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Créole
Pour les articles homonymes, voir Créole (homonymie).Le terme créole, à la fois nom et adjectif, (en espagnol ancien creollo, devenu criollo, passé dans les langues française et anglaise entre 1595 et 1605) désigne d'une façon générale une personne née dans une ancienne colonie de parents venus d'ailleurs. Il est souvent compris restrictivement comme s'appliquant à une personne « de race blanche » (on dit plutôt aujourd'hui : « d'ascendance européenne »).[1]
On qualifie aussi de créoles des systèmes linguistiques mixtes issus du contact entre des populations européennes et autochtones ou importées : voir Créole (linguistique) ; ainsi que les cultures respectives des différentes populations créoles.
Le terme est employé notamment à propos de la zone Caraïbe (Martinique, Guadeloupe, Haïti, Jamaïque, Guyane...), des Mascareignes (La Réunion, Île Maurice...), mais aussi d’autres régions (Hawaï, Cap-Vert, etc). Dans d'autres langues ou dialectes, on trouve des termes équivalents tels que : criollo, crioulo, creolo, kriolu, criol, kréol, kreyol, kriulo, kriol, krio etc.
Sommaire
Différentes définitions
Selon les anciens dictionnaires de langue française, et seulement eux, est Créole une « personne de race blanche », née sous les Tropiques de parents venus d'Europe et qui s'y sont installés, par opposition aux non-blancs d'une part, mais aussi par opposition aux Français, Espagnols, Portugais récemment arrivés d'Europe ou simplement de passage sur une île tropicale. Les dictionnaires de langue anglaise par exemple ne proposent pas cette définition raciale des Créoles (sauf exception, sous l'influence des dictionnaires français, comme par exemple le Merriam-Webster.[2]
Ainsi désignait-on ordinairement sous le nom de la Créole l'impératrice des Français Joséphine de Beauharnais, née à la Martinique. Ces mêmes dictionnaires peu à peu en viennent à admettre qu'on a aussi désigné sous le terme de Créole, à partir du XXe siècle, les populations métissées, mais disent-ils c'est par un abus de langage, « par extension », un simple usage. D'une manière très cohérente, les dictionnaires des difficultés de la langue française précisent souvent : ne pas confondre créole et métis ou mulâtre. Les blancs créoles (appelés Békés en Martinique, Grands Blancs en Guadeloupe) sont les plus attachés à la définition donnée par les dictionnaires français. Or, ce que les dictionnaires présentent comme une évolution récente, née de l'usage, constitue le sens originel du mot.
Toutefois dans la langue créole de l'ile de la Réunion, le terme Kréol désigne un métis aux ascendances diverses né sur place. Toujours dans cette langue, le terme Yab s'applique à une personne descendant directement de colons européens installés depuis longtemps dans l'ile ; on désigne par le terme Zoreil les Français métropolitains de passage (touristes), ou récemment installés, ou encore mutés professionnellement à la Réunion.
La consultation des dictionnaires de langue anglaise, espagnole ou portugaise, et la lecture des textes français antérieurs au règne de Louis XIV et au code noir, montre que le terme créole n'avait pas à l'origine de signification raciale : était créole celui qui était né ici de parents venus d'ailleurs, d'où des nègres créoles (nés sur place) par opposition aux Africains amenés en esclavage (appelé « bossal » en Haïti), mais aussi des poules créoles (nées dans le poulailler), ou des chevaux créoles (dans l'écurie), par opposition à des poules achetées sur le marché ou à des chevaux importés. Des cochons peuvent être désignés comme créoles en Haïti et aux Antilles françaises; dans ces dernières, le terme peut aussi s'appliquer à des chèvres, des vaches ou des chiens.
Le terme créole revêt donc un sens différent dans les différents territoires. C'est essentiellement en Guadeloupe et Martinique qu'il a été confisqué par l'aristocratie blanche ; de là il est aisément passé en métropole du fait que ces iles sucrières étaient en relations plus régulières et étroites avec la métropole que par exemple la Guyane ou la Réunion. À la Louisiane, le lien avec la métropole ayant très tôt été rompu, le mot créole inclut les hommes de couleur. Dans l'Océan Indien, à l'île Maurice, seuls sont désignés comme créoles les descendants des esclaves, les blancs mauriciens étant appelés « franco-mauriciens ». A la Réunion, ce terme désigne surtout les descendants métis des premiers colons français, les descendants d'esclaves étant appelés cafres. Dans cette ile, le concept de créolie (à ne pas confondre avec celui de créolité qui est essentiellement antillais), conformément au sens premier du mot créole, n'est pas connoté racialement.
