Ermengarde de Tours

Ermengarde de Tours

Ermengarde ou Irmingarde[1] de Tours (née en 804 en Alsace[réf. nécessaire], décédée le 20 mars 851) est une impératrice du Moyen Âge.

Fille du comte Hugues III de Tours et de la Haute Alsace ou Hugo (-† 837), un descendant de la maison d'Etichon-Adalric d'Alsace[2], elle épouse, en octobre 821, Lothaire Ier, fils de l'empereur Louis le Pieux.

Sommaire

Biographie

Noble et très pieuse, elle est élevée par sa mère, Ava, dans l'esprit de la religion chrétienne, au milieu d'un monde encore semi-barbare.

Elle passe probablement une grande partie de sa jeunesse au monastère de Sainte-Julie à Brixen, (connue aujourd'hui sous le nom de Bressanone) dans la province autonome de Bolzano au nord de l'Italie où elle achève son éducation. À la mort d'Amalperge, elle est élue pour lui succéder au siège abbatial.

Lorsqu'en 817 Louis le Débonnaire associe son fils aîné Lothaire Ier à l'empire, ce dernier demande à Ermengarde de lui accorder sa main. Le mariage a lieu le 15 octobre 821 à Diedenhofen[3] aujourd'hui Thionville. La cérémonie se déroule en présence de trente-deux prélats et seigneurs, dont l'évêque Adeloch de Strasbourg. Par son mariage avec Lothaire Ier, la famille d'Etichon-Adalric d'Alsace se trouve ainsi alliée à la dynastie carolingienne.

Par la suite Lothaire concède à son épouse le protectorat de l'abbaye de Brixen, qu'elle va défendre toute sa vie. À la mort du vénérable abbé Wala de Corbie, précepteur de Lothaire Ier, survenue le 31 août 836, elle y fait faire des prières pour le repos de son âme. Les premières années de son mariage sont assez heureuses. Lors de la révolte des fils de Louis le Débonnaire contre leur père, son époux ayant fait partie de conjuration est frappé de disgrâce. Elle se trouve aussi fortement affectée par le divorce suivi du mariage avec Waldrade de son fils Lothaire II de Lotharingie et le rapt de sa fille Ermengarde (846) par Gislebert de Maasgau, comte de Maasgau.


Au milieu de ces tribulations et de ces épreuves, elle pousse sa patience et sa résignation jusqu'à l'héroïsme. Par sa gentillesse et sa douceur, elle parvient à gagner le cœur de son époux et à adoucir son caractère, comme en témoigne plusieurs diplômes qu'il établit sur les instances de son épouse.

Plus tard en 836, un an avant le décès de son père, Ermengarde reçoit de celui-ci en accord avec son oncle paternel Leuthard de Sundgau[4] de vastes terres situées en Alsace, dont entre autres Échery au Petit Rombach[5]. Elle y fait construire un petit sanctuaire[6]qu'elle remet en pleine plénitude à l'abbaye de Gorze avec l'approbation de son époux. L'appartenance de ses biens à l'abbaye de Gorze est confirmée plus tard par son fils Lothaire II dans un diplôme envoyé de Strasbourg le 15 octobre 859[7]. En 849, la pieuse princesse fonde l'abbaye d'Erstein, fondation que Lothaire Ier reçut en 817 de son père Louis le Pieux par un diplôme daté de Remiremont et qu'il accorda à son épouse. Le diplôme de la fondation de l'abbaye d'Erstein par Ermengarde signé par l'empereur Lothaire Ier ne laisse aucun doute sur la paternité de sa création. Cette bulle manuscrite contresignée par le pape Léon IV se trouve dans les archives de la ville de Strasbourg. Ermengarde se retire ensuite dans ce monastère, oubliant les angoisses qu'elle avait éprouvées, et y meurt le vendredi saint, soit le 20 mars 851[8]. Ses restes mortels sont inhumés dans l'église abbatiale. Raban Maur, archevêque de Mayence, composa l'épitaphe qui se voyait encore avant la Révolution incrustée dans la pierre, et qui fait l'éloge de ses vertus et retrace, en même temps les bienfaits en faveur de cette abbaye. L'annaliste de Saint-Bertin, 855 lui donne le nom de reine très chrétienne, Ermengarda christianissima regina. À sa mort, c'est la fille cadette d'Ermengarde,Rotrude qui est nommé abbesse d'Erstein.

