Denis Auguste Duchene

Denis Auguste Duchene

Denis Auguste Duchêne

Denis Auguste Duchêne
Naissance 23 septembre 1862
Juzennecourt
Décès 9 juin 1950 88 ans)
Bihorel
Origine France France
Arme Infanterie
Service 1881 - 1924
Conflits Première Guerre mondiale
Commandement 69e Régiment d'Infanterie
42e Division d'Infanterie
32e Corps d'Armée
2e Corps d'Armée
Xe Armée
VIe Armée
19e Division d'Infanterie
13e Corps d'Armée
3e Corps d'Armée
Faits d’armes Bataille du Grand Couronné
Bataille de la Somme
Bataille du Chemin des Dames
Bataille de l'Aisne
Seconde bataille de la Marne
Distinctions Grand Officier de la Légion d'honneur

Denis Auguste Duchêne, né le 23 septembre 1862 à Juzennecourt (Haute-Marne), mort 9 juin 1950 à Bihorel (Seine-Inférieure), est un général français de la Première Guerre mondiale.

Sommaire

Biographie

Avant 1914

Denis Auguste Duchêne est entré à l’École Spéciale Militaire de Saint-Cyr le 28 octobre 1881. A partir de sa sortie de l’école, en 1883, le sous-lieutenant Duchêne a vécu la carrière classique d’un officier d’infanterie de l’époque, alternant les séjours outre-mer et les périodes en corps de troupe dans des garnisons métropolitaines. En 1886 et 1887 notamment, il fit campagne au Tonkin comme lieutenant au Régiment de Tirailleurs Tonkinois. Promu capitaine le 11 octobre 1892, il entra à l’École supérieure de guerre, dont il sortit breveté.

Il fut nommé chef de bataillon le 16 mars 1901 puis lieutenant-colonel le 25 décembre 1908. Depuis sa sortie de l’École de Guerre, il avait occupé divers emplois en corps de troupe (au 32e R.I. en 1898 puis au 147e R.I. en mars 1901) et en états-majors ( 4e D.I. en 1895, 9e C.A. en 1896, 14e D.I. le 10 février 1904, 20e C.A. en décembre 1908).

En 1912, comme colonel, il commandait le 69e Régiment d'Infanterie. Il occupa ensuite (23 mars 1914) le poste envié de chef d’état-major du 20e Corps d'Armée. A cette époque, une telle promotion constituait l’assurance d’un avancement régulier et la garantie d’une certaine compétence. Le 20e Corps en effet était considéré comme l’élite de l’armée française. Chargé de garder la frontière de Lorraine, il était alors commandé par un certain Ferdinand Foch...

Première Guerre Mondiale

Après la bataille des frontières, la désastreuse défaite de Morhange et le repli sur Nancy, le colonel Duchêne a participé à la défense du Grand-Couronné. Il s’y est distingué puisqu’il reçut peu après la rosette d’officier de la Légion d’Honneur et fut nommé général de brigade un mois plus tard (le 27 octobre). Il devint alors chef d’état-major de la IIe Armée.

De cette époque, son avancement se fit encore plus rapide. Le 9 mars 1915, il recevait le commandement du 32e Corps d'Armée; le 12, il était général de division à titre temporaire (il passait à titre définitif le 28 septembre 1915). L’année suivante il recevait la cravate de commandeur de la Légion d’Honneur, était nommé général de division et prenait la tête du 2e Corps d'Armée, qu’il conduisit dans la bataille de la Somme, en octobre 1916. Le 27 décembre suivant, il gravissait un échelon supplémentaire en devenant le chef de la Xe Armée.

