- Esplanade des Mosquées
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L'esplanade des Mosquées pour les musulmans ou esplanade du Temple pour les juifs est le premier lieu saint du judaïsme, et le troisième de l'islam (au moins dans le sunnisme[1] après La Mecque et Médine). Située dans la vieille ville de Jérusalem sur le mont du Temple, elle est aussi appelée « mont de la Maison [de Dieu] » par les juifs (en hébreu : הר הבית, har ha bayit), « mont du Temple » par les chrétiens, en référence au Temple de Jérusalem, et « Noble Sanctuaire » (en arabe : الحرم الشريف al-Ḥaram aš-Šarīf) par les musulmans. Elle abrite, depuis le VIIe siècle deux haut lieux de l'islam : le dôme du Rocher et la mosquée Al-Aqsa. À ses pieds se trouve le mur des Lamentations.
Sommaire
Lieu saint du judaïsme
Le mont a une signification très importante dans le judaïsme et le christianisme.
Selon le Talmud, c'est du sol de ce lieu que Dieu rassemble l'argile qui forme Adam. C'est là qu'Adam puis, selon son exemple, Caïn, Abel et Noé font leur holocauste. La tradition juive place aussi à cet endroit, le dôme du Rocher actuel et le mont Moriah de la Bible, le geste sacrificiel d'Abraham :
« Prends ton fils, ton unique, celui que tu aimes, Isaac ; va-t'en au pays de Morija, et là offre-le en holocauste sur l'une des montagnes que je te dirai. »
— Ge 22
Le roi David achète cette terre pour y construire un autel permanent (II Samuel 24:24). Salomon réalise ce vœu en construisant à cet endroit le premier Temple en – 950, détruit par Nabuchodonosor II en – 586, date qui marque l'exil des Juifs à Babylone.
Le second Temple y est établi à partir de – 516, après le retour d’exil. Il est détruit par Titus Flavius Vespasianus en 70, à l'exception du mur ouest, aujourd'hui connu comme le mur des Lamentations, lieu de prière le plus important des juifs contemporains.
C’est aussi le site du troisième Temple de Jérusalem lors du retour du Messie.
Lieu saint de l'islam
Selon le Coran, c'est là que la foi d'Abraham est testée par Dieu dans l'épisode du sacrifice de son fils (Isaac selon la Bible, dont le Coran reprend fidèlement le récit sans toutefois préciser le nom du fils impliqué[2]).
Pour les musulmans, cet endroit est surtout le point d'où Mahomet est monté au paradis lors de Isra et Miraj, le voyage nocturne que Mahomet a fait de La Mecque à Jérusalem, emporté par son cheval Bouraq. Le Coran ne cite pas le nom de Jérusalem :
« Gloire à Celui qui a fait voyager de nuit son serviteur de la mosquée al-Haram à la mosquée lointaine dont Nous avons béni l'enceinte, et ceci pour lui montrer certaines de Nos merveilles. »
— Le Coran, sourate XVII ; 1.
Cette « mosquée lointaine » (en arabe, « lointain » se dit aqsa) est identifiée par les hadiths à Jérusalem. Le lien entre le point de départ du Prophète et le « Noble Sanctuaire » de Jérusalem est postérieur à la construction de la mosquée Al-Aqsa et du dôme du Rocher.
À l'arrivée des musulmans, en 638, dans la ville de Jérusalem, les ruines du Temple sont utilisées comme dépotoir par les chrétiens[3] dans un souci d'humiliation des juifs et afin de concrétiser la prophétie selon laquelle pas une pierre ne resterait en cet endroit. Le calife et compagnon de Mahomet Omar ibn al-Khattab, horrifié de voir ce lieu saint dans un tel état, ordonne son nettoyage et y prie. Selon la même source, il ordonne la construction d'une mosquée à cet emplacement. La plupart des historiens médiévaux, en particulier le chroniqueur byzantin Théophane le Confesseur et le juif Shim'on bar Yo'hai, indiquent que cette action de Omar ibn al-Khattab est saluée par les juifs de l'époque qui y voient la reconstruction du Temple de Jérusalem[4].
Lieu saint disputé
Aujourd'hui, Israéliens et Palestiniens s'accusent réciproquement de pratiquer des excavations dans le but d'endommager les monuments de l'autre camp. Les Israéliens, par exemple, estiment que la construction d'une nouvelle mosquée menace de faire s'effondrer le sol de l'esplanade du Temple. Quant aux Palestiniens, ils dénoncent la volonté de l'autre camp de faire disparaître les vestiges des bâtiments liés à l'islam par des fouilles archéologiques, rendant ainsi instables ces structures. Enfin, chaque camp accuse également l'autre d'avoir des arrière-pensées idéologiques.
Un waqf, fondation religieuse islamique, contrôlé par la Jordanie, assure la gestion du site. Lors des accords de Wadi Araba, Israël a confirmé celui-ci dans ses fonctions et garantit à la Jordanie le rôle privilégié de garante des lieux saints musulmans dans de futures négociations de paix israélo-palestiniennes.
Notes
- Le statut de Jérusalem comme troisième ville sainte de l'Islam s'affirme surtout durant la période des croisades (S.D. Goitein, « al-Kuds », Encyclopédie de l'Islam, EJ Brill, 2e ed.), est moins évident pour les chiites que pour les sunnites.
- [1]). « En aucun endroit de ce récit, le Coran ne mentionne si le fils offert en oblation est Ismaël, père des Arabes, fils de la servante Agar jalousée par Sara, ou Isaac, son frère cadet, père des Juifs. Cette imprécision a partagé les auteurs musulmans, chacun tirant argument de façon opposée des mêmes passages coraniques en faveur d’Isaac ou d’Ismaël » (Éric Younès Geoffroy, « Le sacrifice d'Abraham », site oumma.com
- (en)[http://www.cdn-friends-icej.ca/connection.html Documents de Geniza.
- Secrets, du rabin Simon ben Yohai
Liens externes
- (en) Al-Aqsa Guide Plan et nomenclature des lieux sacrés
- Visites virtuelles 360° de l'esplanade des Mosquées à Jérusalem : Visites virtuelles 360° de l'esplanade des Mosquées
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