Perrot d'Ablancourt

Perrot d'Ablancourt

Nicolas Perrot d'Ablancourt

Nicolas Perrot d'Ablancourt, né à Châlons-en-Champagne le 5 avril 1606 et mort a Paris le 17 novembre 1664, inhumé à Ablancourt, est un traducteur français. C'est d'une remarque malicieuse sur l'une de ses traductions qu'est née l'expression « les belles infidèles ».

La famille adhérait à l’Église Réformée. Nicolas fit ses études à Sedan où professait le protestant Roussel. Il poursuivit ses études et fut reçu avocat. Il plaida peu, mais à cette époque il abjura sa religion puis il revint sur sa décision et quitta la France pour la Hollande et s'installe à Leyde en 1634-1635, puis en Angleterre. Il décida de revenir en France et entretint des relations avec les lettrés de l’époque. [1] Cinq ans après son retour il est élu à l’Académie française en 1637. et se consacre tout entier aux lettres. Entre 1637 et 1662, il publie de très nombreuses traductions du grec et du latin : Arrien, Jules César, Cicéron, Frontin, Homère, Lucien de Samosate, Minucius Félix, Plutarque, Polyen, Tacite, Thucydide et Xénophon. Il traduit aussi de l'espagnol L'Afrique de Luis del Marmol y Carvajal; c'est César-Pierre Richelet qui reverra la traduction, Perrot étant décédé avant la relecture de sa traduction.

L'art difficile de traduire

Perrot d'Ablancourt a exposé ses principes de traduction dans les préfaces de ses ouvrages. Il fait partie de ceux qui, héritiers et disciples de Conrart, n'hésitent pas à modifier les formulations contenues dans un texte en langue étrangère et au besoin à les moderniser en vue de les acclimater aux règles d'élégance, d'harmonie et de bon goût selon lesquelles la langue française se construit désormais. Ces principes seront bien sûr contestés. Vers 1654, Gilles Ménage observe malicieusement que telle traduction de Perrot d'Ablancourt lui rappelle une femme qu'il aima autrefois « et qui était belle mais infidèle ». L'expression, reprise par Huygens dès 1666, fera fortune dans toute l'Europe.[2] Aussi, selon Voltaire, Perrot d'Ablancourt est-il un « traducteur élégant et dont on appela chaque traduction la belle infidèle.[3] »

Perrot d'Ablancourt conservera néanmoins des partisans. Ainsi, en 1911, Paul Claudel écrivait à André Gide à propos d'une œuvre de Tacite traduite par Perrot d'Ablancourt : « elle réalise aussi pour moi l'idée que je me fais d'une bonne traduction, qui, pour être exacte doit ne pas être servile, et au contraire tenir un compte infiniment subtil des valeurs, en un mot être une véritable transsubstantiation.[4] » Certaines de ses traductions sont encore éditées de nos jours, en même temps que se poursuit le débat sur la fidélité et l'infidélité dans l'art de traduire.

Notes et références

  1. Jean-Paul Barbier Des Châlonnais célèbres, illustres et mémorables, 2000
  2. Roger Zuber, Les « Belles Infidèles » et la formation du goût classique. Perrot d'Ablancourt et Guez de Balzac, Armand Colin, Paris, 1968, pp. 202-3. Voir aussi : Lettres et préfaces critiques de Nicolas Perrot d'Ablancourt ; publiées avec une introduction, des notices, des notes et un lexique par Roger Zuber, Didier, Paris, 1972.
  3. Le siècle de Louis XIV, Catalogue de la plupart des écrivains français qui ont paru dans le Siècle de Louis XIV, pour servir à l’histoire littéraire de ce temps, 1751.
  4. Œuvres complètes, XXIX, Paris, Gallimard, 1986, p. 58

Liens externes


Précédé par
Paul Hay du Chastelet
Fauteuil 20 de l’Académie française
1637-1664
Suivi par
Roger de Bussy-Rabutin
  • Portail de la France du Grand Siècle (1598-1715) Portail de la France du Grand Siècle (1598-1715)
  • Portail de la francophonie Portail de la francophonie
Ce document provient de « Nicolas Perrot d%27Ablancourt ».

Wikimedia Foundation. 2010.

Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Perrot d'Ablancourt de Wikipédia en français (auteurs)

Игры ⚽ Поможем сделать НИР

Regardez d'autres dictionnaires:

  • Nicolas Perrot d'Ablancourt — Nicolas Perrot d Ablancourt, né à Châlons en Champagne le 5 avril 1606 et mort à Paris le 17 novembre 1664, inhumé à Ablancourt, est un traducteur français. C est d une remarque malicieuse sur l une de ses traductions qu est… …   Wikipédia en Français

  • Nicolas Perrot d'Ablancourt — (Châlons en Champagne, 5 April 1606 Paris, 17 November 1664) was a French translator of the Greek and Latin classics into French and a member of the Académie française. Life He converted to Protestantism and traveled to Leiden and then England,… …   Wikipedia

  • Ablancourt — Ablancourt, 1) Nic. Perrotdt A., s. Perrot d Ablancourt; 2) Nicol Fremont d A., s. Fremont Ablancourt …   Pierer's Universal-Lexikon

  • Ablancourt — 48° 48′ 51″ N 4° 31′ 21″ E / 48.8141666667, 4.5225 …   Wikipédia en Français

  • Perrot —  Pour les articles homophones, voir Perot, Perrault et Perreau. Cette page d’homonymie répertorie les différents sujets et articles partageant un même nom. Patronyme Perrot est un nom de famille notamment porté par : F …   Wikipédia en Français

  • Perrot — Perrot, Nicolas Frémont de P. Seigneur von Ablancourt, geb. 1606 in Chalons für Marne, wurde 1624 Parlamentsadvocat, wechselte die Religion dreimal, machte viele Reisen, wurde 1637 Mitglied der Akadeuile u. st. 1664. Man hat von ihm Übersetzungen …   Pierer's Universal-Lexikon

  • Fremont d'Ablancourt — (spr. Fremong d Ablangkuhr) Nicolas, Neffe des bekannten Perrot d Ablancourt, geb. in Paris 1625, wurde durch Tnrennes Vermittelung Gesandter in Portugal u. später französischer Resident zu Strasburg; bei Aufhebung des Edicts von Nantes ging er… …   Pierer's Universal-Lexikon

  • Περό ντ’ Αμπλανκούρ, Νικόλαος — (Perrot d’Ablancourt, 1606 – 1664). Γάλλος συγγραφέας. Μετάφρασε αρχαίους συγγραφείς. Ορισμένοι θεωρούν τα έργα του ως πρότυπα του καλύτερου γαλλικού πεζού λόγου. Αντίθετα πολλοί συγγραφείς τον κατηγόρησαν για ανακρίβειες …   Dictionary of Greek

  • Histoires vraies — Première page des Histoires vraies dans la traduction de Perrot d Ablancourt, dans une édition publiée à Amsterdam en 1787. Les Histoires vraies, ou Histoire vraie, ou encore l’Histoire véritable[1] (en …   Wikipédia en Français

  • adive — ⇒ADIVE, subst. masc. ,,Quadrupède originaire d Afrique, un peu plus petit, mieux fait et plus leste que le renard. (LA CHÂTRE t. 1 1865) : • 1. Les chiens sont les seuls animaux avec lesquels ils ayent fait alliance; il y en a assez ordinairement …   Encyclopédie Universelle

Share the article and excerpts

Direct link
Do a right-click on the link above
and select “Copy Link”