Le 11 décembre 1917, revenant du front d'Italie, il prenait la tête de la VIe Armée. Celle-ci avait alors la garde du Chemin des Dames. Au delà de son aspect tactique, cette mission avait valeur de symbole. Car cette ligne de crête entre l’Aisne et l’ Ailette, de Soissons à Reims, était encore dans toutes les mémoires. De la plus douloureuse des façons. Il était donc hors de question que cette position conquise dans la douleur entre avril et septembre 1917, puisse un jour retomber au pouvoir des Allemands. Lors des premières offensives de Ludendorff (mars et avril 1918), l’armée Duchêne resta en marge de la bataille. Son secteur était considéré comme calme et hors de danger. On y affecta donc des troupes usées par les derniers combats (les 19e et 22e D.I. bretonnes ou le 9e C.A. britannique, par exemple). Et pourtant... Lorsque le 27 mai la troisième bataille de l’Aisne se déclencha, son front fut percé en quelques heures! Effet de surprise et surnombre des troupes d’assaut allemandes face à des défenseurs fatigués sont deux éléments d’explication. L’obstination du général Duchêne à ne pas vouloir aménager une deuxième position et son opposition sur ce point avec le G.Q.G. de Pétain restent toutefois les facteurs déterminants de la défaite. L'héroïsme désespéré de ses troupes submergées n'y a rien pu. De surcroît, une fois le premier choc encaissé, Duchêne rechigna à faire replier son armée au sud de l'Aisne. Il lui semblait que la crête du chemin des Dames devait être son seul et ultime rempart. En refusant le repli immédiat sur une forte ligne de résistance (manœuvre si bien exécutée par le général Gouraud en Champagne, le 15 juillet suivant), c'est tout son dispositif qui fut ébranlé et c'est jusqu'à la Marne qu'il fut contraint de rétrograder...

Le 10 juin 1918, le général Duchêne payait le prix de son échec et le général Degoutte prenait sa place à la tête de la VIe Armée. C’est lui qui devait la conduire lors de l’offensive victorieuse du 18 juillet.

Après guerre

Placé en disponibilité le 12 septembre 1918 puis soumis à une commission d'enquête sur son échec de mai, il retrouvait un commandement important (la 19e D.I., à Rennes) le 27 mars 1920. Il dirigea ensuite successivement les 13e et 3e C.A., avant d’être placé dans la position de réserve le 23 septembre 1924.

Cet homme dont la carrière prometteuse avait été brisée par un choix défensif malheureux et auquel les événements ne permirent pas qu’il fût donné de seconde chance, est mort le 9 juin 1950 à Bihorel, dans le département de la Seine Inférieure).

Insoumission de Duchêne et perte du Chemin des Dames

Fin 1917, le général Pétain, commandant en chef de l'armée française, donne de nouvelles instructions défensives qui prescrivent l'étalement en profondeur du réseau défensif. Il convient désormais d'éviter de défendre à tout prix une première ligne, condamnée à l'avance par les nouveaux procédés de combat ennemi (provenant du front russe), pour concentrer l'essentiel de ses forces sur une seconde ligne et, le cas échéant, sur d'autres lignes de soutien plus en arrière.

Or, ces sages prescriptions ne siéent pas au général Duchêne qui considère, à juste titre, que leur application reviendrait à abandonner le Chemin des Dames en cas d'attaque ennemie. Faisant fi des injonctions du Grand Quartier Général, le général Duchêne néglige l'aménagement de la position de soutien, qui ne sera jamais terminée, et ordonne de renforcer la 1ère ligne afin d'interdire l'accès du plateau aux Allemands. Le 20 mai 1918, il prescrit une directive à ses troupes : « combattre jusqu'au bout sur la première position. Interdire à l'ennemi de prendre pied au sud de l'Ailette et au nord du plateau du Chemin des Dames ». Mais, ce jour là, tout est calme.

