Adrien Alary

Adrien Alary

Adrien Alary est un homme politique français le 9 novembre 1897 à Ginals (Tarn-et-Garonne) et mort le 8 septembre 1982 à Castelsarrasin (Tarn-et-Garonne).

Biographie

Agent dassurances. Militant et conseiller municipal radical-socialiste à Castelsarrasin de 1929 à 1941, puis maire nommé par Vichy du 5 mars 1941 à août 1944, destitué en 1945 par la Résistance locale, élu maire de Castelsarrasin en avril 1945 et sans interruption jusquen 1977, conseiller général de Castelsarrasin (1945-1973), vice-président du Conseil général de Tarn-et-Garonne.

Élève doué, Adrien Alary interrompit ses études après le baccalauréat pour participer à la Grande Guerre. Blessé grièvement en 1917, il obtint la Croix de guerre avec quatre citations. Après sa démobilisation en septembre 1919, il prit la direction de la Caisse dÉpargne de Castelsarrasin. Cette position enviable le rapprocha en quelques années des notables radicaux qui tenaient la sous-préfecture de Tarn-et-Garonne. Dabord élu conseiller municipal en mai 1929, il fut constamment réélu à ce mandat. À la faveur des élections municipales de mai 1935, Joseph Flamens, la figure emblématique du radicalisme castelsarrasinois, le prit comme deuxième maire-adjoint.

À la veille de la défaite, Alary fut mobilisé et participa activement à la Drôle de guerre. Il en revint blessé et à nouveau avec quatre citations militaires. De retour à Castelsarrasin, la vie semblait reprendre tranquillement son cours. Si la totalité des parlementaires radicaux tarn-et-garonnais votèrent les pleins pouvoirs au maréchal Pétain, et contribuèrent ainsi à mettre fin à la IIIe République, les édiles locaux, à linstar de Joseph Flamens, naccordaient quune confiance limitée au vainqueur de Verdun. Lappartenance dun grand nombre de radicaux-socialistes à la franc-maçonnerie, ne pouvaient quaggraver leur dissentiment au nouveau régime qui venait de voter linterdiction des loges maçonniques. Lattachement aux valeurs de la République, à la laïcité, fut plus grand pour Joseph Flamens, qui préféra démissionner de son mandat le 22 février 1941, avec la majorité de son conseil municipal. En effet, l'État français, obligeait la formation de conseils municipaux favorables au nouveau régime, et avait de ce fait réclamé à Flamens son allégeance. Cependant, quatre membres du Conseil municipal refusèrent dabandonner leurs charges municipales. Avide de pouvoir, de reconnaissance ou simple désir de voir perdurer son action délu local, Adrien Alary, ainsi que les conseillers municipaux Bru, de Beaufort et Redon ne démissionnèrent pas. Par arrêté préfectoral du 4 mars 1941, Alary fut nommé maire de Castelsarrasin.

Ce jeune quadragénaire qui rêvait de prendre la place de Joseph Flamens, ne manifesta pas beaucoup denthousiasme en faveur du maréchalisme. En juin 1942, il sopposa à la requête de la Légion française des combattants, qui souhaitait voir le buste du maréchal Pétain remplacer, dans la salle du Conseil, le buste de Marianne, et inscrire à la place de la devise républicaine, celle du nouveau régime : « Travail, Famille, Patrie ».

Dès lannée 1943, Alary joua un double jeu. Tout en demeurant le maire nommé par Vichy, il fut en contact avec des organisations de la résistance locale, même si certains de ces détracteurs semblaient y voir un engagement plus pragmatique que sincère. Alary qui navait pas en sympathie les soldats allemands quil avait combattu courageusement par deux fois, ne pouvait guère se rapprocher de la Résistance radicale menée par Joseph Flamens et Faustin Bésiers. Dans un département le PCF navait jamais pu véritablement simplanter - même avec la présence de lusine française des métaux qui employait plus de 1.000 ouvriers -, Alary trouva sans grande difficulté des alliés parmi les communistes locaux. En relation directe avec Marcel Guiche qui était lun des principaux dirigeant castelsarrasinois du parti communiste clandestin, Alary fournissait « de fausses cartes didentité faites au commissariat de police et des bons dalimentation », témoigne le cadre communiste. Attachement à certaines valeurs nationales, ou encore sentiment que lopinion était de plus en plus hostile à la collaboration, les autorités suspendirent Alary un mois de son mandat de maire, après quil a déposé une gerbe au monument aux morts de la ville, pour commémorer le 14 juillet 1943. On peut constater que ladhésion dAdrien Alary au régime de Vichy en 1941 avait changé de nature en 1943. Ses sentiments patriotiques affectés par la présence de loccupant, les compromissions du régime français, le firent basculer comme bon nombre danciens combattants de la Grande Guerre, dune résistance passive, à une résistance active. Cest ainsi quil adhéra au Front national, organisation dobédience communiste qui visait à la Libération de la France. Il devait en devenir plus tard le président local. Cette adhésion et ses prises de positions ne suffirent pas lorsque, le 21 août 1944, les FFI sinstallèrent à la caserne Banel, et que Comité local de Libération sinstalla à la mairie. Alary préféra alors se cacher, par crainte de représailles de la part de ses anciens amis radicaux. Marcel Guiche témoigne en outre, avoir demandé au parti communiste de protéger Adrien Alary - alors membre du Front National - dans léventualité des membres de lArmée Secrète, dirigée par Faustin Bésiers, sen prendraient à lui.

