Deo Van Tri

Deo Van Tri
Đèo Văn Tri
SA Deo Van Tri en costume de mandarin.jpg
S.A. Đèo Văn Tri, Seigneur du Pays Taï

Titre
Seigneur du Pays Taï
Couronnement 1878
Premier ministre Kam Doï
Prédécesseur Đèo Văn Sanh
Biographie
Titre complet S.A. le Seigneur Đèo Văn Tri, Seigneur du Pays Taï
Dynastie Deo, La.
Nom de naissance Đèo Văn Tri
Date de naissance 1848 - 1908
Lieu de naissance Muong Lai (Tonkin)
Père Đèo Văn Sanh (Deo Van Seng)
Conjoint Hoang Thi Choi
Enfants Đèo Văn Man, Deo Nang Thiep , Deo Van Long, Deo Nang Mon,
Héritier S.A. le Seigneur Deo Van Long (1908 - 1975)
Résidence Yamen de Muong Lai ( Tonkin)

Dragonflag.jpg

Đèo Văn Tri[1] en laotien Kan Oum, né en 1849 dans l'actuel nord Viêt-Nam et décédé en 1908, était le seigneur féodal dirigeant le Pays Taï, il tentera d’unifier les douze provinces du nord du Tonkin durant son règne. Ses relations avec Auguste Pavie mettront fin à la guerre qu’il l’opposait aux colons Français.

Sommaire

Le pays Taï

Légende

Ðiện Biên Phủ [2] peut être considéré comme le berceau du Pays Thaï.
Une légende du XIIIe siècle, relate qu'il y a bien longtemps Indra, le roi des dieux, envoya son fils, Khun Borom[3]pour d'être le chef du peuple Tai, lequel descendit du ciel près de Ðiện Biên Phủ [2] afin d’apprendre aux hommes à cultiver le riz.
Une liane immense reliait alors le Ciel à la Terre. Ses racines plongeaient dans un lac à proximité de Ðiện Biên Phủ .
Khun Borom[3], gêné par cette liane qui lui cachait le soleil, la fit couper et c’est depuis que les relations sont interrompues entre le Ciel et la Terre.
Apres 25 ans passé sur terre , Khun Borom[3]divisa le royaume du Pays Tai entre ses sept fils, donnant à son fils aîné Khun Lo le royaume de Muang Sua et Luang Prabang. Les autres fils eurent les royaumes de Siang Khwang, Ayutthaya, Chiang Mai, Sipsong Pan Na (sud du Yunnan, Chine) , Hamsavati et une zone inconnue, apparemment dans le centre-nord du Vietnam, parfois identifiés comme la province de Nghe-an.

«Histoire» (résumé)

L’histoire de pays Taï est trop complexe pour pouvoir prétendre la résumer en quelques lignes le lecteur est invité à se reporter aux notes de bas de pages section Bibliographie (liste non exhaustive) .

L’histoire du Pays Taï [4] est des différentes ethnies Proto-Taï qui l’habitent remontent à environ 1600 ans, elles se repartissent sur les trois pays que sont la Chine, Le Vietnam et le Laos.
Ces ethnies sont très différentes les unes des autres, elles partagent plus ou moins les mêmes langues, pas nécessairement les mêmes religions et des origines diverses.

Les différentes ethnies composant le peuple Taï [5]:
Les Lao du Laos
Les Thai Isan du nord-est de la Thaïlande
Les Thai du Nord, encore appelés Lanna ou Thai Yuan, de Thaïlande
Les Thai, population majoritaire de Thaïlande
Les Shan ou Thai Yai de Birmanie
Les Zhuang du Yunnan en Chine du Sud
Les Thai Lue du Laos et de Chine, encore appelés Dai
Les Nung de Chine, du Laos, de la Thaïlande et du Viêtnam
Les Tai dam ou "Thai Noirs" du Laos et du Viêt Nam
Les Tai Daeng ou "Thai Rouges"
Les Tai krao "Tai Blancs".

Région frontalière et montagneuse l’histoire du pays Taï[4] a toujours balancé aux grés des conflits et des alliances avec ses voisins, tantôt protectorat de l’empereur de Chine tantôt du roi du Laos....

