Egon Schiele

Egon Schiele
Egon Schiele
Egon Schiele en 1918
Egon Schiele en 1918

Naissance 12 juin 1890
Tulln
Décès 31 octobre 1918 (28 ans)
Vienne
Nationalité Flag of Austria-Hungary 1869-1918.svg Austro-Hongrois
Activité(s) Peinture et dessin
Formation Akademie der bildenden Künste Wien
Mouvement artistique Expressionnisme fortement imprégné par la Sécession Viennoise
Œuvres réputées Auto-portrait de 1912, Portrait d'Albert Paris von Gütersloh, 1918
Influencé par Gustav Klimt

Egon Schiele est un peintre et un dessinateur autrichien né le 12 juin 1890 à Tulln an der Donau près de Vienne et mort le 31 octobre 1918 à Vienne.

Sommaire

Biographie

Jeunesse et formation

À la naissance d'Egon, la famille Schiele loge dans un immeuble situé près de la gare de Tulln. Le père, né à Vienne, est chef de gare. Son propre père, pionnier de la construction des chemins de fer, avait participé à la réalisation de la ligne ouest entre Prague et Cheb. La mère d'Egon, née Soukupova en 1861 à Krumlov, est issue d'une famille de paysans et d'artisans de la Bohème du Sud. Egon grandit auprès de ses deux sœurs, Mélanie et Gerti - l'aînée, Elvira, étant décédée en 1893 à l'âge de dix ans.

Dès l'enfance, Egon Schiele marque un vif intérêt pour le dessin, auquel il s'exerce régulièrement. Sa scolarité se déroule successivement à l'école primaire de Tulln, au collège de Krems an der Donau et au lycée de Klosterneuburg. Dès 1905, année du décès de son père, il exécute ses premières peintures, notamment des autoportraits. Le décès de son père ternit sa jeunesse et lui donne une vision du monde sombre et torturée[1]. Son oncle, ingénieur et inspecteur supérieur des Chemins de fer d'État, devient alors son tuteur. S'appliquant à respecter les intentions du père d'Egon, il tente, sans succès, d'orienter le jeune garçon vers une carrière dans les chemins de fer, à l'École Polytechnique supérieure. Cependant, avec l'accord de sa mère et l'appui de son professeur de dessin, Schiele entre en 1906 à l'Académie des beaux-arts de Vienne. Il y apprend la peinture générale auprès du professeur Christian Griepenkerl, peintre académique conservateur. La relation entre les deux hommes s'avère difficile : Schiele, ne pouvant plus supporter la tutelle académique de ses maîtres, quitte l'Académie, suivi d'amis partageant les mêmes convictions[1].

Première expérience artistique

Il fonde alors le Neukunstgruppe (Groupe pour le nouvel art), se faisant ainsi remarquer par Arthur Roessler, critique d'art du Journal ouvrier, qui devient durant les années suivantes son principal protecteur. Parmi les membres de ce groupe se trouve Anton Peschka, que Schiele a rencontré à l'Académie. Leur amitié jalonne la vie de Schiele : chacun appuiera l'autre pour promouvoir leurs premières œuvres, et Peschka épousera en 1914 une des sœurs d'Egon, Gerti.

Schiele découvre à Vienne un art différent lors d'une exposition d'artistes du deuxième mouvement de la Sécession viennoise (ou Sezession, ou Secession), plus proche de l'Art nouveau. Âgé de 17 ans, il rencontre en 1907 Gustav Klimt, alors âgé de 45 ans, en qui il reconnaît son modèle et maître spirituel. L'admiration est réciproque entre les deux artistes.

1909 voit la première participation de Schiele à une exposition publique à Klosterneuburg. Il présente la même année ses œuvres à l'Exposition internationale des Beaux-Arts à Vienne (Internationale Kunstschau), qui lui permet d'établir ses premiers contacts avec collectionneurs, éditeurs et aussi architectes - tels Otto Wagner et Josef Hoffmann. Ce dernier dirige alors L'Atelier d'art de Vienne, fondée en 1903, visant au soutien des arts et de l'artisanat, pour laquelle travaillera Schiele en 1909 et 1910. Une des plus importantes commandes qui lui est alors faite, ne sera jamais réalisée : le portrait de Poldi Lodzinski, qui aurait dû être une fenêtre du palais Stoclet.

Indépendance vis-à-vis du Jugendstil et controverse

Le Cardinal et la nonne (1912)

Si à ses débuts, Schiele reste proche du Jugendstil (nom donné au mouvement Secession en Allemagne par la revue Jugend), il prend peu à peu ses distances. Il peint alors de nombreux portraits d'amis et autoportraits, qui sont exposés dans de nombreuses galeries autrichiennes et allemandes : à la Maison d'exposition de Budapest, avec le « Groupe du Nouvel Art », chez Glozt à Munich, avec les artistes du « Cavalier bleu », et à l'exposition du « Groupe Particulier » à Cologne. La critique est partagée, une petite partie seulement de l'opinion reconnaissant son talent, l'autre part allant même jusqu'à qualifier ses œuvres d'« excès d'un cerveau perdu ». Il adhère en 1911 au groupe « Sema » de Munich, auquel appartiennent déjà Paul Klee et Coubine.

