Claude Le Blanc

Claude Le Blanc

Claude Le Blanc (1669 en Normandie - † 19 mai 1728 à Versailles), officier du roi, fut intendant dans plusieurs provinces et exerça par deux fois la charge de secrétaire d'État de la Guerre. Apprécié du cardinal de Fleury, sa principale réalisation est l'extension des attributions du corps de la gendarmerie, qu'il structura en maréchaussée, avec des compétences de police sur tout le territoire du royaume (1720).

Sommaire

Biographie

L'intendant

Claude Le Blanc est le fils de Louis Le Blanc, conseiller à la Cour des Aides de Paris devenu intendant de Rouen, et de Suzanne de Bezons (1648-1699). Sa famille n'a été anoblie qu'au XVIIe siècle[1]. Claude Le Blanc acquit en 1696 la charge de conseiller au Parlement de Metz puis de maître des requêtes. Il épousa peu de temps après la fille du doyen de cette cour, Madeleine Petit de Passy (1699) [2]. En 1704 il obtient la charge d'intendant d’Auvergne, qu'il conserve jusqu'en 1708[1]. C'est à cette occasion que, chargé de la lutte contre la contrebande et le trafic de monnaies et de métaux précieux, il prend conscience de l’inefficacité de la maréchaussée[1]. En 1708, il est envoyé aux marches du royaume et nommé intendant de Flandre maritime[1].

Les grandes réformes

Adversaire du maréchal Villars, qui préside le Conseil de la Guerre, et ayant honorablement rempli ses fonctions lors de la mort de Louis XIV, il est appelé par Philippe d'Orléans au Conseil de guerre, en 1716. Ce dernier s'appuie en effet, au sein de la polysynodie, système en vigueur lors de la Régence, sur des hommes tels que Le Blanc, Jean-Baptiste de Gaumont ou Fleuriau d'Armenonville pour faire contrepoids aux personnalités plus imposantes[1]. C'est Claude Le Blanc qui est à l'origine de l'ordonnance du 2 juillet 1716, qui met en place un système élaboré de lutte contre la désertion[1].

À la dissolution des conseils, il reste chargé des affaires militaires au plus haut niveau, comme secrétaire d’État de la Guerre (25 septembre 1718). À ce poste, sa principale réforme est celle de la gendarmerie, réorganisée par une ordonnance royale de mars 1720 avec des attributions nouvelles en matière de police territoriale. La vénalité des charges dans ce corps est supprimée, des rapports rédigés sont systématiquement exigés dans le suivi des affaires, et la solde est accrue.

Tirant les conclusions des dernières campagnes de Louis XIV, Le Blanc, sur les conseils du général Vallière, veut faire de l'artillerie une arme scientifique, avec des officiers formés en conséquence. Dans plusieurs villes de province (La Fère, Châlons-en-Champagne, Strasbourg, Grenoble et Perpignan), il crée cinq régiments-école pour l'artillerie par l'ordonnance royale du 5 février 1720. Chacune des cinq villes concernées abritera un régiment de 4000 hommes, avec une école d'artillerie à demeure.

Cette même année, Le Blanc acquiert la terre anoblissante de la seigneurie de Vulaines. Il a aussi un rôle clé lors de la lutte contre la peste en Provence, celle-ci éclatant à Marseille en 1720. Il dirige en effet les premiers mouvements de troupe pour constituer un cordon sanitaire, qui aboutit à la création d'un « mur de la peste », et siège au Conseil de santé[1]. Fondé sur des lignes circulaires de troupes autour de Marseille, puis entre le Dauphiné, le Comtat Venaissin et la Provence, la politique mise en œuvre par Le Blanc se fonde, tout comme pour la lutte contre la désertion, sur l'identification administrative: des certificats de santé sont exigés des voyageurs, tandis que l'armée enregistre avec soin tous les nouveaux enrôlés[1].

L'affaire La Jonchère

Favorable, comme la plupart des parlementaires issus de la noblesse de robe, aux Jansénistes, il s'oppose au cardinal Dubois sur la bulle Unigenitus. Dubois entend passer outre l’opposition du Parlement de Paris en remplaçant l’enregistrement en cour par une déclaration du Conseil du Roi, et ne pardonne pas au secrétaire d'état sa prise de position.

En 1723, un proche collaborateur de Le Blanc, le trésorier de l’Extraordinaire des guerres, Gérard Michel de la Jonchère, fait banqueroute. Il est accusé de concussion par les frères Paris, en particulier par Antoine Paris, et le secrétaire d'État est éclaboussé par le scandale. Le duc de Bourbon suscite une cabale contre lui, et l'accuse d’avoir détourné les fonds du ministère de la guerre. Le Blanc ne sera pas soutenu par le premier ministre Dubois, et devra démissionner (1er juillet 1723). Remplacé par François Victor Le Tonnelier de Breteuil, il est emprisonné quelques mois à la Bastille, puis est acquitté par le Parlement.

Retour en grâce

La disgrâce du duc de Bourbon permet au cardinal de Fleury de le rappeler aux affaires (19 juillet 1726), toujours au poste de secrétaire d’État de la Guerre qu’il occupe jusqu’à sa mort. Le chancelier d'Aguesseau écrit à ce sujet : Lorsque M. le Blanc fut déplacé et mis à la Bastille, on lui substitua, dans le ministère de la guerre, M. de Breteuil, intendant de Limoges, homme doux et souple. Il se soutint sous M. le duc, par les complaisances infinies qu'il eut pour les personnes en sa faveur ; mais aussitôt que ce prince eut été envoyé à Chantilly, tout changea. M. de Breteuil se retira tout doucement, et M. le Blanc revint en place[3].

Claude Le Blanc a eu une fille, mariée au marquis de Tresnel et morte sans descendance.

Notes

  1. a, b, c, d, e, f, g et h Vincent Denis, Une histoire de l'identité. France, 1715-1815, Champs-Vallon, 2008, p.86 sq.
  2. Pour l'anecdote, la maîtresse de Le Blanc sous la Régence n'était autre que la mère de Jeanne Antoinette Poisson, la future marquise de Pompadour.
  3. Lettres inédites du chancelier d'Aguesseau : publiées sous les auspices…, p.348.

Références

  • Claude C. Sturgill - « L'organisation et l'administration de la maréchaussée et de la justice prévôtale dans la France des Bourbons, 1720-1750 », Vincennes, Service historique de l'Armée de terre, 1981.
  • Clive Emsley, « Gendarmes and the State in Nineteenth-Century Europe » (1999), Oxford University Press, 288 pp. (ISBN 0-19-820798-0)
  • duc de Saint-Simon, « Mémoires »
  • Maréchal de Richelieu, Mémoires du maréchal duc de Richelieu, ... pour servir à l'histoire des cours de Louis XIV, de la Régence, de Louis XV, et à celles des quatorze premières années du règne de Louis XVI (3 vol. 1790), éd. par Boffe, Mossy et Buisson
  • Charles Pinot Duclos, Mémoires secrets sur les régimes de Louis XIV et de Louis XV (1791), librairie Buisson, Paris
  • Pierre-Édouard Lémontey, Histoire de la Régence et de la minorité de Louis XV jusqu'au ministère du cardinal de Fleury (2 vol., 1832), éd. Paulin, Paris

Liens internes

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Secrétaire d'Etat français à la Guerre (1718-1723)
François Victor Le Tonnelier de Breteuil
François Victor Le Tonnelier de Breteuil
Secrétaire d'Etat français à la Guerre (1726-1728)
Nicolas Prosper Bauyn d'Angervilliers

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