- A Clockwork Orange (film)
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Orange mécanique
Orange Mécanique Titre original A Clockwork Orange Réalisation Stanley Kubrick Genre science-fiction
thrillerDurée 136 min. Sortie 19 décembre 1971 Langue(s) originale(s) Anglais Pays d’origine Royaume-Uni Orange mécanique (A Clockwork Orange) est un film britannique réalisé par Stanley Kubrick, sorti sur les écrans en 1971. Ce film est à classer du côté des films d'anticipation. Ici, c'est une vision d'une cité urbaine où les jeunes ont pris le pouvoir qui est présentée au spectateur. Le film est aussi un peu futuriste, très violent, avec un côté drôle et parfois dramatique.
Orange mécanique est adapté du roman d'Anthony Burgess, l'Orange mécanique (A Clockwork Orange dans son édition originale britannique) publié en 1962.
- Remarque : le roman et le film portent le même titre A Clockwork Orange en version originale. Les titres français, eux, diffèrent : l'Orange mécanique pour le roman et Orange mécanique pour le film.
Sommaire
Résumé
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Ce qui suit dévoile des moments clés de l’intrigue.
L'histoire se passe en Angleterre, dans un futur proche. Alex DeLarge est un jeune délinquant passionné par la musique de Beethoven (« Ludwig van »), obsédé par le sexe et adepte de la violence (ultraviolence dans son propre jargon).
Alex et sa bande, les droogs ou droogies, s'expriment dans un argot anglo-russe auquel l'auteur du roman, Anthony Burgess, a donné le nom de Nadsat, le mot droog faisant ainsi référence au mot « ami » en russe. Leur boisson préférée est le Moloko+, un lait « dopé » (speed, crack et mescaline synthétique). Ils errent dans la ville en enchaînant passages à tabac, viols et affrontement avec bandes ennemies.
Un jour, un cambriolage dégénère en meurtre et, trahi par ses « fidèles droogs », Alex est arrêté par la police et condamné à 14 ans de réclusion criminelle. Deux ans plus tard, pour sortir de prison, il se porte volontaire pour tester une thérapie révolutionnaire, financée par le gouvernement dans le cadre d'un programme expérimental d'éradication de la délinquance. Le traitement est basé sur un principe semblable à celui des réflexes de Pavlov. Il s'agit d'amener Alex à associer certains stimuli (des scènes de violence ou de sexe projetées sur un écran qu'il est forcé à regarder) aux douleurs provoquées par les drogues qu'on lui administre au cours de ce traitement. Lors d'une des séances est projetée une série de scènes de l'Allemagne nazie dont la bande-son est la Symphonie n° 9 de Beethoven. Après sa remise en liberté, il apparait totalement inadapté et sans défense face au reste de la société.
Chassé et agressé par tous, il se réfugie chez un homme, qui s'avère être une de ses anciennes victimes. Celui-ci, désireux d'affaiblir le gouvernement en place, décide de "faire d'une pierre deux coups" en utilisant la sensibilité d'Alex à la Neuvième Symphonie pour le pousser au suicide. La tentative de suicide échoue et Alex est finalement sauvé et pris en charge par le ministre de l'Intérieur. Celui-ci décide d'instrumentaliser les penchants d'Alex pour en tirer profit.
Controverse
Après la sortie du film, plusieurs délinquants britanniques ayant perpétré des actes de violence gratuite ont déclaré avoir pris exemple sur le film. Les lettres de menaces envahissent alors la boîte aux lettres de Stanley Kubrick (qui avait quitté les États-Unis pour l'Angleterre), qui prend peur pour ses enfants. Il demande à Warner de retirer le film des salles de cinéma britanniques en dépit du grand succès du film. Fait unique, la société de production obtempère et le film est retiré. Ce n'est qu'en 2000, c'est-à-dire après la mort de Kubrick, que le film est à nouveau projeté au Royaume-Uni.
Différences entre le film et le livre
A Clockwork Orange a été écrit par Anthony Burgess en 1962 et adapté au cinéma par Stanley Kubrick neuf ans plus tard, en 1971. Kubrick s'est basé sur la version américaine du livre, censurée dans le dernier chapitre. Informé par l'auteur pendant le tournage, Kubrick n'a pas voulu prendre cela en compte, le jugeant trop différent de ce qu'il voulait montrer à travers le film. Dans ce chapitre, Alex reforme une bande avec trois droogs, puis revoit Pete un soir. Celui-ci, âgé de vingt ans, est désormais marié, ce qui sidère Alex. En y réfléchissant, il décide de se ranger complètement, sermonne ses droogs sur leurs actions (« Tout ce que vous faites, c'est vous en prendre à des gens sans défense... ») et finalement songe à fonder une famille.