Il rencontre en 1911 une jeune femme à la réputation sulfureuse, Wally Neuzil, déjà modèle de Klimt, qui devient son propre modèle et sa compagne. Tous deux emménagent en province, à Krumlov, près de la Vltava, en Bohème du Sud (aujourd'hui République tchèque). La ville met alors à sa disposition sa plus vaste salle pour qu'il y réalise ses grands formats. Cependant, les habitants de Krumlov manifestant un antipathie de plus en plus marquée pour la vie et les toiles trop audacieuses de Schiele, l'artiste se voit obligé de quitter la ville, pour s'installer avec sa compagne aux environs de Vienne. L'accueil de l'artiste n'y est guère plus ouvert : la profusion des dessins à caractère érotique de Schiele, couplée à des soupçons de détournement de mineurs à son encontre, conduisent à son arrestation en 1912. Il passe vingt et un jours en détention provisoire. Au procès, le juge le condamne à trois jours supplémentaires pour outrage à la morale publique en exposant dans un lieu public accessible aux enfants des œuvres outageantes aux bonnes mœurs, le détournement de mineur n'étant pas retenu[2]. Une centaine de ses peintures, majoritairement des nus, sont confisquées par le tribunal départemental. L'une de ses œuvres les plus célèbres de cette époque est Le Cardinal et la nonne, paraphrase expressionniste, provocatrice, du Baiser de son aîné Gustav Klimt. En prison, Schiele a créé une série de 13 tableaux illustrant les difficultés et l'inconfort d'être enfermé dans une cellule.

En 1913, Schiele rompt avec Wally Neuziel et voyage en Carinthie et à Trieste. Il loge quelque temps chez sa mère à Vienne, avant de trouver un atelier sur la Heitzingerstrasse, au no 101, où il travaille jusqu'en 1918.

Reconnaissance internationale

La renommée de Schiele s'accroît progressivement hors d'Autriche. En 1913 et 1914, il participe à de nombreuses expositions internationales : Budapest, Cologne, Dresde, Munich, Berlin, Düsseldorf, Bruxelles, Paris et Rome. Il est exposé pour la première au pavillon de la Sécession. Entre 1913 et 1916, il publie ses œuvres et poèmes dans l'hebdomadaire berlinois "Die Aktion". En 1916 sera publié un numéro spécial intitulé Cahier d'Egon Schiel, avec ses dessins et gravures sur bois. Schiele consacre ainsi son été 1914, auprès du peintre Robert Philippi, à l'apprentissage de la gravure sur bois, ainsi que l'eau-forte, suite à une recommandation de Roessler, qui espérait en tirer de meilleurs ventes. Cependant, Schiele abandonne rapidement ces deux techniques, les trouvant trop lentes à l'exécution. Il se consacrera au dessin et à la peinture, excepté deux autres lithographies en 1917.

Dès 1914, l'artiste se lie d'amitié avec les deux sœurs logeant en face de son atelier de la Heitzingerstrasse, Adèle et Edith Harms. Sur l'intervention de certains personnages reconnaissant son talent, il est dispensé du service armé, et fait son service de guerre dans l'administration. Il peut ainsi continuer de peindre, et d'exposer en Autriche, Allemagne, et Scandinavie. Quatre jour avant son service de guerre, il épouse Edith Harms, de trois ans son aînée, le 17 juin 1915, inaugurant ainsi une période moins tourmentée de sa création. Le 21 juin, il commence son service à Prague, accompagné d'Edith qui s'installe à l'Hôtel "Paris". Elle le suit aussi à Jindrichuv Hradec, où il suit son instruction de base. Schiele est ensuite placé aux environs de Vienne comme soldat de garde, et obtient la permission de passer son temps libre dans son atelier à Vienne. À partir de mai 1915, il exerce la fonction de clerc dans un camp de prisonniers en Basse Autriche, où il réalise quelques portraits d'officiers détenus. Il est transféré en 1917 dans l'Intendance impériale et royale de Vienne.

1918: Dernières œuvres et décès

Tombe d'Egon Schiele

Le 6 février 1918, Klimt décède, Schiele exécute son portrait sur son lit de mort. En mars doit se tenir la 49e exposition de la Sécession viennoise, qui aurait être présidée par Klimt lui-même. Schiele se charge alors de l'organisation et propose une affiche, intitulée La compagnie à la table, le montrant entouré d'amis peintres. Il expose 19 huiles et 29 dessins (dont une grande partie est réalisée à l'aquarelle), dans la salle principale du pavillon de la Sécession. L'exposition rencontre un franc succès : une part importante de ses œuvres est vendue, et Schiele obtient des commandes de portraits de personnalités, ce qui lui permet de louer un second atelier pour ses grands formats, rue Wattmann.

Le peintre n'a pas le temps de réaliser la plupart de ses commandes : le 28 octobre 1918, sa femme, alors au sixième mois de sa grossesse, décède de la grippe espagnole, qui se répand alors dans tout Vienne et fait des millions de victimes en Europe. Egon Schiele meurt de la même maladie trois jours plus tard, le 31 octobre 1918.

