- Crime et Châtiment
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Crime et Châtiment Auteur Fiodor Dostoïevski Genre Roman Version originale Titre original Преступление и наказание Éditeur original Ruskii Vestnik Langue originale Russe Pays d'origine Russie Date de parution originale 1866 Version française Traducteur D. Ergaz (1950), André Markowicz (2002) Éditeur Éditions Gallimard (1950), Éditions Actes Sud (2002) Date de parution 1950, 2002 Crime et Châtiment (Преступление и наказание) est un roman de l’écrivain russe Fiodor Dostoïevski publié en 1866.
Cette œuvre est une des plus connues du roman russe et exprime les vues religieuses et existentialistes de Dostoïevski, en insistant sur le thème du salut par la souffrance. Le roman dépeint le meurtre prémédité d’une vieille prêteuse sur gage et de sa sœur cadette par Raskolnikov, un ancien étudiant de Saint-Pétersbourg, et ses conséquences émotionnelles, mentales et physiques sur le meurtrier.
Sommaire
Personnages
- Rodion Romanovitch Raskolnikov : le personnage principal du roman.
- Sofia Semionovna Marmeladova souvent appelée Sonia ou Sonietchka : fille de Semion Zakharovitch Marmeladov. Elle se prostitue pour subvenir aux besoins de sa famille.
- Porphiri Petrovitch : détective qui mène l'enquête sur la mort de l'usurière.
- Avdotia Romanovna Raskolnikova appelée aussi Dounia : la sœur de Raskolnikov.
- Arkadi Ivanovitch Svidrigaïlov : ancien employeur d'Advotia Romanovna.
- Dimitri Prokovitch Razoumikhine : ami dévoué de Raskolnikov.
- Semion Zakharovitch Marmeladov : mari de Katerina Ivanovna et le père de Sonia.
- Katerina Ivanovna Marmeladova : seconde femme de Marmeladov, donc la belle-mère de Sonia.
- Piotr Petrovitch Loujine : futur mari de Dounia.
- Poulkheria Alexandrovna Raskolnikova : mère de Raskolnikov et de Dounia.
- Andreï Semionovitch Lébéziatnikov : compagnon de chambre de Loujine.
- Aliona Ivanovna : l'usurière.
- Lizaveta Ivanovna : sœur de l'usurière.
- Zossimov : un ami médecin de Razoumikhine.
- Nikodim Fomitch : chef de la police.
- Ilia Petrovitch aussi appelé « Poudre » : lieutenant de Fomitch.
- Alexandre Grigorievitch Zamiotov : un ami de Razoumikhine travaillant pour la police.
- Nastassia Petrovna : servante dans l'immeuble de Raskolnikov.
Résumé
Première partie
Deuxième partie
Troisième partie
Quatrième partie
Cinquième partie
Sixième partie
Épilogue
Après être tombé malade et être resté au lit, cloué par la fièvre, pendant plusieurs jours, Raskolnikov s’imagine que tous ceux qu’il rencontre le suspectent du meurtre ; la connaissance de son crime le rend presque fou. Mais il rencontre Sonia Semionovna, une prostituée dont il tombe amoureux. Dostoïevski utilise cette relation comme une allégorie de l’amour de Dieu pour l’humanité déchue et du pouvoir de rédemption de l’amour. Mais Raskolnikov n’est racheté que par l’aveu du meurtre et la déportation en Sibérie.
Au-delà du destin de Raskolnikov, le roman, avec sa grande galerie de personnages variés, traite de sujets tels que la charité, la vie de famille, l’athéisme, l’alcoolisme, et de la recherche identitaire avec le regard aigu que Dostoïevski portait sur la société russe de son temps. Même si Dostoïevski rejetait le socialisme, le roman est aussi une critique du capitalisme qui se mettait en place dans la société russe de cette époque.
Raskolnikov pense être un « surhomme », qu’avec une bonne raison, il pourrait exécuter un acte ignoble — le meurtre de l’usurière — si cela peut l’amener à faire le bien. Il cite souvent Napoléon, estimant qu’il a eu raison de répandre autant de sang : « Si un jour, Napoléon n’avait pas eu le courage de mitrailler une foule désarmée, nul n’aurait fait attention à lui et il serait demeuré un inconnu ».
