- Crampe
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Une crampe est une contracture violente, involontaire, passagère et douloureuse, visible et palpable, d'un muscle ou d'un faisceau musculaire.
La crampe entraîne une impotence totale au niveau du groupe musculaire atteint. Elle débute brutalement et elle est brève (quelques minutes). Elle survient au repos, souvent pendant le sommeil, mais également après une contraction volontaire d'un muscle déjà en position de raccourcissement maximal. Elle cède le plus souvent progressivement en étirant le muscle considéré.
Les crampes dites « essentielles » sont bénignes et plus fréquentes chez le sportif, la femme enceinte, après l'orgasme, et chez les personnes âgées. Elles sont sans gravité, mais des douleurs résiduelles peuvent parfois persister ensuite.
Sommaire
Étiologie
On distingue:
- les crampes essentielles (liées à l'exercice, personnes âgées, femmes enceintes)
- les crampes secondaires
Les crampes se situent souvent au niveau des fléchisseurs des bras ou des jambes (ex : crampe des gastrocnémiens, des fléchisseurs du pied).
- Il ne faut pas confondre une crampe avec :
- une courbature, une dystonie focale d'action, une claudication en rapport avec une ischémie, une tétanie, une myotonie, une contracture réflexe et non douloureuse, une raideur centrale.
Signes et symptômes
- Douleur vive et soudaine
- Spasme musculaire
Causes
- Fatigue musculaire
- Déshydratation
- Apport insuffisant en chlorure de sodium (sel de table)
- Excès d'électricité statique[1]. L'électricité statique n'est pas une cause de la crampe, mais la cause de son déclenchement. Celui-ci est en effet rendu possible par une impulsion électrique du corps. Et un excès d'électricité statique provoque cette impulsion
- Hyperglycémie[réf. nécessaire]
Causes des crampes non essentielles
- Myopathies, myotonie atrophique
- Radiculonévrite, polynévrite, sclérose latérale amyotrophique
- Pathologies surrénaliennes, thyroidiennes ou parathyroidiennes
- Hypoglycémie, troubles hydroélectrolytiques, notamment hypokaliémie, insuffisance rénale, alcool
- Chaleur excessive, avec au maximum le coup de chaleur
- Médicaments : fibrates, statines, certains bêta-bloquants, bétamimétiques, bromocriptine, corticoïdes, diurétiques, laxatifs, nifédipine, pénicillamine, strontium, tolcapone
- Aliments enrichis en phytostérols et phytostanols
Une crampe peut être le signe précurseur d'une rhabdomyolyse.
Fonctionnement
Lors de la phase de relaxation musculaire, la concentration en calcium intracellulaire diminue suite à l'action couplée de trois transporteurs :
- Le transporteur actif SERCA (ou pompe SERCA), qui est situé sur la membrane du réticulum sarcoplasmique, assure le transport d'ions calcium vers celui-ci. SERCA est responsable de l'évacuation de 60% du calcium intracellulaire.
- Le transporteur actif PMCA (ou pompe PMCA), qui est situé sur la membrane cellulaire, assure l'explusion du calcium vers le tissu interstitiel. À noter que PMCA ne fixe pas le calcium mais la calmoduline. PMCA est responsable de l'évacuation de 10% du calcium intracellulaire.
- Le transporteur actif secondaire NCX (antiport Ca2+/Na+), qui est situé sur la membrane cellulaire, assure l'évacuation de 30% du calcium intracellulaire.
Lorsque le gradient sodique (Na+) extracellulaire diminue, (suite a une perte d'eau par sudation ou par hyperhydratation lors d'un entrainement sportif) l'activité de l'échangeur NCX Ca2+/Na+ diminue ce qui conduit progressivement a une accumulation de calcium dans la cellule. La concentration calcique intracellulaire jouant un rôle primordial dans la contraction (par le mécanisme de fixation du calcium par la sous-unité TnC de la troponine) résulte en une contraction involontaire prolongée de la cellule musculaire, et par extension, du muscle squelettique concerné.
Lors d'un effort physique, la sueur excrétée a pour fonction de maintenir la température corporelle à 37 °C, cependant la perte d'eau est accompagnée d'une perte en sodium Na+. La crampe d'effort (crampes pendant le sport) est la conséquence d'une surcharge en calcium dans le muscle, engendrée par un manque de sodium circulant dans l'organisme. Lors d'efforts d'endurance, il est ainsi conseillé d'avoir un léger apport en sel afin de minimiser les risques de survenue d'une crampe.