L'œuvre

Nu couché 1917.
La Famille (1918).

Schiele a laissé environ trois cents peintures, dix-sept gravures et lithographies, deux gravures sur bois, de nombreuses sculptures et 3000 dessins, aquarelles ou gouaches[3].

Celui-ci est très net, avec un trait marqué, énergique et sûr, parfois même violent. La connaissance du corps humain qu'a Egon Schiele est d'autant plus remarquable qu'il ne fait pas disparaître le squelette sous la chair, il le dessine dans la logique de ses mouvements et postures et lui donne ainsi trois dimensions, au lieu que ce soit deux, comme c'est souvent le cas chez d'autres artistes. Ses portraits et ses nus sont en outre saisis dans des poses insolites, voire caricaturales, Egon Schiele ayant étudié les attitudes de certains déments dans un asile psychiatrique, ainsi que les positions des marionnettes manipulées, ce qui donne cet aspect « désarticulé » propre à certains de ses personnages et à son art.

Le trait marqué, les poses complexes générant une multiplication de lignes obliques, la chair comme tuméfiée des corps, les fonds parfois tourmentés, la provocation de certains nus ont amené à rapprocher Schiele du courant expressionniste qui marque alors les pays germaniques. Néanmoins, le peintre ne recherche pas systématiquement la stridence de la couleur comme le font ses collègues allemands. Au contraire, les figures sont souvent sur un fond blanc, accentuant encore le dépouillement de leur nudité. C'est ce même dépouillement qui le différencie de Klimt ; ce dernier ayant une "horreur du vide" caractéristique de l'Art nouveau et du Jugendstil des années 1900.

L'œuvre de Schiele occupe également une place essentielle dans l'histoire des relations entre art et érotisme. Certains de ses nus prennent des poses explicites : par exemple, le modèle de Vu en rêve (1911) ouvre son sexe face au spectateur. L'artiste a aussi largement traité le thème de la masturbation féminine et masculine dans des œuvres que l'on pourrait qualifier de pornographiques encore aujourd'hui (L'Hostie rouge, Eros ou Autoportrait se masturbant, tous de la même année 1911).

Enfin, il faut souligner la part allégorique de l'œuvre de Schiele. Les titres de certains tableaux (Agonie, Résurrection...) et certains de ses propos abondent dans ce sens. Schiele affirmait le rôle spirituel de l'art, il disait en 1911 que ses œuvres devraient être exposées dans des "édifices semblables à des temples" et avait pour projet en 1917-1918 la construction d'un mausolée que l'on croit dédié aux morts de la Grande Guerre[4]. Le célèbre tableau La Famille (1918) affirme cette part allégorique : Schiele se représente avec sa femme et son enfant alors même qu'il n'est pas encore père et ne le sera jamais, car lui, comme sa femme, enceinte, peu de temps avant, meurent de la grippe espagnole. Ce tableau sera son dernier.

Les autoportraits

Autoportrait d'Egon Schiele en 1912

Schiele a fait près d'une centaine d'autoportraits se représentant parfois nu, avec un visage desséché et tourmenté, ou affligé d'un strabisme impressionnant, allusion humoristique à son nom de famille: en effet, le verbe « schielen » signifie loucher en allemand, et nombre de critiques hostiles à son art n'hésitaient pas à en faire des jeux de mots.

Ses peintures provoquaient et provoquent sans doute encore les spectateurs, suscitant chez eux un certain malaise par leur rapport à la mort et à l'érotisme, mais aussi par certaines couleurs verdâtres de la décomposition.

Poésie

Egon Schiele a également écrit des poèmes dont certains ont été traduits par Nathalie Miolon :

  • Moi, éternel enfant (Ich ewiges Kind), Chambéry, France, Éditions L'Act Mem, 2009, 3e éd. (1re éd. 1996), 84 p. (ISBN 978-2-35513-041-0).
    Édition bilingue
     

Musées

  • Palais du Belvédère: dans le Palais du Belvédère à Vienne, se trouvent des peintures importantes de Schiele
  • Musée Leopold : Le musée Leopold est dans le Museumsquartier à Vienne, et il y a la plus grandes collection du monde des peintures de Schiele.

Film

  • Egon Schiele, enfer et passion, Allemagne/F/AUT, 1980, avec Mathieu Carriere et Jane Birkin. Une biographie cinématographique de Egon Schiele.

Galerie

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Notes et références

  1. a et b Le Monde des arts.com
  2. http://www.egon-schiele.net/biography.html
  3. Kallir J, Erotica Schiele, Ed Anthése
  4. Jane Kallir, Egon Schiele, L'Œuvre complet, Gallimard, 1990

Voir aussi

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Articles connexes

Bibliographie

  • Dictionnaire Bénézit, Dictionnaire critique et documentaire des peintres,sculpteurs, dessinateurs et graveurs de tous les temps et de tous les pays, vol. 12, éditions Gründ, janvier 1999, 13440 p. (ISBN 2700030222), p. 416-419 


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