Abbaye Saint-Pierre de Baume-les-Messieurs

Abbaye Saint-Pierre de Baume-les-Messieurs
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Abbaye Saint-Pierre de Baume-les-Messieurs
Image illustrative de l'article Abbaye Saint-Pierre de Baume-les-Messieurs
Présentation
Culte Catholique romain
Type abbaye bénédictine
Début de la construction XIe siècle
Fin des travaux XVIIIe siècle
Style(s) dominant(s) Art roman Art gothique
Protection 1849
Géographie
Pays Drapeau de France France
Région Franche-Comté
Département Jura
Ville Baume-les-Messieurs
Coordonnées 46° 42′ 26″ N 5° 38′ 54″ E / 46.707222, 5.64833346° 42′ 26″ Nord
       5° 38′ 54″ Est
/ 46.707222, 5.648333
  

Géolocalisation sur la carte : France

(Voir situation sur carte : France)
Abbaye Saint-Pierre de Baume-les-Messieurs

L'Abbaye Saint-Pierre de Baume-les-Messieurs est une ancienne abbaye bénédictine située dans la région de Franche-Comté, sur le territoire de la commune de Baume-les-Messieurs et dans le département du Jura.

Les premières mentions de Baume datent du IXe siècle, au moment où se restaure un ancien monastère sous la direction de l'abbé Bernon venu de Gigny qui partira ensuite de Baume en 909-910 pour fonder la grande abbaye bourguignonne de Cluny. D'abord « Mère de Cluny », Baume en deviendra, non sans conflits, la fille au XIIe siècle.

Appelée « Baume-les-Moines » jusqu'au XVIIIe siècle et dédiée à Saint-Pierre, l'institution sera longtemps prospère et constituera l'une des plus importantes abbayes de Franche-Comté avant de tomber en commende au XVIe siècle et de décliner en se sécularisant au XVIIIe siècle puis de disparaître à la Révolution. Les bâtiments conservés (église, résidence de l'abbé, maisons cononiales, cours avec fontaine…) datent de différentes périodes et témoignent d'une implantation monastique marquante dans un site typiquement jurassien de reculée.

Sommaire

Situation géographique

L'abbaye de Baume-les-Messieurs est située à l'extrémité d'une étroite vallée glacière creusée dans le premier plateau jurassien, au confluent de ruisseaux nés dans les alvéoles de la reculée : le Dard (qui naît aux Grottes de Baume) et la Seille dont la vallée conduit à Voiteur, non loin de Lons-le-Saunier : la rivière navigable sur une partie de son cours rejoint ensuite la Saône au sud de Tournus, à une trentaine de kilomètres de Cluny dont la congrégation a eu fortement partie liée avec l'abbaye jurassienne[1]. L'abbaye, isolée au commencement, est depuis longtemps jouxtée par le village de Baume-les-Messieurs.

Historique

Un premier établissement monastique a semble-t-il été fondé au VIe siècle – peut-être par saint Colomban ou saint Lothain[2] – et plusieurs fois dévasté. Le nom de Baume n'apparaît qu'en 869 dans la mention d'une « cella » (petit établissement monastique) qui est confiée en 890 par le roi de Provence Louis III l'Aveugle à l'abbé Bernon de l'abbaye de Gigny pour la rendre conforme à règle de saint Benoît. Celui-ci quittera Baume avec quelques moines en 909-910 pour fonder l'abbaye de Cluny ce qui fera de Baume, avec Gigny, la « mère » de la grande abbaye bourguignonne.

