- Codex Rohonczi
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Sommaire
Origine
En 1838, un manuscrit de 448 pages, Codex Rohonczi, est découvert dans la bibliothèque personnelle de Gusztáv Batthyány. Ce document est d'origine inconnue. On ignore s'il s'agit d'un faux récent ou d'un authentique document ancien encore incompris. Il pourrait dater du début du XVIe siècle, et être la copie d'un document plus ancien.
L'Académie des sciences de Hongrie ne réussit pas à le déchiffrer. En 1907, il se trouve à Budapest, considéré comme recueil d’« écrits hongrois rares ». Il est ensuite envoyé en Allemagne, où l'appréciation se résume à « ceci est indéchiffrable, il y est écrit n'importe quoi ».
L'alphabet semble n'appartenir à aucun alphabet connu, avec presque cinq fois plus de caractères (150 caractères) que les alphabets courants.
Enfin une traduction, mais...
Une copie arrive en Roumanie et, seulement en 1982, une universitaire roumaine, Viorica Enăchiuc, après l'avoir étudié quelques mois, affirme pouvoir le déchiffrer : le sens d'écriture serait de droite à gauche, et de bas en haut. Il s'agirait de l'alphabet des Daces, et l'écriture serait dans une langue semblable au proto-roumain et au latin vulgaire. Mais son rapport s'égare parmi des rapports relatifs à la lutte des classes dans l'Antiquité...
Elle effectue pourtant une traduction et, en 2002, elle publie un livre avec une traduction en latin vulgaire et en roumain (traduit lui-même en français). La ressemblance de certaines formes du Codex Rohonczi avec celles utilisées par les Daces et même certaines avec la culture « Carla-Mare » (~1500 av. J.-C., autour du Danube) donne, selon les éditeurs, du crédit à l'interprétation de Viorica Enăchiuc.
Cette traduction est appuyée par le soutien du directeur de l'université d'archéologie, le professeur Napoleon Săvescu, lors du IIIe Congrès de Daçologie en 2002.
Le roumain est issu du latin, mais en diffère considérablement. De plus, bien que les mots semblent signifier quelque chose, les phrases présentent un « sens aléatoire bizarre » (les critiques du Codex en parlent même comme résultat d'écriture automatique). Ainsi, les villages à côté de Bucarest mentionnés comme des points stratégiques à défendre coûte que coûte, sont historiquement connus comme seulement composés d'un très petit nombre d'habitants.
Pour certains, cette traduction est totalement fausse. L'auteur n'a pas encore fourni les règles précises utilisées pour la traduction, mais seulement une certaine « grammaire ». Serait-ce un faux très bien réalisé par des Hongrois, une habitude répandue à l'époque ? Ou simplement la traduction est-elle à réviser ? La plupart des instances officielles préfèrent ne pas se prononcer.
L'analyse du papier lui-même prouverait une fabrication du nord de l'Italie (à Briquet, France) dans les années 1530 ou 1540, sauf si c'est une transcription de l'original. Certaines pages ont des pictogrammes, le reste est... encore indéchiffrable. L'original est conservé à Budapest.
A l'heure actuelle, on ne dispose d'aucune indication certaine permettant de relier ce texte à un alphabet connu, même disparu.
Éléments de coïncidence avec les études historiques
La traduction de Viorica Enăchiuc semble cohérente. Elle converge de façon inattendue avec les études sur les Vikings faites par Régis Boyer. Par exemple, elle fait état de l'alliance de Blaks (les Valaques ?) et des Byzantins, aux prises avec les Petchenègues, une peuplade de langue turque et les Coumans vers 1090. Or, Régis Boyer fait lui aussi état des luttes importantes entre les Vikings et les Petchenègues eux-mêmes, à la même époque.
Le Codex Rohonczi fait aussi mention d'une éclipse totale de soleil, qui serait survenue en 1090. On peut rapprocher, en forçant un peu le trait, cet événement de la comète de la tapisserie de Bayeux, qui met les ennemis en fuite (comète de Halley en 1066 pour la tapisserie de Bayeux, et éclipse totale de soleil en 1090 pour le Codex Rohonczi).
On a proposé aussi que le texte du Codex Rohonczi pourrait avoir été écrit en langue valaque ou en proto-roumain, mais en lettres coumanes. Ces deux systèmes linguistiques étant totalement différents, le « codage » aurait pu être produit en utilisant le système alphabétique d'une langue et le corps linguistique (autrement dit la syntaxe, la grammaire et le vocabulaire) de l'autre.
Liens externes
- L'intégralité du Codex Rohonczi en ligne
- La deuxième version plus récente du site précédent de l'intégralité du Codex Rohonczi en ligne
- Les commentaires de Viorica Enăchiuc
- (hu) Existence d'un premier traité écrit en hongrois, publié en 1892 à Budapest, sur le Codex Rohonczi et présente tous les folios de ce traité ; ce premier traité fait une étude thématique du Codex Rohonczi.
- Le rapport de synthèse du Professeur Augustin Deac sur le Codex Rohonczi et sur la validité du travail de Viorica Enachiuc
Bibliographie
- Rohonczi Codex Tantetel (Általános Rész) Németi Kálmán, Budapest, 1892. Le traité hongrois en question.
- Rohonczi Codex : Descifrare, transcriere şi trăducere (Déchiffrement, transcription et traduction), Viorica Enăchiuc, 2002.
Voir aussi
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