Felix de Azara

Felix de Azara

Félix de Azara

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Félix de Azara par Francisco Goya.
Felix de Azara, sculpture par Eduard Alentorn , Museo Martorell, Barcelona

Félix de Azara est un militaire, un ingénieur et un naturaliste espagnol, le 18 mai 1746 à Barbuñales en Aragon et mort en 20 octobre 1821 à Huesca. Il est le frère du diplomate José Nicolás de Azara.

Biographie

Il fait ses études à luniversité de Huesca puis à lAcadémie militaire de Barcelone dont il sort comme cadet en 1764. Il sert dans le régiment dinfanterie de Galice et obtient le grade de lieutenant en 1775. Il est blessé durant la guerre contre Alger et survit par miracle.

LEspagne et le Portugal signent un accord pour fixer les frontières de leurs possessions en Amérique du Sud. Azara est choisi par Madrid pour faire partie des commissaires chargés de délimiter précisément les frontières espagnoles. Il part en 1781 pour une mission de quelques mois et y reste durant vingt ans. Il explique les raisons de ce séjour plus long que prévu :

« On mordonna de me rendre le plus tôt possible à lAssomption, capitale du Paraguay, pour faire les préparatifs nécessaires et pour attendre les commissaires portugais. Comme je commençais à être au fait de leur manège, et que je voyais, quau lieu de travailler à la fixation des limites, ils ne voulaient que prolonger cette opération à linfini, par des délais, des renvois à la Cour, et par les prétextes les moins fondés et les plus ridicules, pour en empêcher lexécution, je pensai à tirer parti le mieux quil me serait possible du long espace de temps que devaient me procurer ces retards.[1] »

Il décide alors de voyager à son propre compte afin détablir la carte de ces régions.

« Me trouvant dans un pays immense qui me paraissait inconnu, ignorant presque toujours ce qui se passait en Europe, dépourvu de livres et de conversations agréables et instructives, je ne pouvais guère moccuper que des objets que me présentait la nature. Je me trouvai donc presque forcé à observer ; et je voyais, à chaque pas, des êtres qui fixaient mon attention, parce quils me paraissaient nouveaux. Je crus convenable et même nécessaire de tenir note de mes observations, ainsi que des réflexions quelles me faisaient faire. Mais jétais retenu par la défiance que minspirait mon ignorance, croyant que les objets quelles me découvraient comme nouveaux avaient déjà été complètement décrits par les historiens, les voyageurs et les naturalistes dAmérique. Dun autre côté, je ne me dissimulais pas quun homme isolé comme moi, écrasé de fatigue, occupé de la géographie et dautres objets indispensables, sans secours et sans conseils, se trouvait dans limpossibilité de bien décrire des objets si nombreux et si variés. Mais je me déterminai à observer tout ce que me permettraient ma capacité, le temps et les circonstances, en prenant note de tout, et en suspendant la publication de mes observations jusquau moment je serais débarrassé de mes principales occupations.[1] »

Bien que dépourvu de connaissances scientifiques, il sattelle à létude des mammifères et des oiseaux quil rencontre. Le seul ouvrage dont il dispose est une traduction en espagnol des œuvres de Buffon (1707-1788). Azara est persuadé que les animaux décrits par Buffon sont les mêmes quil rencontre en Amérique. Dès lors, lorsquil constate des différences, ce qui arrive souvent, il critique rageusement le naturaliste parisien et plus encore Charles-Nicolas-Sigisbert Sonnini de Manoncourt (1751-1812) qui a fourni à Buffon des informations sur les oiseaux de Guyane. Son manque de connaissance, notamment sa mauvaise appréhension de la diversité des espèces, lamène à commettre des erreurs de jugements. Ainsi, il prend les bataras du Paraguay (appartenant au genre Myrmothera Vieillot, 1816) quil observe pour les fourmiliers de la Guyane décrits par Sonnini (appartenant au genre Thamnophilus Vieillot, 1816). Son erreur le conduit à commettre un jugement très vif :

« Pour témoigner sa reconnaissance et faire honneur à Sonnini de Manoncourt, Buffon sexprime ainsi :Ces derniers [les fourmiliers] me paraissent former un nouveau genre, qui est entièrement aux recherches de M. Sonnini de Manoncourt, que jai déjà cité plusieurs fois, parce quil a fait une étude approfondie sur les oiseaux étrangers, dont il a donné au cabinet du roi plus de 160 espèces...”