Nef de l'église Saint Pierre

Le développement de l'abbaye de Baume-les-Messieurs est ensuite mal connu mais son importance est déjà grande à la fin du XIe siècle alors que l'église abbatiale[3] (qui sera remaniée par la suite) est érigée sous les abbatiats de Bernard 1er (1067-1083) et Alberich (1104-1139). Au XIIe Baume, protégée par les comtes de Bourgogne, contrôle huit prieurés et soixante-cinq églises, surtout dans le sud-ouest du diocèse de Besançon mais aussi à Dole, Quingey ou Besançon. Riche entre autres possessions de vignes sur les coteaux du Jura, d'exploitations de sel à Lons-le-Saunier ou encore de moulins sur les rivières comme la Seille, l'abbaye reste prospère jusqu'au XVe siècle malgré des conflits avec l'ordre clunisien. Baume-les-Moines (c'est son nom jusqu'au XVIIIe siècle) doit faire soumission à Cluny, elle est même réduite au rang de prieuré de Cluny en 1147 par le pape Eugène III[4]. L'empereur Frédéric Barberousse accepte cette soumission en 1153 mais obtient plus tard le rétablissement de son rang d'abbaye et Baume portera de 1157 à 1186 le titre d'« abbaye impériale ». Après les conflits d'autorité religieuse, la papauté réitère en 1189-1191 la soumission de Baume à Cluny en accordant quelques points de satisfaction à l'abbaye comme son rang éminent dans l'ordre clunisien ou une certaine liberté dans le choix de ses abbés et la confirmation en 1202-1204 du titre d'abbaye[5]: L'abbaye toujours à la recherche d'une plus grande autonomie aura aussi par la suite des différends avec l'archevêque du diocèse de Besançon[6]. Elle devient cependant l'une des plus importantes abbayes de Franche-Comté du XIIe au XVIe siècle.

Maison canoniale

Tombée en commende[7], elle décline ensuite et évolue vers une abbaye aristocratique réservée à de « nobles chanoines ». Elle est sécularisée par une bulle papale de 1759 qui la transforme en collégiale[8] et le lieu change de nom : Baume-les-Moines devient alors Baume-les-Messieurs (En 1763 Jean-Joseph Expilly la nomme encore « Baume-les-Moines »)[9].

Les revenus de l'abbaye sont encore en place dans la deuxième moitié du XVIIIe s. comme la dîme dont se plaignent les habitants de Velesme (aujourd'hui Velesmes-Essarts près de Quingey dans le département du Doubs) dans les Cahiers de doléance en 1789 « nous sommes les seuls qui payons aux abbés de Baume une dîme d’une gerbe et demie par journal de grains dont nos terres sont emplantées »[10].

L'abbaye disparaît à la Révolution.

Les bâtiments

Fontaine
Bâtiment abbatial
Retable flamand du XVIe siècle
Sculpture du portail

Les bâtiments ont été plusieurs fois modifiés à la suite de dévastations ou d'incendies [11] : il en reste l'église du XIIe siècle à base romane avec sa grande nef (45 mètres de long et près de 14 mètres de haut) et ses transformation gothiques qui contient un ensemble de statuaire bourguignonne du XVe[12] et un célèbre retable flamand du XVIe, offert à l'abbaye par le ville de Gand (en Belgique actuelle) en 1525 : de grandes dimensions (3m de haut sur 5,4m de large), il représente en 25 panneaux de bois taillés, peints et dorés la vie du Christ[2]. On y trouve aussi dans l'église les tombeaux en marbre de Renaud de Bourgogne comte de Montbéliard, de Gérard de Vienne et d'Alix de Villars, sa femme[13], de Gauthier de Vienne, seigneur de Mirebel. L'église conserve également plusieurs tableaux des XVIe et XVIIe siècles comme une Vierge à l'enfant avec Saint Guillaume, Saint Benoît et le donateur Guillaume Poupet[14].

On remarque aussi la façade de l'église avec son portail sculpté qui date du XVe et la flèche octogonale élevée sur la tour sud au XVIe siècle siècle. La cour du cloître, aujourd'hui disparu, est ornée d'une fontaine et une autre cour est entourée des appartements des nobles chanoines du XVIIIe s[8].

L'ensemble a été vendu comme Bien national à la Révolution en 1793 et classé monument historique en 1849. Le Conseil Général du Jura est aujourd'hui propriétaire d'une partie des bâtiments.

