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Club des Feuillants
Le club des Feuillants est le nom familier des Amis de la Constitution, un groupe politique, de tendance monarchiste constitutionnelle opposé au renversement du roi Louis XVI, fondé le 16 juillet 1791.
Histoire
Né des conséquences de l’affrontement qui s’en était ensuivi à l’Assemblée suite à la fuite de Louis XVI et son arrestation à Varennes le 22 juin 1791, il se forma en comité secret dès la fin juin 1791 et eut une visibilité dès juillet 1791, notamment avec la publication de brochures et d’articles de journaux sur l’inviolabilité du roi.
Le club des Feuillants est né de la scission de la partie aristocratique du club des Jacobins auquel se joignirent les membres du club de 1789, beaucoup de constitutionnels, des prétendus modérés et des aristocrates déguisés, lorsque une partie des Jacobins effrayés des propositions révolutionnaires et des discours violents de leurs orateurs, qui demandaient la déchéance du roi, quittèrent brusquement le club et se transportèrent au couvent des Feuillants dont ils prirent le nom.
Destiné à contrebalancer l’influence de plus en plus grande des Républicains, le club des Feuillants révéla des personnalités comme Antoine Barnave ou Charles et Théodore de Lameth, également Bertrand Barère de Vieuzac qui en assura, lui aussi, la présidence.
L’accès aux séances du club des Feuillants étant réservé aux « citoyens actifs » c’est-à-dire à tout contribuable payant l’impôt direct, on faisait circuler à ce sujet mille rumeurs défavorables, de telle sorte que les intrigues de cette coterie passaient aux yeux du peuple pour la première source de toutes ses calamités et de ses dangers. Plus tard, espérant défier la calomnie, le club ouvrit ses portes et se montra au grand jour, mais il ne devait pas être heureux dans cette tentative : lorsque les réunions des Feuillants devinrent, publiques, le peuple s’y porta en foule et rendit impossibles les discussions par le tumulte qu’il y provoquait et qui devint tel que l’Assemblée nationale ordonna aux Feuillants de se transférer dans un autre local. De ce moment leur tribune devint déserte et leur influence alla en décroissant.
Ses premières séances se tinrent au Palais-Royal, puis dans l’ancien couvent des Feuillants, situé rue Saint-Honoré, près des Tuileries, qui est à l’origine de son nom. En quittant les Jacobins, les scissionnaires qui avaient pu prendre copie des listes des sociétés correspondantes s’en servirent pour annoncer leur fondation aux sociétés des départements et entrer aussitôt en relations avec elles.
Pour réagir contre cette division, Robespierre, l’abbé Grégoire et Rœderer s’empressèrent d’envoyer à l’Assemblée nationale une adresse rédigée avec beaucoup d’habileté et de dignité, dans laquelle ils exposaient leur programme, protestaient de leur respect pour la représentation nationale, de leur fidélité à la Constitution et de leur dévouement sans bornes à la Patrie et à la Liberté : « Voilà, disaient-ils en terminant, la devise sacrée qui doit rallier à nous tous les bons citoyens. » Cette adresse, unanimement adoptée le 18 juillet, fut envoyée à tous les députés, à toutes les sociétés, aux 48 sections et aux 60 bataillons de la garde nationale. Robespierre fit en outre décider que les Jacobins conserveraient leur titre de Société des amis de la Constitution, et avisa en même temps les sociétés des Jacobins dans les départements, les engageant à bien examiner et à bien réfléchir avant de prendre parti pour ou contre les scissionnaires. Le plus grand nombre d’entre elles, un instant troublées par la propagande des Feuillants, ne comptèrent bientôt que 56 députés dans leur club; ce dernier eut cependant assez d’influence pour constituer un ministère à l’ouverture de l’Assemblée législative.
Variant entre 160 et 264 [réf. souhaitée], ses membres regroupaient des « monarchiens », favorables à une monarchie constitutionnelle et à la Constitution de 1791, les Feuillants étaient dirigés par Barnave. Parmi eux, Bailly, Duport, La Fayette, Lameth, Bertrand Barère, l’abbé Sieyès, Ramond de Carbonnières, le comte de Vaublanc, Lacépède, Journu-Auber, Maret de Bassano, le pasteur Paul-Henri Marron, Beugnot, Dumas, Pastoret, Le Chapelier ou François Alexandre Frédéric de La Rochefoucauld-Liancourt.
En mars de la même année, les Girondins avaient exclu les ministres feuillants en représailles à leur opposition à la guerre avec l’Autriche. Le 10 août, jour de l'arrestation du roi, 841 feuillants sont arrêtés et jugés pour trahison. Le 21 septembre 1792 l'abolition de la monarchie est prononcée par la Convention nationale. Les Feuillants sont alors définitivement balayés du jeu politique. Le 29 novembre 1793, leur chef Barnave monte à l’échafaud. L’Assemblée législative ne comporta aucun représentant du mouvement royaliste. Durant la Terreur, l'appartenance passée à ce mouvement, fut un motif de poursuite (accusation de « feuillantisme »).
Leurs adversaires ayant donné le nom de « club monarchique » aux Feuillants, ce nom leur survécut quelques mois comme insulte synonyme de « modéré », « royaliste » et « aristocrate ».
Sources
- Elphège Boursin, Augustin Challamel, Dictionnaire de la révolution française, Paris, Jouvet et cie, 1893, p. 257.
- Amédée Gabourd, Histoire de la révolution et de l’empire, Paris, Lecoffre, 1858, p. 18-9.
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