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Ellis Island
Ellis Island, à l'embouchure de l'Hudson à New York, a été pendant un certain temps l'entrée principale des immigrants qui arrivaient aux États-Unis; les services d'immigration ont fonctionné du 1er janvier 1892 jusqu'au 12 novembre 1954. Elle est gérée par le gouvernement fédéral et fait maintenant partie du monument national de la Statue de la Liberté, sous la juridiction des services des parcs nationaux des États-Unis. Elle est située dans la ville de Jersey, New Jersey et également dans la ville de New York.
Ellis Island a été le sujet d'une querelle de frontière entre l'État de New York et du New Jersey. Selon le bureau de statistiques des États-Unis, l'île, qui a été principalement créée artificiellement, a une superficie officielle de 129,619 m², plus de 83 % reposent dans la ville de Jersey. La portion naturelle de l'île, qui repose dans la ville de New York, est de 21,458 m² et est complètement entourée par la partie artificielle de l'île.
Sommaire
Histoire
Avant 1892 et l'ouverture d'Ellis Island comme centre de réception des immigrés à New York, le débarquement des voyageurs se faisait à Fort Clinton, à l'extrême Sud de Manhattan (aujourd'hui dans Battery Park), au grand dam des habitants qui se plaignaient de la situation, imputant nombre de maux aux nouveaux arrivants. Ellis Island s'appelait alors Fort Gibson et était une place militaire qui faisait partie du système de défense de la ville contre la flotte britannique. L'île alors fut envisagée comme une meilleure solution permettant d'isoler les migrants avant leur acceptation et d'éviter les évasions. Originalement appelée Little Oyster Island, on nomma l'île Ellis Island en référence à Samuel Ellis, colon venant probablement d'Écosse, qui en fut son propriétaire dans les années 1770, avant son rachat par l'État de New York.
La station d'immigration d'Ellis Island a été créée par les architectes Edward Lippincott Tilton et William A. Boring. Ils ont reçu une médaille d'or à l'exposition universelle de Paris en 1900 pour le design du bâtiment principal.
La station d'immigration fédérale ouvrit le 1er janvier 1892 et fut fermée le 12 novembre 1954 après l'inspection de plus de 12 millions d'immigrants par le Bureau d'Immigration des États-Unis. Durant les 35 années, plus de 8 millions d'immigrations ont été processés localement par les officiels de l'État de New York au Castle Garden Immigration Depot à Manhattan.
1907 a été l'année la plus occupée à Ellis Island avec l'arrivée de 1 004 756 immigrants. Le 17 avril de cette année a vu l'arrivée de 11 747 immigrants.
Ceux qui présentaient des signes de maladies étaient renvoyés à la maison ou gardés à l'hôpital de l'île pour une très longue période. Par la suite, on leur a posé une série de 29 questions incluant le nom, l'occupation et la quantité d'argent qu'ils avaient sur eux. Généralement, ces immigrants étaient acceptés immédiatement et passaient de 3 à 5 heures sur l'île. Cependant, plus de 3 000 immigrants sont décédés à l'hôpital. Certaines personnes ont également été rejetées, car on les considérait à risque de devenir chômeurs. Environ 2% des arrivants se virent voir leur admission rejetée aux États-Unis et furent renvoyés dans leur pays d'origine pour plusieurs raisons telles que leur santé ou leur passé criminel. Ellis Island était souvent surnommée The Island of Tears (l'île des pleurs) ou Heartbreak Island (l'île des cœurs brisées) à cause de ces 2% qui n'étaient pas admis après leur long voyage.
L'auteur Louis Adamic, venu de Slovénie en 1913, décrit la nuit qu'il a passé à l'Ellis Island. Lui et plusieurs autres immigrants dormirent sur des lits dans un long corridor. Lui manquant une couverture chaude, le jeune homme ne put dormir de la nuit, entendant les ronflements et plusieurs rêves se passant dans plusieurs langues différentes. La cuisine était tellement large qu'elle pouvait accueillir 1 000 personnes.
Durant la Première Guerre mondiale, le sabotage allemand du dépôt de munitions Black Tom Wharf a endommagé les bâtiments sur l'Ellis Island. Durant la guerre, l'île fut utilisée pour interner des marchands allemands et autres ennemis de guerre ainsi que comme un centre pour aider les soldats américains blessés et malades. Ellis Island recevait également plusieurs dizaines de milliers d'immigrants par an durant ce temps, mais beaucoup moins qu'avant guerre. Après celle-ci, le nombre remonta au niveau d'avant-guerre.