Hormis cette différence importante mais très localisée, le film est très proche du livre. Certaines répliques sont directement inspirées des dialogues du livre ; les différences qui subsistent sont surtout : l'âge des deux filles chez le disquaire, le lieu de l'agression de la devotchka au début. Certains détails sont entièrement apportés par Kubrick : la chanson I'm singin' in the rain, la sculpture de forme phallique qu'utilise Alex pour tuer la femme, la scène où Alex arrive en prison... Certains éléments du livre ont également été supprimés pour l'adaptation en film, tels l'assassinat commis par Alex en prison ou l'agression du vieux à la bibliothèque.
Analyse du film
L'« ultra-violence » dont il est question à travers tout ce film et la dernière réplique d'Alex, « Je suis guéri », alors qu'il est de nouveau capable d'agir violemment, peuvent conduire à une mauvaise interprétation du film. C'est aussi parce qu'il craignait que des jeunes trop influençables y voient un panégyrique de la violence que Kubrick a accepté de retirer le film des salles britanniques.
Ce sont sans doute les paroles de l'aumônier qui permettent de saisir au mieux le sens du film : « Quand un homme cesse de choisir, il cesse d'être un homme ». Ce que Kubrick veut ainsi montrer, c'est une société conditionnée au bien, où les gens n'agissent pas bien selon leur propre éthique, mais selon la loi. Le bien est ainsi la direction à emprunter mais il faut le vouloir. Un individu forcé à bien agir n'est pas « bon ». Le film tend ainsi à critiquer une société totalitaire, une société dans laquelle l'homme n'agit pas selon ses choix car la liberté de choix est abolie.
Le dernier chapitre du livre s'inscrit ainsi totalement dans cette description de « la bonne action ». À la fin, Alex n'est plus conditionné au bien ; son aspiration à bien agir est passée par une réflexion, il comprend que le sadisme dont il faisait preuve à travers ses actes n'est pas la bonne solution et décide ainsi, sans aucune contrainte, de ne plus être violent.
Alex est le seul personnage du film et du livre à agir selon sa propre loi. Son exemple n'est pas recommandable et il le comprend par la suite, mais il a été le seul vrai être humain, alors que les autres se sont révélés des purs produits d'une société totalitaire, libérant toute leur violence dès que la société le leur permettait. Au milieu de tous ces personnages, Alex devient un héros au fil du livre, mais n'en est pas pleinement un à la fin du film.
Cette critique virulente du totalitarisme des sociétés se retrouve dans de nombreux livres et films. Une comparaison avec 1984 de George Orwell semble assez pertinente. Dans 1984, torturé pour avoir voulu braver le système (et Big Brother), Winston parvient finalement à surmonter sa « maladie » et à aimer Big Brother. Dans Orange mécanique, le système Ludovico employé pour rendre Alex non-violent s'inscrit dans le même processus : le droit chemin doit être montré ; s'il n'est pas respecté, l'individu ne doit plus avoir le choix de refuser. Cela conduit à l'humiliation subie par Alex et aux aberrations finalement acceptées par Winston : « 2 et 2 font 5 ou tout autre résultat décidé par Big Brother ».
Ainsi, le film cherche à montrer une condition nécessaire pour considérer qu'un homme en est un : sa liberté de choix.
Ce film laisse aussi passer une morale non violente, à savoir : « la violence n'engendre que la violence ». En effet, Alex, une fois devenu « bon », subit toutes les violences de ses anciennes victimes, comme ses amis ou l'écrivain.
La musique dans le film
La bande originale d'Orange mécanique est très particulière, voire « expérimentale » pour l'époque.
Kubrick préférait généralement utiliser de la musique classique existante plutôt que de faire appel à des compositeurs hollywoodiens, incapables selon lui de rivaliser avec les grands classiques (la partition prévue pour 2001 : l'odyssée de l'espace, achevée, avait par exemple été finalement refusée et remplacée par Richard et Johannes Strauss, Ligeti et Khatchatourian).
Il réfléchissait alors, le film étant en cours de montage, à un moyen d'accommoder Beethoven, nécessairement présent dans la bande originale en raison du culte que lui voue le jeune voyou protagoniste, lorsqu'il reçut une proposition d'un ingénieur du son et compositeur, alors auréolé du succès immense de l'une des productions classiques les plus hardies de l'époque : Walter Carlos et son Switched on Bach, l'album de musique baroque jouée avec un instrument alors révolutionnaire, le synthétiseur modulaire de Robert Moog. En effet, Carlos avait eu vent de ce que Kubrick travaillait sur une adaptation de Clockwork Orange. Il parut évident à Carlos que la musique de Beethoven ne pouvait, sur un tel projet, être adaptée que par lui.
