Comportement des troupes britanniques pendant la Guerre d'indépendance des États-Unis d'Amérique

Comportement des troupes britanniques pendant la Guerre d'indépendance des États-Unis d'Amérique

Comportement des troupes britanniques pendant la guerre d'Indépendance des États-Unis d'Amérique

Cet article traite du comportement des troupes britanniques pendant la guerre d'Indépendance des États-Unis d'Amérique à la fin du XVIIIe siècle. Au regard des traités et conventions internationaux actuels comme la Déclaration universelle des droits de l'homme et les Conventions de Genève, les méthodes employées par l'armée britannique se qualifieraient de violation des droits humains, de torture et actes de barbarie, et de crime de guerre.[1] L'usage de telles pratiques, contraires aux normes modernes ainsi qu'aux us et coutumes de l'époque, était répandu au niveau des colonies européennes jusqu'au milieu du XXe siècle. En particulier, au cours de la Guerre d'indépendance des États-Unis d'Amérique, les libertés individuelles consenties par la couronne britannique dans l'Habeas Corpus et la Déclaration des droits, ne sont pas respectées.

Quelques exemples

Dès 1775, tandis que le Parlement parle de paix, des ordres sont donnés pour mettre à feu et à sang les provinces américaines. Le général Gage, enfermé dans Boston, se vengeait de son inaction forcée en maltraitant les prisonniers américains, ce qui lui attirait de la part de Washington des reproches et des menaces de représailles qui ne furent jamais mises à exécution. En Virginie, lord Punmore exerçait des ravages qui lui valurent le surnom de tyran de cette province. En même temps Guy Carleton régnait en despote sur les habitants du Canada.

En 1776, les anglais contrefirent une telle quantité de papier monnaie qu'ils discréditèrent ces valeurs fictives, dont le Congrès dut ordonner le cours forcé. Les Anglais promettaient aux Indiens une récompense pour chaque chevelure d'Américain qu'ils rapporteraient.

Après la bataille de Saratoga, le général Gates trouva la ville d'Oesopus sur l'Hudson ainsi que les villages des environs réduits en cendres par les ordres des généraux Vaughan et Wallace.

Au commencement de mai 1778, pendant une expédition aux environs de Philadelphie, le colonel Mawhood ne craignit pas de publier l'avis suivant : «Le colonel réduira les rebelles, leurs femmes et leurs enfants à la mendicité et à la détresse, et il a annexé ici les noms de ceux qui seront les premiers objets de sa vengeance.» (Ramsay, I, p. 335.)

Pour arrêter la marche des troupes alliées devant York, lord Cornwallis recourut à des ruses, utilisant la maladie comme arme. Il fit jeter dans tous les puits des têtes de bœufs, des chevaux morts, et même des cadavres. L'armée française souffrit de la disette d'eau. C'est du reste avec les mêmes armes qu'il avait cherché auparavant à détruire la petite armée de La Fayette. Il faisait inoculer tous les esclaves qui désertaient leurs plantations ou qu'il pouvait enlever, et les forçait ensuite à rétrograder et à aller porter la contagion dans le camp américain.[2]

Pour Thomas Balch, il ne faudrait pas croire pourtant que ces actes fussent spécialement réservés à l'Amérique et exercés seulement contre les colons révoltés. Il semble qu'à cette époque ils étaient tout à fait dans les mœurs anglaises.[3]

Notes

  1. Pour Thomas Balch, Les généraux, plus encore que leurs soldats, sont responsables devant la postérité des violences de toute espèce qu'ils ordonnaient de sang-froid et à l'exécution desquelles ils présidaient avec impassibilité.
  2. La vigilance de La Fayette mit en défaut cette ruse. (Mercure de France, décembre 1781, p. 109.)
  3. On trouve dans le Mercure de France, mai 1781, p. 174, le récit suivant. « Le chevalier Hector Monro a fait, devant la Chambre des communes, en 1761, la déposition suivante. En arrivant à Calcutta, je trouvai l'armée, tant des Européens que des Cipayes, mutinée, désertant chez l'ennemi et désobéissant à tout ordre. Je pris la ferme résolution de dompter en elle cette mutinerie avant d'entreprendre de dompter l'ennemi. En conséquence, je me fis accompagner d'un détachement des troupes du Roi et des Européens de la Compagnie, je pris quatre pièces d'artillerie et j'allai de Patna à Chippera. Le jour même que j'y arrivai un détachement de cipayes me quitta pour passer à l'ennemi. Je détachai aussitôt une centaine d'Européens et un bataillon de cipayes pour me les ramener. Ce détachement les rejoignit dans la nuit, les trouva endormis, les fit prisonniers et les ramena à Chippera, où j'étais prêt à les recevoir. A l'instant j'ordonnai aux officiers de me choisir cinquante hommes des plus mutins et de ceux qu'ils croyaient avoir engagé le bataillon à déserter. Quand ils me les eurent présentés, je leur ordonnai de me choisir vingt-quatre hommes des plus mauvais sujets sur ces cinquante, et, sur-le-champ, je fis tenir un conseil de guerre par leurs officiers noirs et leur enjoignis de m'apporter sur l'heure même leur sentence. Ce conseil de guerre les reconnut coupables de mutinerie et de désertion, les condamna à mort et me laissa le maître de décider du genre de supplice. « J'ordonnai aussitôt que quatre des vingt-quatre hommes fussent attachés à des canons, et aux officiers d'artillerie de se préparer à les faire sauter en l'air. Il se passa alors quelque chose de remarquable : quatre grenadiers représentèrent que comme ils avaient toujours eu les postes d'honneur, ils croyaient avoir le droit de mourir les premiers. Quatre hommes du bataillon furent donc détachés des canons et on y attacha les quatre grenadiers qui furent emportés avec les boulets. Sur quoi les officiers européens qui étaient alors sur le lieu vinrent me dire que les cipayes ne voulaient pas souffrir qu'on fît mourir de cette manière aucun des autres coupables. « A l'instant j'ordonnai que seize autres hommes des vingt-quatre fussent attachés par force aux canons et sautassent en l'air comme les premiers, ce qui fut fait. Je voulus ensuite que les quatre restants fussent conduits à un quartier où quelque temps auparavant il y avait eu une désertion de cipayes, avec des ordres positifs à l'officier commandant de ce quartier de les faire exécuter de la même manière. Ce qui eut lieu et mit fin à la mutinerie et à la désertion. ». Ce mode d'exécution, serait dû à l'esprit inventif du chevalier Munro, et aurait été utilisé dans l'armée anglaise de l'Inde contre les cipayes prisonniers dans la révolte de 1854. Voir aussi le Message du Président James Madison, 4 novembre 1812, au Congrès des États-Unis.

Source

Thomas Balch, Les Français en Amérique pendant la guerre de l’Indépendance des États-Unis 1777-1783, 1872 [détail de l’édition]

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