Droite prolétarienne

Droite prolétarienne

Syndicalisme jaune

Le « syndicalisme jaune » (connu également sous les noms de : Mouvement jaune, Syndicats jaunes, les Jaunes ou « Droite prolétarienne », selon l'expression de Zeev Sternhell) est un mouvement syndicaliste français, mais connu sous cette dénomination dans d'autres pays, comme les pays francophones, mais aussi anglophones (yellow unions). Cette forme de syndicalisme (constitué en opposition aux syndicats « rouges », c'est-à-dire socialistes ou communistes) refuse certains modes d'action comme la grève et l'affrontement contre le patronat. Ce terme vient du mouvement créé par Pierre Biétry le 1er avril 1902, la « Fédération nationale des Jaunes de France ». Pour les grévistes, les jaunes étaient les non grévistes. Ce qualificatif s'est généralisé et a pris un sens péjoratif, désignant les « traîtres ».

Sommaire

Histoire

Le premier syndicat jaune est fondé en novembre 1899 à Montceau-les-Mines (Saône-et-Loire) par un petit groupe de mineurs qui refusent de participer aux mouvements de grève. Dès 1900, des anarchistes analysent aussi la volonté d'utiliser le jaune qui est la couleur papale[1], par les catholiques et chrétiens voulant investir le monde social[2]. Son audience s'étend à partir de 1901 avec la création de l' « Union fédérative des syndicats et groupements ouvriers professionnels de France et des colonies » qui se veut l'organisation nationale des jaunes. Elle est dirigée par Paul Lanoir. Le nom de « jaunes » viendrait aussi du fait que les vitres du local de réunion sont sans arrêt brisées, et remplacées par du papier huilé de couleur jaunâtre, ou encore du fait des œufs que les syndicalistes et ouvriers rouges lançaient sur leurs homologues du syndicat jaune.[réf. nécessaire]

Selon Biétry lui-même, dans son ouvrage Le socialisme et les jaunes, son but est de « réaliser la renaissance nationale en créant la réconciliation des classes sur un programme de justice sociale ».

Dans les faits, ce mouvement s'oppose vigoureusement au mouvement socialiste et il cesse d'y faire référence en 1904. Ce mouvement est alors soutenu par les nationalistes jusqu'à certains organes radicaux qui pensent tenir là une force nouvelle capable de faire face à la gauche marxiste. Il est soutenu financièrement par de grands industriels, le duc d'Orléans ou la duchesse d'Uzès. Présent vers l'Est, le Nord de la France ou à Paris, on estime que le mouvement a atteint les 100 000 adhérents.

En mai 1908, Biétry scinde son mouvement en un parti politique, le Parti propriétiste et un syndicat la Fédération syndicaliste des Jaunes de France. Aux socialistes, Biétry oppose la participation des ouvriers à la propriété des moyens de production (le « propriétisme »). À la lutte des classes, les jaunes opposent collaboration des classes au sein de « la grande famille du travail », unie dans une « inséparable communauté d'intérêts ».[3]

Le terme de « jaunes » a ensuite, par une sorte d'inversion dialectique, souvent été utilisé par les dirigeants de l'URSS pour qualifier les travailleurs réticents à se soumettre au régime, pour quelque raison que ce soit, notamment les grévistes. Ainsi, Trotsky d'écrire dans la Pravda du 12 Février 1920, « la meilleure place, pour un gréviste, ce moustique jaune et nuisible, c'est le camp de concentration »[réf. nécessaire].

Les jaunes après 1945

Les syndicats héritiers des Jaunes sont dispersés et changent souvent de nom : Condédération générale des syndicats indépendants, Confédération française du travail, Confédération des syndicats libres, Union française du travail, etc.

Au nom de la productivité, la CGSI s'oppose aux nationalisations. Cette logique l'a poussée à dénoncer les fonctionnaires assimilés parfois à « une bureaucratie fainéante et gaspilleuse » (Travail et liberté, 29 octobre 1949) et à proclamer la nécessité de l'économie de marché et du libéralisme. En décembre 1974, la CFT préconise « la concertation permanente à tous les niveaux en instituant une décentralisation et une large délégation des pouvoirs ».

D'une manière générale, les « jaunes » ont rejeté toute référence au fascisme, mais continuent à montrer une opposition frontale à la gauche et à la CGT. Cependant, dans sa pratique de cogestion, il leur arrive de cogérer des comités d'entreprise avec la CFTC, la CFE-CGC, la CFDT.

Aujourd'hui

L'expression « syndicat jaune » est le nom donné par des syndicats à un autre, accusé d'être opposé aux conflits de classe et d'être conciliant avec le patronat.

Ces accusations sont formulées par exemple lors d'un appel à ne pas faire grève lorsque la plupart des autres syndicats y appellent ou lors de la signature d'accords de branche auquel la plupart des syndicats sont opposés.

Individuellement, un « jaune » peut aussi désigner un travailleur engagé par un patron pour briser une grève ou lors d’une grève, un travailleur qui refuse d’y participer.

Liens internes

Bibliographie

Sur le mouvement Jaune avant 1914, on peut lire :

Notes et références

  1. Drapeau du Vatican
  2. Brochure de l'union des anarchistes européens , « programme de 1900 » (écrit entre 1894 et 1899) : chapitre sur « nos couleurs »
  3. Paul Lanoir, Discours au premier banquet des Jaunes, L'Union ouvrière, 1902.
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