- Compesières
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Compesières
Localité suisse
Vue d'ensemble de CompesièresAdministration Pays Suisse Canton Genève Commune Bardonnex Langue Français Géographie Coordonnées Altitude 470 m Localisation Localisation de Compesières en Suisse.
modifier Compesières » désigne à la fois un hameau, une paroisse, et une ancienne commune du canton de Genève.
Ce territoire appartenait autrefois au duché de Savoie, avant d'être rattaché à Genève avec les « Communes réunies » suite au traité de Turin de 1816.
Compesières est aujourd'hui le centre administratif, religieux et scolaire de la commune de Bardonnex. Le site est classé d’importance nationale[1].
Sommaire
Étymologie
On ne connaît pas l'origine du nom « Compesières ». Une famille noble appelée de Compesières habitait apparemment ce même lieu. La plus ancienne mention connue concernant cette famille est un acte de 1178[2]. Un Petrus Compeseres est reçu bourgeois de Genève en 1420.
Premières mentions du nom : « Compeisires » en 1170, « Conpeseres » en 1227, « Compeseres » en 1270, puis « Cura de Compeseres » en 1344. Dès le XVIIe siècle, on trouve les expressions paroisse de Compesières, village de Compesières, hutins de Compesières[3],[4].
Suter donne comme origine possible une étymologie semblable à Compois (hameau de Meinier), avec un suffixe collectif « -ère », de l´ancien français "compos, compost, compois, compoix", soit « état des biens immeubles d´une communauté », aussi « engrais, fumiers ».
Hameau
Un établissement romain à l'emplacement de l'église actuelle est avéré. Des fragments de céramique antique ont été retrouvés lors de fouilles archéologiques récentes, ils sont datés entre les IIIe et IVe siècles. Les fouilles ont aussi révélé les fondations d'une église érigée entre les Xe et XIe siècles et reconstruite au XIIIe siècle[5].
Un village aurait peut-être existé proche ou autour de l'église à l'époque féodale, en direction d'Évordes, lieu-dit Badosse (« Badoçhe » en patois) ou Verbant (anciennement « Vers Bans »). C'est en tout cas ce que rapporte la tradition orale, et des débris de tuile et de pierre à bâtir ont été retrouvés dans le sol[6]. L'ordre des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem reçoit l'église de l'évêque de Genève, en 1270, puis bâtit une maison forte à ses côtés, entre la fin du XIVe et le début du XVe siècle, la « Commanderie de Compesières »[7]. Les chevaliers ont peu à peu agrandi les bâtiments et un mur d'enceinte doté de tours a été construit au début du XVIIe siècle. Pendant l'occupation bernoise qui fait suite à la Réforme (1536-1567), la commanderie est le siège d'un consistoire. Puis elle restera dans les mains de l'ordre de Malte jusqu'à la chute de l'Ancien Régime en 1793. Suite au rattachement de Genève à la France en 1798, elle est transformée en fabrique de salpêtre.
Depuis 1822, le hameau comprend l'église, la commanderie, une ferme et des dépendances. La commanderie elle-même abrite la cure, l'école et la mairie. En 1900, un nouveau bâtiment est construit pour accueillir l'école. Il y a 36 habitants à Compesières selon un recensement de 1843, 20 habitants en 2000[8].
Voie historique
Compesières se trouve sur la via Gebennensis du pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle[9].
La route qui traverse aujourd'hui Compesières du nord au sud est une très ancienne voie de communication, figurant à l'Inventaire des voies de communication historiques de la Suisse. Des anciennes dénominations comme « chemin public tendant de Genève à Cruseilles » ou « grand chemin tendant au Chable et à Cruseilles » montrent son importance régionale[10].
Paroisse
L'église de Compesières est dédiée à Saint Sylvestre[C 1], elle a été construite déjà avant l'époque carolingienne[5]. L'ancienne paroisse de Compesières s'étend aux hameaux situés entre les paroisses de Bardonnex, où se trouve une église jusqu'à la période bernoise, et Bossey (qui comprend alors Landecy et Évordes).
Après la période bernoise, la paroisse catholique s'agrandit et s'étend de Plan-les-Ouates à Landecy. C'est dans ces limites qu'est créée la commune de Compesières à l'époque française[11].
Les paroissiens du début du XIXe siècle étaient près de 1 300, mais l'église n'avait que 400 places. Il fut donc décidé de la détruire pour reconstruire plus grand. L'église actuelle date de 1835[5]. La cure est située dans la commanderie.
L'église a été restaurée en 1953-1954 à l'initiative du curé de la paroisse, le chanoine Adrien Dusselier. Cinquante ans plus tard, elle est rénovée et fait l'objet de recherches archéologiques, qui se terminent en 2007. Depuis lors, outre sa vocation première, elle accueille des manifestations culturelles : Les Musicales de Compesières[12].
Ancienne commune
La paroisse, devenue commune de Compesières, était centrée sur la Commanderie. Compesières comprenait au début du XIXe siècle les villages ou hameaux de Plan-les-Ouates, Arare, Saconnex-d'Arve, Bardonnex, Charrot, Landecy et Lathoy.
Lors du rattachement à Genève en 1816 : les hameaux de Perly et Certoux sont détachés de Saint-Julien et rattachés à Compesières ; le hameau d'Évordes est pris à Collonges et divisé entre Troinex et Compesières; Lathoy, à l'inverse, est séparé de Compesières et reste en Savoie, rattaché à Saint-Julien[13].