Cest ainsi quécrit mon auteur, et moi je le lis avec une grande pitié, voyant quil ne dit pas la vérité, et quil ne rapporte que des notices fausses et par ouï-dire. Ce Sonnini donne à cette famille doiseaux le nom de fourmiliers, parce quils mangent et détruisent, dit-il, une grande quantité de fourmis. Mais il est bon de savoir que ces oiseaux [les bataras dAzara] ne mangent pas une seule fourmi... Il assure que ses fourmiliers ne se perchent point, ou très peu, quils courent à terre, comme les perdrix, et que cest pour cela quon les a nommés à Cayenne petites perdrix. Eh bien ! tout cela est faux ; les bataras ne savent pas marcher ; leur démarche est lente, contrainte et ne se fait que par sauts... Manoncourt fait vivre ces oiseaux en bandes ou troupes, tandis quils demeurent seuls ou par paires... ; il leur donne une queue et des ailes si courtes, quelles sont peu propres à les soutenir et à les diriger dans un vol élevé et continu en plein air ; cependant il faut observer que si les bataras de ce voyageur ont la queue courte, cest quil la leur a coupée avec des ciseaux, ou quaprès lavoir arrachée, il en aura substitué une autre...[1] »

Azara, convaincu davoir démasqué une supercherie, nhésite pas à conclure de façon très dure :

« Jen appelle à la postérité et au jugement des personnes qui ont la facilité de voir le cabinet dhistoire naturelle de Paris ; je les engage à y examiner principalement le grand béfroi, le coraya et les autres fourmiliers, le caica, larada et lautour de Cayenne ; jespère quelles reconnaîtront lempreinte des ciseaux dont on sest servi pour écourter la queue de ces oiseaux, les coups de pinceau avec lesquels on a déguisé leur plumage, et les traces de la main qui a substitué une queue étrangère, à la place de celle quon a arrachée.[1] »

Azara a bien conscience des limites de son jugement :

« Si lon trouve que dans la manière de mexprimer, jai oublié le respect à un si illustre personnage Buffon, je supplie de considérer que mon zèle pour la vérité en est la seule cause, et que jai écrit rempli de tristesse et de mélancolie, désespérant de pouvoir jamais maffranchir de ces tristes solitudes et de la société des animaux.[1] »

Azara décrit 448 espèces dont la moitié était nouvelle. Il est enfin rappelé en Espagne en 1801 au terme de vingt ans de privations, de souffrances et après avoir surmonté de multiples dangers, des attaques damérindiens aux serpents venimeux.

Il ne rapporte pas de collections mais uniquement son manuscrit qui paraît de 1802 à 1805 en trois volumes sous le titre de Apuntamientos para la historia natural de las Paxaros del Paraguay y Rio de la Plata.

Preuve de grandeur dâme, cest Sonnini lui-même qui traduit son livre en français en 1809 sous le titre de Voyages dans lAmérique méridionale, par don Félix de Azara (quatre volumes, Paris publiés par Walckenaer in-8.).

Gustav Hartlaub (1814-1900) fait paraître en 1837 un index des espèces décrites par Azara. Plusieurs espèces lui ont été dédiées :

Notes et références

  1. a, b, c, d et e Cité par Maurice Boubier (1925). LÉvolution de lornithologie. Librairie Félix Alcan (Paris: Nouvelle collection scientifique,  : ii + 308 p.


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