Le 8 septembre 1944, par arrêté préfectoral, Adrien Alary était démis de ses fonctions de maire et exclu du parti radical-socialiste, pour avoir « exercé ses fonctions sous le gouvernement de Vichy ». Joseph Flamens fut réintégré dans son mandat, pour lequel il avait démissionné en 1941. Les dissensions au sein du nouveau conseil municipal le firent renoncer quelques jours plus tard. Rival politique dAlary, Faustin Bésiers du même âge que lui et qui prit par à la Libération de la commune, à la tête des troupes FFI, profita du moment pour être nommé maire provisoire.

Le temps de lépuration passé, Alary reprit part à la vie politique de la commune. Soutenu par le Parti communiste et le Front national, il demeura aux commandes du comité castelsarrasinois du Front National, malgré les multiples attaques menées par la presse socialiste et le MLN. Le principal organe de presse socialiste, LEspoir, le qualifiait ainsi en février 1945 : « décidément le Front national na aucune vergogne. Il persiste à maintenir le pétainistement célèbre Alary à la tête de son mouvement de Castelsarrasin. Maire nommé par Pétain et Laval, faisant édifier un buste à son seigneur Pétain, encourageant la jeunesse dans des discours enflammés à suivre le maréchal dans la voie de la révolution nationale... va le Front national ? ». Ces attaques diffamatoires sintensifièrent lorsque Alary annonça quil se présentait aux premières élections municipales qui devaient se dérouler en avril 1945. Candidat sans autre étiquette que celle du Front national, Alary mena une liste, dite dunion républicaine, composée de communistes, de radicaux dissidents et dadhérents du Front National. Opposé à son rival radical-socialiste Béziers, Alary lemporta au second tour, par 2 293 voix, contre 1 422 pour F. Bésiers. Alary, de ce fait, demeura suspendu moins de huit mois de son mandat de maire. Il fut, dès lors, élu sans discontinué jusquen 1977. Profitant de sa popularité, il prit également le canton de Castelsarrasin dès les élections cantonales doctobre 1945, mandat quil conserva également jusquen 1973. Habile politique et fin manœuvrier, il réussit en février 1947 à adhérer à la SFIO, parti qui lavait pourtant copieusement calomnié dans les éditoriaux de lEspoir, sur sa « conduite » durant loccupation. Le parti socialiste qui demeurait en minorité dans ce département tenu par les radicaux, ne pouvait guère refuser ladhésion dun élu aussi brillant. En effet, Alary se fit remarquer à de nombreuses reprises dans lhémicycle du Conseil général, en sopposant au patron du parti radical-socialiste, Jean Baylet. Si ses positions ne lempêchèrent pas dêtre élu vice-président du Conseil général le 26 octobre 1951 (19 voix sur 21 votants), il ne fut jamais candidat aux élections législatives de son arrondissement. Ses activités politiques narrêtèrent pas non plus de mener a bien une carrière professionnelle comme assureur conseil. Dans le même temps, il acquérait pour son épouse Yvonne une librairie-papeterie quils cédèrent à leurs fils Robert en janvier 1966.

On pourrait sinterroger sur les raisons de la longévité politique dAdrien Alary, qui, durant près de quarante ans, tint en un véritable fief la mairie de Castelsarrasin. Peu doctrinaire, il sut être à lécoute de ses administrés, et sut habilement utiliser son mandat de Conseiller Général, pour mener une politique active de modernisation de sa commune. En effet, Alary réussit à valoriser considérablement Castelsarrasin qui nétait alors quune petite ville de 8 000 habitants. Un stade, une piscine municipale furent édifiés ainsi quun CES et un Lycée. Octogénaire, Adrien Alary quittait définitivement la politique en 1977. Quatre ans plutôt, il avait abandonné son mandat de conseiller général.

Sources

Archives nationales, F/1a/3228 ; F/1cII/207 ; F/1cII/280 ; F/1cII/305 ; F/1cII/703 ; CAC, 19830172, article 069Archives départementales du Tarn-et-Garonne 1014W56, 1014W82 ; 1014W331 ; 1063W19Archives de lOURS, dossier Tarn-et-Garonne et notice personnelle -- Le Patriote de Toulouse, 10 février 1945 ; LEspoir 11 avril 1945 ; La Dépêche du Midi, 2 juin 1970 ; Sud-Ouest, 22 avril 1975Témoignage de Robert Alary, le 4/9/2002

Bibliographie

  • Max Lagarrigue, Le parti communiste tarn-et-garonnais de limplantation à lessor (1920-1947), mémoire de maîtrise, université Toulouse-Le Mirail, 1996, 2 volumes ;
  • Max Lagarrigue, 1936-1946, le PCF tarn-et-garonnais de limplantation à lessor, Bulletin de la Société Archéologique et Historique de Tarn-et-Garonne, Montauban, tome CXXIII, 1998, p. 171-204. Voir également la Revue Arkheia

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