Histoire recente

Le pays Taï [4] ou ‘’’Sip Song Chau Tai’’’ (Littéralement Pays des douze provinces ) est situé dans le nord de l'actuelle République socialiste du Viêt Nam, ce fus une région autonome du type Principauté dés le XVIIe siècle sous la Dynastie Lê puis au terme de la Guerre franco-chinoise[6] ce Pays gros comme le Danemark devient un protectorat de la France le 9 juin 1885, (la Chine reconnaissant le traité de Hué).
Les relations de la France avec le peuple Taï dés la fin du 19e furent très difficiles la colonie Française malgré la signature en 1862 d’un premier traité (traité de Saigon)signé avec l'empereur d'Annam puis d’un second traité de Saigon signé en 1874, le nord et en particulier le Tonkin refusait de se soumettre et les terrible Pavillon Noirs se confrontaient constamment aux envahisseurs Français.
Auguste Pavie habile négociateur réussi cependant à convaincre le chef héréditaire du pays Taï Đèo Văn Tri de contrôler les Pavillons noir.
En échange La Famille Deo Conserva ses privilèges et ses droits sur les régions de Ðiện Biên Phủ , Laïchau, Phu Yen et Tuan Giao.
Le pays Taï est constitué des Douze provinces (‘Sip Song Chau Tai’) qui furent tant bien que mal unifiées par Đèo Văn Tri (Province originale qui deviendrons les 19 provinces sous le règne de son Fils Deo Van Long):
1. Muong Te, 2. Muong So, 3. Muong Sat, 4. Muong Ma,
5. Muong Lay, 6. Muong Chien, 7. Muong Chan, 8. Muong Than, 9. Muong Quai,
10. Muong Thanh, 11. Muong Muoi, 12. Muong

En 1950 c’est la création de la Fédération Taï dont le premier président sera Deo Van Long ( fil de Đèo Văn Tri) , reconnue par l’empereur Bao Dai[7] et officialisant son rattachement à la couronne d'Annam, (Ordonnance du 15 avril 1950, Bao Daï[7] rattacha directement à sa personne les pays montagnards, dont la fédération Taï, puis leur donna, le 4 avril 1952, un statut particulier ) ceci durera jusqu'en 1954 fin de la colonisation Française en Indochine.
Le Pays Taï existe toujours aujourd’hui mais est devenu une province de la République socialiste du Viêt Nam
Un certain nombre de Taï on émigré à travers le monde dés 1954, les communautés les plus importantes étant en France et aux États Unis (Iowa) [8]

Biographie

Famille La et Deo

S.A. Le Seigneur Đèo Văn Tri est l’héritier de la Famille princière « La 剌 » dirigeants de la province chinoise du Kouang Toung 广东 (orthographié Kwantung, puis Guangdong)et du Kouang Xi, du 7e siècle au 17e siècle.
Puisant ses origines dans la chine impériale sous la Dynastie Ming les fonctionnaires (Préfets) de la Famille «La» ont servi les différents Empereurs de Chine jusqu’au 17e siècle ou sous l’impulsion de Lo Camh Khong (ou Deo Cam Kong grand-père de Deo Van Tri.) Grand Fonctionnaires de la cour Impériale de Chine qui préféra quitter son pays pour conquérir les Sip Song Chau Tai refusant ainsi de se soumettre au Mandchou (futur successeur aux Ming) et subodorant surtout la fin de la dynastie, ce malgré qu'il fut pressenti comme successeur au dernier empereur Ming, Zhu Youjian (Ming Chongzhen).

La Famille «La» Dirigera ensuite durant les trois siècles suivant et jusqu’en 1954 la région du nord Tonkin (Le Pays Taï), manda reçu de la Dynastie Lê du Tonkin.
La Famille «La» pris alors le nom de Dîeu puis Deo.

La Famille Deo fait partie donc depuis trois siècles de l’ethnie des Taï blanc qui possède une culture purement chinoise.

