Aliénor de Bretagne (1185-1241)

Aliénor de Bretagne (1185-1241)
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Aliénor de Bretagne ou Aliénor Plantagenêt, surnommée « la Brette[1] », née en 1185 (ou 1184[2]), est la fille de Geoffroy Plantagenêt et de Constance de Bretagne. Son oncle Jean sans Terre, puis son cousin Henri III la retiennent captive jusqu’à sa mort, en 1241.

Sommaire

Biographie

Le père d'Aliénor est le quatrième des fils d'Henri II d'Angleterre. Il vient après Richard Cœur de Lion et précède Jean, dans l'ordre de succession pour tout l’empire Plantagenêt (Anjou, Maine, Touraine, Normandie, Poitou, Aquitaine, Angleterre). Aliénor n’a qu’un an ou deux lorsque ce père meurt, le 19 août 1186[3], faisant d’elle l’héritière de Richard selon la coutume angevine[4]. Par sa mère, elle est héritière de la Bretagne et du comté de Richemont (au nord de l’Angleterre). Elle sera précédée dans tous ces droits par son frère, du vivant de celui-ci[5]. En ce qui concerne l’héritage Plantagenêt, les droits des deux enfants de Geoffroy vont donc primer ceux de leur oncle Jean[6]. Ce qui va faire leur malheur. Arthur, le frère d’Aliénor, naît dans la nuit du 29 au 30 avril 1187[7], huit mois après la mort de leur père.

En 1192, la fillette part en Autriche, son oncle Richard Cœur de Lion, prisonnier, ayant été contraint de la fiancer au fils du duc Léopold. À la mort du duc (31 décembre 1194), Aliénor revient en Bretagne. Un mariage est envisagé avec Louis, fils de Philippe Auguste. Mais le projet reste sans suite.


 
 
 
 
 
 
 
 
 
Henri II d'Angleterre
1133-1189
 
 
 
Aliénor d'Aquitaine
1122-1204
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Guillaume
1153–1156
Henri le Jeune
1155-1183
Mathilde
1156-1189
Richard
1157- 1199
Geoffroy
1158-1186
 
Constance de Bretagne
1161-1201
 
Aliénor d'Angleterre
1161-1214
Jeanne
1165-1199
Jean
1166-1216
 
Isabelle d'Angoulême
1186-1246
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Aliénor
1185-1241
 
Arthur
1187-1203
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Henri III
1207-1272

Captivité

Sous Jean sans Terre

Aliénor est enlevée par son oncle Jean. On ignore à quelle date, où, et dans quelles circonstances[6]. Jean se proclame son tuteur. Elle restera prisonnière toute sa vie. Richard Cœur de Lion meurt en 1199. La duchesse Constance meurt en 1201. Arthur, prisonnier de Jean, est probablement assassiné, sur ordre de son oncle, en avril 1203[8]. Mais on n'apprendra sa mort que cinq ans plus tard.

Le 6 décembre 1203, fuyant la Normandie, Jean débarque en Angleterre avec sa captive. Au printemps 1204, Philippe Auguste réclame la libération d’Aliénor. En 1208, les évêques bretons font de même. Ce n’est qu’en cette année 1208 que la mort d’Arthur est connue. La prisonnière est contrainte, faisant valoir ses droits sur la Bretagne et sur le comté de Richemont, de préciser qu’elle confie le pouvoir à Jean. En 1214, Aliénor est détenue en France (campagne malheureuse de Jean, de février à juillet, qui se solde par la défaite de La Roche-aux-Moines), puis elle revient en Angleterre.

Sous Henri III

Quand Jean sans Terre meurt en 1216, Henri III lui succède, et Aliénor reste encore prisonnière vingt-cinq ans. Parmi ses lieux de captivité, on connaît Gloucester, Marlborough et enfin Bristol, où elle meurt, le 10 août 1241. Elle est enterrée au couvent d’Ambresburg[9] (Amesbury).

Légende

La Chronique de Lanercost[10] prétend que, peu avant la mort d’Aliénor, Henri III, pris de remords, ou soucieux de légitimer le pouvoir de sa descendance, aurait donné sa couronne à la captive. Elle ne l’aurait gardée que trois jours, et en aurait fait don au tout jeune prince Édouard (le futur Édouard Ier, né deux ans avant la mort d’Aliénor).