Plus tard la commune est par deux fois divisée : Perly et Certoux se séparent de Compesières pour former la commune de Perly-Certoux en 1821 ; puis Compesières se divise en Bardonnex et Plan-les-Ouates en 1851. Depuis, le nom de Compesières désigne le hameau situé sur le territoire de la commune de Bardonnex et formé de la commanderie, de l'église, de l'école construite en 1900 et de quelques fermes[11].
Les collaborations intercommunales et réorganisations décidées par le canton au XXIe siècle vont réunir les écoles de Bardonnex et Perly-Certoux dès 2008 sous une seule direction. Les pompiers collaborent au sein des communes de Genève-Sud[14]. Par ailleurs la paroisse protestante actuelle a une extension analogue à l'ancienne commune[15].
La conspiration de Compesières
La conspiration de Compesières est le titre donné à un texte en dialecte savoyard, écrit à Genève en 1695 et dirigé contre les curés savoyards. Le texte comprend 740 vers et 181 strophes. Le choix de Compesières pour cette fiction n'est lié à aucune réalité, selon les recherches historiques[16].
« Ecouta to l'entrepreiza cruella
Qua éta faita encontre ceta vella
Pet to lou paitr' & to lou z'encoura
De la Savoy, que la volon troubla. »— Première strophe (édition 1870)
Le baptême à la baïonnette
Dans le cadre des conflits religieux genevois de la fin du XIXe siècle, des curés dits « libéraux » furent imposés par le gouvernement genevois (la loi sur les cultes votée par le parlement et le peuple en 1873 exige l’élection des curés et le serment d’allégeance à l’État). La résistance des communautés catholiques fut forte. En 1875, le gouvernement fait intervenir la troupe pour permettre un baptême dans l'église de Compesières, le maire Joannès de Montfalcon refusant de délivrer les clés du bâtiment. Cet évènement laissa une forte impression et est resté dans les mémoires sous le nom de « baptême à la baïonnette »[17],[18].
Galerie
Bibliographie
- Eric Golay, Dominique Zumkeller, Compesières, Landecy, Charrot, Bardonnex, Croix-de-Rozon : histoire et vécu d'une commune : Commune de Bardonnex, Genève, Slatkine, 2007, 256 p. (ISBN 9782832102923)
- Jacques Delétraz, Compesières, 1270-1970, Mémoire de Bardonnex, 1998
- Armand Brulhart, Erica Deuber-Pauli, Ville et canton de Genève, Berne, Benteli, 1985 (ISBN 978-3-7165-0916-6), p. 312-316
- Edmond Ganter, Compesières au temps des commandeurs, C. Martingay, 1971
- Jacques Delétraz, La commune de Compesières : de sa réunion au Canton de Genève en 1816 à sa division en 1851, [s.l.], [s.n.], [ca 1951], 97 p.
- Auguste de Montfalcon, Compesières : Notice historique illustrée, St-Maurice, 1932, 127 p.
Notes et références
- PDF] Ordonnance concernant l’Inventaire fédéral des sites construits à protéger en Suisse(OISOS), Conseil fédéral, 1981 (2009). Consulté le 28 juillet 2009. [
- Les chevaliers Anselme de Compesières et son frère sont témoins d'un acte de renonciation par Anselme Vinigers, de Bardonnex et ses deux frères de leurs droits sur trois autres personnes. Régeste genevois.
- Noms de lieux de Suisse romande, Savoie et autres lieux, Henri Souter, 2000-2009.
- Toponymes à Bardonnex et Fiches, Michel Mégard, 2004.
- PDF] Fouilles archéologiques de l'église de Compesières (2005-2006), État de Genève, Service archéologique, 2006. Consulté le 28 juillet 2009. [
- J. Delétraz, Bardonnex-Informations, mai 1972.
- Isabelle Brunier, « Compesières (commanderie) » dans le Dictionnaire historique de la Suisse en ligne.
- PDF] Commune de Bardonnex, État de Genève, 2000. Consulté le 28 juillet 2009. [
- (de) Jakobsweg.ch, Wegabschnitt Genf. Consulté le 28 juillet 2009.
- PDF] Itinéraire GE 113, 1996. Consulté le 28 juillet 2009. [
- Isabelle Brunier, « Compesières (territoire) » dans le Dictionnaire historique de la Suisse en ligne
- Les Musicales de Compesières. Consulté le 28 juillet 2009.
- Eric Golay, Dominique Zumkeller, Compesières, Landecy, Charrot, Bardonnex, Croix-de-Rozon : histoire et vécu d'une commune, Slatkine, Genève, 2007, 256 p., « Territoire et population » p.54-56 (ISBN 9782832102923).
- J. F. Mabut sur le Blog de Bardonnex, 30 juin 2008 - Consulté le 9 juin 2009.
- Paroisse de Plan-les-Ouates, Bardonnex et Perly-Certoux.
- Édition critique de 1988 La conspiration de Compesières, La Salévienne. Consulté le 28 juillet 2009.
Édition de 1870 avec introduction et notes de Philippe Plan La conspiration de Compesières - Poëme en patois savoyard - 1695, Cherbuliez, Genève. Consulté le 2 novembre 2009. - P. Blanc, J. Delétraz, Le baptême à la baïonnette de Compesières, 1975.
- Dominique Zumkeller, « Montfalcon, Joannès de » dans le Dictionnaire historique de la Suisse en ligne.
« C » Références au livre de Eric Golay et Dominique Zumkeller, Compesières, Landecy, Charrot, Bardonnex, Croix-de-Rozon : histoire et vécu d'une commune, 2007
- p.2
Voir aussi
Articles connexes
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