- Discours de Dakar
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Le discours de Dakar est une allocution prononcée par le président de la République française, Nicolas Sarkozy, le 26 juillet 2007, à l'Université Cheikh-Anta-Diop de Dakar (Sénégal), devant des étudiants, des enseignants et des personnalités politiques.
Sommaire
Circonstances
D'une durée de 50 minutes, le discours de Nicolas Sarkozy est rédigé par son conseiller Henri Guaino. Le président français déclare notamment que la colonisation fut une faute tout en estimant que le « drame de l'Afrique » vient du fait que « l'homme africain n'est pas assez entré dans l'Histoire. […] Le problème de l'Afrique, c'est qu'elle vit trop le présent dans la nostalgie du paradis perdu de l'enfance. […] Dans cet imaginaire où tout recommence toujours, il n'y a de place ni pour l'aventure humaine ni pour l'idée de progrès ».
Réactions
Ce discours suscite de nombreuses réactions en France et dans le monde. Doudou Diène, rapporteur spécial de l'ONU sur les formes contemporaines de racisme, de discrimination raciale, de xénophobie et de l'intolérance qui y est associée, a déclaré à la tribune de l'ONU que « dire que les Africains ne sont pas entrés dans l'Histoire est un stéréotype fondateur des discours racistes des XVIIe, XVIIIe et XIXe siècle ».
Un an plus tard jour pour jour, Henri Guaino est revenu sur ce discours dans une tribune au Monde, affirmant notamment que « L'homme africain est entré dans l'histoire et dans le monde, mais pas assez. Pourquoi le nier ? ». Il estime que « toute l'Afrique n'a pas rejeté le discours de Dakar » et que l'« on a beaucoup parlé des critiques, moins de ceux qui ont approuvé, comme le président de l'Afrique du Sud, M. Thabo Mbeki »[1]. L'auteur du discours cite Fernand Braudel et Emmanuel Mounier pour étayer ses thèses.
Le 17 septembre 2008, le président sénégalais, Abdoulaye Wade, prend la défense de Nicolas Sarkozy, selon lui « victime de son nègre »[2].
Le 6 avril 2009, Ségolène Royal, présidente de la région Poitou-Charentes et candidate socialiste à l'élection présidentielle française de 2007, prononce un discours, à Dakar, dans lequel elle déclare notamment : « quelqu'un est venu ici vous dire que “l'homme africain n'est pas entré dans l'Histoire”. Pardon pour ces paroles humiliantes et qui n'auraient jamais dû être prononcées et qui n'engagent pas la France. Car vous aussi, vous avez fait l'histoire, vous l'avez faite bien avant la colonisation, vous l'avez faite pendant, et vous la faites depuis. »[3]
Le 26 octobre 2010, Rama Yade prend ses distances avec Nicolas Sarkozy sur ce discours controversé, en affirmant que pour elle « l'homme africain est le premier à être entré dans l'histoire »[4].
Notes et références
- Henri Guaino, « L'homme africain et l'histoire », Le Monde, 27 juillet 2008.
- « Discours de Dakar en 2007 : Sarkozy a été “victime de son nègre” », RFI, 18 septembre 2008.
- « Ségolène Royal demande “pardon” pour le “discours de Dakar” de Nicolas Sarkozy », Le Monde, 6 avril 2009.
- « Discours de Dakar : Rama Yade prend ses distances avec Sarkozy », Le Parisien, 29 octobre 2010.
Voir aussi
Articles connexes
- Discours de Constantine (5 octobre 2007) de Sarkozy, où il affirme « le système colonial était injuste par nature » et il « ne pouvait être vécu autrement que comme une entreprise d'asservissement et d'exploitation. »
- Idéologie coloniale française
- Diplomatie française
- Histoire de l'Afrique
Bibliographie
- Philippe Bernard et Christophe Jakubyszyn, « À Dakar, Nicolas Sarkozy appelle l'Afrique à "renaître" et à "s'élancer vers l'avenir" », Le Monde, 28 juillet 2007
- Philippe Bernard, « Le président sud-africain Thabo Mbeki remercie M. Sarkozy pour son discours de Dakar sur l'Afrique », Le Monde, 15 août 2007
- Philippe Bernard, « Le faux pas africain de Sarkozy », Le Monde, 24 août 2007
- Philippe Bernard, « Des intellectuels africains en colère », Le Monde, 29 février 2008
- Philippe Bernard, « L'image très dégradée de la France en Afrique », Le Monde, 27 avril 2008
- Jean-Pierre Chrétien (dir.), L'Afrique de Sarkozy. Un déni d'histoire, Karthala, Paris, 2008, 204 p. (ISBN 978-2-81110-004-9)
- Makhily Gassama, Mamoussé Diagne, Dialo Diop et Koulsy Lamko, L'Afrique répond à Sarkozy : Contre le discours de Dakar, Philippe Rey, 2008, 478 p. (ISBN 2848761105)
- André Julien Mbem, Nicolas Sarkozy à Dakar. Débats et enjeux autour d'un discours, L'Harmattan, Paris, 2008, 114 p. (ISBN 978-2-296-04637-5)
- Aminata Traoré, L'Afrique humiliée (préface de Cheikh Hamidou Kane), Fayard, Paris, 2008, 294 p. (ISBN 2213635900)
- Babacar Mbaye Diop et Doudou Dieng (co-dir) : La conscience historique africaine, L'Harmattan, 2008, 198 p. Ce texte dont les articles des auteurs ont été réunis depuis 2005 (donc bien avant le discours de Nicolas Sarkozy) est une forme de réponse au discours du Président. Les auteurs : Bwemba Bong, Momar Mbaye, Bernard Zongo, Cheikh M'Backé Diop, Babacar Sall, Babacar Mbaye Diop, Doudou Dieng, Aboubacry Moussa Lam, Jean Paul Mbelek, Cheikh Moctar Ba, Théophile Obenga. Voir notamment :
- Adame Ba Konaré, Petit précis de remise à niveau sur l'histoire africaine à l'usage du président Sarkozy, Editions La Découverte, 16 octobre 2008, Broché, 347 p. (ISBN 978-2707156372)
Liens externes
- Texte intégral du discours (site de l'Élysée)
- « Quand Sarko "découvre" l'Afrique… » (article d'Élise Colette dans Jeune Afrique, n° 2430, 5 août 2007, p. 40)
- « Tintin à Dakar » (article de Dominique Mataillet dans Jeune Afrique, 22 juin 2008)
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