Notes et références

  1. La Bretonne. Dom Lobineau, Histoire de Bretagne, I, p. 171, CLIX.
  2. On sait seulement qu’« elle avait un ou deux ans quand mourut son père le 19 avril 1986 ». (M. Prévost, in J. Balteau (dir.), M. Barroux et M. Prévost, Dictionnaire de biographie française, II, p. 6.)
  3. Dom Morice, Histoire ecclésiastique et civile de Bretagne, III, p. 118 ; Arthur Le Moyne de la Borderie, Histoire de Bretagne, III, ERO, Coop Breizh, 1998, p. 285 ; Auguste Dupouy, Histoire de Bretagne, Calligrammes, Ar Morenn, 1983, p. 87 ; Yann Brekilien, Histoire de la Bretagne, France-Empire, 1993, p. 134 ; Alison Weir (« le 18 ou le 19 août 1186 »), Aliénor d’Aquitaine : reine de cœur et de colère, Siloë, 2005, p. 310 : les historiens s’accordent généralement sur cette date. Georges Minois (Nouvelle Histoire de la Bretagne, Fayard, 1992, p. 231) dit « en août 1186 », de même que Jean Flori, Aliénor d’Aquitaine : la reine insoumise, Payot & Rivages, 2004, p. 184. Régine Pernoud, Aliénor d’Aquitaine, Albin Michel, 1965, p. 165, dit « en 1186 ». Marie-Aline de Mascureau propose le 21 août 1187 (« Chronologie », primitivement publiée dans Aliénor d'Aquitaine. Revue 303, hors-série n° 81, Nantes, 2004, in Edmond-René Labande, Pour une image véridique d’Aliénor d’Aquitaine, réédité avec une préface de Martin Aurell par la Société des antiquaires de l'Ouest-Geste éditions en 2005. ISBN 2-84561-224-9, p. 142).
  4. « Les coutumes angevines, à la différence de celles d'Angleterre, admettaient la représentation, c'est-à-dire qu'elles permettaient à un héritier en ligne directe de recevoir la part de son père disparu. » Gérard Sivéry, Philippe Auguste, Plon, 2003, p. 170.
  5. Concernant l'héritage Plantagenêt, Richard Cœur de Lion, par le traité de Messine, en mars 1191, va désigner Arthur pour son successeur.
  6. a et b J. Balteau (dir.), M. Barroux et M. Prévost, ibid.
  7. Dom Lobineau, op. cit, I, p. 172, CLXII. Dom Morice, op. cit, III, p. 119.
  8. Yann Brekilien, op. cit., p. 138. On n'est sûr de rien : ni de la date, ni du lieu, ni des circonstances, ni de l'implication de Jean.
  9. J. Balteau (dir.), M. Barroux et M. Prévost, op. cit., p. 7. Fondé en 1177 pour remplacer un monastère bénédictin, ce prieuré double fontevriste se trouvait non loin de Stonehenge. Une autre Aliénor de Bretagne y sera religieuse, de 1281 à 1290. Le couvent sera détruit en 1540.
  10. The Lanercost Chronicle, ed. and trans. H. Maxwell, 1913.

Bibliographie

  • Matthieu Paris, Chronica Majora, dans Rerum britannicarum Medii Aevi scriptores, Longmans, Londres, 1872-1883, t. II, p. 325, 660, 661 ; t. III, p. 270 ; t. IV, p. 153, 175.
  • Dom Lobineau, Histoire de Bretagne, Palais Royal, 1973, t. I, p. 171, 175-176, 192-194.
  • Dom Martin Bouquet, Recueil des historiens des Gaules et de la France, V. Palmé, Paris, 1840, t. XVII et XVIII, passim, ebook de l’édition Palmé.
  • Dom Morice, Histoire ecclésiastique et civile de Bretagne, Gregg, 1968, t. I, p. 119-123.
  • Léopold Delisle, Catalogue des actes de Philippe Auguste, A. Durand, 1856, n. 752.
  • Charles Edmond Petit-Dutaillis, Étude sur la vie et le règne de Louis VIII (1187-1226), Bouillon, Paris, 1894, p. 5, 84. Rééd. Slatkine, Genève, 1975.
  • Dom Léon Guilloreau, Aliénor de Bretagne : quelques détails relatifs à sa captivité : 1203-1241, Champion, 1907 (extrait de la Revue de Bretagne).
  • J. Balteau (dir.), M. Barroux et M. Prévost, Dictionnaire de biographie française, Paris-VI, Librairie Letouzey et Ané, 1936, vol. II.
  • Yannick Hillion, La Bretagne et la rivalité Capétiens-Plantagenêts. Un exemple : La duchesse Constance (1186-1202), in Annales de Bretagne et des Pays de l'Ouest t. 92, année 1985

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