- Dom Lobineau
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Guy Alexis Lobineau
Guy Alexis Lobineau, dit Dom Lobineau, né en 1666 à Rennes, décédé en 1727 à Saint-Jacut-de-la-Mer, est un historien breton, moine bénédictin de la congrégation de Saint-Maur.
Sommaire
Biographie
Il fit profession dans l'abbaye de Saint-Melaine de Rennes, à l'âge de dix-sept ans : ses supérieurs, lui ayant reconnu de l'application au travail, l'engagèrent à terminer l' Histoire de Bretagne, commencée par dom Legallois, et il en publia 2 volumes en 1707.
En 1707, après avoir complété les longues recherches de Jean Audren de Kerdrel, bénédictin érudit de Landunvez, et de ses collaborateurs, recherches financées par les États de Bretagne, il publie une Histoire de Bretagne. Il réussit à établir que les ducs de Bretagne, héritiers des anciens rois bretons, et leur pays la Bretagne, étaient indépendants de la France et de l' Angleterre : cette opinion fut réfutée, à tort, par l'abbé de Vertot et Claude Dumolinet, dans plusieurs écrits[1], où l'on voit la thèse fausse qui prétend que la Bretagne relevait de la couronne de France.
Malgré la pression du pouvoir d' Etat français, dom Lobineau essaya de faire prévaloir le sentiment qu'il-avait adopté ; mais dom Liron, ayant relevé l'erreur dans laquelle il était tombé au sujet de l'époque où la foi fut prêchée en Bretagne, il se contenta de supprimer le passage censuré, et soutint que dom Liron citait à faux. Il avait le projet de continuer son Histoire de Bretagne, et il publia même le prospectus de deux nouveaux volumes qui devaient contenir la généalogie des plus illustres maisons : mais il abandonna cette entreprise.
Dom Lobineau se chargea de continuer l' Histoire de Paris, laissée imparfaite par dom Michel Félibien, et il la publia en 1725[2], II revint ensuite en Bretagne et il séjourna à l' Abbaye bénédictine de Landouar en Saint-Jacut-de-la-Mer de décembre 1726 jusqu' à sa mort le 3 juin 1727. C'était un homme très laborieux, et versé dans la connaissance des langues et des usages de l'antiquité.
- Archives
Le 29 octobre 1728, les États de Bretagne décident qu'il serait fait un inventaire de ses papiers. Source : C 3796.
Publications
On a de lui :
- Histoire de Bretagne, composée sur les actes et auteurs originaux, Paris (Rennes), 1707, 2 vol. in-fol. Le tome 1er contient l'histoire de cette province, depuis 458 jusqu'à 1532, divisée en 20 livres ; le tome 2 renferme les preuves, et il est fort estimé ; on trouve à la fin un glossaire pour l'intelligence des mots difficiles. Cette histoire a été surpassée par celle de dom Morice ;
- Plusieurs Ecrits en réponse aux critiques de l'abbé de Vertot, du P. Dumolinet, de dom Liron, etc. ;
- Histoire des saints de la province de Bretagne, et des personnes qui s'y sont distinguées par une éminente piété, Paris (Rennes), in-fol. Ce recueil a son utilité.
- Histoire de la ville de Paris, ibid., 1725, 5 vol. in-fol. ; les deux premiers sont de dom Felibien ; les trois autres, qui renferment les preuves, ont été mis en ordre par dom Lobineau.
Il a traduit de l'espagnol, de Michel de Luna, l'Histoire des deux conquêtes de l'Espagne par les Maures, Paris, 1708, în-12. C'est un tissu de fables et d'événements romanesques. Il a laissé en manuscrit une Histoire de la ville de Nantes, de la chambre des comptes de Bretagne, des barons et des droits seigneuriaux de cette province, la traduction des Ruses de guerre de Polyen, et celle du Théâtre d'Aristophane. La traduction des Ruses de Polyen a été publiée par le P. Desmolets, avec celle des Stratagèmes de Frontin par Perrot d'Ablancourt, Paris, 1743, 2 vol. in-12 ; elle est très estimée et les notes y ajoutent un nouveau prix. M. Renouard possède une copie du texte d'Aristophane, par dom Lobineau, et le manuscrit original de la traduction du même auteur[3]. La copie est partagée en deux volumes in 4°, non chiffrés.
« L'argument de chaque pièce, les noms des auteurs et la plus grande partie des notes marginales sont en français ; le reste des notes est en latin et quelquefois en italien ; le grec est assez bien peint, et le tout est très proprement et très nettement écrit. »(Mélanges de critique, t. 3, p. 178). La souscription nous apprend que dom Lobineau n'avait mis que deux mois à transcrire cet ouvrage ; elle est datée de l'an 1695 et suivie de son monogramme et de cette double anagramme, l'une latine et l'autre française Lux Dei vas nobile ; Beau lion[4]. La traduction forme 3 volumes in-8°, et est intitulée l'Ancienne comédie grecque, ou le Théâtre athénien d'Aristophane, avec des notes et une préface historique et critique, servant de commentaire général. Cette préface, qui est très curieuse, a été publiée presque en entier, par Chardon de la Rochette, dans le Magasin encyclopédique, 2e année, t. 1er, et dans ses Mélanges de critique et de philologie, t. 3, p. 178-260. Renouard, devenu possesseur de cette traduction, avait d'abord pensé à la mettre au jour ; mais il en a été détourné par la raison que les passages graveleux y sont rendus d'une manière peu décente, et que le tour suranné d'un assez grand nombre de locutions aurait nécessité des corrections qui l'auraient dénaturée (voir : Catalogue de la bibliothèque d'un amateur, t. 2, p. 217).
C'est à tort qu'on a attribué à dom Lobineau les Aventures de Pomponius, chevalier romain. Ce roman licencieux est de dom Labadie, il a été publié en 1724 ; et avec des additions, par l'abbé Prévost, en 1728 in-12, sous la rubrique de Rome. Suivant les auteurs de la Bibliothèque historique de France, dom Lobineau a eu part à la nouvelle édition du Glossaire de Ducange.
Notes et références
- ↑ L'abbé de Vertot publia : Traité historique de la mouvance de Bretagne, Paris, 1710, in-12 ; Histoire critique de l'établissement des Bretons dans les Gaules, et de leur dépendance des rois de France et des ducs de Normandie, etc., Paris, 1720, in-12, et C. Dumolinet, (deux) Dissertations sur la mouvance de Bretagne, par rapport au droit que les ducs de Normandie y prétendirent, etc., Paris. 1711, in-12.
- ↑ L'Histoire de la ville de Paris forme 8 volumes in-fol.
- ↑ Ce fut l'abbé Mercier de Saint-Léger qui sauva 'ces deux manuscrits d'une destruction inévitable. Ecoutons Chardon de la Rochette :
« Dans les premiers jours de septembre 1792, notre célèbre bibliographe, Mercier de St-Léger, me fit l'amitié de a me communiquer ces deux manuscrits qu'il venait de conquérir sur l'épicier, en me permettant, avec son honnêteté et son désintéressement ordinaires, d'en extraire pour moi et d'en publier tout ce que j'y trouverais à ma convenance. »
- ↑ On trouve dans ces mots : ALEXIDUS LOBINEUS, Lux Dei vas nobile, et dans Beau lion, LOBINEAU.
Source partielle
« Guy Alexis Lobineau », dans Louis-Gabriel Michaud, Biographie universelle ancienne et moderne : histoire par ordre alphabétique de la vie publique et privée de tous les hommes avec la collaboration de plus de 300 savants et littérateurs français ou étrangers, 2e édition, 1843-1865 [détail de l’édition]
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