Traitements
Dans la majorité des cas, une crampe peut être évitée ou neutralisée par un rééquilibrage de l'équilibre osmotique (notamment du sodium), c'est-à-dire une ingestion d'eau salée.
Pour les crampes essentielles, c’est-à-dire sans cause décelable :
- il est de coutume d'étendre le muscle concerné, sur un sol froid de préférence ; c'est l'étirement passif.
- il est conseillé de pratiquer des exercices d'étirement pendant la journée (par exemple : se tenir debout face à un mur situé à un mètre et se pencher en avant pour faire reposer les mains au mur sans décoller les talons du sol).
- de s'hydrater et de s'échauffer avant les efforts (par exemple : pour les sportifs).
- pour les sportifs, il est recommandé de marcher quelques minutes sur le sol à pieds nus afin d'éliminer l'excès d'électricité statique provoquant le déclenchement des crampes[réf. nécessaire].
- en cas de crampes nocturnes, il est recommandé de supprimer l'électricité statique du lit avec un petit duvet anti-statique par exemple[réf. nécessaire].
Pour les crampes dues à la chaleur, le principe est l'ingestion d'eau salée (1/2 cuillère à café/litre), techniques de refroidissement.
Chez les Thaïs[réf. nécessaire], la réduction des crampes des jambes dues au nerf sciatique est obtenue de manière très efficace et rapide par une double compression (assez douloureuse voire insupportable) sur les deux branches du sciatique au point de passage externe vers l'interne de la fesse juste sur l'os du bassin. La localisation du point est facile à identifier par simple pression du doigt là où cela fait le plus mal sur le haut central de la fesse contre le rebord inférieur du bassin (si ce n'est pas douloureux, le sciatique n'est pas en cause). L'opération de compression peut être faite soi-même en prenant appui sur l'angle d'un meuble et en serrant les dents pour faire une forte compression du point douloureux pendant une dizaine de secondes dans le sens du bas vers le haut comme pour remonter le sciatique, puis en passant au suivant ; en général, c'est symétrique. Si le résultat est probant (absence de crampes pendant une semaine ou plus), l'opération peut être renouvelée dès l'apparition de la première petite crampe du mollet ou du pied. Il est conseillé de masser la partie où il y a eu la crampe, comme le talon ou toute autre partie.
Les médicaments ayant obtenu une AMM pour le traitement des crampes sont à base de quinine, avec une efficacité démontrée[2]. La balance bénéfice-risque est cependant défavorable pour justifier son utilisation systématique dans l'indication de la crampe essentielle qui est un symptôme bénin[3].
Croyances populaires
Les moyens suivants n'ont pas d'efficacité démontrée et prouvée : un pain de savon de Marseille dans le lit, les aimants permanents, un morceau de métal (ou des bijoux en or) dans le lit, les bouillottes ou vessies de glace, la contention élastique, l'homéopathie, les apports vitaminiques, ainsi que les inhibiteurs calciques...
Effets indésirables
Pour mémoire, quelques (très) rares effets indésirables atteignant des cas isolés :
- thrombopénies
- anémies hémolytiques
- pancytopénies
- CIVD
- acouphènes
- réactions anaphylactiques
- hypoglycémies
- atteintes hépatiques
Prévention
Les crampes nocturnes peuvent être évitées en prenant régulièrement du magnésium (par exemple en mangeant des bananes).
Les crampes musculaires du sportif peuvent être prévenues par de simples gestes[4] :
- S'échauffer avant de pratiquer l'exercice physique
- Pratiquer dans des lieux sûrs (surface planes, gymnase...)
- Bien s'hydrater avant la pratique du sport
- Être suivi par un professionnel du sport et/ou un médecin
- Supprimer l'excès d'électricité statique (les coureurs qui pratiquent pieds nus n'ont généralement pas de crampes car ils éliminent l'électricité statique par contact direct du pied avec le sol).
Notes
- Voir sur crampes.org.
- Quinine for muscle cramps, Cochrane Database of Systematic Reviews, 2010, Issue 12. Art. No.: CD005044. DOI: 10.1002/14651858.CD005044.pub2 El-Tawil S, Al Musa T, Valli H et Als.
- Prescrire, n° 206, mai 2000, p. 372 « Quinine et crampes : une efficacité incertaine mais des risques importants ».
- « Définition, causes, types et traitements des crampes musculaires », 2009. A. Farhi,
Bibliographie
- Revue Prescrire, « Les Crampes » p. 852 à 854, no 278, décembre 2006
Catégories :- Médecine du sport
- Lésion musculaire
- Douleur
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