Il fit donc parvenir quelques maquettes à Kubrick, qui fut séduit. À la fin des années 1960, les synthétiseurs sont des instruments d'avant-garde, aux sons inédits, nouveaux, qui créent une atmosphère étrange. Le grand précédent étant Forbidden Planet, dont la bande-son était la première « tout-électronique », réalisé en 1956, année des tentatives plus que convaincantes de Stockhausen dans son studio de la WDR à Cologne.
Wendy (Walter) Carlos adapte notamment la Symphonie n° 9 de Beethoven en utilisant les premiers « vocoders », l'ouverture de Guillaume Tell de Rossini, le film s'ouvrant sur un morceau particulièrement sinistre, mettant immédiatement le spectateur dans l'ambiance d'un monde futur inquiétant : la musique funèbre de la reine Mary de Henry Purcell, transformée par le recours à des flangers et autres effets modernes.
Kubrick avait à l'époque demandé au groupe Pink Floyd d'utiliser leur chanson Atom Heart Mother. Ils ont décliné cette proposition.
Fiche technique
- Titre : Orange mécanique
- Titre original : A Clockwork Orange
- Réalisation : Stanley Kubrick
- Scénario : Stanley Kubrick d'après le roman d'Anthony Burgess l'Orange mécanique
- Musique : Wendy Carlos
- Photographie : John Alcott
- Montage : Bill Butler
- Décors : John Barry
- Costumes : Milena Canonero
- Date de sortie : 15 mai 1972
- Film britannique
- Format : 35 mm, 1.66:1 (couleurs, son monophonique)
- Genre cinématographique : science-fiction, drame, anticipation
- Durée : 136 minutes
- Interdit en France aux moins de 16 ans en salle
- Production : Warner Bros. (États-Unis), Polaris Productions et Hawk Films (Grande-Bretagne)
- Producteur : Stanley Kubrick
- Producteur exécutif : Si Litvinoff et Max L. Raab
- Producteur associé : Bernard Williams
- Entrées France: 7 600 000
Distribution
Cet article fait partie de la série Science-fiction La SF à l’écran autre-A-B-C-D-E-F-G H-I-J-K-L-M N-O-P-Q-R-S-T U-V-W-X-Y-Z Le monde de la SF Auteurs - BD de SF Fandom - Prix littéraires Thèmes et genres Catégorie - Malcolm McDowell (VF : Jean Fontaine) : Alex DeLarge
- Patrick Magee : Mr. Alexander, l'écrivain
- Michael Bates (VF : Jacques Deschamps) : le gardien-chef
- Warren Clarke : Dim
- John Clive : l'acteur
- Adrienne Corri : Mrs. Alexander
- Carl Duering : le docteur Brodsky
- Paul Farrell : le clochard
- Philip Stone : Mr. DeLarge, père d'Alex
- Anthony Sharp : le ministre
- Steven Berkoff : le commissaire
- David Prowse : Julian
Commentaires
Esthétiquement, Orange mécanique est très marqué par les années 1970. Les thèmes abordés sont toujours d'actualité. Au fil des pérégrinations d'Alex et de sa bande, on s'aperçoit qu'ils ne sont que de purs produits de la société et que, lorsque le vernis craque, les citoyens rangés leur ressemblent plus que ce que l'on aurait pu croire.
Sur le fond, Orange mécanique est une critique féroce de ce que peut être la psychothérapie comportementale, aussi bien dans son esprit que dans ses effets pervers, le délinquant ainsi « traité » se retrouvant finalement à son tour sans défense contre les agressions.Ce film dépeint-il le monde occidental actuel ? La dialectique entre moralisme et immoralisme, voire amoralisme (l'anti-héros du film, Alex DeLarge semble échapper à toute éducation au début du récit) est présente comme dans chaque film de Kubrick où deux personnages sont perpétuellement l'incarnation d'un des deux versants (le Colonel Dax campé par Kirk Douglas dans Paths of Glory, incarnation de l'insubordination mais plein d'empathie pour ses hommes condamnés injustement à mort, face, dans une scène mémorable, à un jury de hauts gradés condamnant des innocents au nom d'une raison dépassant les considérations humaines basiques). La violence d'Alex DeLarge est explicitement décrite comme le fruit d'un contexte idéologique exaltant le consommatoire, où la chair prend le dessus sur le sentiment et où l'argent guide l'action plutôt que le sens. De même, Kubrick condamne vivement les méthodes fascistes du gouvernement qui tente de traiter chimiquement le problème de la délinquance. Plus généralement, le film montre quel usage social abusif un pouvoir pourrait faire de ces méthodes de conditionnement héritées de Pavlov, débat très à la mode dans les années 1970.
