- Eugène Weidmann
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Eugène Weidmann Information Naissance : 5 février 1908
Francfort (Allemagne)Décès : 17 juin 1939 (à 31 ans)
Versailles (France)Cause du décès : Décapitation Condamnation : 31 mars 1939 Sentence : Guillotine Meurtres Nombre de victimes : 6 Période : 21 juillet 1937 – 27 novembre 1937 Pays : France Arrestation : Décembre 1937 Eugen Weidmann, né le 5 février 1908 à Francfort-sur-le-Main (Allemagne), mort le 17 juin 1939 à Versailles, était un assassin, dernière personne à être guillotinée en public en France.
Sommaire
Biographie
Chef de bande dès l'adolescence, il fait de nombreux séjours en maisons de correction. Jeune adulte, il quitte l'Allemagne pour le Canada, où il continue ses exactions, ce qui lui vaut de passer quelque temps en prison avant d'être renvoyé dans son pays natal, en 1932. Il prévoit d' enlever un riche héritier, mais la tentative échoue et il est arrêté et emprisonné pendant près de six années. En prison, il rencontre deux Français, incarcérés pour trafic de devises : Roger Million et Jean Blanc. Les trois hommes sympathisent. Million et Blanc sont libérés les premiers. Weidmann, bénéficiant d'une remise de peine pour bonne conduite en 1937, part les rejoindre à Paris.
Les trois complices, ainsi que la maîtresse de Blanc, Colette Tricot, décident de faire des enlèvements à répétition : l'exposition universelle vient de s'ouvrir, les rues sont pleines de riches badauds étrangers. Weidmann utilise son physique avantageux, son intelligence et sa maîtrise de l'anglais pour se faire engager comme interprète à l'exposition, sous le faux nom de « Karrer ». La bande loue également, comme pied-à-terre, une villa, « La Voulzie » à La Celle-Saint-Cloud.
Les motivations exactes des crimes qui s'ensuivirent sont inconnues : peur des ravisseurs face à leurs victimes, envie d'argent immédiat, sadisme de serial killer, obéissance aux ordres nazis (les parents de Weidmann étaient membres du parti national-socialistes) ? Ce dernier point est parfois évoqué comme étant la raison secrète des meurtres de Weidmann mais ne repose sur aucun élément.
Le 21 juillet 1937, la première personne enlevée est la danseuse américaine Jean de Koven, tombée en un regard amoureuse de Weidmann-« Karrer » et qu'il n'a eu aucune peine à emmener chez lui à La Voulzie. Mais à peine entrée dans la villa, Jean est droguée, molestée puis étranglée. Weidmann enterre son corps sans vie dans la cave. Le seul butin récupéré sur elle : un portefeuille presque vide.
Cinq autres personnes furent tuées par Weidmann (aidé par Million) pour des sommes dérisoires. Le 6 septembre, le chauffeur de grande remise Couffy tombe sous les balles de l'assassin.
Le 4 octobre, Jeannine Keller est tuée par Weidmann et Million dans la Forêt de Fontainebleau au lieu dit "La Caverne des Brigands" dans des conditions particulièrement abominables.
Le 16 octobre, Roger Leblond est assassiné.
Le 20 novembre, Fritz Frommer, un autre escroc familier de Weidmann, est abattu à son tour par ce dernier, accompagné de Million.
Enfin, Raymond Lesobre est la dernière victime de Weidmann, le 27 novembre 1937.Début décembre, à la suite d'une plainte déposée par l'oncle de Frommer, la police retrouve la trace du nommé Karrer. L'interpellation de Weidmann est très mouvementée : il blesse deux policiers avant d'être blessé à son tour.
Weidmann avoue assez rapidement ses crimes et dénonce ses complices. Après plus d'un an d'instruction, en mars 1939, le quatuor comparaît devant la cour d'assises de Seine-et-Oise. La défense de Weidmann est assurée par le grand ténor du Barreau, Maître Vincent de Moro Giafferi. Le 31 mars, le verdict tombe : indulgent d'un côté (acquittement pour Colette Tricot, 20 mois de prison pour Jean Blanc), très sévère de l'autre (la mort pour Million et Weidmann).
Le 16 juin, Roger Million voit sa peine commuée en prison à perpétuité par le président de la République Albert Lebrun.
Weidmann doit être guillotiné le lendemain, le 17 juin 1939, à l'entrée de la prison de Versailles par le bourreau Jules-Henri Desfourneaux. L'exécution se déroule dans des circonstances très particulières. Une erreur (peut-être délibérée) cause un retard de 45 minutes dans l'exécution. Le soleil est déjà bien haut dans le ciel quand Weidmann paraît aux yeux de tous, ce qui permet à des journalistes de prendre la plus importante série de photographies d'une exécution capitale (elle est également filmée). De plus, la foule qui assiste au « spectacle » parvient à déborder le service d'ordre, et certaines personnes se précipitent au pied de l'échafaud pour tremper leur mouchoir dans le sang du supplicié (bien que cette version soit toutefois contredite, le comédien anglais Christopher Lee, qui, adolescent, assista à l'événement, confirme ce détail dans son autobiographie).
Le gouvernement s'émeut de ces désordres et le 24 juin le président du Conseil Édouard Daladier promulgue un décret-loi abolissant les exécutions capitales publiques. Après cette exécution, les condamnés à mort furent guillotinés dans l'enceinte des prisons à l'abri des regards de la foule. La mesure fut effective dès l'exécution suivante, celle de Jean Dehaene, le 19 juillet à Saint-Brieuc.
C'est ainsi qu'Eugène Weidmann reste dans l'histoire de la justice française comme le dernier guillotiné en public.
Bibliographie
- Georges Oubert, Max Roussel, La monstrueuse affaire Weidmann, Paris, Denoël, 1939, 186 p.
- Stéphane Pizella, Weidmann, le tueur ! Ses crimes, sa vie, ses "amis", Un reportage hallucinant de Stéphane Pizella, Paris, La Technique du livre, 1939, 62 p.
- C.-A. Dupin, Weidmann, le tueur, Paris, Éditions du Chardon, 1954, 191 p.
- Marcel Sicot, Servitude et grandeur policières, Productions de Paris, 1959, chap. VIII (« Quarante ans à la sureté »).
- Renée Jardin Birnie, Le cahier rouge d'Eugène Weidmann, Gallimard, collection « L'air du temps » (n°226), 1968, 256 p.
- Roger Colombani, L'affaire Weidmann : la sanglante dérive d'un dandy allemand au temps du Front populaire, Paris, Albin Michel, 1989, 320 p.
- Alphonse Boudard, Les Grands Criminels, Le Pré aux Clercs, 1989, chap. III (« Weidmann ou en attendant Adolphe »).
- « Un charme vénéneux. Eugène Weidmann : il était séduisant et charmeur, mais ne pouvait s’empêcher de tuer. », Dossier meurtre, enquête sur les grands crime de notre temps, n° 50, Paris, ALP et Cie, 1991, 30 p.
- Philippe Randa, L'affaire Weidmann, Paris, Fleuve noir, collection « Crime story », 1992, 271 p.
- Michel Ferracci-Porri, Beaux Ténèbres - La Pulsion du Mal d'Eugène Weidmann412 pages, Normant Editions 2008.
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