Descendance

Avec Lothaire elle a comme enfants[9] :

  1. Louis II le Jeune (v. 825-†875), empereur d'Occident de 855 à 875 et roi de Provence de 863 à 875. Épouse Engelberge et a deux enfants dont Ermengarde, qui épouse en mars 876 Boson V de Provence (Bosonides)
  2. Hildrude ou Helletrude (v. 826-† v. 866), épouse du comte Bérenger[10]
  3. Berthe (v. 830-† ap. 852/877), abbesse d'Avenay-Val-d'Or en 847
  4. Ermengarde (v. 830-† v.849), kidnappée en 846 par le comte Gislebert de Maasgau comte de Brabant qui l'épousa.C'était un seigneur vassal du roi Charles, frère de Lothaire Ier[11]
  5. Gisèle (†864), abbesse de San Salvador à Brescia entre 852 et 864 - Décédée le 28 avril 864[réf. nécessaire]
  6. Lothaire II de Lotharingie (835-869), marié vers 855 à Theutberge[12](répudiée en 860), fille de Boson d'Arles dit le Vieux († ap. 855). Se remarie en 862 avec Waldrade
  7. Rotrude ou Rugrude (836-†882), née à Pavie, mariée en 850-51 à Lambert II de Nantes, margrave de Bretagne, comte de Nantes qui meurt le 1er mai 852, puis à Otton II de Lebarten. Première abbesse de l'abbaye d'Erstein
  8. Charles de Provence (†863), roi de Lyon et de Bourgogne transjurane. Il meurt au monastère de Saint-Pierre-les-Nonnains de Lyon

Bibliographie

  • Joseph Bernhard, Histoire de l'abbaye et de la ville d'Erstein, 1883
  • Philippe-André Grandidier, Œuvres historiques inédites, Colmar 1865 - 6 volumes.
  • Philippe-André Grandidier, Histoire de l’Église et des princes-évêques de Strasbourg, jusqu'à nos jours, 2 tomes, Strasbourg 1776, Imprimerie François Levrault.
  • Philippe-André Grandidier, Histoire ecclésiastique, militaire, civile et littéraire de la province d'Alsace, Strasbourg, 1787, Lorenzi et Schulerii (tome I) et Levrault (tome II)
  • Robert Parisot, Le Royaume de Lothaire sous les Carolingiens, Paris, 1899, Alphonse Picard et fils éditeurs
  • Guy Perny, Aldaric, duc d'Alsace, Jérôme Do Bentzinger Editeur, Colmar, 2004 ISBN 2 84960 023 7
  • Christian Pfister, Le Duché mérovingien sous les Carolingiens, Annales de l'Est, 1888, 1889, 1892, Nancy
  • Édouard Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l'Alsace, Rixheim, 1907, Imprimerie F. Sutter et Cie, 2 volumes
  • Jérôme Vignier, La Véritable Origine des très illustres maisons d'Alsace, de Lorraine, d'Autriche, de Bade et de quantités d'autres, Paris, 1649