Selon l'interprétation retenue, le terme peut donc contribuer, soit à maintenir une ségrégation fondée sur une hiérarchie raciale, soit à rapprocher tous les Créoles nés sur place de parents venus d'ailleurs (Européens blancs, Africains noirs, Indiens d'Inde, Syro-libanais, etc.) au sein d'une même « identité créole ».
Actuellement, la créolisation, notion d'anthropologie et de linguistique, désigne essentiellement un processus de création d'une culture (ou d'une langue) nouvelle, suite à un métissage et par émergence spontanée dans un milieu nouveau. Les partisans du mouvement de la créolité ne sont pas tous d'accord pour que le concept se développe indépendamment de tout ancrage dans une réalité géo-historique définie ; autrement dit, ce concept ne marquerait pas une rupture radicale avec celui de la négritude, inventé par Léopold Sédar Senghor, Aimé Césaire et Léon-Gontran Damas. Il n'y a pas unanimité par exemple pour admettre Saint-John Perse au sein des « lettres créoles ».
Populations créoles
Créoles de Louisiane
Attention ! Le Cadien et le Créole sont deux identités et deux langues différentes.
L'expression Créole de Louisiane fait habituellement référence aux populations créoles de Louisiane aux États-Unis et à ce qui y est associé. En Louisiane, l'identité créole peut tromper : elle n'a rien à voir avec la langue créole.
Pendant les colonisations française et espagnole de la Louisiane, l'usage de l'expression « créole », en tant qu'adjectif, était réservée uniquement aux gouvernements coloniaux. On appelait créole toute personne, produit ou animal nés dans la colonie. L'esclave créole valait nettement mieux que l'Africain car il parlait déjà une langue compréhensible aux Français (donc le français ou le créole louisianais) et il était moins réceptif aux maladies dues au climat de la colonie.
La vente de la colonie française de Louisiane en 1803 provoqua une division culturelle entre les francophones de la colonie et les anglo-saxons venus administrer le nouveau territoire. Le premier gouverneur du territoire de Louisiane, William C. C. Claiborne, un anglo-saxon né dans le Tennessee, avait pour premier but d'assimiler la colonie francophone de Louisiane. Rapidement, il allait entrer en opposition avec l'ancienne classe dirigeante francophone.
C'est à partir de ce moment que les anciens habitants de la Louisiane commencent à s'identifier en tant que Créoles pour se distinguer des Anglo-Saxons. A la Nouvelle-Orléans, la rue du Canal allait marquer la frontière linguistique, entre les quartiers de langues française/créole et anglaise. D'où le nom du célèbre Quartier Français de la Nouvelle-Orléans, où vivaient les francophones de la ville.
Lorsque le Congrès des États-Unis d'Amérique vota l'abolition de l'esclavage, les mulâtres libres de Louisiane se rangèrent du côté des confédérés esclavagistes. Sous administration française et espagnole de la Louisiane, la loi coloniale reconnaissait trois rangs de la société louisianaise : Blancs, gens de couleur libres et esclaves, ce qui n'existait pas en Nouvelle-Angleterre.
Cette particularité permit l'émergence d'une nouvelle identité dans la colonie, celle des gens de couleur libres. Lorsque l'Union gagna la guerre, l'homme de couleur libre crut son identité menacée par la suppression de l'esclavage, qui le plaçait dans la même catégorie que les anciens esclaves. Comme les Blancs, quelques quarante ans plus tôt, l'ancien homme de couleur libre revendiqua l'appartenance au groupe des Créoles pour faire la distinction avec l'ancien esclave.
Quant aux esclaves francophones, ils ont cherché à se constituer une identité catholique et créolophone. Mais cette distinction s'est estompée avec le Mouvement des Droits Civils et le Mouvement de Fierté Noire dans les années 1960, où le Noir devait alors choisir entre une identité créole et l'assimilation à la communauté des Noirs anglophones beaucoup plus influente.
Aujourd'hui, le créole de Louisiane est en voie de disparition. Aucun mouvement linguistique officiel n'a été créé pour le préserver.
Mais l'identité créole est à nouveau revalorisée en raison d'un nouvel engouement pour la langue française cadienne, encouragé par l'Etat.
- la musique folk créole de Louisiane
- la cuisine créole de Louisiane
Notes et références
- ↑ Définition du Dictionnaire encyclopédique Larousse en un volume (1979) : « Personne de race blanche née dans les anciennes colonies (Antilles et Guyane en particulier). »
- ↑ Définition du dictionnaire Merriam-Webster.
Voir aussi
- Langues créoles
- Créolisation
- Créolité (ou Créolitude)
- Créolie
- Créole Guadeloupéen
- Créole Martiniquais
- Créole Haïtien
- Créole Guyanais
- Créole Réunionnais
- Édouard Glissant
Liens externes
- Portail de l'anthropologie
Catégorie : Créole
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