Raskolnikov estime qu’il peut transcender les limites morales en tuant l’usurière, en volant son argent et en l’utilisant pour faire le bien. Il soutient que si Isaac Newton ou Johannes Kepler avaient dû tuer une ou même cent personnes pour éclairer l’humanité de leurs idées, cela en aurait valu la peine.
Le vrai châtiment de Raskolnikov n’est pas le camp de travail auquel il est condamné, mais le tourment qu’il endure tout au long du roman. Ce tourment se manifeste sous la forme d’une paranoïa, autant que de la prise de conscience qu’il n’est pas « surhomme », puisqu’il est incapable de supporter ce qu'il a fait.
Analyse
La douleur psychologique qui poursuit Raskolnikov est une thématique chère à Dostoïevski et se retrouve dans d’autres de ses œuvres, comme Les Carnets du sous-sol et Les Frères Karamazov (son comportement ressemble beaucoup à celui d’Ivan Karamazov). Il se fait souffrir en tuant la prêteuse sur gage et en vivant dans la déchéance, alors qu’une vie honnête mais commune s'offre à lui. Razoumikhine était dans la même situation que Raskolnikov et vivait beaucoup mieux, et quand Razoumikhine lui propose de lui trouver un emploi, Raskolnikov refuse et convainc la police qu’il est le meurtrier, alors qu’elle n’avait aucune preuve. Il essaye en permanence de franchir les frontières de ce qu’il peut ou ne peut pas faire (tout au long du récit, il se mesure à la peur qui le tenaille, et tente de la dépasser), et sa dépravation (en référence à son irrationalité et sa paranoïa) est souvent interprétée comme une expression de sa conscience transcendante et un rejet de la rationalité et de la raison. C’est un thème de réflexion fréquent de l’existentialisme.
Friedrich Nietzsche fit l’éloge des écrits de Dostoïevski (« Dostoïevski est la seule personne qui m'ait appris quelque chose en psychologie ») en dépit de leur théisme et Walter Kaufmann considérait les œuvres de Dostoïevski comme la source d’inspiration de la Métamorphose de Franz Kafka. Raskolnikov pense que les grands hommes peuvent se permettre de défier la moralité et la loi, comme il le fait en tuant quelqu’un. Dostoïevski utilise aussi Sonia pour montrer que seule la foi en Dieu peut sauver l’homme de sa dépravation, ce en quoi Dostoïevski diffère de nombreux autres existentialistes. Bien que cette philosophie particulière soit propre à Dostoïevski, parce qu’elle insiste sur le christianisme et l’existentialisme (le point de savoir si Dostoïevski est un vrai existentialiste est débattu), des thèmes comparables peuvent être trouvés dans les écrits de Jean-Paul Sartre, d'Albert Camus, Hermann Hesse et de Franz Kafka.
Adaptations théâtrales
- Crime et Châtiment, adaptation Gaston Baty, 1933
Éditions françaises
- Crime et Châtiment, traduit par D. Ergaz, Bibliothèque de la Pléiade, Gallimard, Paris, 1950 (ISBN 978-2-079101740)
- Crime et Châtiment, traduit par André Markowicz, Éd. Actes Sud, Collection « Babel », Arles, 1996 : vol. I (ISBN 2 7427 0909 6) et vol. II (ISBN 2-7427-0910 7)
- Crime et Châtiment, traduit par André Markowicz, Éd. Actes Sud, Collection « Thesaurus , Arles, 1996 (ISBN 2-7427-1936-9)
- Crime et Châtiment, traduit par J. Chuzeville, Éd. Bossard, 1931
Voir aussi
Article connexe
Liens externes
- (ru) Texte intégral
- Daniel Lefèvre, Sur les pas de Raskolnikov, article paru dans la revue Imaginaire et Inconscient, n°19, Les Figures du mal en littérature, janvier 2007. L'Esprit du Temps éditeur. (ISBN 9782847951059) Disponible sur : le site du CAIRN
Catégories :- Roman de Fiodor Dostoïevski
- Roman paru en 1866
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