L'attaque allemande est lancée dans la nuit du 27 mai 1918 et marque le début de la troisième bataille de l'Aisne. À 1 heure du matin, plus de 4 000 canons et des centaines de Minenwerfer crachent un feu continu et écrasent les premières lignes de défense du Chemin des Dames ainsi que l'artillerie (les emplacements avaient été repérées par les avions d'observation allemands depuis plusieurs jours).
À 3h40, sous la protection d'obus fumigènes, 20 divisions d'infanterie allemandes se lancent à l'assaut.
Les défenseurs totalement livrés à eux-mêmes, sans le moindre point d'appui (l'artillerie française est totalement détruite), ni le moindre espoir de recevoir des renforts, se battent comme ils peuvent. Totalement submergés par la supériorité numérique et tactique de l'ennemi, des grappes de défenseurs isolés se battent avec acharnement et parfois parviennent à ralentir l'avance allemande (le saillant de Vauclair résistera 45 minutes).
À 4h30, le général Duchêne comprend la gravité de la situation. Fidèle à son choix de livrer bataille sur sa première position, il décide d'envoyer 11 bataillons en renfort.
Ces bataillons n'arriveront jamais, ils seront immédiatement happés par les bombardements et les Sturmtruppen, les troupes de choc, pendant le transfert.
Entre 5h et 7h, la totalité des troupes allemandes occupe le sommet des lignes de crêtes du Chemin des Dames.

Une fois le Chemin des Dames franchi, les troupes d'assaut se ruent vers les pentes sud du plateau.
À 6h, Craonnelle est prise.
À 7h, la 22ème division d'infanterie du général Renouard, réduite à l'état de fantôme, demande des renforts à la 157ème division d'infanterie, affaiblissant ainsi la seconde ligne de défense.
À 8h30, le général Duchêne ordonne de se préparer à détruire les ponts sur l'Aisne. Mais il est trop tard, l'avance allemande est tellement rapide que les sapeurs n'ont pas le temps d'activer les charges explosives.
À 9h30, l'état-major de la 6ème armée donne l'ordre de mise à feu mais les ponts et les passerelles sont déjà tombés intacts depuis longtemps aux mains des Allemands!
Vers 20h le front se situe sur la Vesle.
Le 28 mai 1918, la ligne de front passe désormais de Lœuilly à Celles sur Aisne puis longe l'Aisne jusqu'à Saint Mard, redescend ensuite brutalement vers la Vesle entre Courcelles et Magneux, remonte vers Maizy et se termine au nord de Saint Thierry.

Les 4 erreurs du chef de la 6ème armée ont été :

  • défense en masse de la première ligne qui contrevient aux ordres de Pétain
  • destruction de l'artillerie restée immobile
  • gaspillage des réserves dans des contre-attaques stériles
  • La perte des ponts sur l'Aisne[1]

Caractère

Duchêne est un officier aux remarquables états de service mais s'est également fait remarquer par son caractère détestable. Il est ainsi décrit :

  • « une sorte de brute mal embouchée et peu déliée » pour Abel Ferry
  • Le général Pierre des Vallières, qui commande la 151ème DI constate « qu'il a l'art de se rendre partout indésirable ».
  • « Une humeur de dogue, un grondement perpétuel, un orage de rebuffades, tout de suite les gros mots à la bouche, sans raison. L'aborder devenait pour les officiers un supplice, qu'ils ne risquaient qu'à la dernière extrémité. Son chef d'état-major, obligé de subir ses sursauts de colère, le boudait pendant plusieurs jours, quand il avait vraiment dépassé les mesures. On croira difficilement de telles choses, mais il parait, qu'à la lettre, c'était incroyable[2]. »
  • « Colérique, Duchêne n'hésite pas à manier l'insulte à l'encontre de ceux qui osent lui opposer la moindre contestation. Sûr de lui, il impose ses idées avec une autorité qui doit autant à son grade qu'à ses coups de gueule...[3] »

Notes et références

  1. Histoire de la guerre mondiale tome4 du général René Tournès
  2. 3 ans au GQG tome 2 de Jean de Pierrefeu Editions Française Illustrée 1920
  3. Magazine 14-18, N°41
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