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Eugen Bleuler
Eugen Bleuler Biographie Nationalité : Suisse modifier Eugen Bleuler (Zollikon (près de Zurich) 1857 - 1939) est un psychiatre suisse connu pour avoir introduit les termes schizophrénie et autisme.
Sommaire
Biographie
Eugen Bleuler obtient son doctorat de médecine en 1881. De 1881 à 1883, il est assistant en psychiatrie à Waldau (près de Berne), sous la direction de Wilhelm von Speyr. En 1884, Bleuler voyage en Angleterre et en France; il suit notamment les cours de Jean Martin Charcot à la Salpêtrière. Après avoir travaillé comme assistant à Munich, dans le laboratoire de Johann Bernhard Aloys von Gudden, il est engagé comme assistant à la clinique psychiatrique du Burghölzli, en 1885, par Auguste Forel.
De 1886 à 1898, il sera le directeur d'une clinique psychiatrique à Rheinau (près de Zurich). En 1889 il publie Zur Psychologie der Hypnose, livre dans lequel il rend compte des expériences qu'il a faites lorsqu'il a été hypnotisé par von Speyr et Forel. Succédant à ce dernier, de 1898 à 1927, il est directeur de la clinique psychiatrique du Burghölzli et professeur de psychiatrie à Zurich.
On compte notamment parmi ses assistants Carl Jung (de 1900 à 1909), Karl Abraham (de 1904 à 1907) et Ludwig Binswanger (de 1907 à 1910). Bleuler sera également le professeur de Hermann Rorschach. Bleuler rencontre Sigmund Freud en 1904 et en 1906 demande à Carl Jung de présenter aux membres du Burghölzli le livre de Freud, L'interprétation des rêves. Il participe au premier congrès psychanalytique international à Salzbourg, en 1908, et contribue à la création de la Société Psychanalytique Internationale en 1910.
En 1911, dans La démence précoce ou le groupe des schizophrénies, il récuse le terme de démence précoce d'Emil Kraepelin, et le remplace par celui de schizophrénie pour illustrer l’idée d’une fragmentation de l’esprit [1]. Pour Bleuler, la schizophrénie correspond à un groupe de syndromes cliniques, d’origines différentes mais toujours organiques, réunis par des mécanismes psychopathologiques communs.
En 1920, il participe à des expériences avec le médium autrichien Rudi Schneider avec Carl Jung et Albert von Schrenck-Notzing.
Sa nosographie
La schizophrénie, qui a remplacé l’ancien terme de démence précoce, désigne un groupe de maladies mentales chroniques caractérisées par l’association de 3 grands ordres de troubles :
- la discordance (ou dissociation),
- le délire paranoïde
- et l’autisme.
Le délire paranoïde
Thèmes : polymorphes
- Syndrome de dépersonnalisation (transformation corporelle, dysmorphophobie, angoisse de morcellement, de dislocation corporelle)
- Étrangeté du monde (sentiment d’hostilité ambiante, déréalisation…)
- Syndrome d’influence (une force extérieure impose sa volonté au sujet)
- Persécution, mégalomanie, mystique, …
Mécanismes : prédominance des hallucinations psychiques ou psychosensorielles. Non systématisé : thématique mal organisée sans idée directrice, impression de bizarrerie, délire peu communicable…
Le syndrome dissociatif
Le syndrome dissociatif est au cœur du syndrome schizophrénique. Il traduit une scission qui s’opère dans la conscience et la personnalité du sujet. Il fait perdre toute cohésion, tant à l’unité de son Moi qu’au monde qu’il perçoit. Il est constitué de 4 traits caractéristiques :
- L’ambivalence : la contradiction infiltre tous les sentiments et actes du S.
- La bizarrerie : elle résulte de ses conduites et expressions fantasques et illogiques.
- L’impénétrabilité : l’incohérence des propos et conduites les rend incompréhensibles.
- Le détachement : lié au repli sur soi et à l’indifférence apparente.
Sphère intellectuelle
- Troubles du cours de la pensée : flou, discontinuité, barrage (suspension du discours), fading (ralentissement).
- Troubles du contenu de la pensée : déréelle (non dirigée vers des situations réelles).
- Troubles de l’attention et de la concentration.
- Troubles de l’utilisation de l’intelligence.
- Troubles des champs de conscience : bouleversement des données immédiates temporo-spatiales.
- Schizophasie (distorsion du système verbal) : mutisme, néologisme (création d’un mot qui n’existe pas), paralogisme (utilisation d’un mot dans un sens inapproprié), agrammatisme (non respect de la syntaxe), logolâtrie (culte des mots magiques), …
- Relâchement des associations, altération du système logique (les contraires peuvent être admis).
- Rationalisme morbide (la pensée se perd en un nombre d’associations inappropriées).
- Discours abstrait avec symboles et métaphores très subjectives, hermétisme.
- Associations par assonances.
- Réponses tangentielles (le sujet ne répond pas vraiment, mais pas à côté non plus).