Notes et références

  1. Sa généalogie sur le site FMG
  2. Surnommé quelquefois Attic, Athic, Hetti
  3. Diedenhoffen nom allemand de Thionville
  4. Comte de Sundgau, époux de Grimilde, issue du sang royal de Bourgogne, mort en 830. Il n’est pas le père de Girart de Roussillon, qui est le fils de Leuthard Ier, comte de Fézensac, puis comte de Paris (816) et un membre de la famille des Girardides. Mais il est le père d’Otbert, évêque de Strasbourg
  5. D'après les Annales de Saint-Bertin. Charte de Vézélai
  6. Les Annales de Saint-Bertin et la Charte de Vézélai affirment que c'est Hugues III en l'an 836 qui est le fondateur d'un sanctuaire à Belmont ou Echéry dans la vallée de la Liepvrette
  7. Ce diplôme est considéré comme un faux par Robert Parisot et Christian Pfister. Ce faux a été fabriqué de toute pièce d'après eux par Jérôme Vignier pour faire coïncider la famille d'Etichon à Girart de Roussillon et aux ducs de Lorraine du 10e siècle
  8. Les auteurs de la Gallia christiana fixent à l'année 840 la fondation de l'abbaye d'Erstein par Ermengarde. Le diplôme de l'empereur Lothaire Ier prouverait plutôt qu'on doit la placer à l'année 849, tout comme les annales de Saint-Bertin, Guillimann et Albrecht
  9. Les historiens ne sont pas d'accord sur le nombre d'enfants qu'a eu Ermengarde. Parmi les filles on connaît principalement : Berthe, Ermengarde, Gisèle, et Hildrud, femme du comte Beranger
  10. Le Gendre, Histoire de France, tome 8, p. 41
  11. Abbé J.Bernhard, Histoire d'Erstein, p.25
  12. Theutberge meurt en 875 à l'abbatiale Sainte-Glossinde de Metz

Wikimedia Foundation. 2010.

Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Ermengarde de Tours de Wikipédia en français (auteurs)

Игры ⚽ Поможем сделать НИР

Regardez d'autres dictionnaires:

  • Ermengarde De Tours — Lothaire II Ermengarde ou Irmingarde[1] de Tours (née en 804 en Alsace[réf. nécessaire], décédée le 20 mars 851 …   Wikipédia en Français

  • Ermengarde de tours — Lothaire II Ermengarde ou Irmingarde[1] de Tours (née en 804 en Alsace[réf. nécessaire], décédée le 20 mars 851 …   Wikipédia en Français

  • Ermengarde of Tours — ( de. Irmingard von Tours) (died 20 March 851) was the wife of Emperor Lothair I of the Franks. Her father was Hugh of Tours, a member of the Etichonen family, which claimed descent from the Merovingian Kings. In the middle of October 821 in… …   Wikipedia

  • Ermengarde — Cette page d’homonymie répertorie les différents sujets et articles partageant un même nom. Ermengarde peut désigner : Ermengarde de Hesbaye (vers 778 818), femme de Louis Ier le Pieux. Ermengarde de Tours (804 851), femme de Lothaire Ier.… …   Wikipédia en Français

  • Ermengarde — or Ermengard is the name of various historical women: *Ermengarde of Hesbaye (778 818), wife of Louis the Pious *Irmgard of Chiemsee (died 866), also known as Ermengard, daughter of Louis the German, remembered in the calendar as a saint… …   Wikipedia

  • Hugues III De Tours Et De La Haute Alsace — Hugues III ou Hugo, comte de Tours et duc de la Haute Alsace Fils de Luitfrid II de Sundgau, il est né en 765 et décédé le 20 octobre 837. Il fait partie de la famille des Etichonides et est comte de Tours et duc de la Haute Alsace durant les… …   Wikipédia en Français

  • Hugues II de Tours et de la Haute Alsace — Hugues III de Tours et de la Haute Alsace Hugues III ou Hugo, comte de Tours et duc de la Haute Alsace Fils de Luitfrid II de Sundgau, il est né en 765 et décédé le 20 octobre 837. Il fait partie de la famille des Etichonides et est comte de… …   Wikipédia en Français

  • Hugues iii de tours et de la haute alsace — Hugues III ou Hugo, comte de Tours et duc de la Haute Alsace Fils de Luitfrid II de Sundgau, il est né en 765 et décédé le 20 octobre 837. Il fait partie de la famille des Etichonides et est comte de Tours et duc de la Haute Alsace durant les… …   Wikipédia en Français

  • Hugues III de Tours et de la Haute Alsace — Hugues III ou Hugo, comte de Tours et duc de la Haute Alsace[1] Sommaire 1 Biographie 2 Descendance 3 Légende …   Wikipédia en Français

  • Louis le Pieux — Pour les articles homonymes, voir Louis Ier.  Pour l’article homonyme, voir Louis Débonnaire, un oratorien français du XVIIIe siècle.  Louis Ier …   Wikipédia en Français

Share the article and excerpts

Direct link
Do a right-click on the link above
and select “Copy Link”