Académie royale de peinture

Académie royale de peinture

Académie royale de peinture et de sculpture

Charles Le Brun, lorganisateur de lAcadémie royale.

LAcadémie royale de peinture et de sculpture fut une institution détat chargée de réguler et denseigner la peinture et la sculpture en France durant lAncien Régime.

Sommaire

Historique

LAcadémie Royale de Peinture et de Sculpture fut fondée en France en 1648, sous la régence dAnne dAutriche, à linstigation dun groupe de peintres, dont faisaient partie Philippe de Champaigne, Sébastien Bourdon et Charles Le Brun, dans le but de contrecarrer linfluence des guildes de Saint-Luc et délever le statut des artistes qui nétait pas distinct de celui des artisans.

LAcadémie eut en fait peu de pouvoir jusquà ce que Colbert y vît un moyen de mettre les artistes au service et sous le contrôle de lÉtat, et quil en devînt le parrain. Il en fut nommé Vice protecteur en 1663 et Charles Le Brun, son peintre préféré, directeur. En parallèle fut créée lAcadémie de France à Rome en 1666.

Jacques-Louis David, bien quil en fût membre, sétait toujours rebellé contre lautorité de lAcadémie et les privilèges de ses membres. Il en obtint la dissolution en 1793 après un discours à la Convention nationale en août.

Elle fut remplacée lannée suivante par lInstitut qui fut lui-même remplacé à la Restauration par lAcadémie des Beaux-Arts, et finalement appelé Institut de France.


LAcadémie était administrée par un directeur choisi parmi ses membres. Cétait souvent le peintre favori du Roi.

(Voir la Liste des directeurs de l'Académie royale de peinture et de sculpture.)

Admission

Rosalba Carriera, académicienne vénitienne.

Les prétendants à lAcadémie Royale devaient présentés un « morceau dagrément » afin de démontrer leurs capacités; puis, dans un délai de trois ans, un second ouvrage en vue de la réception définitive.

Elle admettait ses membres sur concours annuel. Le concours consistait en la présentation dune ou plusieurs œuvres, jugées par les membres admis, et appelées « morceaux de réception ». Elle compta jusquà environ 90 membres juste avant sa dissolution, en 1793.

Le lauréat du concours recevait une bourse appelée Prix de Rome, lui permettant de parfaire son éducation à Rome à lAcadémie de France.

Ladmission à lAcadémie assurait laccès aux commandes royales.

Les femmes à lAcadémie Royale

Contrairement à lAcadémie française, lAcadémie ne refusa pas dadmettre dans ses rangs les femmes qui sétaient fait remarquer par leurs talents.

Ce fut Le Brun lui-même qui, dans la séance du 14 avril 1663, y introduisit la première académicienne, Catherine Duchemin, femme du sculpteur Girardon. Son œuvre de réception était un tableau représentant « un panier de fleurs sur un pied destal » (perdu).

Le 7 décembre 1669, Geneviève Boullogne et Madeleine Boullogne, son aînée, furent aussi reçues comme peintres de fleurs, sur la présentation de leur père, Louis Boullogne, lun des fondateurs de lAcadémie. Leur morceau de réception, peint en collaboration entre les deux sœurs, représentait « un amas de plusieurs desseins de figures faites daprès le modèle, & quelques uns darchitecture » (perdu).

Autoportrait dÉlisabeth-Sophie Chéron, aujourdhui au musée du Louvre, réception confirmée en septembre 1673.

La plus remarquable artiste du temps, Élisabeth-Sophie Chéron, à la fois peintre, poète et musicienne, excellait dans le portrait et fut reçue le 11 juin 1672, sur présentation de musique.

LAcadémie reçut encore, le 24 juillet 1676, la miniaturiste Anne-Renée Strésor, avec un « tableau de mignature [sic], représentant Jésus-Christ qui se présente à S. Paul, dans le voyage quil faisoit à Damas » (perdu).

Le 23 novembre 1680, Dorothée Masse, veuve Godequin, fille de Jean Masse de Blois, comme sculpteur sur bois, présentée par Lebrun et Testelin.

Le 31 janvier 1682, Catherine Perrot, peintre de fleurs et oiseaux en miniature, auteur dun excellent petit traité sur cet art. Son morceau de réception était « un petit tableau en mignature [sic] représentant un pot de fleur, sur une glace » (perdu)

LAcadémie ouvrit également ses portes le 26 octobre 1720 à la Vénitienne Rosalba Carriera, illustre pour le pastel et la miniature, avec sa Nymphe de la suite d'Apollon (musée du Louvre).

La Hollandaise Margarete Haverman, épouse de Mondoteguy et élève de Huysum née à Breda, reçue le 31 janvier 1622[réfnécessaire], comme peintre de fleurs.

Marie-Thérèse Reboul, femme de Vien, reçue le 30 juillet 1757, comme peintre en miniature, avec ses Deux pigeons sur une branche darbre (Musée du Louvre) ;

La Prussienne Anna Dorothea Therbusch ou Terbouche (ou encore Therbousch) née Leizcinka, reçue le 28 février 1767, sur présentation de son Buveur (Ecole nationale supérieure des beaux-arts).

