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Abbaye de Créteil
L’Abbaye de Créteil était un phalanstère fondé à l’automne 1906 par l'écrivain Georges Duhamel et le poète Charles Vildrac. Il fut fermé par ses membres le 28 janvier 1908. L'auteur se servira de cette expérience pour écrire Le désert de Bièvres.
Sommaire
Historique
S’inspirant notamment de l’Abbaye de Thélème, imaginée par Rabelais dans Gargantua, Georges Duhamel et Charles Vildrac s’intallèrent, dans la rue du Moulin à Créteil, dans une maison entourée d’un parc le long de la Marne.
Leur projet était de fonder un lieu de liberté et d'amitié, propice à la création artistique et littéraire, loin des modes et des conventions de leur époque.
Autour des fondateurs se rassembla un premier groupe composé des écrivains René Arcos, Henri-Martin Barzun et Alexandre Mercereau, et du peintre Albert Gleizes fondateur du Cubisme. Henri-Martin Barzun mit sa fortune au service des ses amis. Les artistes se donnèrent un but concret : créer une maison d’édition susceptible de leur garantir un revenu. C’est le typographe Lucien Linard, un ami d’Albert Gleizes, qui fournit l’imprimerie. De janvier 1907 à janvier 1908 une vingtaine de livres furent imprimée par l’Abbaye.
Des dizaines d'écrivains et artistes, femmes et hommes, vinrent enrichir le groupe : le poète Pierre Jean Jouve, le musicien Albert Doyen, le dessinateur, Berthold Mahn, les peintres Henri Doucet et Jacques d'Otémar, Léon Balzagette, le traducteur en France des Feuilles d’herbe du poète américain Walt Whitman. Les écrivains Jules Romains, fondateur de l’unanimisme, et Alfred Jarry furent des amis du groupe, ainsi que des amis de la Nouvelle Revue française comme Jean-Richard Bloch. On y croisait aussi Georges Chennevière, Luc Durtain (qui sera marqué par cet esprit communautaire), le dessinateur et graveur belge Frans Masereel ou encore, l'ami de Marcel Proust, le singulier Robert de Montesquiou qui sera publié par l'Abbaye.
Malgré l’intérêt suscité par leur entreprise, les jeunes gens manquèrent d’argent et furent obligés de fermer leur Abbaye. La maison d’édition survécut quelque temps. Mais surtout les amis continuèrent à se réunir une fois par mois lors d'un « dîner des copains ».
Cette expérience communautaire est décrite en détail par Georges Duhamel dans Le Désert de Bièvres, le cinquième volume de sa Chronique des Pasquier.
Quelques œuvres imprimées par les éditions de l’Abbaye
- René Arcos, La Tragédie des espaces, 1906
- Georges Duhamel, Des légendes, des batailles, 1907
- Alexandre Mercereau, Gens d’ici et d’ailleurs, 1907
- Jules Romains, La Vie unanime, 1909
- Charles Vildrac, Images et mirages, 1907
- Lucien Linard a imprimé le premier livre de Pierre Jean Jouve, Artificiel, avec un frontispice d'Albert Gleizes, 1909
Références bibliographiques
- Christian Sénéchal, L'Abbaye de Créteil, Delpeuch, 1930
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