Liste des abbés

(Source : Dictionnaire d'Histoire et de Géographie Ecclésiastique)

  • 904-927 : Bernon
  • 927-9?? : Guy Ier
  • 9??-1053 : Bernard Ier
  • 1053-1078 : Eudes Ier
  • 1078-1089 : Bernard II
  • 1089-1100 : Hugues Ier
  • 1100-1104 : Renaud Ier
  • 1104-1111 : Bernard III
  • 1111-1143 : Albéric
  • 1143-1145 : Hugues II
  • 1145-1157 : Albert
  • 1157-1162 : Guy II
  • 1162-1190 : Hugues III
  • 1190-1200 : Pons Ier
  • 1200-1217 : Thibault
  • 1217-1223 : Géraud
  • 1223-1229 : Etienne Ier
  • 1229-1231 : Eudes II
  • 1231-1239 : Pons II de Moysie
  • 1239-1262 : Eudes III
  • 1262-1265 : Guy III
  • 1265-1273 : Jean Ier
  • 1273-1300 : Renaud II
  • 1300-1321 : Simon de Goucans
  • 1321-1333 : Jean II d’Eternoz
  • 1333-1352 : Jean III de Mont-Saugeon
  • 1352-1369 : Richard
  • 1369-1390 : Jean IV de Molpré
  • 1390-1426 : Amédée de Châlons
  • 1426-1445 : Henri de Salins
  • 1445-1450 : Guillaume Ier de Chassault
  • 1450-1464 : Etienne II de Chassault
  • 1464-1480 : Louis de Chassault
  • 1480-1484 : Philibert Hugonet
  • 1484-1489 : Claude Ier Morel
  • 1489-1494 : Etienne III Voiturier
  • 1494-1497 : cardinal Jean V de Saint-Ange
  • 1497-1522 : Guillaume II Saquenay
  • 1522-15?? : Claude II de Poupet
  • 15??-1598 : Guillaume III de Poupet
  • 1598-1601 : Antoine de La Baume de Saint-Amour
  • 1601-1615 : Pierre de Binand
  • 1615-1625 : Claude III d’Achey
  • 1625-1659 : Charles Ier Emmanuel de Gorrevod de Pont-de-Vaux
  • 1659-1702 : Jean VI de Watteville
  • 1702-1714 : Jean VIII François de Chamillart
  • 1714-1766 : Charles II Maurice de Broglie
  • 1766-1790 : Joachim-Joseph de La Fare

Notes et références

  1. [PDF] Carte Natura 2000 des Reculées de la Haute Seille
  2. a et b http://www.besac.com/tourisme-besancon/abbaye-saint-pierre-de-baume-les-messieurs/598.htm
  3. Marie-Laure Bassi, Sébastien Bully, Laurent Fiocchi et Eliane Vergnolle , « L’église Saint-Pierre de Baume-les-Messieurs (Jura) », Bulletin du centre d’études médiévales d’Auxerre | BUCEMA [En ligne] , 12 | 2008 , mis en ligne le 9 avril 2009, Consulté le 29 mai 2011. DOI : 10.4000/cem.6312
  4. Sur les chemins de la perfection: moines et chanoines René Locatelli - 1992 page 388 Lire en ligne
  5. L'ordre de Cluny à la fin du moyen âge – Denyse Riche, page 311 Lire en ligne
  6. L'ordre de Cluny à la fin du moyen âge – Denyse Riche, page 312
  7. « elle vaut au moins treize mille livres de rente au Sujet qui en est pourvu par le Roi, la taxe en Cour de Rome est de $66 florins » écrit Jean-Joseph Expilly en 1763
  8. a et b http://fr.structurae.de/structures/data/index.cfm?id=s0013036
  9. « Pour être reçu Moine dans cette Maison on est obligé de faire preuve de Noblesse de quatre générations tant du côté paternel que du côté maternel » Dictionnaire géographique, historique et politique des Gaules …, Volume 1, Par Jean-Joseph Expilly, p. 482 Lire en ligne
  10. http://www.racinescomtoises.net/?Cahier-de-doleances-de-Velesmes
  11. http://www.patrimoine-de-france.org/uvres/richesses-36-11433-79709-M15349-197215.html
  12. http://www.patrimoine-de-france.org/uvres/richesses-36-11433-79722.html#fiche
  13. http://www.patrimoine-de-france.org/uvres/richesses-36-11433-79722-P215657-197270.html
  14. http://www.patrimoine-de-france.org/uvres/richesses-36-11433-79720-P214196-197234.html

Voir aussi

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Bibliographie et liens externes


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