Après 1924 et les lois sur les quotas d'immigration de Johnson-Reed, qui ont considérablement diminué l'immigration et transféré aux ambassades le rôle de choisir les futurs arrivants, le centre est devenu un lieu de détention et d'expulsion pour les étrangers indésirables.
Pendant et après la Seconde Guerre mondiale, Ellis Island servit de base d'entraînement aux Gardes côtes et de camp pour les prisonniers de guerre. Environ 7 000 Allemands, Italiens et Japonais furent détenus sur l'île.
L'Acte sur la sécurité interne de 1950 interdit aux membres des organisations communistes et fascistes d'immigrer aux États-Unis. Plusieurs furent détenus à Ellis Island jusqu'en 1952, où plusieurs lois furent changées. En novembre 1954, Ellis Island fut finalement fermée et déclarée au patrimoine.
Ellis Island est sur la liste des places historiques du registre national.
Aujourd'hui, Ellis Island est le lieu d'un musée accessible par bateau du Liberty State Park, Jersey ainsi que par Manhattan, New York. La statue de la liberté se situe sur la Liberty Island, 1/2 mile au sud d'Ellis Island.
Immigration
L'île accueillit environ 12 millions de personnes entre son ouverture le 1er janvier 1892 et sa fermeture le 12 novembre 1954. La plupart des immigrés qui passaient par Ellis Island étaient européens, mais un nombre considérable d'entre eux venaient également de pays arabes dominés par l'Empire ottoman, qui a duré du XVe siècle au XXe siècle. La première immigrante se nommait Annie Moore, une jeune fille de 15 ans venant de comté de Cork en Irlande, le 1er janvier 1892 pour rejoindre avec ses deux frères, leurs parents, qui étaient venus à New York deux ans auparavant. Elle a été accueillie par les officiels et une pièce d'or de 10$.
La dernière personne à passer à Ellis Island fut un marchand norvégien du nom de Arne Peterssen en 1954. Après la signature du National Origins Acts en 1924, les seuls immigrants à venir à Ellis Island étaient des déportés ou des réfugiés de guerre. Aujourd'hui, plus de 100 millions d'Américains ont un ou plusieurs ancêtres qui sont arrivés en Amérique par l'île.
Un mythe persiste sur le fait que des officiels forçaient les immigrants à choisir de nouveaux noms sans leur désir. Aucune preuve historique n'étaye ce mythe. Les inspecteurs fédéraux étaient sous une strict vigilance bureaucratique et étaient plus intéressés à prévenir l'arrivée d'immigrants indésirables que de changer leur nom. En plus, les inspecteurs utilisaient la liste que les compagnies maritimes leur donnaient pour remplir leur dossier. Ce sont les seuls documents préparés à l'avance et ils n'étaient pas remplis par le bureau d'immigration des États-Unis, mais bien par les compagnies maritimes telles que Cunard Line, White Star Line, la North German Lloyd line, la Hamburg-Amerika Line, la Italian Steam Navigation Company, la Red Star Line, la Holland America Line, la Austro-American line, la French Line, etc.
Inspections médicales
Suivant l'examen médical des « soixante secondes », des symboles étaient écrits sur les vêtements des malades potentiels pour un suivi. Les médecins les évaluaient lorsqu'ils montaient les escaliers de la place des bagages au Great Hall. D'une manière ou d'une autre, les comportements des immigrants qui avaient de la difficulté à monter les marches étaient identifiés et étudiés. Certains sont parvenus à entrer au pays en enlevant les écritures sur leurs vêtements ou en tournant leurs vêtements dans l'autre sens.
Immigrants connus
Plusieurs immigrants ayant passé par Ellis Island ont eu beaucoup de succès aux États-Unis :
Lucky Luciano, Bob Hope, Isaac Berlin, Knute Rockne, Ben Shahn, Arshile Gorky, Pola Negri, Anna Q. Nilsson, Claudette Colbert, Chef Boyardee, Erich von Stroheim, Bela Lugosi, Karl Dane, Antonio Moreno, Felix Frankfurter, Father Flanagan, Joseph Stella, Jule Styne, Irène Bordoni, Charles Atlas, Isaac Asimov, Rafaela Ottiano, la famille Trapp, Ezio Pinza, Ludwig Bernelmans, John Kluge, Annie Moore, Hubert Julian, Anzia Yezierska, Sig Ruman, Michael Romanoff, Arthur Murray, Max Factor, etc.
Musée
Un pont relie l'Ellis Island au Liberty State Park au New Jersey. Il a été construit lors des rénovations de l'île. Celui-ci est présentement fermé au public.
Il existe un mur d'honneur en-dehors du bâtiment principal. Il s'agit en fait d'un mur offrant la possibilité aux gens de faire un don en honneur d'un immigrant.
