Dolmen des Fées

Dolmen des Fées

Dolmen Lo Morrel dos Fados

Dolmen Lo Morrèl de las Fadas, à Pépieux (Aude, France)

Le dolmen Lo Morrel dos Fados s'élève sur un coteau planté de pins nommé « Morrèl de las Fadas » (coteau des Fées), situé à Pépieux, à la limite de l'Aude et de l'Hérault (coordonnées: 43°18′46.63″N 2°40′47.38″E / 43.3129528, 2.679827843°18′46.63″N 2°40′47.38″E / 43.3129528, 2.6798278). Il est également appelé Dolmen des Fées (Dolmen de las Fadas) et « Palet de Roland ». C'est le plus grand dolmen à couloirs du sud de la France. Il a été construit vers 3 500 avant J.-C. par le peuple de la culture de Véraza.

Sommaire

Une taille gigantesque

Le département de l'Aude, en Languedoc, n'est pas une terre renommée du mégalithisme pour le nombre de ses monuments, qui sont tout juste une centaine, contre 550 pour le département voisin de l' Hérault. Par contre, le phénomène mégalithique y est caractérisé par la taille très importante de certains de ces monuments. Les menhirs de Counozouls et de Malves-en-Minervois atteignent respectivement 8,90 mètres et 5 mètres de hauteur. Le dolmen de Saint-Eugène atteint 15 mètres de longueur et 30 mètres de largeur.

« Le monument des Fades à Pépieux est la plus grande tombe dolménique du midi de la France » indique Jean Guilaine, professeur au Collège de France, un des meilleurs spécialistes actuels de notre protohistoire. Dans son livre « La France d'avant la France », il classe Pépieux parmi les principaux sites mégalithiques de France.

Le dolmen Lo Morrèl de las Fadas est constitué par une longue galerie mégalithique de 24 m de développement incluse dans un tumulus de quelque 35 m de longueur. Il comprend trois parties distinctes :

  • Un couloir de 12 m de développement marqué par des piliers, disposés face à face, alternant avec des murets en pierres sèches dont subsistent quelques témoins d'origine.
  • Une antichambre de 6 m de longueur ayant conservé son imposante table de couverture reposant sur de puissants piliers dont deux viennent d'être restaurés.
  • Une « cella » terminale, barrée par une épaisse dalle de chevet.

La transition du couloir à l'antichambre et de celle-ci à la « cella » funéraire est assurée par deux portes réalisées par des dalles jointives sculptées en hublot. Les matériaux qui ont servi à la construction de ce monument sont d'extraction locale, proche ou éloignée; on distingue des grès rouges dont certains affleurements sont encore visibles auprès de la butte portant le mégalithe, des grès grisâtres affleurant également à proximité du monument et des calcaires dont l'origine est plus éloignée. Une énorme dalle, qui pèse entre vingt et trente tonnes, a été transportée sur près de deux kilomètres.

Une fausse « allée couverte »

Ces très longs dolmens à couloir étaient autrefois dénommés « allées-couvertes ». Leurs descriptions architecturales ne correspondant pas exactement à la définition communément admise (le couloir est ici moins large que la chambre et en général le monument n'était recouvert que par une seule grande dalle), ils sont aujourd'hui appelés « dolmens à couloir large ». Dans ce type de dolmens, les murettes alternent avec des dalles plus petites que celles de la chambre sépulcrale. Le couloir se rétrécit vers son extrémité externe.

Recherches et restauration

Au début du XXe siècle, la partie visible du dolmen ne comportait qu'une grosse dalle calcaire inclinée reposant d'un côté sur le sol, de l'autre sur trois piliers de grès.

En 1946, Jean Arnal, L. Jeanjean et Odette et Jean Taffanel décident d'effectuer un sondage et dégagent une autre partie du monument. Ces travaux confirment que « le Palet de Roland » est bien un mégalithe à couloir comme ceux construits dans la France du Sud au troisième millénaire. Ces derniers sont subdivisés en trois parties distinctes : un couloir d'accès, une antichambre et la chambre funéraire proprement dite.

De 1962 a 1965, une action de sauvetage est entreprise sous la direction de Jean Guilaine : fouilles et construction d'un pilier postiche pour soutenir la table de couverture, pesant environ dix tonnes, qui fut vraisemblablement apportée du causse de Siran, le site le plus proche comportant ce matériau.

Le mobilier archéologique collecté est conservé au dépôt de fouilles de Carcassonne hormis un poignard à rivets, le plus original rencontré à ce jour, conservé au musée d'Olonzac. Il témoigne d'une métallurgie naissante, entre 3.400 et 2.900 avant notre ère, favorisée par l'existence de gîtes cuprifères dans le Minervois.

Cette restauration aboutit au classement définitif du dolmen par arrêté ministériel du 5 Mars 1969.

En Juillet 1989, la municipalité de Pépieux achète le terrain sur lequel est sis le dolmen ainsi que deux terrains environnants, constituant l'enclos actuel d'une superficie de 1 ha 53.

En 1972, une consolidation générale du monument est réalisée par la Conservation Régionale des Bâtiments de France.

Restauration de 1997 - 1998

Vingt-cinq ans après la dernière action de sauvegarde, une remise en état s'avérait nécessaire afin que la plus grande tombe dolménique de la France méridionale soit présentée au public et aux spécialistes sous une image plus proche de son état initial. Les travaux ont été réalisés sous la conduite de Régis Martin, architecte en chef des monuments historiques, et le contrôle de Jean Guilaine ainsi que de l'archéologue Yann Geay, en ce qui concerne les murets.

Les piliers orientaux ont été remontés à leur hauteur initiale qui était connue. Ce travail a été effectué par une entreprise de sculpture et une entreprise de maçonnerie [1] toutes deux spécialisées dans la restauration des monuments historiques. La teinte, la patine et la forme, ont été reconstituées. La restauration a l'avantage de soustraire à la vue le pilier artificiel supportant la dalle de couverture dont l'effet était disgracieux. Un remblaiement a été effectué pour redonner au tumulus, dégradé par l'érosion, un aspect plus proche de l'origine. Les murets en pierre sèche du couloir d'accès ont été repris. De vieilles pierres, récupérées dans l'environnement du monument, ont été utilisées. Le monument présente désormais un aspect vraiment « néolithique ».

Bibliographie

  • Germain Sicard, « L'Aude préhistorique - monuments et découvertes : grottes, dolmens, menhirs », 1900 (Réédité aux éditions Bélisane, 1996)
  • Bonnery, Bernard, L'allée mégalithique de Pépieux, 1992
  • Guilaine, Jean, La France d'avant la France. Hachette 1980
  • Guilaine, Jean, La mer partagée, la Méditerranée avant l'écriture Hachette 1994
  • Guilaine, Jean, Au temps des dolmens. Privat Toulouse 1998

Articles connexes

Notes et références

  1. sculpture: BOUVIER maçonnerie: VERMOREL

Liens externes


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