiles frappent leur cible à hauteur d'eau causant des voies d'eau. USS Carondelet sera touché 54 fois pour sa part mais combattra jusqu'au retrait des navires nordistes, étant le dernier à quitter le lieu du combat[11].
Du côté sudiste, peu de dégâts, aucune perte. Les marins nordistes, en revanche, ont 8 morts et 44 blessés.
15 février
- Tentative d'évacuation sudiste.
- Leur succès contre l'escadre nordiste n'avait pas convaincu les sudistes de leur capacité à résister plus longtemps. Ils décidèrent d'effectuer une percée au matin;
- Le plan était de percer l'aile droite nordiste et de faire retraite vers l'est, vers les territoires où d'autres forces confédérées pourraient les recueillir. La division de Buckner devait attaquer de son côté et servir ensuite d'arrière-garde dans la retraite. Un de ses régiments, le 30e Tennessee, devait rester pour tenir les tranchées et occuper les fédéraux.
- L'attaque fut tout d'abord victorieuse, et pour deux raisons; la première était la fatigue des troupes nordistes due aux intempéries et à l'absence d'abris où pouvoir se reposer, la seconde que Grant avait gagné l'escadre des cuirassés pour conférer avec son chef, Foote. Il avait laissé des ordres pour qu'aucune action ne soit engagée sans son accord. Et il n'avait pas pas prévu d'intérim pendant son absence.
- Les sudistes attaquent l'extrême droite de la ligne nordiste, que les cavaliers de Forrest, combattant à pied, arrivent à attaquer de flanc. Les forces nordistes reculent, vers l'ouest, de 2-3 kilomètres, ouvrant un passage le long de la rivière. Vers midi, la ligne nordiste à réussi à se stabiliser.
- Vers 13 heures, Grant est de retour et organise la contre-attaque. C'est à ce moment que Floyd estime qu'il vaut mieux que ses troupes regagnent leur point de départ[12].
- Assauts nordistes.
- Grant lance plusieurs attaques. Sur sa gauche, il fait attaquer Smith avec 2 brigades, faisant valoir que les sudistes combattaient sac au dos, ce qui trahissait leur intention de fuir et donc qu'il ne devait pas rester beaucoup de défenseurs devant lui.
- Sur la rivière, il demande à Foote de reprendre un bombardement du fort pour occuper les sudistes de ce côté.
- Sur son aile droite, une colonne d'attaque de 3 brigades, supportées sur chaque flanc par une autre brigade, charge les assaillants sudistes.
- Au soir, les nordistes ont pris pied sur les retranchements défendus par le 30e Tennessee, mais n'ont pu aller plus avant, rencontrant les sudistes qui regagnaient leurs position. Sur leur aile droite, les nordistes ont reconquis le terrain perdu.
Capitulation, 16 février
Côté sudiste, Les généraux Floyd et Pillow ont télégraphié la nouvelle de leur « victoire ». Ensuite, ils passent le commandement à Buckner et quittent le fort. Ce dernier pense être en mesure de résister 30 minutes à un nouvel assaut et envisage 75% de pertes parmi les défenseurs. Au matin du dimanche 16, le général sudiste demande un armistice. La réponse de Grant est brutale : « ...votre courrier de ce jour proposant un armistice et l'établissement de commissions pour discuter des termes de la reddition vient de me parvenir. Aucune condition autre qu'une capitulation sans condition et imédiate ne saurait être acceptée. Je me propose d'occuper immédiatement vos positions... ». Cette réponse lui vaudra son surnom de « Unconditionnal Surrender », jeu de mot avec les initiales de ses prénoms, « US ».
Nathan B Forrest refuse pour sa part de capituler et réussit, avec ses cavaliers, à percer discrètement les lignes nordistes, passant à gué le Lick Creek en crue.
Les conséquences
La prise de Fort Donelson est la première victoire majeure du nord pendant le conflit. On fera carillonner les cloches des églises et tirer des feux d'artifice[13]. Dans le sud, la perte est durement ressentie. Tout le Kentucky et une bonne partie du Tennessee sont maintenant aux mains des nordistes[14]. Le président Jefferson Davis admettra : « Events have cast on our arms and hopes the gloomiest of shadows »[13]. Dans les vallées de la Tennessee et de la Cumberland l'armée sudiste a perdu la valeur d'un corps d'armée[15].
