- Formule de Lewis
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En chimie, une structure de Lewis est une représentation en 2 dimensions permettant de représenter la structure électronique externe des atomes composant une molécule. Inventée par Gilbert Lewis, elle se base sur la topologie de la molécule (connexion entre les atomes par des liaisons covalentes).
Sommaire
Définition
La structure de Lewis consiste à définir l'allocation des électrons sur ou entre les atomes de la molécule. Seuls les électrons de valence sont considérés. On obtient ainsi une certaine vision de la structure électronique de la molécule par ses doublets libres, ses doublets liants (liaisons σ et π), ses lacunes et ses éventuels électrons célibataires (dans le cas des radicaux).
Un code de représentation
Dans cette représentation, les électrons célibataires sont notés par des points et les paires d'électrons par des traits (plus rarement par deux points). Les traits peuvent être localisés sur un atome (doublet libre ou non liant) ou entre les atomes (doublet liant, liaison covalente).
Construction
La construction de la structure de Lewis d'une molécule se base sur la détermination de la valence des atomes la constituant, ce qui définit le nombre total d'électrons externes de la molécule. L'établissement de la structure de Lewis, consiste à répartir ces électrons sur le squelette moléculaire tout en respectant la règle de l'octet. Le squelette moléculaire est fait de liaisons σ qui mobilisent chacune 2 électrons sur le total des électrons de valence de la molécule. Une structure de Lewis est d'autant plus probable qu'elle respecte l'octet et ne présente pas de séparation de charge.
Exceptions
Quelques atomes sont connus pour violer la règle de l'octet. On parle d'hypervalence (soufre, phosphore, xénon) lorsqu'il y a plus de 8 électrons autour de l'atome, et de d'hypovalence lorsqu'il y a moins de 8 électrons (cas du bore notamment). Les atomes d'hydrogène ont 2 électrons autour d'eux dans la molécule[note 1]. On parle pour eux de règle du duet.
Lorsqu'un atome a exactement 6 électrons autour de lui, on parle d'une lacune (représentée par un petit rectangle vide). Le bore et les carbocations ont une lacune. La lacune confère à l'atome une acidité particulière pour les électrons voisins (acidité de Lewis).
Validité
Une structure de Lewis est une représentation simplifiée de la structure électronique. Les notions d'hypervalence ou d'hypovalence par exemple sont des caricatures de la densité électronique autour d'un atome. Au XXIe siècle, ils font encore l'objet de recherche[1].
La structure de Lewis présente des cas problématiques :
- Dans le cas du dioxygène, la représentation de Lewis donne : . Dans cette représentation, chaque électron se trouve en apparié (sous forme de doublet), ce qui donnerait à la molécule de dioxygène des propriétés diamagnétiques. Or celle-ci est paramégnétique, c'est-à-dire qu'elle présente des électrons non-appariés.
- Dans le cas du borane (BH3), le bore partage ses trois électrons avec les trois atomes d'hydrogène qui l'entourent, en formant trois liaisons simples. Il est alors entouré uniquement de six électrons, ce qui contredit la règle de l'octet. C'est aussi le cas de tous les composés trivalents du bore
Malgré ses limites, la structure de Lewis est un outil indispensable pour les chimistes et permet d'expliquer la composition et la réactivité de nombreux composés, surtout en chimie organique. Par contre, il ne peut pas expliquer la réactivité des éléments de transition.
Différentes approches
Toutes les approches doivent se baser sur un squelette σ bien défini. Il existe différentes stratégies pour obtenir une structure de Lewis valide.
Règle du maximum de liaison
Règle de l'octet
Une couche électronique entièrement remplie présente une stabilité particulière : on parle de couche complète (ou fermée). Par conséquent, lors de la formation de la liaison covalente, un atome a tendance à acquérir la structure électronique du gaz noble de sa période dans la classification.
- Les atomes de la première période suivent la règle du duet.
- Les atomes des deux périodes suivantes suivent la règle de l'octet.
- Les atomes dont une sous-couche d est incomplète suivent souvent la règle des 18 électrons.
Exceptions à la règle de l'octet
- Les atomes de la colonne 13 (bore et aluminium) sont souvent électrodéficients : il s'agit d'une violation par défaut de la règle de l'octet liée au fait que ces atomes ne peuvent pas être électriquement neutre lorsqu'ils sont entourés de quatre doublets (ils "possèdent" alors 4 électrons au minimum).
- À partir de l'élément silicium, les atomes peuvent outrepasser la règle de l'octet en raison d'une proximité des niveaux d'énergie vacants de type d. On parle alors d'hypervalence (exemple : PCl5, SF6)
Règle de l'octet à outrance
La règle de l'octet à outrance[2] est l'approche la plus systématique.
Sur le squelette moléculaire, on complète à l'octet tous les atomes (sauf hypovalents notoires) et on réajuste la quantité d'électron de façon à retrouver le nombre d'électron initial. Cette approche se fait en cinq étapes :
- Supposer un squelette (liaison simples)
- Compter le nombre total d'électrons de valence (n)
- Compléter à l'octet partout
- Compter le nombre d'électrons présents dans le schéma trouvé en 3 et comparer à n
- s'il manque des électrons, rajouter une paire libre sur l'atome pouvant être hypervalents
- s'il y a trop d'électrons, ôter 2 paires libres adjacentes et les remplacer par une liaison entre les atomes concernés (liaison multiples)
- Compter les charges, et réduire l'excès de charge +/- adjacentes en prenant un doublet libre du – et en faisant une liaison multiple vers son voisin + (si ce voisin peut être hypervalent).
Exemples d'application
Exemples
- Octet respecté
Molécule d'eau
- Octet non respecté par excès
Molécule d'acide sulfurique
- Lacune électronique (exemple de BH3)
- Isomérie
l'isomérie H-C#N H-(+)N#C(-) montre que des structures de Lewis peuvent parfois aider à déterminer la connectivité d'une molécule.
Notes et références
Références
- (en) Ronald J. Gillespie et Bernard Silvi, The octet rule and hypervalence: two misunderstood concepts, Coordination Chemistry Reviews, Vol 233-234, 1er novembre 2002, Pages 53-62 Voir par exemple
- Zumdahl, Chimie générale, 2e édition, éd. de Boeck, 1998, p. 270
Notes
- Puisque leur couche électronique externe est la couche K, qui n'en contient au maximum que deux, par application de la règle d'exclusion de Pauli
Articles connexes
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