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Culte de la déesse
L'expression culte de la déesse fait référence au culte primitif de la fertilité tel qu'il semble avoir été universellement pratiqué à la fin de la préhistoire. Ce culte, dans lequel la figure de la femme tenait une grande place et revêtait une dimension sacrée, consistait essentiellement en une vénération de la Terre — cette dernière incarnant le principe féminin universel, mieux nommé Déesse-Mère ou Grande Déesse, ou encore Féminin sacré (il s'agit d'une expression d'invention récente).
Sommaire
Le culte de la déesse au fil des âges
Préhistoire
Certains auteurs, tels Marija Gimbutas (son livre Le langage de la déesse y est consacré), pensent que le culte de la Déesse apparaît au Paléolithique supérieur. Selon cette hypothèse, les premières traces de cette religion primordiale remontent à 35 000 avant notre ère, avec en particulier des vestiges tels que la Vénus de Willendorf.
La thèse des sociétés « matristiques » de Marija Gimbutas
Marija Gimbutas, archéologue et anthropologue universellement considérée comme l'une des meilleures spécialistes en ce domaine, spécialiste des cultures indo-européennes et pré-indo-européennes, ex-chercheuse à l'université de Harvard, préfère le terme de société « matristique » pour désigner un type de société qui perdura, selon elle, des dizaines de millénaires, depuis l'Aurignacien au Paléolithique supérieur jusqu'au début des temps historiques vers — 3000 où le patriarcat se serait peu à peu institué. Ses théories, en particulier celle du culte de la Déesse qui se serait universellement répandu durant toute la Préhistoire, se fondent sur ses recherches et se basent sur les campagnes archéologiques qu'elle a dirigé quinze années durant dans ce qu'elle appelle « l'ancienne Europe », pré-indo-européenne, principalement dans les Balkans et le long du cours du Danube.
Ce système ne se baserait pas sur une discrimination sexuelle, mais sur l'importance accordée au féminin, la femme incarnant la reproduction de l'espèce et son espoir de pérennité dans une dimension temporelle qui n'était pas linéaire comme elle le devint avec le patriarcat, mais circulaire et cyclique où prend naissance le mythe de « l'éternel retour ».
L'existence d'un tel système social durant la Préhistoire n'est plus guère mis en doute aujourd'hui, même si ethnologues, archéologues et anthropologues ne sont pas toujours d'accord sur sa définition. Ce qui pose davantage question aujourd'hui est de savoir comment le patriarcat s'y serait substitué pour s'imposer avec l'invention de l'agriculture, entre -5000 et -3000.
Ce thème a aussi inspiré des auteurs de fiction, tels Jean Auel dans sa saga Les Enfants de la Terre.
Antiquité
Dans l'Antiquité, le culte de la Déesse a pris, au contact des religions polythéistes du bassin méditerranéen, la forme des cultes à mystères voués à Isis, Cybèle, Déméter, Perséphone, celui plus « rural » de Diane, ou encore la Gaïa grecque, autant de visages de la Grande Déesse.
Dans l'Orient ancien, le culte hébreu de Yahvé, dieu masculin et « solaire » (figure paternelle mais qui peut ici ou là revêtir des traits féminins comme ceux d'une mère enfantant son peuple), inaccessible (dont on ne peut prononcer le nom et qui ne peut être représenté), lié de manière exclusive à son peuple, et surtout unique est entré en conflit avec les cultes polythéistes et en particulier ceux de la Déesse Mère, dans la zone limitée du peuple d'Israël (le Yahvé hébreu étant un Dieu avant tout national). Le christianisme naissant s'inscrivant dans la tradition du Dieu hébreu, en reprend les figures essentielles, notamment celle d'un monothéisme à figure plutôt masculine (sauf pour la figure de l'Esprit dans les développements trinitaires, l'Esprit étant plus traditionnellement vu comme une part féminine).
L'expansion chrétienne au Ier, IIe et IIIe siècle, va en faire peu à peu la religion dominante qui effacera la place des autres cultes, notamment ceux de la Déesse. Cependant, dans l'évolution du christianisme, des figures féminines vont peu à peu prendre place dans le culte et les croyances, notamment celle de la Vierge Marie (la Vierge Mère) et celle de Marie-Madeleine (la prostituée sacrée) que des légendes successives vont assimiler à la prostituée de l'Évangile de Luc. Avec la multiplication des saintes également, on verra réapparaître dans le christianisme les traits propres à certaines déesses anciennes. [réf. nécessaire]
Moyen-âge
Dans l'Europe médiévale, ce culte de la Déesse a perduré sous deux formes majeures : le culte de Diane et celui des Vierges noires. Les prêtresses de Diane, considérées dans certaines contrées comme des fées, étaient poursuivies par les pouvoirs séculiers qui voyaient en ce culte ni plus ni moins que de la sorcellerie. Pour ce qui est du culte des Vierges noires, il semble que ses adeptes aient été davantage épargnés des persécutions du fait que cette pratique prenait la forme d'une vénération particulière de la Vierge Marie.
- (voir les articles détaillés sur le Culte de Diane et celui des Vierges noires)
XXe siècle
Le culte de la déesse est revenu sur le devant de la scène au XXe siècle, dans le cadre du mouvement du néo-paganisme, grâce à Gérald Gardner qui en a fait un des piliers de la religion qu'il élabora et présenta comme la continuation de ce qu'il dénomme l'« Ancienne Religion » : la Wicca.
Un néologisme, Théalogie, est apparu au milieu du XXe siècle pour désigner l'étude du divin dans une approche féminine et féministe.
Voir aussi
Auteurs ayant traité ce sujet
Liens internes
- Féminin sacré
- Grande Déesse
- Théalogie
- Déesse Hindoue
- Paganisme
- La Déesse-Mère est dans le cadre de la psychologie analytique, un des archétypes présents dans la féminité de l'homme. La féminité de l'homme se nomme l'anima. Elle se nomme dans le cadre de cette théorie la femme de la sublimation.
Liens externes
Notes et références
Catégories : Anthropologie des religions | Sorcellerie, pratique réelle ou supposée | Représentation de la femme | Place des femmes dans la religion
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