Avec ce film, la carrière de cinéaste hors pair de Kubrick se confirme et ses créations ultérieures bénéficieront d'un accueil comparable. Kubrick n'a plus besoin de citer ou de se référer à d'autres influences que la sienne propre (auto-citation) ; dans la scène où Alex va chiner dans le magasin de disques, une jaquette de 33 tours de 2001 est visible à la caisse.
De nombreux groupes d'ultra de football ont repris comme symbole le style d'Alex et de ses droogs, comme par exemple les Magic Fans de l'AS Saint-Étienne.
Les peintures à caractère érotique que l'on aperçoit dans la maison de la « femme aux chats » sont celles de la femme de Stanley Kubrick, Viviane.
À l'hôpital, dans les articles de journaux traitants de la tentative de suicide d'Alex, on peut lire le nom de famille "Burgess", comme le nom de l'auteur du livre, Anthony Burgess.
Lors de la scène du viol, Malcolm McDowell (Alex DeLarge) a choisi de chanter Singin' In the Rain parce qu'il s'agissait de la seule chanson dont il connaissait les paroles par cœur.
Le titre Orange Mécanique vient d'une vieille expression cockney, « bizarre comme une orange mécanique », c'est-à-dire très étrange ou inhabituel. Orange signifie également « homme » en argot anglais. Le titre signifierait donc « L'homme Mécanique », ce qui décrirait l'état d'Alex après sa thérapie.
Quand Alex est roué de coups par les mendiants et revoit ses anciens amis, Georgie et Dim qui sont devenus policiers, Dim, à gauche, a le numéro 665, et Goergie à droite, porte le numéro 667. Alex, au centre, correspond donc à 666, le nombre de la bête.
David Prowse, (Dark Vador dans Star Wars), joue le rôle du garde du corps de l'écrivain.
Adaptation théâtrale
Orange mécanique a été adapté au théâtre à Paris (Cirque d'hiver Bouglione) en février 2006 par Alexandre Berdat et Nicolas Laugero Lasserre, mis en scene par Thierry Harcourt et produit par Philippe Hersent, avec Isabelle Pasco dans le rôle de la jeune femme violée, Sagamore Stévenin dans le rôle principal et le DJ Philippe Corti dans celui d'un gardien de prison. Marc Cerrone a composé la musique. La pièce Orange mécanique, annoncée comme très crue, est interdite aux moins de 16 ans en raison du caractère ultraviolent de l'œuvre.
L'auteur du roman d'origine, Anthony Burgess a adapté lui-même son roman en une version musicale pour la scène, en 1986.
Cette adaptation de l'œuvre au théâtre est une première mondiale. En Grande-Bretagne, le roman a inspiré bien des adaptations pour la radio ou la scène, en dehors de la version cinématographique de Kubrick :
La BBC a réalisé la première adaptation filmée du roman - le premier chapitre seulement - pour l'émission Tonight, à la sortie du livre en 1962. Elle a également créé en 1998 la première adaptation sous forme de dramatique radio.
Des troupes de théâtre ont proposé leur propre vision de l'œuvre : la première adaptation connue a été montée par John Godber au festival d'Édimbourg en 1980. En 1998, The Ensemble Theatre from the North of England filmait une interprétation très contemporaine du roman, dans laquelle les drougs sont des skinheads accomplissant leurs méfaits sur de la musique techno.
Une performance scénique, Machinations of Choice, a été présentée par la troupe de Craig Quintero à l'occasion d'un colloque sur Orange mécanique à Angers, le 8 décembre 2001.
Récompenses et nominations
- Prix Hugo 1972
- NYFCC Award du meilleur réalisateur
- 4 nominations aux Oscars du cinéma : meilleur film, meilleur réalisateur, meilleur scénario, meilleur montage
- Le film a été élu meilleur film de l’année 1972 par le New York Film Critics Circle
Notes
Voir aussi
Articles connexes
- Liste des références culturelles à Orange mécanique
- Nadsat
- Symphonie n° 9 de Beethoven
- Singin' in the Rain
Liens externes
- (fr+en) Orange mécanique sur l’Internet Movie Database
- Orange mécanique sur AlloCiné
- Site personnel de Thierry Roy, consacré au film Orange mécanique,
contenant notamment une section consacrée aux 34 différences décelées entre le roman et le film. - L'Orange mécanique en ligne,
une exposition de la Bibliothèque universitaire d'Angers, consacrée au roman d'Anthony Burgess et à ses diverses adaptations. - Erwelyn.com Une bibliographie très complète sur les sociétés dystopiques qu'Orange Mécanique (nouvelles, romans, BD roman jeunesse, anthologies, cinéma, TV…).
- Courte analyse et critique de Orange mécanique
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