- Cor anglé
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Cor anglais
Le cor anglais est un instrument de musique à vent de la famille des bois, à anche double et de perce conique. C'est un hautbois, mais il est en fa, à la quinte juste inférieure (alto de la famille). Comme son petit frère le hautbois d'amour, son pavillon est piriforme (en forme de poire) et son anche est reliée au corps du haut par un tube conique et courbe appelé bocal.
L'orthographe (cor anglé, cor anglese, cor anglès, cor anglet…) et l'origine de son nom font couler beaucoup d'encre et laissent perplexe plus d'un organologue :
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- la qualification "anglais" provenant d'une confusion faite avec la désignation visuelle française "anglé" (courbé ou coudé)
- la référence aux instruments d'origine anglaise
- l'assimilation avec un véritable cor, semi-circulaire, de chasseur ou de forestier utilisé en Grande-Bretagne
- une mauvaise traduction de "Englisches Horn" par "cor anglais" au lieu de "cor angélique" en vieil allemand ("England" = l'Angleterre, "englisches" = anglais mais "Engel" = ange, "engelhaft", "engelisches" = angélique). L'élision d'une voyelle comprise entre deux consonnes pouvant se prononcer ensemble étant un phénomène courant en linguistique, le "e" compris entre le "g" et le "l" de "engelisches" a disparu et lorsque l'instrument est venu d'Allemagne en France, il y a eu erreur de traduction. Cette version est privilégiée par les hautboïstes actuels qui se sont penchés sur ce problème, l'instrument étant appelé "corno angelico" en Italie à l'époque baroque.
- la confusion avec le hautbois de chasse (oboe da caccia), en fa également, courbe, au pavillon métallique très évasé
Comme le hautbois, son origine vient de la transformation des consorts de chalemies et de hautbois du Poitou par les familles Hotteterre et Philidor au milieu du XVIIe siècle. Les premières tailles de hautbois en fa dont le cor anglais descend directement étaient droites et de pavillons coniques puis piriformes ; certains luthiers, surtout allemands, lui ont donné une forme courbée (comme le cornet à bouquin disparaissant), d'autres ont mis un "angle" entre le corps du haut et le corps du bas, d'autres encore l'ont fait évoluer vers le hautbois de chasse (oboe da caccia)… Mais à la fin du XIXe siècle, sa perce redevient définitivement droite et sa facture similaire à celle du hautbois modèle conservatoire.
- Déjà présent dans des œuvres de Niccolò Jommelli dès 1741, Joseph Haydn l'emploie dans ses divertimenti en 1746, et Gluck l'intègre dans l'orchestre d’Alceste en 1767.
- Johann Nepomuk Hummel lui dédie un concerto virtuose, à la mode du hautbois, sans l'aspect de badinage charmant qui est attaché à son équivalent aigu.
- Frédéric Chopin, dans le deuxième mouvement de son Premier concerto pour piano op. 11, l'emploie comme contre-chant méditatif et touchant, mais sans mièvrerie, avec son timbre barytonnant.
- Hector Berlioz, dans la Symphonie fantastique, le fait dialoguer avec le hautbois au début du troisième mouvement (la "Scène au champ"), le cor anglais étant le premier à jouer. Hautbois et cor anglais se répondent également dans la "Sérénade d'un montagnard des Abruzzes à sa maîtresse" d'Harold en Italie. Enfin, le grand thème Ô Teresa, vous que j'aime plus que ma vie de Cellini dans l'ouverture du Carnaval romain est aussi confiée au cor anglais.
- Giuseppe Verdi l'utilise dans l'extrait "Era piu calmo" de son opéra Otello, lui confiant non seulement un rôle principal parmi la masse orchestrale mais également plusieurs passages en solo.
- C'est lui qui interprète, dans le deuxième mouvement de la symphonie en ré mineur de Franck, le solo succédant au long passage en pizzicati.
- Richard Wagner l'utilise dans Tristan et Isolde pour tenir le leitmotiv attaché à von König Markes Land, expression d'une nostalgie de la terre d'Irlande (aux origines du mythe contrée d'immortalité), d'une soumission infamante au vainqueur (Tristan) qui la conduit comme du bétail à un autre qui n'a acquis aucun droit sur elle (Marke), de l'annonce des souffrances à venir sur ce sol étranger. Il l'utilise également en solo au final du prélude du troisième acte (mélopée du pâtre).
- Maurice Ravel lui confie un beau chant, en solo ou en dialogue avec le piano et la flûte, dans le mouvement central Adagio assai du Concerto pour piano en sol majeur.
- Joaquín Rodrigo lui confie le solo du début dans le célèbre mouvement central Adagio du Concerto d'Aranjuez.
- La « Légende » du 2e mouvement de la symphonie n° 9 dite « du Nouveau Monde » d'Antonín Dvořák utilise également le cor anglais pour chanter l'aria célèbre.
- Jean Sibelius l'associe au cygne de Tuonela, gardien du royaume des morts, dans la deuxième pièce des Légendes de Lemminkäinen.
Beaucoup d'autres occurrences seraient à relever. On s'est contenté de citer quelques-unes des premières signalées et d'évoquer quelques usages emblématiques de l'instrument.
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