La firme d'architecte Finegold Alexander + Associates Inc., avec l'aide d'une firme de New York, est responsable pour la restauration et l'adaptation des bâtiments. Un budget de construction de 150 millions a été nécessaire pour accomplir ce travail. Le musée est ouvert depuis le 10 septembre 1990.
Pour le centenaire d'Ellis Island, la section sud de l'île est la cible d'un projet de restauration où 28 bâtiments seraient remis à neuf.
Dans les films
Ellis Island a attiré l'imagination des réalisateurs et producteurs de film depuis l'époque du film muet. Des films de cet époque montrant la station inclut Traffic in souls (1913); The Yellow Passport (1916); My Boy (1921); The Strong Man (1926); We Americans (1928); Ellis Island (1936); Gateway (1938); et Exile Express (1939).
Plus récemment, l'île a été utilisée dans une scène du film Hitch, où les héros interprétés par Will Smith et Eva Mendes prennent des jet skis pour se rendre à Ellis Island et y explorer le bâtiment principal. Également, l'histoire de migrants sicilens de Golden Door, sorti en 2006, se déroule en partie sur Ellis Island s'achève par des scènes de l'île.
Le film 3D IMAX, Across the Sea of Time, ayant comme sujet l'expérience des immigrants de New York, incorpore des images récentes et des photographies historiques d'Ellis Island.
Ellis Island comme étant un port d'entrée vers les États-Unis est décrit en détail dans le film Mottel the Cantor's Son par Sholom Aleichem. C'est également l'endroit où Don Corleone est retenu comme un jeune immigrant dans Le Parrain 2. On le marque avec un X sur son chandail, symbole signifiant une personne présentant des troubles mentaux.
Dans le film X-Men (film), une rencontre des Nations unies sur l'île est la cible de Magneto, un ancien immigrant qui tente de changer artificiellement tous les délégués présents. Brother From Another Planet quant à lui s'ouvre sur Ellis Island.
Un documentaire sur l'hôpital d'Ellis Island a été tourné par Lorie Conway.
Juridiction fédérale
Le 15 octobre 1965, Ellis Island est proclamée partie intégrante de la statue de la Liberté, gérée par les services des parcs nationaux. L'île est sur le côté du New Jersey de la rivière Hudson. Durant la période coloniale, cependant, New York en avait pris possession, et le New Jersey avait accepté cette action. Dans une entente entre les deux états, approuvée par le Congrès des États-Unis en 1834, New Jersey acceptait que New York garde une juridiction exclusive sur l'île.
Par la suite, cependant, le gouvernement fédéral a agrandi l'île par des moyens artificiels pour accommoder la station d'immigration qui ouvrirait en 1892. L'agrandissement s'est poursuivi jusqu'en 1934. Neuf dixièmes de la superficie actuelle de l'île est de source artificielle et n'existait pas lors de l'entente de 1834.
New Jersey contestait que la nouvelle extension faisait partie du New Jersey. L'état éventuellement porta plainte, menant le maire de New York de l'époque, Rudolph Giuliani, à dire que son père, un immigrant italien ayant passé par Ellis Island, n'avait jamais voulu aller au New Jersey.
Cette dispute se rendit jusqu'à la Cour suprême des États-Unis, qui conclu en 1998 que le New Jersey a la juridiction sur toute la portion de l'île créée après l'entente de 1834. Cette décision amena plusieurs problèmes : quelques bâtiments, par exemple, tombaient sous la juridiction des deux États. Le New Jersey et New York décidèrent donc de partager l'île. Ellis Island reste la propriété du gouvernement fédéral, cependant, et aucun remaniement légal n'a amené le contrôle physique d'une partie de l'île à un État.
Bibliographie
- Récits d'Ellis Island. Histoires d'errance et d'espoir (INA/Éditions du Sorbier, 1980) de Georges Perec (en collaboration avec Robert Bober)
- Ellis island and other stories - Mark Helprin - (Bantam Books (Mm) (juin 1984)
Notes et références
Voir aussi
Articles connexes
- Cité nationale de l'histoire de l'immigration
- Statue de la Liberté
- Immigration aux États-Unis
- Loi d'immigration Johnson-Reed de 1924
- Carte de résident permanent aux États-Unis (ou green card)
Liens externes
- (en) Ellis Island Org Ce site permet après inscription de consulter les registres d'arrivée des immigrants, c'est une source d'informations importantes, on peut faire des recherche par patronyme et on y trouve le lieu de départ, le port de départ, l'éventuel lien de parenté des passagers, l'âge, le lieu de destination.
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