- Discours circonlocutoire (le sujet n’arrive pas au bout de son idée).
Sphère instinctivo-affective
- Athymhormie (perte de l’élan vital).
- Ambivalence affective (coexistence de 2 émotions opposées) avec méconnaissance des contradictions.
- Émoussement des affects, « froideur schizophrénique ».
- Alexithymie (incapacité à exprimer ses affects).
- Altération du comportement sexuel : perte des retenues, auto-érotisme, désaffectée…
Sphère comportementale
- Maniérisme schizophrénique (gestuelle inhabituelle, gauche)
- Stéréotypies motrices : balancement, grattage, …
- Le syndrome autistique (déficitaire, négatif).
- Perte du contact avec la réalité, repli.
- Absence d’initiative, apragmatisme (baisse des activités).
- Froideur, émoussement affectif, perte des intérêts, anémotivité
- Anhédonie (incapacité à éprouver du plaisir).
- Discours assez pauvre et stéréotypé.
- Mimique pauvre et peu expressive.
- Gestuelle pauvre.
- Pauvreté dans le contact visuel, perte de prosodie, ton monocorde.
- Peut aller jusqu’à l’isolement social majeur.
- Incurie.
- Aboulie (perte ou diminution de la volonté).
Le syndrome catatonique
- Négativisme : attitude d’opposition active, mutisme, absence volontaire de discours.
- Catalepsie : hypertonie musculaire, maintien des attitudes imposées, enraidissement.
- Impulsions motrices : crises clastiques auto- ou hétéro-agressives, impulsives, brèves.
Formes cliniques
- Schizo. paranoïde : délire paranoïde continu, évolution vers enkystement du délire.
- Hébéphrénie : discordance intellectuelle et psychoaffective majeure, peu de délire, évolution vers déficit intellectuel.
- Hébéphréno-catatonie : déficit hébéphrénique et syndrome psychomoteur catatonique majeur.
- Schizo. simple : évolution lentement progressive, pas de délire, désintérêt pour la vie pragmatique.
- Dysthymie .
- Héboïdophrénie : pseudo-psychopathique.
Étiologie
Selon Bleuler, à la base de la schizophrénie se trouve un processus biologique (l'altération basale des fonctions associatives) qui fait émerger les signes primaires de la maladie par-dessus lesquels apparaissent des signes secondaires (réactions psychologiques du sujet face à sa souffrance) qui constituent de véritables stratégies de lutte contre le processus biologique de base.
Parmi les signes primaires, Bleuler intègre le blocage de la pensée et des signes apparaissant lors des poussées aiguës sans aucune raison externe : états d'obtusion, épisodes d'excitation ou de dépression, prédisposition aux hallucinations, le syndrome catatonique et quelques signes physiques.
Bleuler a montré que la psychanalyse permet de trouver le sens des signes secondaires, symptômes provenant d’une psychogenèse inconsciente. Tous les signes de la sphère instinctivo-affective ci-dessus sont des signes secondaires. Bleuler parlait de charge affective des complexes ...
Ces signes secondaires s’opposent donc aux signes primaires qui, résultant d'un processus biologique, ne peuvent pas être interprétés.
Ceci constitue une réelle introduction à la psychopathologie, à la compréhension des signes et de leur sens.
Pour les organicistes, la réalité du facteur génétique de certaines schizophrénies semble démontrée grâce aux statistiques familiales.
L’approche environnementale (culturelle ou psychosociale) de la schizophrénie se situe dans une perspective différente. Contredisant l’universalité de la schizophrénie elle fait observer son extrême diversité selon les cultures, et sa sensibilité à la rupture des relations sociales traditionnelles… La schizophrénie peut devenir une « tentative de guérison » par le S lui-même de la maladie créée par l’oppression de la société. Il choisit de s’en évader par la folie.
Pour certains psychanalystes, la schizophrénie serait liée à des interactions précoces avec la mère, les parents, qui n'auraient pas permis la constitution d'un bon objet interne. L’angoisse liée dans la position schizo-paranoïde ((Mélanie Klein) à la crainte de l’envahissement par l’objet ou de l’effondrement (Donald Winnicott) de l’objet, deviendrait ainsi une angoisse de perte et de destruction de l’objet.
Œuvres
- (de) Zur Psychologie der Hypnose, 1889
- Affectivité, suggestibilité, paranoïa, 1906
- La démence précoce et le groupe des schizophrénies, 1911 (rééd. Dementia praecox ou Groupe des schizophrénies, Editeur : Coédition GREC/EPEL, 2001, Collection : Ecole lacanienne de psychanalyse, ISBN 2908855119)
- La découverte de l'autisme, 1912
- (de) Lehrbuch der Psychiatrie, 1916
- Histoire naturelle de l'âme, 1920
- en français:
- avec Henri Claude : La schizophrénie en débat, L'Harmattan, ISBN 2-7475-1258-4
Commentaires
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