Le 25 février, c'est Nashville qui est occupée par les nordistes. Evacuée par les troupes de Johnston, c'est la première capitale d'un des états confédérés qui tombe. Cependant, les autres armées nordistes ne seront pas capables de saisir l'opportunité de cette déstabilisation du front sudiste[16].
Les forces sudistes sont obligées de reculer vers le sud[17]. Elles ont perdu à peu près un tiers de leur effectif et le restant se trouve divisé en deux parties, séparées de 300 kilomètres, avec une armée nordiste entre elles[18]. Une conséquence indirecte est l'évacuation de Colombus, sur le Mississipi, aile gauche du dispositif confédéré. Cette place forte, surnommée le « Gibraltar du Mississipi », était le verrou qui protégeait Memphis puis Vicksburg. Évacuée, elle autorise les forces fédérales à tronçonner en deux le territoire de la Confédération en prenant possession de la navigation sur le Mississipi.
Cette bataille a aussi montré la valeur des opérations combinées entre marine et armée de terre.
Notes et références
- ↑ Certains historiens estiment que le tournant de la Guerre de Sécession ne doit pas être cherché dans les batailles d'Antietam ou de Gettysburg, mais dans la chute des Forts Henry et Donelson. Voir, par exemple, l'ouvrage de Kendall D. Gott donné en bibliographie.
- ↑ a et b Grant, Mémoires, chapitre 22.
- ↑ Les chiffres ne sont pas très précis, quelles que soient les sources disponibles.
- ↑ Dans son cas, la réputation est ambiguë. Voir l'affaire de Fort Pillow.
- ↑ Dans son rapport, le brigadier général William Henry Wallace parle de 2 caronades.
- ↑ Cooling, p. 6;
- ↑ Tous les cours d'eau de la région sont en crue.
- ↑ Cooling, p. 23-25. Il s'agit des 4 canons de la batterie F. Maney, de l'artillerie du Tenessee, qui avait bombardé les troupes nordistes lors de leur arrivée.
- ↑ Ce qui avait incité des soldats nordistes à s'alléger, pendant la marche entre Fort Henry et Fort Donelson, en jetant manteaux et couvertures ou en les ayant laissés au Fort Henry (Cooling, p. 21).
- ↑ Cooling, p. 25.
- ↑ Calore, p. 136-137.
- ↑ Cooling, p. 31.
- ↑ a et b Cooling, p. 39.
- ↑ Mac Pherson, p. 438.
- ↑ Cooling, p. 40.
- ↑ Cooling, p. 49.
- ↑ La voie ferrée permettant des déplacements Est-Ouest pour l'armée confédérée est aussi coupée par les nordistes.
- ↑ Mac Pherson, p. 438.
Bibliographie
- (en) K D Gott, Where the South Lost the War: An Analysis of the Fort Henry-Fort Donelson Campaign, February 1862, 2003, Stackpole Books, (ISBN 978-0811700498)
- James M. McPherson, La Guerre de Sécession, 1861-1865, Robert Laffont, Bouquins, 1991, (ISBN 9782221067420).
- James Mc Pherson, La guerre de sécession, 1991, Robert Laffont, Bouquins, (ISBN 2-221-06742-8), pages 431-440.
- Bruce Catton, La guerre de sécession, 1976, Payot, (ISBN 2-228-13350-7)
- (en) R Field, ACW fortifications (3), 2007, Osprey, Fortress 68, (ISBN 978-18460 »-194-6), pages 11–14.
- (en) P Calore, Naval campaigns of civil War, 2002, Mc Farland & Cie, (ISBN 0-7864-1217-8), pages 133-137.
- (en) H Allen Gosnell, Guns on the western waters, 1949, Louisiana State University, (ISBN 0-8071-1890-7), chapitre 5, pages 57–69.
- (en) B F Cooling, The campaign for Fort Donelson, 1999, U.S. National Park & Eastern National, (ISBN 1-888213-50-7)
- Le rapport du brigadier général Lew Wallace est consultable à cette adresse (en) [1]
Liens externes
- (en) Site sur la bataille de Fort Donelson.
- (en) La campagne dont font partie les batailles de Fort Henry et Donelson, en animation.
- (en) La bataille, relatée par Grant dans ses mémoires, chapitre 22.
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