- Director's cut
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Director's cut est un terme cinématographique anglais (« version du réalisateur » en français). Le terme qualifie un film dont le montage a l'assentiment du réalisateur.
Le recours à ce terme provient de l'industrie cinématographique américaine : l'environnement juridique américain fait que le film en tant que produit fini, appartient totalement à ses producteurs, qui sont également distributeurs. Ils disposent donc d'un droit total sur le film, y compris sur le montage qui sera exploité en salle (désigné en anglais sous le terme de final cut), quitte à modifier celui-ci en vue d'optimiser la rentabilité du film.
À ce titre, et dans cet environnement, le réalisateur en tant que créateur ne se voit donc reconnaître a priori aucun droit sur le contenu de l'œuvre exploitée (droit qui est reconnu dans plusieurs législations européennes), et il ne peut s'opposer aux modifications apportées, même si elles en dénaturent le propos, la portée, etc.
Seul le rapport de force résultant de la notoriété du réalisateur, ou le rachat des droits par celui-ci, permet le cas échéant au réalisateur d'obtenir une exploitation selon un montage conforme à ses vœux. On qualifie alors la version résultante de Director's cut.
Repères historiques
- Le premier cas le plus célèbre d'une opposition farouche entre l'œuvre filmée et sa désappropriation par le producteur fut Les Rapaces, d'Erich von Stroheim en 1924, que le patron d'alors de la MGM, Irving Thalberg, monta à sa guise en réduisant considérablement la durée (de 8h à 2h...) et légèrement la portée du film. Stroheim ne put jamais monter le film tel qu'il l'aurait souhaité. En 1999, une version de 4h put être établie à partir d'archives retrouvées et de ses documents.
- Dans les années 1980, Blade Runner (1982) et Brazil (1985), se virent imposer des fins exactement opposées de celles souhaitées (et tournées) par Ridley Scott et Terry Gilliam. La notoriété de ceux-ci et surtout le succès des films permirent les sorties ultérieures de Director's cut avec les fins initialement filmées et prévues.
- Vers la fin des années 1990, le qualificatif évolue vers un argument commercial, notamment pour les films ayant rencontré le succès. Le film ressort alors, quasiment toujours en version allongée, les distributeurs laissant la bride au réalisateur pour le laisser plus libre du montage. Mais ce dernier remet rarement en question de manière fondamentale la portée du film dans sa version initiale.
- À noter, le cas spécifique de la ressortie en 2001 de la version dite redux d'Apocalypse Now, de Francis Coppola (1979), qui réintégra 50 minutes de séquences non retenues lors de la présentation au festival de Cannes puis en exploitation commerciale. Les critiques s'accordent à reconnaître que le propos du film s'en trouve approfondi.
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