En 1770, ce fut au tour dAnne Vallayer-Coster dêtre reçue comme peintre de genre (en ayant présenté des Instruments de musique et Les attributs de la peinture, de la sculpture et de larchitecture , ainsi que de Marie-Suzanne Roslin née à Paris, épouse de Roslin, reçue comme peintre de portraits en pastel avec son Portrait du sculpteur Jean-Baptiste Pigalle.

Enfin, le 31 mai 1783, dans une même séance, le nombre des académiciennes fut fixé à quatre, on reçut Adélaïde Labille des Vertus, qui présentait le Portrait dAugustin Pajou et Élisabeth Vigée Le Brun qui fut reçue sans mention de genre, bien quelle eût présenté une peinture dhistoire, La Paix ramenant lAbondance (toutes ces œuvres au musée du Louvre)

Salon

L'académie avait formé le projet d'exposer annuellement les œuvres de ses membres; confirmée en 1663, cette disposition tarde à être suivie d'effet en raison de l'absence d'un local convenable[1]. En 1665, la première exposition reste confidentielle et le public n'y est pas admis[2]. À partir de 1667, à fréquence irrégulière dabord, lAcadémie expose les tableaux des candidats au Prix de Rome. En 1673, il est décidé d'exposer les œuvres en plein air, dans la cour du Palais Royal[1]. En 1699, Louis XIV autorise la manifestation à se tenir dans la Grande Galerie du Louvre, avec pour la première fois un catalogue officiel dressé par Florent Le Comte[1]. L'expérience est renouvelée en 1704. En 1725, l'exposition a lieu pour la première fois dans le Salon Carré du Louvre[2], mais la fréquence des manifestations ne devient plus régulière qu'à partir de 1737. L'habitude est prise d'exposer les œuvres dans le salon carré qui donne désormais son nom à la manifestation. Le Salon va bientôt attirer un très grand nombre de visiteurs, et acquérir une réputation internationale dans le milieu des amateurs d'art[2]. Dès 1759, Denis Diderot rédige un premier compte-rendu du Salon pour la Correspondance Littéraire, de Grimm[2].

Fonction

LAcadémie eut 2 fonctions principales : la régulation et lenseignement.

Régulation

LAcadémie était un lieu de réflexion artistique, et les académiciens y élaboraient les règles de lArt et du bon goût. Le premier traité de peinture composé sinon par elle du moins pour elle et qui influença la conception classique des rapports entre la composition, le dessin et la couleur, est le fait du peintre, disciple de Poussin, et théoricien Charles-Alphonse Du Fresnoy, le De arte graphica. Par la suite, les théories de lAcadémie firent pratiquement office de loi dans le monde de lart de lépoque.

En accord avec les principes du classicisme, style dominant, il était implicitement reconnu et enseigné que tout ce qui avait rapport avec lArt devait être soumis à des règles rationnelles, qui pouvaient par conséquent être apprises et étudiées.

Les genres étaient divisés et hiérarchisés. La peinture dhistoire venait en premier, car elle était censée demander un plus grand effort intellectuel de connaissance, dinterprétation et de composition. Venaient ensuite les genres dits « dobservation » quétaient le portrait et la nature morte. Cette hiérarchie se révélait lors des concours dentrée les peintres dhistoire nétaient tenus de fournir quune seule œuvre contre deux pour les autres genres.

Dautres genres furent ajoutés, tels les « fêtes galantes » en lhonneur de Antoine Watteau, qui ne remirent toutefois pas en cause la hiérarchie.

Enseignement

Les membres de lAcadémie ouvrirent un studio ils enseignèrent les principes officiels de lart aux apprentis artistes, peintres et sculpteurs.

Sous la direction de Charles Antoine Coypel, fut créée lÉcole des Élèves Protégés afin de permettre à des éléments doués de se préparer pour le prix de Rome.

Son influence

Il est indéniable que lAcadémie eut une influence considérable sur lart en France, et aussi sur lensemble de lEurope, à cause du rayonnement de la culture française de lépoque.

Les théories officielles étaient le classicisme de Poussin, dont Charles Le Brun avait épousé la cause, et le néoclassicisme, après le bref interlude rococo sous la Régence. Ces théories furent appliquées à grande échelle. Il fallut attendre le XIXe siècle pour voir une diversité de mouvements et décoles remettre en cause lAcadémie des Beaux-Arts, héritière de lAcadémie Royale.

Quelques membres

Références

  • Édition du premier traité de peinture classique : De Arte Graphica de Ch.-A. Du Fresnoy, nouvelle édition et traduction française de Philippe-Joseph Salazar, précédé dun essai critique sur Linstitution de la peinture, Paris, LAlphée, 1990, 98-121.
  • Les peintres du roi, 1648-1793, catalogue dexposition, musée des beaux-arts de Tours et musée des Augustins à Toulouse, 2000

Liens externes

Notes

  1. a, b et c Alfred Picard, « Exposition universelle de 1889, rapport général »
  2. a, b, c et d Stéphane Lojkine, « les salons de Diderot, de l'ekphrasis au journal, genèse de la critique d'art »
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