Đèo Văn Tri

Acteur incontournable de la région du Haut Tonkin S.A. Đèo Văn Tri avec son père, S.A. Đèo Văn Sinh tentera toute sa vie de faire régner la paix sur le Pays Taï.
Mais le Pays Taï de par sa situation géographique frontalière subit historiquement et en permanence les influences, pression voir guerre de ses voisins proche que sont la Chine, le Laos et des hordes de bandits autonomes (Pavillon Rouge, noir[9] …) .
Đèo Văn Tri afin de stabiliser sont pays et d’assoir son autorité s’alliera avec le royaume d’Annam de la Dynastie Nguyễn et en manipulant dangereusement les terrible hordes de Pavillon noir[9], chinois à la solde de Liu Yongfu (1837-1917, Lưu Vĩnh Phúc ou Lưu Vĩnh Phước en vietnamien).

Des 1884 la France[6] installe tant bien que mal sa colonie mais le Tonkin résiste et Đèo Văn Tri continu de servir loyalement royaume de l’Annam.
En 1885, lors de la guerre Franco-chinoise[6], dix milles Pavillon noir[9], assiègent les légionnaires français et attaquent « la colonne Pernot »( 11e régiment d'infanterie coloniale ).
Đèo Văn Tri offre ensuite un refuge au jeune roi rebelle en fuite du royaume de l’Annam Hàm Nghi ainsi qu’à son régent le « sinistre » Tôn Thất Thuyết. Il les escortes ensuite jusqu’en Chine malgré tout le régent annamite s’en prend à Đèo Văn Tri afin de garantir le secret de leur cachette et incendie Laichau.
Dans le même temps, Tôn Thất Thuyết donne l’assurance au siamois Vaïvoronat (futur général Phya Surisak ou Sourisak) que la région de Laichau dépend du Siam et non de l’Annam alors que les Siamois veulent annexer la zone dans leur lutte contre les Hôs.
A cette occasion, les hommes de Vaïvoronat enlèvent les principaux chefs de la région et les frères de Đèo Văn Tri durant son absence alors que ceux-ci venaient à sa rencontre pour l’accueillir.
En réaction, au mois de juin 1887, Đèo Văn Tri met à sac Luang Prabang, la cité aux mille pagodes, avec 600 de ses «Pavillon noir[9],» dont il a pris le commandement après la fuite de Liu Yongfu et la mort de Ong-Ba, dans l’espoir vain de retrouver sa famille.
C’est Auguste Pavie, Vice-consul français, qui permet le retrait des siamois et, surtout la restitution, par la négociation, des otages qu’il ramène lui-même à Đèo Văn Tri, à l’exception de deux qu’il reste à libérer : Cam Sam et Cam La.
En 1888, les Français entrent à Laïchau ; Đèo Văn Tri, sous l'influence d'Auguste Pavie, fait la paix avec eux (1890), devient le gardien de toute la frontière chinoise, du bassin du Fleuve Rouge à celui du Mékong, et est dès lors le plus fidèle appui de la France dans le haut Tonkin.
C’est donc en signe de gratitude, las des guerres et séduit par Auguste Pavie que Đèo Văn Tri, en 1888, change radicalement de politique en cessant de soutenir la résistance vietnamienne :

« Nous seront fidèles aux français comme nous l’avons été au roi d’Annam. Celui qui perd la mémoire des bienfaits devient malheureux.
Nos os se transformeront en poussière mais ce qui ne périra jamais c’est le souvenir de cette visite que vous faîtes à notre père Cam Seng dans sa demeure. » (Đèo Văn Tri discourt à Auguste Pavie - 1888) [10]



Egalement encouragé par sa famille, Đèo Văn Tri prête allégeance au régime colonial français avec pour autre objectif l’indépendance de son peuple. En effet, en retour, la France reconduit la suzeraineté des Đèo dans la région de Laichau.
Il accompagne Auguste Pavie pendant plusieurs journées dans une mission en Chine, et permet aux membres de sa famille de voyager avec lui vers Paris, où ils peuvent s’inscrire dans les écoles, dans lesquelles, plus tard, son fils Đèo Văn Long fera ses classes avec Raoul Salan.
Continuant sa politique de coopération, Đèo Văn Tri assiste aux opérations de délimitation de la frontière indochinoise avec la Chine en 1894.

Il Rejoindra ses « «illustres »ancêtres en 1908.

Son troisième fils Deo Van Long, lui succède.

Décorations

Ordre du Dragon d'Annam (par le Gouvernement Francais) Officier ribbon.svg Legion Honneur Chevalier ribbon.svg
  • Ordre du Dragon d'Annam
  • Chevalier de la Légion d'Honneur (en 1891 - Présenté dans l'ordre de préséance du pays Taï)

Ascendance Récente

Lo Camh KhongXVIIe siècle - Chine
Kham Khat – XVIIIe siècle - Empire d’Annam
Deo Van An- XVIIIe siècle - Empire d’Annam
Deo Van Sanh - XIXe siècle - Empire d’Annam

Iconographie

Les Trois derniers Seigneur des Sip Song Chau Taï

Notes et références

  1. Cf Encyclopaedia Britannica.[1]
  2. a et b Lieu Mythique du pays Taï, mais aussi dernière bataille décisive de la colonie Française. Diên Biên Phu, un combat pour l’impossible, René Bail, ECPAD, 2004
  3. a, b et c Cf Encyclopaedia Universalis – Légende de Khun Bulom (Khun Borom) .[ http://www.universalis.fr/encyclopedie/khun-bulom-khun-borom/]
  4. a, b et c le Pays Taï, Pays Thaï ou encore Sip Song Chau situé au nord Tonkin est constitué des 12 puis 16 et enfin 19 provinces, il passera d’un régime féodal trimillénaire à un gouvernement autonome dit « Fédération Taï » en 1950
  5. Ethnies composant les habitants du Pays Taï, à ne pas confondre avec les Thaïs habitants de la Thaïlande
  6. a, b et c Thomazi, A., Histoire militaire de l’Indochine française (Hanoi, 1931) & Thomazi, A., La conquête de l'Indochine (Paris, 1934)
  7. a et b Bao Dai empereur du Vietnam mis en place par la France – CF Ordonnance du 4 avril 1952 reconnaissant le Pays Taï
  8. Communauté américaine des Taï : http://www.taivillage.qwestoffice.net/2101.html
  9. a, b, c et d McAleavy H., Black Flags in Vietnam: The Story of a Chinese Intervention (New York, 1968)
  10. Cf A la conquête des cœurs, le pays des millions d'éléphants et du parasol blanc, les "Pavillons noirs," Déo-van-Tri - PUF 1947

Voir aussi

Bibliographie

  • Rencontre avec Deo Van Tri : A la conquête des cœurs, le pays des millions d'éléphants et du parasol blanc, les "Pavillons noirs," Déo-van-Tri : Presses universitaires de France, 1947 - 381 pages : Auguste Pavie
  • Rencontre avec Deo Van Tri : Autour du Tonkin : Henri Philippe Marie Orléans (prince d'), Prince Henri d' Orléans : Calmann Lévy, 1896 - 535 pages
  • Sur Deo Van Tri : Les Bataillons thaïs en Indochine de Louis Marie Reigner - Éditeur : Le pays de Dinan
  • Sur le Pays Taï : Fourniau, C., Annam–Tonkin 1885–1896: Lettrés et paysans vietnamiens face à la conquête coloniale (Paris, 1989)
  • Sur le Pays Taï : Revue de L'ORSTOM Autrepart, Volume 3 Par ORSTOM (France): Edition de L'Aube 1097
  • Sur le Pays Taï : Laos: autopsie d'une monarchie assassinée Par le Prince Mangkra Souvannaphouma : L'Harmattan 2010
  • Sur le Pays Taï : La France d'outre-mer (1930-1960) Par Jean Clauzel : KARTHALA Editions 2003
  • Sur le Pays Taï : Féodalité Taï chez les Lü des Sipsong Panna et les Taï Blancs, Noirs et Rouges du Nord-Ouest du Viêt-Nam par LEMOINE J. revue Péninsule 1997, vol. 28, no 35 (234 p.) (1 p.1/4), pp. 171-217
  • Sur le Pays Taï : Histoire du Vietnam des origines à 1858 par Lê Thành Khôi Sudestasie, Paris, 2000
  • Sur le Pays Taï : L’Ombre des nuages. Histoire et civilisation du Vietnam au temps des Lê. Par Jean-Pierre Duteil Arguments, Paris, 1997

Liens externes


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